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Art et création

Vendredi 2 juin, l’inauguration du salon des artistes scéens a attiré du monde à l’ancienne mairie.

Un hommage était rendu à deux artistes, Ewa Karpinska, peintre, et Serge Guarnieri, sculpteur. Invitée à s’exprimer, la première a parlé de « ceux qui créent » et de leur place dans la société. Avant d’utiliser le mot « artiste »

Expression forte. Déjà émerge dans mon esprit la question : qui sont « ceux qui créent » ? Les écrivains ? Les cuisiniers ? Les concepteurs de machine ? Les couturières ? Ne peut-on pas les considérer comme des artistes dans leur genre ?

Un souvenir aussi. Les mathématiciens aiment parler de démonstration « élégante » quand elle est particulièrement astucieuse. Y aurait-il de l’esthétique dans les mathématiques ? N’utilise-t-on pas aussi l’expression pour des parties d’échec ? Mais alors, qu’est-ce que l’art ?

L’art n’existe pas sans une maîtrise technique. Le regretté Brassens le disait : sans technique, un don n’est rien qu’une sale manie. Mais bien sûr cela ne suffit pas.

La définition usuelle de l’expert est qu’il s’agit de personnes reconnues comme telles par leurs pairs. En est-il de même pour les artistes ?

Double question donc. Qui et quoi ? Les auteurs et l’art lui-même si par là on entend ce qui porte des qualités esthétiques. L’ambiance intense du vernissage, les plus de 80 pièces présentées me poussent à une méditation qui ne m’est pas habituelle.

Je profite de la présence de nombreux artistes dans la salle.

Hélène Szumanski est peintre. A la question de qui est artiste, elle préfère me répondre en m’expliquant comment elle travaille. « La couleur m’amène à raconter des choses. Il faut que cela bouillonne à ce moment-là. Je ressens une urgence à peindre. Les gens me disent « tu as quelque chose à dire ». Ceux qui regardent le tableau l’interprètent chacun à leur manière. Mais interpréter, n’est ce pas déjà enfermer le regard ? »

Bon, il y avait du bruit, sans doute n’a-t-elle pas dit exactement cela. Mais l’esprit est là. Pour compléter le point de vue d’une personne qui crée, je cherche celui d’une personne qui regarde.

Une connaissance passe. Elle m’explique ce qu’elle a retenu du discours d’Ewa Karpinska. « Si les artistes sont considérés comme des personnes à part, ils sont mal vus. Au contraire, ils font partie de la société et ils expriment à travers leur œuvre le ressenti de cette société. »

Pour revenir à ce qu’’elle pense de l’art, elle me donne un exemple personnel. Une œuvre l’a marquée, de Camille Claudel. La sculpture avait résonné très fort avec un événement douloureux qu’elle avait vécu elle-même peu de temps auparavant.

Un exposant m’explique qu’il y a des œuvres qui créent chez vous une émotion, d’autres pas. Et que chacun n’est pas sensible aux mêmes œuvres. Mais que les réactions de ceux qui regardent l’aident à progresser.

J’aborde le président de l’association, Jean Charvoz. Difficile de lui demander de but en blanc « qu’est-ce que l’art » ? Je contourne en lui demandant comment ont été choisies les personnes à qui ont été décernés les prix de la soirée. Très aimablement, il me répond que la décision émane d’un jury de cinq personnes. Composé des deux artistes invités, de l’adjoint à la culture de la ville (Jean-Philippe Allardi) et des donateurs (le CIC et So créatif). Ils ont discuté et se sont mis d’accord. J’ai cru comprendre que l’avis des deux invités avait du poids.

Peu avancé dans mon questionnement, j’ai cependant cru comprendre que chacun ressent naturellement des émotions pour certaines œuvres et pas pour d’autres. C’est donc en toute légitimité que je peux citer deux toiles qui m’ont touché. Les deux étaient dans la salle à droite à l’entrée de l’ancienne mairie.

La première est de Sylviane Leblond et est intitulée Les inséparables. Difficile de dire précisément ce qui m’a touché. Peut-être m’a-t-elle fait penser aux mésanges charbonnières qui viennent régulièrement picorer sur mon balcon. J’ai trouvé la toile aussi émouvante.

Un peu plus loin, de Josette David, un tableau intitulé rentrée. On pense rentrée scolaire. Il montre deux enfants devant un dessin maladroit, avec un paysage d’école en arrière-plan. Je ne sais pas ce qui m’a plu. Peut-être le contraste entre la précision du dessin des enfants et la maladresse de celui qu’ils regardent.

Et tout à coup m’est revenue une définition de l’art qu’un ami m’a donné il y a très longtemps, et que je ne trouve pas plus bête qu’une autre : « L’art, c’est ce qui donne à penser. »

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