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Contexte postal

L’avenir du bureau de poste des Blagis a conduit la Gazette de Sceaux à se demander ce qui peut conduire la Poste à vouloir fermer un bureau, ici à Sceaux ou ailleurs. Pour cela, le plus simple était de demander à un scéen bien placé pour en parler :

Sylvain Fresnault a en effet été un responsable important à la Poste. Après un début de carrière à l’import-export qui le conduit successivement au Brésil, aux U.S.A. et au Japon, il se spécialise dans la fonction achats pour Vallourec, Elf puis Asystel. Il rejoint un cabinet en formation des acheteurs et crée sa propre structure (Appia) qu’il revend à la Cegos quand la Poste lui propose de la rejoindre en 1996. Il y est directeur des achats jusqu’à son départ en retraite il y a deux ans.

Il rappelle que la Poste appartient majoritairement à la Caisse des Dépôts et ensuite à l’État : directement ou indirectement, c’est toujours l’État l’actionnaire. Mais il s’agit aussi d’une entreprise à qui il est demandé d’au moins équilibrer ses comptes et de financer ses investissements.

La Poste, ce sont en fait trois grands services différents, portés tous les trois par les bureaux : le courrier, les colis et la banque postale (les anciens ont bien en mémoire les chèques postaux). La Poste a développé d’autres activités de services aux clients, mais celles-ci restent marginales en volume. Rappelons que la Poste reste une énorme entreprise : elle comptait plus de 350 000 salariés il y a 25 ans et en compte aujourd’hui encore plus de 240 000 !

La Poste est toujours le premier intervenant dans le domaine des colis, avec entre 60 et 70 % des colis transportés. Mais il s’agit d’un métier très concurrentiel, avec des prix qui ne laissent qu’une très faible marge, qui ne peut permettre de financer des activités déficitaires.

La Banque Postale se porte bien, mais, là aussi, les marges sont forcément limitées, d’autant plus que la clientèle de la Poste comprend une part important de personnes ayant des revenus faibles.

Le point difficile, c’est bien sûr le courrier. Son volume est en baisse depuis longtemps. La Poste s’est adaptée, notamment sous l’impulsion de son président Jean Paul Bailly qui l’a dirigé de 2002 à 2013, puis de Philippe Wahl ensuite. Pour l’essentiel, cette transformation s’est faite par une très forte automatisation du tri et par la transformation des bureaux ainsi que par son développement de l’activité colis à l’international. Les coûts ont été fortement réduits entre 2005 et 2020.

Il y avait environ 17 000 bureaux de poste vers l’an 2000. Certains avaient peu d’activité et représentaient donc un coût important au regard de leur activité. Ils ont donc été progressivement remplacés par d’autres types de solutions visant à assurer la continuité du service postal : commerces ou centres publics (communaux). La Poste conserve de ce fait toujours 17 000 points de contacts avec ses clients (7741 bureaux de poste et 9266 points de contact gérés en partenariat avec les commerces de proximité, les mairies ou d’autres partenaires intercommunaux).

La difficulté actuelle est double : d’une part la chute du volume de courrier s’est accélérée et se situe autour de 10 à 15 % chaque année, ce qui représente une chute du chiffre d’affaires de 1 à 1,5 milliards par an ! D’autre part, il n’y a plus guère de marges de manœuvre de productivité dans les domaines qui ont été traités (automatisation et réseau). Il est probable qu’il soit nécessaire assez rapidement de trouver d’autres solutions. Sylvain Fresnault attire notamment l’attention sur les modalités de fonctionnement. La clientèle a-t-elle vraiment besoin d’une distribution des documents écrits 6 jours par semaine, quand les documents urgents sont en réalité transmis autrement ?  Dans d’autres pays, les services postaux sont déjà passé à des distributions moins fréquentes, par exemple 3 fois par semaine au Canada. Une autre question a trait aux horaires d’ouvertures pratiqués, qui demandent actuellement une coûteuse organisation en deux équipes.

Pour conclure, Sylvain Fresnault n’a pas d’informations particulières sur le cas particulier du bureau de Poste des Blagis, mais il n’y voit pas de spécificité : il y a probablement plusieurs centaines d’autres bureaux de poste en France dont l’avenir se discute actuellement.

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