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Balade thermique aux Chéneaux-Sablons

Ce samedi 22 janvier, l’association scéenne Z.EN.2050 Maintenant organisait une nouvelle balade thermique, avec l’aide de la mairie. Une vingtaine de personnes y ont participé dont quelques-unes venues d’associations de villes voisines, intéressées par la méthode.

La balade a permis d’observer deux pavillons avec une caméra thermique (qui visualise les infrarouges), selon une méthode qui a déjà été décrite ici. Les discussions avant, pendant et après la balade ont permis d’aborder les problématiques de la rénovation, telles qu’elles se posent pour les propriétaires de pavillon à Sceaux (et dans ses environs).

En 2018, l’Insee comptait à Sceaux 1818 pavillons, pour 6538 appartements. 80 % de ces pavillons ont été construits avant 1971, donc à une époque où il n’y avait pas de normes d’isolation et où l’isolation n’était pas spécialement une préoccupation pour les constructeurs. On observera que c’est également le cas de plus de la moitié des appartements.

Les logements construits avant 1971 ont de bonnes chances d’être considérés aujourd’hui comme des passoires thermiques, c’est-à-dire d’être classés en F ou en G selon l’échelle des classes d’énergie. Du moins si aucun travail d’isolation n’a été entrepris depuis : les quelques pavillons analysés par Z.E.N. 2050 Maintenant pour les préparations de ses balades avaient été l’objet de différents travaux, pour améliorer l’isolation des fenêtres et du toit notamment.

Pourquoi isoler ?

Une première raison qui pousse à isoler, c’est l’inconfort thermique : les habitants ont froid dans l’ensemble de leur maison ou dans une partie d’entre elles. Si leur installation de chauffage le leur permet, ils chauffent plus fort. Ce qui ne supprime pas forcément toute la gêne, mais augmente évidemment la facture.

Dans plusieurs pavillons visités samedi ou lors de la balade précédente, il y a une zone froide isolée dans une des pièces, avec des différences de température de deux degrés par rapport au reste de la pièce. Dans un autre, l’absence d’isolation du sous-sol entraîne au premier niveau un plancher deux degrés de moins que le reste de la pièce et une sensation d’inconfort. Ce deuxième cas est relativement simple à traiter (en isolant le plafond du sous-sol) alors que dans le premier cas, on se trouve face à une anomalie d’origine qu’on ne peut pas supprimer, mais qu’on peut essayer de compenser par une sur-isolation de la partie de mur concernée.

On peut aussi vouloir isoler pour baisser sa facture de chauffage. D’autant plus qu’on peut anticiper une augmentation des prix de l’énergie dans les décennies qui viennent, soit du fait de la raréfaction des ressources, soit du fait de la mise en place de taxes carbone (ou des deux). Il y aura probablement aussi une forte incitation à abandonner l’utilisation de combustibles fossiles. Au prix où est l’électricité, mieux vaut avoir un logement bien isolé !

https://sites.google.com/site/tpeisolationthermique/my-page/qu-est-ce-que-l-isolation-thermique

Dans un logement, toutes les zones de contacts avec l’extérieur sont des zones de pertes d’énergie, plus ou moins importantes selon la qualité de l’isolation. Le schéma ci- dessus montre un exemple de répartition des pertes. Cette répartition théorique est évidemment modifiée si on réalise une isolation partielle. Le remplacement des fenêtres diminue les pertes (et donc la facture énergétique), mais elle ne le fait que de manière limitée.

La caméra thermique permet d’avoir une évaluation du niveau d’isolation des surfaces observées de l’intérieur et de l’extérieur. Les vitres ne peuvent être évaluées ainsi, car elles font miroir sur les ondes infrarouges. De plus, il n’est généralement pas possible d’observer le toit de l’extérieur, mais le territoire VSGP a prévu de faire des photographies aériennes en ce sens, probablement disponibles dès 2022. Cette évaluation constitue une première approche, qui pourra être complétée avec un professionnel.

Principaux points observés

Beaucoup de pavillons à Sceaux comprennent un sous-sol, un premier niveau puis un étage, parfois mansardé. Si on part du sol, la première observation porte sur les portes de garage, qui sont généralement très mal isolées. Comme il paraît souvent difficile d’obtenir pour elles une isolation de qualité, le plus simple consiste à traiter le garage comme une zone extérieure. Donc à isoler le mieux possible le reste du pavillon de ce garage. D’abord en isolant le plafond du garage, ensuite en isolant le garage des autres pièces du sous-sol. Enfin en isolant d’éventuelles tuyauteries passant par le garage.

On devrait ainsi obtenir une diminution des pertes du garage. Mais on améliore aussi la température du plancher des pièces qui se situent au-dessus de ce garage, donc le confort (ce qui peut réduire la consommation, car la température ressentie augmente).

Au premier niveau les principales pertes viennent des murs extérieurs et des portes et fenêtres. On observe aussi des ponts thermiques par endroit, mais ceux-ci paraissent très difficiles à supprimer quand un renforcement de l’isolation des murs (en externe ou en interne) paraît presque toujours possible.

Enfin, la question de l’isolation du toit est majeure : l’air chaud monte, ce qui explique que le toit est généralement la première source de pertes. Raison de plus pour bien l’isoler !

La caméra thermique permet donc une première évaluation des zones à isoler, avant de s’adresser à un professionnel qui pourra réaliser un diagnostic précis et proposer des solutions. La ville de Sceaux propose avec le parcours « Prep » des conseils pour gérer tous les éléments d’un projet de rénovation, projet qui peut avoir un coût élevé.

A noter que l’approche analytique, qui est celle de la caméra thermique, peut conduire à évaluer l’intérêt économique de chacune des actions d’isolation prises indépendamment et à ne retenir que les plus efficaces et rentables.

Ceux qui veulent réduire au maximum les émissions de GES, incitent au contraire à une rénovation complète, permettant des gains importants.  Mais, au-delà de l’objectif climatique, le seul argument technique porte sur les questions d‘interface entre deux zones d’isolation : une interface mal traitée peut induire des pertes locales. On en conclura seulement l’utilité d’être attentif aux raccords possibles en cas de travaux partiels.

Si on décide d’isoler une surface donnée, il est conseillé de le faire bien. Il faut ainsi noter que le choix d’une plus grande épaisseur d’isolant a une impact économique limité, s’il ne modifie pas (ou qu’à la marge) les coûts de pose : dans le coût de l’opération, la rémunération de l’intervenant est généralement largement supérieure au coût du matériau lui-même. Revenir ajouter une nouvelle isolation sur des travaux antérieurs coûterait cher si on a visé trop petit.

 Réglementation

Le législateur fait de plus en plus pression pour pousser à isoler, en jouant sur des incitations fiscales ou sur des normes. Il ne sera bientôt plus possible de louer des logements mal isolés (les fameuses « passoires thermiques ») et une évaluation de la classe d’énergie sera nécessaire lors de la vente d’un bien immobilier.  

Les émissions de gaz à effets de serre liées au logement sont un enjeu : le secteur du logement et du tertiaire était responsable en 2019 de 19 % (dont 10 % pour le seul logement) des émissions de gaz à effet de serre (GES), ce qui correspond à 75 Mt CO2e[1]. Ce volume est tendanciellement en baisse, puisque le pic se situait à 105 Mt en 2004 et 2005 et alors que la population de la France augmente (et le nombre de logements encore plus vite). Même si on tient compte du fait que les émissions annuelles dépendent en partie de la météo, les données pluriannuelles montrent clairement une tendance à la baisse.

Les études sur les actions de rénovation réalisées montrent pourtant que la baisse des émissions est souvent faible. En effet, certains travaux sont réalisés dans des logements à la fois mal isolés et mal chauffés (pour des raisons de coût ou de puissance insuffisante de la source de chauffage) : une meilleure isolation ne se traduit alors pas forcément par une baisse de la facture, mais avant tout par une amélioration du confort thermique.

Objectifs nationaux

Les logements construits aujourd’hui se doivent d’être classés en A et de ne plus utiliser de carburants fossiles. Mais le parc immobilier évolue lentement : la majorité du parc de 2050 existe déjà. La réduction des émissions de GES du secteur du logement passe donc d’abord par la rénovation énergétique. Avec deux enjeux : augmenter le rythme annuel et augmenter les gains obtenus par chaque opération. Certains promoteurs de l’idée ambitionnent de faire passer tout le parc en B. Cet objectif paraît cependant assez irréaliste : il est beaucoup plus difficile d’obtenir une bonne isolation sur de l’existant que sur du neuf. Un objectif plus raisonnablement ambitieux consiste à viser un gain de deux classes d’énergie (par exemple pour passer de E à C), ce qui suppose de diviser par environ 3 les pertes. Or on estime que seuls 5% des travaux d’isolation débouchent sur un tel gain. Et un tel gain n’est possible qu’en cas d’action sur toutes les pertes, ce qui explique que les promoteurs de ces solutions plaident pour des actions globales.

La réduction des besoins en chauffage par logement est estimée à 40 % d’ici 2050 dans l’étude sur les futurs énergétiques réalisée par RTE. Celui-ci prévoit aussi la conversion à des sources bas-carbone de la plupart des 3,4 millions de logements chauffés au fioul, et plus de 12 millions au gaz.

Comme on le voit, la question de la rénovation thermique d’un logement, renvoie à la fois à des objectifs individuels pour propriétaires et occupants et à des objectifs collectifs. D’où l’intérêt de ces balades thermiques.


[1] Mesure en équivalent CO2 selon le CITEPA

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 28 janvier 2022

    On peut difficilement parler ici de résultats précis : si des observations ont été faites oralement, les conclusions appartiennent aux propriétaires des pavillons en question. Par ailleurs, il ne s’agit pas d »un diagnostic professionnel
    Disons que les observations ont permis de montrer ( ou de confirmer) dans quelles parties de ces pavillons il serait utile d’améliorer l’isolation et de faire quelques suggestions
    Merci pour les autres remarques. Elles pourront être abordées dans un prochain article

  2. Daugeras Daugeras 28 janvier 2022

    Merci de cette intéressante analyse. Peut-on connaitre les résultats précis de la balade thermique organisée le 22 janvier qui a observé 2 pavillons proches du mien? Je n’ai hélas pu participer à cette balade qui m’intéressait en tant que voisine. En organiserez-vous d’autres à Sceaux?
    Par ailleurs vous ne parlez pas du coût très élevé des travaux d’isolation d’une maison qui prendront des années (10 à 20 ans au moins) pour être amortis. Le niveau élevé de la TVA fait en outre qu’ils rapportent beaucoup à l’Etat, dont les aides réelles ne concernent que les revenus très faibles.
    Enfin vous ne dites pas non plus que le chauffage électrique coûte une fortune, et cela va empirer, comparé au prix de revient d’une chaudière à gaz à condensation qui émet peu de GES et consomme beaucoup moins que les anciennes chaudières. Les pompes à chaleur sont d’un prix très élevé et pratiquement toutes fabriquées à l’étranger. Il y a un gros effort à faire dans ce domaine pour l’industrie française.

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