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Élus, citoyens et prolongement de la ligne 4

Le projet de prolonger la ligne 4 depuis Bagneux jusqu’à Châtenay-Malabry a le soutien des maires de VSGP. Il ne recueille pas pour autant l’adhésion de tous les citoyens et élus. Pour des raisons diverses.

Une solution discutée

Prolonger la ligne 4 vers le sud jusqu’à Châtenay ne va pas de soi. D’abord parce qu’un tel projet mobiliserait des sommes importantes. La seule partie jusqu’à Robinson est aujourd’hui chiffrée à plus de 300 M€. Le prolongement en tunnel jusqu’au T 10 devrait faire monter la facture au-delà du milliard d’euros.

Ensuite parce qu’il s’agit de modifier le fonctionnement de toute la ligne B, voire celui de la ligne D. Ce ne sont pas seulement les habitants de Sceaux, Châtenay-Malabry ou Fontenay-aux-Roses qui sont concernés par le choix de cette solution plutôt qu’une autre.

Enfin, parce que la mise en œuvre est très lointaine : que se passera-t-il d’ici là ? D’où la mobilisation des maires de VSGP pour faire pencher la balance vers le côté souhaité.

Association des Villes et des Élus pour le Prolongement Sud de la Ligne 4 du Métro

Cette association s’est fait connaitre au grand public par une conférence de presse. Celle-ci a notamment conduit à un article dans le Parisien centré sur le projet de prolongement de la ligne 4.

La lecture des statuts montre que sont membres fondateurs les villes d’Antony, Bourg-la-Reine, Sceaux, Châtenay-Malabry, le Plessis-Robinson, Bagneux, Fontenay-aux-Roses, Montrouge, Verrières-le-Buisson, l’établissement VSGP. Philippe Pemezec est également fondateur, le siège étant situé à l’Hôtel de Ville du Plessis-Robinson. Tous les membres fondateurs sont membres du conseil d’administration et vice-présidents de celui-ci. Le conseil d’administration se réunit au moins tous les 6 mois et son président a tout pouvoir de représentation pour communiquer entre temps.

L’adhésion de chacune des villes n’a pu se faire qu’après des délibération dans chaque conseil municipal, délibérations qui se sont déroulées au dernier trimestre 2022.

Débat à Sceaux en conseil municipal

La question de l’adhésion à l’Association des villes et des élus pour le prolongement sud de la ligne 4 du métro était à l’ordre du jour du Conseil Municipal de Sceaux le 15 février 2022. La note de présentation mettait en avant les risques pour le tronçon actuel :

Dans son intervention, Philippe Laurent explique qu’il ne s’agit pas de suppression du tronçon, mais de sa transformation par une correspondance obligatoire à Bourg-la-Reine.

Les échanges sur le sujet représentent 8 pages du procès-verbal : on y renvoie donc. Retenons que Numa Isnard et Xavier Tamby ont voté contre et que les 6 autres élus d’opposition se sont abstenus. N. Isnard évoque « l’empilement des associations », X. Tamby les 130 arbres remarquables détruits si on prolonge la ligne 1. Ceux qui s’abstiennent évoquent plutôt le manque d’informations, les problèmes récurrents de la ligne B et la question des priorités entre ce sujet et d’autres.

On s’étonnera que l’étude SETEC n’ait pas été communiqué aux conseillers municipaux, alors qu’elle l’a été à Fontenay-aux Roses 3 jours plus tôt.

L’intervention de Patrice Pattée, adjoint en charge des mobilités, donne le sentiment que la majorité municipale n’a pas vraiment d’avis définitif sur le projet et qu’elle estime nécessaires des études approfondies sur le projet.

Débat à Bourg-la-Reine au conseil municipal

La même proposition a été présentée au conseil municipal de Bourg-la-Reine le 12 décembre. Elle a été adoptée à l’unanimité. On peut lire les débats à partir de la page 85 du procès-verbal.

Débat au conseil municipal de Fontenay-aux-Roses

C’est également le 12 décembre que le conseil municipal a été consulté sur cette adhésion. Sept conseillers se sont abstenus, les autres ont voté pour. Le document présenté pour la délibération est disponible. Il fait 56 pages, parce qu’il comprend le résultat des premières études (par SETEC) et les statuts de l’association. Un document précieux donc. On notera que les 330 millions d’euros de coût estimé ne couvrent que les deux premiers tronçons et pas la partie entre Robinson et Châtenay-Malabry.

Débat au conseil municipal de Châtenay-Malabry

Le sujet était à l’ordre du jour de la séance du 15 décembre 2022. La motion, présentée par Marc Feugère, a été adoptée à l’unanimité. Les débats figurent dans le procès-verbal à partir de la page 27.

Arguments en faveur du projet

La note de délibération présentée à Sceaux met en avant le risque de remise en cause de la ligne Paris/ Robinson. L’étude SETEC indique que le raccordement du tronçon Bourg-la-Reine Robinson à la ligne 4 diminuera les temps de parcours vers Paris.

Ces deux arguments ne valent que pour les villes en aval de Bourg-la-Reine. Il s’agit de leur montrer que la solution envisagée est meilleure que l’existante. Tout en rappelant que la correspondance à Bourg-la Reine restera possible.

Il n’en est rien pour les habitants de Bourg-la-Reine : ils ne troquent pas une solution pour une autre, ils en gagnent une supplémentaire. Il en est de même pour les habitants de Châtenay-Malabry, du moins ceux qui n’habitent pas juste à côté de la station Robinson. On ne sera donc pas surpris que ce soit dans ces deux villes que l’adhésion à l’association des maires a recueilli l’unanimité des élus.

Questions citoyennes

Lors de ses réunions à Bourg-la-Reine, l’association pour le prolongement de la ligne 4 a logiquement recueilli majoritairement des avis favorables. Ceux qui n’adhéraient pas au projet s’inquiétaient pour les évolutions que l’arrivée de la ligne 4 provoqueraient dans leur ville.

Pêle-mêle, ces citoyens inquiets évoquent l’arrivée en masse de cambrioleurs ou l’augmentation du coût de l’immobilier. Des remarques qui renvoient à l’idée (fantasmée ?) que nos villes devraient avoir tous les avantages de l’appartenance à une grande métropole sans les inconvénients.

Autre question pratique : les usagers du RER B venus du tronçon Robinson Bourg-la-Reine ont généralement une place assise au départ. S’ils doivent prendre une correspondance à Bourg-la-Reine, ce ne sera plus le cas.

La question des délais et des horizons de temps.

L’article précédent a déjà évoqué la question de la durée des travaux. Celle-ci devra être précisée dans une future étude, mais on parle d’une année, voire plus. Une année sans autre solution que les bus pour rejoindre le RER B ou la ligne 4.

La question des horizons de temps est également majeure. Ce n’est pas dans 15 ou 20 ans que les habitants attendent une alternative au fonctionnement du RER B. Ils attendent au plus vite une augmentation de la fiabilité de celui-ci.

La RATP a d’ailleurs prévu des travaux de modernisation des voies sur la branche Robinson dès l’été 2023 afin de permettre le passage des nouvelles rames.

La difficulté de se projeter

Sur le plan du projet, figure non loin de la ligne envisagée, une ligne en construction, la ligne 15. Celle-ci fait partie du projet du Grand Paris Express et devrait être mise en service fin 2025. Elle croisera la ligne 4 à son terminus actuel, la station Lucie Aubrac et le RER B à Arcueil. Les lignes de bus seront certainement modifiées pour la rejoindre. Cela pourrait constituer une alternative pour certains de ceux qui empruntent aujourd’hui le RER B.

Autre impact important du Grand Paris Express : il mobilise une grande partie des investissements pour le mobilité en ile de France. Et cela va continuer encore longtemps. Quelle place pour un prolongement de la ligne 4 dans ce contexte ?

  1. Jacqueline Jacqueline 24 mars 2023

    Bien d’autres communes de banlieue réclament aussi le prolongement d’une ligne de métro jusque chez elle. Peut-on financer tout cela en même temps? Pourquoi la 4 plutôt que la 1 ou la 10?
    Faisons d’abord marcher correctement l’existant, faisons en sorte que le RER B perde d’urgence sa médaille d’or des dysfonctionnements : pannes et grèves. Pourquoi le Rer B garde -t’il le triste privilège d’être la ligne la plus impactee par les grèves ? Qu’ il transporte les usagers dont il a la responsabilité dès demain ! Pourquoi nos communes ne réclament -elles pas cela en premier?
    Il faut du réalisme et non du rêve.

  2. Ajzenberg Ajzenberg 13 mars 2023

    Cette hypothèse de ligne 4 est dans une perspective de 15 ans environ et part du principe que le rer B n’aura pas d’amélioration technique.
    Or, il suffit que le double étage s’installe, que l’automatisation de la conduite soit réalisée et que le tunnel Gare du Nord soit décidé (même coût global 1 à 2 M)pour que la ligne retrouve une réelle capacité à absorber l’augmentation de voyageurs.
    Pourquoi abandonner la proie pour l’ombre?
    C’est dangereux.

    • Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 17 mars 2023

      Tout cela est bien vrai mais n’apporte pas, à mon avis, de solution correcte à la régulation des trains de la branche Robinson avec l’autre branche de Massy/Saint Rémy.
      Je crois que cela restera un vrai casse-tête, même avec la création d’un doublement du tunnel Châtelet – Gare du Nord qui, année après année de développement de la grande banlieue sud, est de toute façon nécessaire. Tout le monde en convient.
      Le prolongement de la ligne 4, apporterait un choix nouveau et complémentaire aux usagers de Sceaux, Fontenay-aux-Roses, Chatenay-Malabry, Verrière le Buisson et même au-delà si on y songe; et réglerait la difficulté de gestion des deux branches actuelles.
      Je ne vois pas trop de danger à réfléchir à des solutions pertinentes.

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