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Plaidoyers pour le prolongement de la ligne 4

Patrick Donath, maire de Bourg-la-Reine, et Carl Segaud, maire de Châtenay-Malabry, partageaient la semaine dernière leur espoir de voir un jour la ligne 4 se prolonger jusqu’à leurs communes. Espoir lucide et conscient des contraintes.

Dans la salle Dolto, à Bourg-la-Reine, mardi 6 juin, les deux maires répondaient à l’invitation de l’association M4 à BLR. Sa présidente, Cécile Andrieux, rappelait lors de l’accueil, le cheminement qui a conduit vers une démarche collective qui rassemble tous les maires des communes plus ou moins liées à la ligne de Sceaux.

Attentes

Comme le nom de l’association le suggère, la volonté initiale était de relier le métro à Bourg-la-Reine Les trains surchargés aux heures de pointe, les nombreux incidents techniques, les pannes de signalisation, tout ceci créait (et crée toujours) le besoin de disposer d’un transport alternatif. Le terminus actuel de la M4, Lucie Aubrac, est à 1,5km de la station de RER Bourg-la-Reine. Cet intérêt strictement communal a trouvé un écho rapide dans les communes voisines.

A Châtenay-Malabry, c’est la volonté de poursuivre le désenclavement. Le tramway T10 qui ouvre à la fin du mois est un progrès important pour une ville qui ne disposait jusque-là que de bus. Il a été dimensionné pour 25.000 voyageurs par jour. Avec le projet de prolongement jusqu’à la M15, la prévision est de 52.000 voyageurs par jour. Ce trajet « circulaire » augmentera le besoin d’une radiale vers Paris. Et la M4 est considérée comme idéale.

Pour les usagers du tronçon qui va à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, ce serait un train sur 3 en plus. Pour les usagers du tronçon qui va à Robinson, ce serait la perspective d’une capacité de transport accrue. Avec la fréquence d’un train toutes les 2 minutes qu’offrent les lignes automatisées, c’est environ 6 métros pour 1 train RER sur le tronçon Robinson. Les trames RER ont beau être longues… Sans compter qu’en dehors des heures de pointe, la fréquence métro est d’un confort sans rapport avec le ¼ d’heure d’attente sur le RER Robinson.

Une situation insatisfaisante

La situation actuelle tient à de nombreux facteurs. La vétusté des matériels roulants et des infrastructures n’est un secret pour personne. Elle est rappelée à l’envi. Pierre-François Andrieux, cofondateur avec son épouse de M4 à BLR, en décrit de façon fort détaillée quelques raisons. Quelques notes retenues d’un exposé très savant.

La ligne de Sceaux qui deviendra le RER B a été très performante durant les années 1930 et réussit dans les années 1950 son électrification. Il faut attendre les années 2000, explique-t-il, pour que la situation se détériore. Les matériels roulants ont été conçus dans les années 1970-80. Ils sont coûteux et ils s’amortissent sur une cinquantaine d’années. Le renouvellement se fera à partir de 2025. En ce qui concerne les infrastructures, les défauts d’alimentation électrique, les incidents de chantier, la signalisation, vu du côté usager, on ne sait plus ce qui prévaut : obsolescence, imprévoyance, relâchement.

Il est vrai que des facteurs ne sont pas propres au RER et ne lui sont donc pas imputables. Le nombre croissant de malveillances, surtout vers la gare du Nord, où, dit P-F. Andrieux, « des personnes descendent parfois sur la voie. » Les mesures de sécurité font que l’oubli du moindre sac provoque un arrêt du service. S’y ajoutent les malaises voyageurs.

Il n’empêche qu’en cas de problème sur le RER le recours du métro (et réciproquement) serait un avantage immense. Et la population de Bourg-la-Reine ne s’y trompe pas.

D’autant que, rappelle P-F Andrieux, l’accès métro, c’est l’accès à une tarification plus avantageuse que celle qui prévaut aujourd’hui. C’est moins de nuisances sonores, plus de sécurité avec des portes palières et la fermeture des voies qui vont avec les métros automatiques. C’est l’alimentation par le sol et non plus par caténaires.

La conscience des contraintes

Justement, l’infrastructure de circulation des rames serait un des avantages du métro. L’usage des pneus plutôt que des roues en métal, de bandes de roulement en béton plutôt que de rails, tout ceci diminuerait fortement les coûts d’exploitation.

Cela dit, l’hypothèse métro peut être imaginée de deux façons : option 1, par réutilisation au maximum de la plateforme actuelle du RER ; option 2, par voie souterraine de Bagneux jusqu’à Châtenay.

Dans l’option 1, la transformation du tronçon Robinson semble la plus simple, même si elle s’accompagne de parties souterraines de Bagneux à Bourg-la-Reine et de Robinson au T10 à Châtenay. Mais c’est aussi « une interruption de trafic de deux ans, dit Patrick Donath. Les rails, l’alimentation électrique, les quais, les gares, tout est à changer. » Donc, un système de navettes dans l’intervalle. Ce n’est vraiment pas neutre.

Quant à l’option 2, si elle permet d’imaginer de récupérer du foncier, tout le problème est sur le tracé du métro souterrain. Il faut être pertinent sur l’ensemble des communes traversées. Si le plus court chemin entre deux points est la ligne droite, il peut aussi être saugrenu au regard des lieux d’habitation et de l’urbanisme des communes. Patrick Donath parle de vigilance à avoir et Carl Segaud d’équilibre à trouver. C’est clair.

Quelle que soit l’option, les deux maires sont conscients que la solution est hors de vue actuellement. C’est un projet à (très ?) long terme. Des études avancées restent à mener. Impossible de se faire une idée précise aujourd’hui. Nous sommes dans les hypothèses, mais « elles sont nécessaires dira P-F. Andrieux, il faut rêver si on veut obtenir quelque chose. » On sent qu’il faudra se battre pour financer des études. L’argent manque désormais pour des constructions de lignes.

Mais les maires semblent décidés. Et ils savent combien l’action associative est un élément clé de la réussite du travail de conviction à mener auprès de tous les niveaux de responsabilité, depuis VSGP jusqu’à la région et Idf Mobilités. Cécile Andrieux ne pouvait trouver meilleure transition à sa conclusion appelant à soutenir et rejoindre M4 à BLR.


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  1. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 24 juin 2023

    Napoléon III n’a pas eu de ces pudeurs démocratiques pour donner au baron Haussmann la carte blanche qui permet les grandes réalisations.
    Un exemple à suivre ?

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