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Ligne 4 jusqu’à Châtenay-Malabry ?

Le projet de prolongement de la ligne 4 jusqu’à Châtenay-Malabry a fait l’objet d’une première étude succincte. Celle-ci suscite déjà des commentaires.

Rappel du projet

Le projet de prolongement s’articule en trois tronçons. Le premier (en partie souterrain, en partie en aérien) relierait l’actuel terminus (station Lucie Aubrac) à la gare RER de Bourg-la-Reine. Le second emprunterait l’actuel tronçon de RER entre Bourg-la-Reine et Robinson, ce qui exige d’en modifier les aménagements. Le troisième emprunterait un tunnel à creuser jusqu’à la station « Théâtre La Piscine » du tram T10 à Châtenay.

Le projet était intégré dans le schéma général des transports voté par la métropole du Grand Paris en janvier 2022.

Une association de maires, créée fin 2022, soutient officiellement le projet. Elle regroupe la plupart des maires du territoire VSGP autour du sénateur Philippe Penezec, ancien maire du Plessis.

À Bourg-la-Reine, une association milite depuis 2016 pour ce prolongement. Sa demande initiale concernait le premier tronçon et elle a ensuite uni sa voix au projet dans son ensemble.

Plan du projet

Un document très complet a été présenté au conseil municipal de Fontenay-aux-Roses lors de la délibération sur l’adhésion à l’association des maires. Il comprend une version synthétique de l’étude menée par le cabinet SETEC, datée du 18 mai 2020 et probablement présentée le 26 juin 2020. La partie de la ligne 4 entre Montrouge et Bagneux y apparaît en pointillé puisque son ouverture était prévue début 2021. Le document précise que le ligne 4 doit être automatisée en 2022(l’opération est en cours et devrait s’achever en 2023). La future ligne 15 (prévue pour 2024) figure aussi sur le plan.

Le prolongement entre Bagneux et Bourg-la-Reine serait de 2,7 km, dont 1,55km en souterrain (faible profondeur, réalisé en tranchée couverte) et 1,15 km en aérien.

Les travaux entre Bagneux et Bourg-la-Reine sont estimés à 225 M€ dont 100 M€ pour le génie civil et 125 M€ pour les systèmes.

Une reprise complète du système de transport (structure de voie, rails, caténaires, signalisation) est prévue sur la Branche entre Bourg-la-Reine et Robinson (3,3km). Ces travaux sont estimés entre 95 et 105M€ dont 15M€ pour la reprise des gares, le reste pour les systèmes.

Cela fait un total de 330M€. La partie entre Robinson et le T10 n’est pas chiffrée.

Points clés du projet

L’étude met la situation « critique » de la partie sud du RER B comme élément fondateur du projet. Le RER B est le seul lien vers Paris d’un vaste territoire en plein développement économique. Sa saturation déjà chronique va s’aggraver, et ses marges de capacité sont marginales. La branche Robinson, indispensable à la desserte de VSGP, réduit d’un quart le nombre de trains au Sud.

Le prolongement de la ligne 4, qui dispose de marge de capacités soulagerait la charge du RER B.

Les promoteurs du projet en déclinent plusieurs avantages.

Les usages de l’actuelle Branche Robinson bénéficieraient de temps d’attente réduits (un train toutes les 1 min 30 en heure de pointe, contre 12 minutes actuellement). Les temps de trajet totaux (y compris attente) seraient très attractifs (18 min vers Denfert-Rochereau contre 24 min actuellement)

Les usagers de la Branche Sud bénéficieraient d’un tiers de trains en plus en heure de pointe et d’un « itinéraire bis » vers Paris à partir de Bourg-la-Reine, utile en cas de perturbation. Le tronçon central aurait moins de charge des trains (les usagers de la branche Robinson prennent la ligne 4). Enfin, l’ensemble de la banlieue sud bénéficierait de la liaison créée entre le sud de la ligne 4 et le sud du RER B

Pour plus de détails, voir l’étude complète dans le document présenté à Fontenay-aux-Roses.

Point de vue du CARRRO

Le CARRRO (Collectif Associatif des Riverains du RER de RObinson) a été créé en 2005 lorsque la fiabilité du RER B s’est dégradée. Dominique Daugeras, son actuelle présidente, rappelle que cette dégradation a été liée à un changement concernant le RER D. En effet, le RER D et le RER B empruntent le même tunnel et les mêmes voies entre Châtelet et Gare du Nord. L’augmentation de la circulation des RER D entre ces deux gares en 2004 (jugée excessive par le CARRRO) a affecté gravement la fiabilité du RER B.

L’association compte des adhérents (particuliers et associations) à Châtenay-Malabry, Fontenay-aux-Roses et Sceaux. Elle adhère à l’A.U.T. (Association des Usagers des Transports). Elle participe aux réunions organisées par celle-ci et par IDFM (Ile-de-France mobilités) dont elle informe ses membres, et publie régulièrement des informations sur les mobilités dans le bulletin de l’association de quartier Chêneaux-Sablons (également membre de France Nature Environnement).

Le projet de prolongement de la ligne 4 de Bagneux à Bourg-la-Reine puis Robinson est réclamé depuis quelques années par plusieurs maires de communes riveraines, dont M. Siffredi, en commençant par des  études préliminaires.  Cependant le CARRRO demande en priorité l’amélioration urgente du fonctionnement du RER B : si les travaux sont enfin en cours, il reste victime de pannes et autres dysfonctionnements fréquents pour encore quelques années. 

Rencontre avec le maire de Châtenay-Malabry

La défense de ce dossier l’a conduite à rencontrer Carl Segaud, maire de Châtenay-Malabry, en compagnie de Jean-Jacques Campan, ancien conseiller général du 92 et président honoraire du CARRRO. Il ressort du compte rendu de cet entretien quelques points suivants.

Le CARRRO s’inquiétant de l’impact des travaux qui conduiraient à une interruption d’un an de la branche Bourg-la-Reine à Robinson, le maire répond que les rames RER pourraient passer en navette sur une seule voie pendant ces travaux. Le CARRRO a rapporté une estimation du coût des travaux, selon Laurent Probst, directeur d’IDFM, de 1 ou 2 milliards. Carl Segaud pense que quelques centaines de millions d’euros seraient suffisants. Il souhaite l’arrivée de cette ligne dans les nouveaux quartiers de sa ville, sa connexion avec le T10 qui circulera au printemps prochain, et fait part des attentes des Verriérois, car cette ligne pourrait être un jour prolongée jusqu’à Verrières-le-Buisson.

Sur ces deux points, les deux parties attendent les résultats de l’étude demandée.

En attendant, même s’il n’est pas contre, le CARRRO reste hésitant face au prolongement de la ligne 4. D’abord parce que l’association espère d’abord une amélioration à court terme du RER B, en particulier grâce aux futures nouvelles rames annoncées pour 2025-2030. Ensuite parce que le RER est une meilleure solution que la ligne 4 pour aller rapidement au centre de Paris (Denfert-Rochereau, Châtelet, Gare du Nord). Enfin, à cause de la gêne notable engendrée par les travaux.

Point de vue de l’association « Mobilités 2050 »

Cette association est présidée par Jean-Claude Degand, ancien directeur des projets péri-urbains à la SNCF. Ce dernier estime lui aussi le coût très nettement au-delà du milliard d’euros. Surtout, il replace le projet au sein de la politique globale de transport en commun en Ile de France. Si on peut dépenser un milliard, autant le consacrer au dédoublement du tunnel entre Châtelet et la Gare du Nord. Le projet existe et est évalué entre 2 et 4 milliards.

Cela profiterait à un ensemble beaucoup plus vaste d’habitants : tous les usagers des RER B et D, soit 1,7 million de voyageurs quotidiens.Cela permettrait, aux heures de pointes, de rajouter 10 RER par heure. L’abandon de la ligne vers Robinson ne permet d’en gagner que 4 vers le sud de Bourg-la-Reine.

Point de vue d’une élue d’opposition à Fontenay aux Roses

Astrid Brobecker est élue du groupe municipal EELV à Fontenay-aux-Roses. Elle est également élue départementale depuis 2021. Lors de la délibération sur l’adhésion de sa ville à l’association des maires, elle s’est abstenue « car nous sommes d’accord sur le principe d’amélioration des transports en commun mais pas sur les modalités ». « Nous sommes évidemment pour trouver une solution rapide sur les transports, mais pas pour déshabiller Paul (RER B) pour habiller Jacques (ligne 4) »

Elle estime que la priorité est d’améliorer au plus vite le fonctionnement du RER B. A plus long terme, elle demande le dédoublement du tunnel entre Châtelet et la Gare du Nord.

Sollicitée par la Gazette, elle évoque aussi les temps de trajets. Elle note que l’étude SETEC ne met en avant que les situations favorables. Elle pointe ainsi les temps pour aller à la Gare Montparnasse, la Gare du Nord, la Défense ou l’aéroport de Roissy, tous plus favorable par le RER B.

Enfin, elle signale des projets d’amélioration comme Nextéo (mis en pause récemment). Surtout, elle craint que le contexte financier de la RATP conduise à ne plus entretenir le tronçon Bourg-la-Reine / Robinson bien avant sa transformation en métro.

Conclusion provisoire

On l’aura compris : seules des études approfondies permettront d’y voir plus clair. Notamment sur le coût du projet ou la durée des travaux. L’éventuelle mise en service du prolongement envisagée de la ligne 4 attendra encore longtemps.

  1. Denis Denis 25 novembre 2023

    Bonjour,
    Quelle suite a ce « coup de comm » de février ?
    Est ce que le projet avance ou est ce juste un article dans le vent ?

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 26 novembre 2023

      Selon l’association pour le prolongement de la ligne 4, le projet a été inscrit au SDRIF cet été
      https://m4sud.fr/linscription-au-sdrif-e/
      Mais n’allez pas croire que cela va aller vite pour autant
      A contrario, ce n’est pas parce que cela n’avance que lentement que ce n’est « qu’un coup de comm », comme vous dites !

  2. Ajzenberg Ajzenberg 26 février 2023

    Alors que des innovations techniques vont améliorer le rer B , imaginer que la ligne 4 est une ligne sans voyageur et n’attend d’être remplie que par les voyageurs de la ligne B est naïf.
    Aujourd’hui la ligne 4 est quasi saturée.
    On va la transformer en métro à bestiaux !
    Tout comme s’est dégradée la ligne 13.

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 27 février 2023

      Dans son étude, SETEC aborde cette question en affirmant qu’il n’y a pas de saturation de la ligne et que son automatisation en cours va lui donner une marge supplémentaire
      « intervalle actuel minimum : 105 s contre 85 s sur les lignes 1 et 14) »

      Dans un schéma que je ne peux reproduire ici, SETEC montre que la partie entre Bagneux et St Michel à un taux d’occupation inférieur à 70 % à l’heure de pointe du matin
      https://www.fontenay-aux-roses.fr/fileadmin/fontenay/MEDIA/Actes_administratifs/Deliberations/2022/DEL221212_5-Adhe__sion_a___l_assoc_des_Villes_et_des_Elus.pdf

      SETEC n’évoque pas l’impact de l’ouverture de la ligne 15 sud, qui sera la voie idéale pour tous ceux qui travaillent à Issy-les-Moulineaux et plus tard (2030) la Défense

  3. Jacqueline Jacqueline 25 février 2023

    Je signale que le projet de doublement du tunnel Chatelet-Gare du Nord a été rejeté par Mme Pécresse et d’autres responsables comme totalement irréaliste ( imprévisibilité des coûts et des difficultés dans le gruyère du Paris souterrain). Les seules solutions réalistes sont l’augmentation capacitaire des rames (pour les nouvelles rames prévues entre 2025 et 2030), et de la fréquence des RER B, rendue possible avec le système Nexteo dont le coût élevé certes est chiffrable. Du reste il vient finalement d’être accepté par les acteurs financeurs de la ligne.
    Concernant le prolongement de la ligne 4, le PADD voté en 2022 dit que son financement n’est pas envisageable avant une quinzaine d’années, étant donné les nombreux et lourds investissements pour tous les transports publics à faire rapidement dans toute la région parisienne par IDFM dans les prochaines années.

    • Stephane Stephane 25 février 2023

      Précisions très intéressantes. Merci Jacqueline.
      Si je vous suis bien, le prolongement de la ligne 4 dans tous les cas ne serait pas pour demain.

    • Degand Jean-Claude Degand Jean-Claude 17 mars 2023

      Les études de dédoublement des tunnels B & D qui ont été menées l’ont été en 2010-2011 par RFF et ont été interrompues sur décision politique. 3 scénarios ont été étudiés: aucun ne concluait à une infaisabilité technique, comme on se plaît à le dire aujourd’hui….avec beaucoupde légèreté. Le soi-disant gruyère parisien en a vu bien d’autres. Remettons un peu de rationalité technique et de cohérence régionale d’ensemble dans le débat.

  4. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 24 février 2023

    Par plus tard que ce début d’après-midi, j’avais à faire à Levallois.
    Pour rentrer, j’ai pris la ligne 4 (changement à Réaumur-Sébastopol). Il m’est venu l’idée de ne pas changer à Denfert-Rochereau pour prendre le RER B, mais de continuer jusqu’au terminus Bagneux-Lucie Aubrac. De là, 3 minutes à pied – pas plus – pour attraper le 188 (station Martyrs de Chateaubriant) jusqu’aux Blagis où j’habite. Super.
    Ça m’a donné le temps de réfléchir à ce projet (j’avais lu le premier article de Gérard), et j’ai pensé que ce trajet aurait été plus rapide et simple si j’avais pu poursuivre jusqu’à Sceaux en restant dans cette ligne 4 … rallongée.
    À vue de nez, je suis plutôt favorable à ce projet. Plus de problème pour l’exploitant du RER B avec cette fichue branche de Robinson (un vrai casse-tête pour le régulateur). Du coup un bien meilleur service sur la seule branche Saint-Rémy-lès-Chevreuses. Et pour les utilisateurs, la possibilité de choisir à Bourg-la-Reine de rester dans la ligne 4 ou de prendre le RER si on en a le besoin (Aéroport Charles de Gaulle par exemple). Au retour, idem.
    Comme le fait remarquer à juste titre Gérard, reste la question du financement.
    Mais pas seulement. Car se posera également la pertinence de celui-ci. Car ce sont des investissements à long terme qui induisent, pour ne pas dire obligent de manière presque mécanique, tous les choix ultérieurs. Dans quelle métropole urbaine vivrons-nous dans 20, 30, 50 ans, sachant que la réalité des transitions imposées par le changement climatique ne nous laissera justement pas trop de choix ?
    Je suis curieux de savoir si cette dimension du problème est prise en compte par les responsables qui conduisent ce projet.

    • jacqueline jacqueline 3 février 2024

      Les habitants de  » cette fichue branche de Robinson » remercient Jean-Claude Herrenschmidt de sa solidarité avec eux, alors qu’ils sont de plus en plus nombreux étant donné toutes les constructions dans ce secteur. Evidemment ils auraient dû ou devraient aller habiter aux Blagis pour ne pas gêner les déplacements de ce sympathique usager du RER B. Je signale que la mairie de Paris est également opposée à l’ajout d’un tunnel en raison des dangers d’effondrements. Ensuite cette construction obligerait à fermer toute la ligne pendant au moins un an comme l’a montré l’étude faite par RailConcept à l’époque.
      l’idée d’une navette BLR-Robinson qui fait rêver certains sympathiques usagers comme ce monsieur a été éliminée depuis longtemps par les responsables RATP etc. car trop dangereuse: elle obligerait les voyageurs à descendre puis remonter des escaliers à toute allure pour rejoindre le quai principal et voir passer des trains bondés en HP sans pouvoir y rentrer.

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