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Kristina, l’Ukraine au cœur

Du 11 au 13 novembre, les Scéens qui faisaient leur marché ont pu constater qu’une collecte était organisée pour l’Ukraine dans une salle de l’ancienne mairie. Après enquête, il s’avère que l’organisatrice en était une association intitulée « Protéger Sauvegarder Développer » sise dans les Yvelines, et relayée sur place par une Scéenne, Kristina R.

Une action locale

Kristina a aujourd’hui 25 ans. D’origine ukrainienne, elle a rejoint ses parents en France en 2007 et y a poursuivi ses études jusqu’en école de commerce. Travaillant dans les télécoms, elle y a rencontré Grégory, un Français qu’elle a épousé à Sceaux en juin 2021. Si sa mère habite en France, son frère et le reste de sa famille habitent toujours la Transcarpathie, la région la plus à l’ouest de l’Ukraine, aux confins de la Hongrie.

L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février de cette année a été un choc pour elle. A l’époque, elle est en fin de grossesse et ne peut donc guère se mobiliser. Sollicitée par la mairie, elle va cependant aider les réfugiées ukrainiennes comme interprète. Elle se consacre aujourd’hui à un petit garçon de 6 mois qui l’occupe bien.

Début novembre, elle reçoit un appel d’une amie : celle-ci participe à la constitution d’un convoi d’aide pour l’Ukraine avec l’association « Protéger Sauvegarder Développer » et cherche des produits à envoyer. Il reste huit jours avant le départ. Kristina se tourne vers tous ceux qui sont sur la boucle WhatsApp des Ukrainiennes de Sceaux. La mairie lui propose d’utiliser l’ancienne mairie, disponible pour le week-end. Elle n’a pas de difficulté à trouver, parmi le groupe des Ukrainiennes, des bonnes volontés pour l’aider sur place et le résultat se voit sur la photo en tête d’article.

L’association essaie de répondre aux besoins là-bas. Notamment des médicaments et du lait pour les bébés, mais aussi pour les nombreux soldats blessés nourris par sonde alimentaire.

Aujourd’hui, elle se demande comment continuer à aider son pays. Elle a des idées qu’il lui faut transformer en projets. Les nouvelles qu’elle reçoit sont terrifiantes, même si elle est persuadée que la victoire de son pays est au bout de ces souffrances.

Un pays qui souffre

La Russie tente de faire céder le peuple ukrainien par la terreur, le froid, la famine, mais cela ne fait que le motiver à continuer la guerre. La Russie s’attaque aux infrastructures civiles et notamment les installations énergétiques. Il y a donc maintenant de nombreuses coupures d’électricité, qui menacent aussi le contenu des frigos et des congélateurs. Le frère de Kristina affirme que le froid (manque de chauffage) ne lui fait pas peur et que sa famille a simplement besoin de connaître le moment des coupures.

Pour les enfants, la guerre, ce sont d’abord les alertes pendant lesquelles il faut aller se réfugier. Le neveu de Kristina, 9 ans, lui parle au téléphone du missile tombé en Pologne, près de la frontière (pas loin de chez lui) : la guerre fait mûrir prématurément les enfants.

Kristina a aussi des amis d’enfance qui sont mobilisés et dont il est difficile d’avoir des nouvelles. Une partie de sa famille habitait Marioupol. Certains se sont réfugiés en Transcarpathie, d’autres sont restés sur place. C’est difficile d’abandonner tout ce qu’on a.

Le frère de Kristina est pompier, ce qui explique qu’il n’a pas été mobilisé ; mais il part régulièrement pour des missions d’un mois dans d’autres régions, là où les besoins sont cruciaux. Le pays fait tourner ses équipes pour ne pas les épuiser.

Kristina évoque aussi l’après-guerre, se demande quel avenir auront les enfants, comment reconstruire une Ukraine libérée, comment vivre à côté d’une Russie qui aura accompli des crimes de guerre.

Elle revient à ce qui se passe en France. Elle constate à quel point il est difficile de trouver un logement ici, mais à quel point certains peuvent se montrer solidaires. Des amis venus de Kharkiv sont arrivés récemment et ils ont été accueillis dans une maison à Tonnerre.

Celles qui viennent d’arriver font de gros efforts pour apprendre la langue. Il y a des propositions pour cela, par exemple à Pôle Emploi.

L’enfant de Kristina et Grégory fréquente maintenant la crèche des Fripounets à Sceaux. Les parents en sont très contents. La vie continue !

Quelques commentaires

Depuis notre rencontre, une nouvelle pluie de missiles s’est abattue sur les grandes villes le 23 novembre. Les destructions s’ajoutent à celles évoquées par le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal le 18 novembre, selon lequel plus de la moitié du réseau électrique était tombé en panne à la suite des frappes.

D’après les autorités ukrainiennes, Kyiv, Zaporizhzhia, Lviv, Kharkiv, Kryvyi Rih, Sumy, Rivne, Poltava, Odessa, Ternopil subissent ce 23 novembre des coupures d’électricité partielles ou totales. Coupure de courant aussi dans la moitié de la Moldavie.

Ce même 23 novembre, le Parlement européen a voté à une large majorité de 80% des députés une motion qui reconnaît la Russie comme un État sponsor du terrorisme. L’extrême droite française a voté contre la motion. Les élus LFI se sont abstenus, ainsi que Brice Hortefeux et Nadine Morano.

On signalera aussi un article de la Croix titré « Il ne faut pas sous-estimer les Russes : les soldats ukrainiens se préparent à une longue guerre ».

Un des soldats rencontrés par le journaliste explique : « Nous pouvons prendre le Donbass, nous pouvons prendre la Crimée, mais c’est avant tout une question de prix à payer. Si nous y allons, chaque maison ukrainienne recevra un avis de décès. »

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