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Au Pavillon des Arts, Châtenay-Malabry

Depuis son inauguration en 2017, au centre de la ville, le Pavillon des Arts se veut lieu de rencontre et de mise en situation culturelle autour d’une vision très extensive. L’art y est accueilli sous toutes ses formes : peinture, dessin, sculpture, mais aussi couture ou cartonnage… Tout ce qui exprime créativité peut trouver ici sa place. Tous créateurs, suivant le principe de la thermodynamique culturelle.

À la manœuvre sont Françoise Peythieux et Marjorie Ruffin. La première est l’adjointe au maire, Carl Segaud, déléguée à la Culture et à la Vie associative. La seconde est responsable du service Cultures en Ville, entourée pour le Pavillon des Arts de Magali Rayer pour la programmation artistique et d’Haeykel Saadallah, régisseur, qui assure les installations en relation avec les artistes. L’office Châtenay-Malabry Tourisme assure l’accueil du public. C’est de concert que les deux femmes déclinent la volonté municipale.

L’Artothèque jusque chez soi

Car volonté il y a. La culture est appréciée comme un levier des efforts d’intégration que mène la commune. On sait par l’actualité combien agir dans ce sens est devenu capital. Le Pavillon des Arts est conçu avec l’idée de toucher le plus grand nombre et « sa programmation est délibérément éclectique pour satisfaire tous les goûts, dit Françoise Peythieux. » Ce qu’appuie Marjorie Ruffin : « Chacun doit pouvoir s’y retrouver à un moment donné. » Une autre facette est le décloisonnement avec la volonté de rapprocher la culture de chacun.

Commençons par l’innovation la plus récente. Un hors-les-murs grandeur nature. On peut louer pour un coût très modeste (cinq euros par mois) une œuvre originale et l’avoir chez soi, dans son salon comme le suggère le catalogue. Celui-ci en propose 31 pour l’instant.

La sélection réunit un mélange d’inspirations et de techniques. Les toiles d’Henryk Bukowski sont dans une abstraction montrée par des textures, des couleurs travaillées pour rendre les singularités des matières. Les huiles sur toile de lin de Nathalie Dumontier sont aussi abstraites et cependant lyriques parce que la nature semble se dégager de ses polychromes. Avec Valérie Nogier, on est dans des figurations magazines où le bois comme support et le collage comme moyen jouent des rôles premiers. Aga Podgorski travaille par référence à des toiles célèbres dont elle retourne et détourne les figurations. Bien qu’elle semble s’en amuser, un commun réalisme mélancolique s’en dégage.

Pierre Wuillaume est dans la figuration aussi, travaillée en floutant les visages qu’il plonge dans des espaces impersonnels et inquiétants. Les deux organisatrices ont pensé aux amateurs d’aquarelles anciennes avec des personnages drolatiques du début du XXe siècle dues à Henri Gerbault. Elles ont aussi pensé à la photo. Des noir et blanc d’Esther Bezzina transforment des formes toutes simples en jeux d’ombres et de lumières quasiment conceptuels. Des vues sous la mer, avec Claude Cordier, photographe et plongeur, qui descend profond jusqu’aux épaves. Paysages urbains ou montagnards, ce sont enfin des travaux de Christian Fontanel, Esther Jourdan et Virginie Martin.

Que cet abrégé ne vous dispense surtout pas d’y regarder de plus près sur le site de la ville. Il ne vise qu’à suggérer l’éventail des œuvres proposées pour votre salon…

Commencer tôt

Cette initiative d’Artothèque prend place dans une politique d’ensemble. Pour Françoise Peythieux, la diffusion de la culture commence par les écoles. « Plus tôt on initie à l’éducation artistique, plus nombreux seront les adultes à s’y intéresser. » Implicitement, plus répandue sera la disposition au dialogue, plus « apaisée » sera la vie publique. Tout élève du 1er degré vient à la Médiathèque et au Pavillon des Arts au moins une fois par an. Deux intervenants artistiques rétribués par la commune interviennent dans le primaire.

La Médiathèque a été équipée d’un musée numérique qui donne un accès ludique à des dizaines de grands musées et plus de 3200 œuvres numérisées. En rendant peinture et sculpture plus proches, il s’agit bien d’ouvrir les enfants sur des horizons que, pour la plupart, ils ne connaîtraient pas sinon. Mais la relation n’est pas à sens unique. À la diffusion de savoirs sur les chefs-d’œuvre, s’ajoutent des expositions de travaux de scolaires. Le cycle des Monstres, exposition consacrée au fantastique leur fait une large place aux côtés d’Aurélien Sellès, « artiste professionnel » d’univers imaginaires animés de couleurs vives. Exposer les enfants, c’est vouloir susciter le plaisir de créer, de se réaliser dans un acte plastique.

La réalisation de soi n’est pas considérée comme réservée aux jeunes. Le Pavillon des Arts est ouvert à des associations chatenaysiennes d’artistes amateurs. C’était en début d’année le 69e salon artistique ; ce sera du 14 mai au 1er juin une exposition de photographies du Club Images Arts Châtenay. Du 18 au 29 juin, avec (Un) impossible trajet, on découvrira des travaux réalisés par des patients du centre Denise Croissant. Les auteurs sont atteints de troubles psychiques et la « scène artistique » croise alors la thérapeutique.

Une programmation contrainte par le succès

À côté de ces actions conçues par le Pavillon des Arts, des sollicitations affluent chaque semaine. Elles proviennent d’artistes professionnels, d’artistes amateurs, d’associations, d’enseignants ou d’intervenants artistiques, voire même de crèches (il n’y a pas d’âge pour découvrir la couleur).

Il faut dire que l’établissement met à disposition un espace très modulable, des fenêtres bien calibrées, des spots orientables, du mobilier et du matériel, voire des tables et des chaises, le tout sans frais. De même pour le travail de sensibilisation, de communication, d’édition d’un catalogue, de promotion et de diffusion sur internet. « Les artistes apprécient particulièrement, dit Marjorie Ruffin. lls sont prêts à attendre. ». On les comprend.

Après d’indispensables arbitrages, le Pavillon des Arts accueille entre 15 et 20 expositions par an. Elles durent en général deux semaines pour satisfaire autant de demandes que possible. Une durée bien courte pour permettre à un large public de les visiter et pour faire circuler l’information plus longtemps. La demande est forte de disposer d’un mois. Mais comme jusqu’à présent une année ne fait que 52 semaines et que les murs ne se repoussent pas facilement, on devine que le problème n’est pas simple à résoudre.

En phase avec des thématiques nationales

Il faut aussi signaler des événementiels locaux intégrés à des thématiques plus globales. Ce sera la Fête de la musique. C’est la participation au Printemps de la sculpture initié par le département des Hauts-de-Seine. Les bronzes d’André Hoggomat (1925-2015) et de Michel Serraz (1925- ) sont à l’honneur. L’exposition qui se déroule au Pavillon des Arts jusqu’au 6 avril s’inscrit dans un projet de ville. Il s’agit de faire découvrir le patrimoine de Châtenay « que ce soit au détour d’une rue, au cœur d’un parc, ou dans la quiétude d’un square » dit le maire dans la plaquette de présentation du Printemps de la sculpture.

On ne sera pas surpris que cette année les JO soient LE thème. Il inspire particulièrement la municipalité. Des expositions sont montées. Il y eut Sportives ! qui s’est achevée le 9 mars avec des photos d’Eric Mistler : des portraits en noir et blanc de femmes en situation d’athlètes. Une autre présentera en juin des travaux de membres des Amis du CREPS. Par ailleurs, le Pavillon s’est adressé à des artistes reconnus et a passé commande à Carole Giacalone et Gilbert Conan de tableaux où l’émotion suscitée par les sports est approchée par des abstractions pures.

Un autre thème, celui des femmes est célébré avec Les journées du Matrimoine qui rend hommage dit Françoise Peythieux « à des figures remarquables châtenaisiennes comme la comtesse de Boigne, Françoise de Malézieu, Marie Roland-Gosselinou Lidya Plekhanov, l’épouse du docteur Le Savoureux. Durant le troisième week-end de septembre, la Ville en partenariat avec Châtenay-Malabry Tourisme mettra en valeur les femmes remarquables du territoire à travers une visite guidée dans le centre-ville, une exposition sur les femmes dans les cartes postales de la Ville et d’autres évènements en cours de réalisation. » Programmation à venir.

Hors et dans les murs

Tout au long de l’entretien, Françoise Peythieux et Marjorie Ruffin reviennent sur la complémentarité entre le on et le off, entre le dans-le-Pavillon et le hors-les-murs, entre le local et le général. Le décloisonnement pour lequel elles militent procède d’une volonté de « démocratisation de l’accès à l’art ». Toucher des personnes qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les musées ou les galeries, s’adresser à des milieux sociaux différents explique l’intention composite de la programmation. On n’est pas dans la sélection du génie, mais dans l’inclusion de tous.

En même temps, Françoise Peythieux et Marjorie Ruffin estiment nécessaire une mixité entre amateurs et professionnels. Les artistes de renom expriment des tendances d’aujourd’hui qu’il est impérieux de faire connaître.

On a compris combien l’éducation et la sensibilisation sont des objectifs centraux. Il y a les actions auprès des écoles et même des structures Petite Enfance. Mais plus globalement, les médiations (les explications) sont adaptées aux différents publics. C’est un travail que de concevoir plusieurs visites guidées, des commentaires d’œuvres, des visuels, d’organiser des rencontres avec les artistes. Un soin constant est porté à cette pédagogie de l’art. On y verra une attention propre à rassurer le public que vise le Pavillon des Arts. Il faut de la clarté pour être un lieu ouvert à tous, un lieu qui n’écrase pas sous son hermétisme, un lieu porteur de ce lien social, dont on sait, à défaut de savoir le définir, qu’il permet de vivre mieux.

Pour en savoir plus

La page du Pavillon des Arts et du Patrimoine sur le site de la ville.

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