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Rencontre avec le président de l’Union des commerçants

Depuis 30 ans membre de l’Union des Commerçants et Artisans de Sceaux (UCAS), Frédéric Schweyer en est actuellement le président. Nous l’avons rencontré (virtuellement) pour parler de mobilité, d’immobilité (en l’occurrence de stationnement) et de la clientèle, pour saisir aussi une vision de l’activité commerciale dont on sait combien elle est essentielle à la commune. Propos directs et détendus.

LGdS : Pouvez-vous donner deux trois traits marquants de la chalandise en centre-ville ?

FS : Plus de 60% de la clientèle n’est pas de Sceaux. D’après les animations et les coupons-réponse, des gens viennent même de très loin. En avril le nombre de passants dans la partie piétonne de la rue Houdan s’est situé entre 15.000 et 50.000 ; d’après un comptage électronique. Ce qui revient, rapporté sur 8 heures à un passage moyen de 30 à 100 personnes en une minute. D’où l’impression de foule compacte à certaines heures.

LGdS : Pour la clientèle non scéenne, comment situez-vous les mobilités qui peuvent les amener en centre-ville ?

Il y a bien sûr le vélo et la voiture. D’un point de vue strictement personnel, je n’ai pas d’opinion particulière sur leurs mérites comparés. Les deux se complètent ; ils correspondent à des usages différents. Il faut reconnaître que le vélo est très tendance. Il est soutenu par le maire et par des associations. Mais, pour ce qui concerne l’activité commerciale, s’il est compatible avec des achats légers, une baguette par exemple, dès qu’il est question d’achats nombreux, un peu volumineux, les gens ne viennent pas à vélo. Ils viennent à pied, s’ils sont proches et sinon en voiture.

LGdS : Avec quelle conséquence ?

FS : Eh bien, vous n’en serez pas surpris, le problème numéro un est le stationnement. Charraire est boudé en semaine, mais pas tous les jours comme beaucoup de parkings en sous-sol, mais il est complet le samedi, jour d’activité maximale. La demande de plus de places de parking est connue depuis longtemps. D’ailleurs, nous avons mis en place un service de voiturier ouvert à tous en collaboration avec la Mairie pour augmenter le stationnement, mais cela ne suffit pas. Trois projets ont été successivement proposés, mais aucun n’a abouti. Il y a une opposition farouche de certaines associations locales qui veulent plus de verdure.

LGdS : Imaginez-vous que les moyens d’accès ou de stationnement puissent varier en fonction des jours de la semaine ?

FS : Non, décliner en fonction des jours de la semaine serait bien compliqué. Il faudrait autoriser certains jours, interdire d’autres. Ce serait à voir avec la municipalité, mais j’imagine que cela soulèverait un tollé et ne rapporterait pas forcément grand-chose.

LGdS : Quel est votre point de vue sur le projet de transformation de la place du Général de Gaulle ? Du point de vue de ses ambitions et de celui de la période de travaux.

FS : je n’ai pas été assez précis sur le projet Général de Gaulle qui est absolument nécessaire et qui va doubler la capacité parking, et qui renforcera, en surface, par des boutiques supplémentaires dans la prolongation de la rue Houdan l’offre à la clientèle. On a une très grande demande d’enseignes désirant venir s’installer à Sceaux. Les trois ans de travaux seront certes un peu difficiles, mais c’est pour une bonne cause.

LGdS : En quoi l’idée d’extension de la zone piétonne en direction du RER Robinson répond-elle à une demande supplémentaire de commerçants ? 

FS : Je ne peux pas me prononcer sur une demande supplémentaire de commerçants. Elle est de leur ressort et elle se ramène à une question assez simple : qui veut s’installer à Sceaux ? C’est une question qui relève de l’initiative privée et une association ou une collectivité locale peuvent dire ce qu’elles veulent, espérer ce qu’elles veulent, ce qui compte finalement c’est la volonté de chaque commerçant de se lancer.

Ce que je peux dire est du domaine du constat. La couleur de Sceaux, aujourd’hui, est le commerce traditionnel. Et les 200 m2 n’existent pas en centre-ville, ce que cherchent les grandes enseignes. On peut le regretter ou non, mais pour l’instant, c’est comme ça. On trouve plutôt des 30m2 ou des 50m2. Même à partir de 100m2, la loi de l’offre et de la demande ne s’applique pas en centre-ville.

Il existe, il a existé, des risques de multiplication intempestive de commerces d’une même nature : les banques par exemple. Le maire a fait le maximum pour l’éviter et préserver la qualité du commerce. Mais ses pouvoirs ne sont pas illimités.

LGdS : Quid des autres quartiers ?

Les Blagis, nous travaillons avec deux ou trois commerçants, mais guère plus. Mais les choses peuvent bouger ; nous les souhaitons. Avec la boutique de sport, nous avons eu des initiatives, comme la patinoire, mais elles sont restées marginales. La clientèle des Blagis est mélangée et a des attentes qui sont assez diverses, contrairement au centre-ville où les clients partagent plus ou moins la même conception de la qualité. Pour cette raison, l’environnement est plus difficile pour des animations commerciales. Ce qui n’empêche pas le commerce de marcher quand même.

Robinson, en revanche, montre un beau dynamisme. Il y a des jeunes qui ont des idées et de l’énergie. Le quartier se développe avec de nouveaux immeubles, la rénovation de la gare de RER. Il y a du potentiel.

LGdS : Quelle idée vous faites-vous de l’importance de la livraison ? De la vente en ligne ? Y voyez-vous des opportunités ? Des menaces ?

FS : Des tests ont été menés pour la livraison à vélo. Ça marche à peu près pour certains types de repas, mais pour le reste pas vraiment. On n’achète pas une robe comme on achète une pizza.

La mairie a acheté un triporteur à la disposition des commerçants. Il est peu utilisé. La demande n’est pas là. Ce qui fait Sceaux, c’est le rapport humain. La relation directe avec le commerçant.

Nous avons lancé Sceaux Shopping, un site qui fait plutôt la promotion des commerces. Il a un bon référencement et il accueille entre 1880 connexions par jour en avril provenant de toute la France. C’est très positif. Mais, soyons clairs, il fonctionne essentiellement comme une vitrine. Les commandes en ligne ne changent pas significativement les chiffres d’affaires. D’ailleurs un e-commerce pur aurait peu de chance de réussite pour la raison que j’ai dite. On achète à Sceaux pour la qualité et pour l’humain. C’est aussi pourquoi je ne vois pas de menaces majeures dues à la vente en ligne. On vient voir ce qu’on achète. On sait que les commerçants connaissent leur métier et peuvent conseiller.

Les risques viennent de la création à venir de 15.000 m2 de nouveaux commerces à Châtenay-Malabry sur l’ancien site de l’École centrale. Il comprendra nombre de places de stationnement. C’est une politique d’accueil des automobilistes que l’on retrouve à Antony ou Bourg-la-Reine. Le Plessis-Robinson développe l’attractivité de son marché avec un parking important en dessous.

Les risques donc pour l’activité sont le départ d’une partie de la clientèle non scéenne (les 60% dont je parlais) si les conditions d’accueil, dont le stationnement, sont meilleures ailleurs. Notre atout est le côté « village » qui plaît aux gens qui viennent. Si les commerces de Sceaux conservent leur avantage en termes de qualité, l’augmentation du nombre des logements dans les communes voisines augmentera mécaniquement la circulation. Encore faut-il qu’ils puissent venir facilement. C’est tout le dilemme. Ce qui fait vivre Sceaux, ce sont tous ces gens qui y viennent.

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