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L’arrivée du train en gare de Sceaux

Le 7 juin 1846 est inaugurée l’une des premières lignes de chemin de fer en France : celle qui, partie de la Barrière d’Enfer (actuel Denfert-Rochereau), arrive à Sceaux. L’événement est relaté en plusieurs pages dans l’hebdomadaire L’Illustration et dans le populaire journal La Presse. annonce son inauguration.

Les fils du roi Louis-Philippe, les ducs de Nemours et de Montpensier, ainsi que les ministres de l’Intérieur, de l’agriculture et des Finances, les préfets de la Seine et de police, des députés et des ingénieurs des Ponts-et-Chaussées prirent place dans le petit train qui s’éloigna de l’embarcadère (ainsi appelait-on alors les quais) de la gare d’Enfer à 9h30 pour atteindre Sceaux vers 10 heures. Ils y furent reçus par le maire de la ville qui leur offrit des rafraîchissements et après une petite heure pour se dégourdir les jambes, tout ce petit monde remonta en voiture pour arriver vers midi à Paris.

Jean Claude Républicain Arnoux

Les lignes de chemin de fer en sont alors à leurs débuts, stimulées par le vote de la loi de 1842 qui trace les grandes lignes du réseau à venir – en dessinant un système en étoile à partir de Paris – et met en place le système de concession accordée à des entreprises privées. En 1844, l’une d’entre elles est accordée à l’ingénieur Jean Claude Républicain Arnoux. Son troisième prénom doit tout à son année de naissance 1792 qui fut l’An I de la République. Polytechnicien diplômé en 1811, il inventa un système de voitures montées sur essieux permettant de construire des lignes courbes auquel il a laissé son nom. En deux ans, la gare d’Enfer, d’Arcueil, de Cachan, de Bagneux, de Bourg-la-Reine et celle de Sceaux sont construites, la voie est posée, et tout est donc prêt à accueillir les premiers passagers en ce printemps 1846 (même si la ligne ne fut ouverte au public qu’à l’automne suivant).

Un lieu de villégiature

Sceaux était alors reliée à Bourg-la-Reine par une ligne marquée par de vastes courbes, un peu comme un chemin de montagne, et la gare était située à l’emplacement du marché actuel. Plusieurs éléments expliquent que la ville fut précocement desservie. C’était tout d’abord l’une des deux sous-préfectures de la Seine depuis 1800, encore largement rurale ; elle était aussi connue comme un lieu de villégiature agréable comme en témoignent quelques maisons subsistant de cette période. Et un lieu de plaisir couru grâce à son fameux bal ouvert en 1799. Arnoux noua d’ailleurs une coopération avec la société qui le gérait. L’arrivée du train à Sceaux contribua à l’essor urbain de la ville, faisant monter le prix de l’immobilier.

Une rentabilité compliquée

Les premières années de la ligne furent difficiles. Dès 1846, la compagnie fut entraînée dans la crise financière qui secoua le pays et dut suspendre son exploitation de 1848 à 1851. Par ailleurs, le système mis au point par Arnoux ne trouva guère de clients, concurrencé par d’autres techniques. L’ingénieur obtint tout de même de continuer la ligne vers Orsay en 1853. Malgré la construction rapide de la ligne (5 stations en deux ans), l’offre de tarifs avantageux, une rotation de 12 trains par jour dans chaque sens, la Compagnie de Paris-Orsay dut déposer son bilan et fut rachetée par une autre, plus puissante, la Compagnie Paris-Orléans qui l’exploita jusqu’en 1932 et la prolongea plus au Sud. À la fin du XIXe siècle fut décidé un embranchement vers Robinson depuis Bourg-la-Reine. En 1893 fut construite une nouvelle gare à Sceaux située à l’emplacement actuel.
Rien ne subsiste aujourd’hui de l’ancienne gare et du sinueux tracé de la ligne qui la reliait à Bourg-la-Reine et qui donnait au trajet un petit goût d’aventure alpestre… à quelques kilomètres de Paris.


L’exposition, organisée par la ville de Sceaux, en 2011, présente une belle iconographie et de nombreuses explications sur l’événement.

  1. David David 19 mai 2021

    Le tracé fantôme du train de Sceaux subsiste rue Lakanal et rue du Lieutenant Jean Masse avec leur tracé original par rapport aux autres voies environnantes : la première suit l’oblique qui précède le second lacet en montant vers Sceaux depuis BlR et la seconde l’avant dernière boucle de la voie qui mène au débarcadère du jardin de la ménagerie. La maison du garde barrière qui a été agrandie depuis, est également toujours là, au 3 av Carnot, au niveau de l’ancienne passage à niveau

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