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Contrat d’engagement pour les Blagis

Le contrat d’engagement entre l’État et les quatre communes qui abritent le quartier intercommunal des Blagis a été signé le 29 avril. Auparavant, les conseils municipaux de chaque commune avaient été consultés sur le sujet. L’information des citoyens s’est faite de manière variable selon les municipalités.

Le contrat donne un cadre d’actions : la mise en œuvre se fera par les projets des communes et des différentes instances qui agissent sur le terrain, comme les centres sociaux. France Travail, la DRIEETS(1), l’ARS(1), la CPAM, Bpifrance, la banque des territoires, la CAF, le département et VSGP sont parties prenantes de ce contrat.

Trois axes ont été définis : cadre de vie et sécurité-prévention, politique éducative, jeunesse et insertion professionnelle. Il y a une volonté manifeste d’agir en faveur des jeunes. Les résultats sont attendus pour 2030.

Du côté des communes

La Gazette en a déjà rendu compte, la démarche de concertation concernant les quartiers 2030 a démarré très tard pour les Blagis. La signature du contrat d’engagement devait avoir lieu avant le 30 avril 2024. Une seule séance de concertation a eu lieu le 14 février, au CAEL.

Pour chacune des communes, une séance du conseil municipal a donné au maire l’autorisation de signer ce contrat. C’est ce qui a été fait à Bagneux le 19 mars, à Sceaux le 28 mars, à Fontenay-aux-Roses le 4 avril et à Bourg-la-Reine le 29 avril.

Les comptes rendus de séance sont publiés au plus tôt après leur approbation en séance suivante : on ne dispose donc pas aujourd’hui de ces comptes rendus ni des interventions des participants.

La ville de Sceaux a mis sur son site la présentation d’Isabelle Drancy avant la délibération, ainsi que le texte du contrat d’engagement.

Les 50 pages du contrat d’engagement des quatre communes comprennent 4 parties. La première est une analyse sociodémographique des territoires. La deuxième et la quatrième présentent les priorités et dispositifs de l’État, du département et des instances partenaires. La troisième présente les priorités locales. On l’a compris, les deuxième et quatrième parties ne sont pas spécifiques aux Blagis : on n’y reviendra pas ici.

Analyse sociodémographique

L’analyse sociodémographique concerne l’ensemble du territoire VSGP et ses quartiers prioritaires. Les Blagis ne sont que l’un de ces quartiers, les quatre autres étant : le quartier Noyer Doré (à Antony) ; la Cité des Musiciens et le quartier Abbé Grégoire – Mirabeau – Lincoln (à Bagneux) ; la Cité Jardins (à Châtenay-Malabry).

Le quartier intercommunal des Blagis pose un problème statistique : les données existantes ne sont pas assez fines pour l’analyse. Celle-ci s’est donc faite sur 5 IRIS (Ilots Regroupés pour l’Information Statistique, soit environ 2.000 habitants) : le mail des Cuverons et partiellement les Tertres dans le périmètre des Blagis et pour la ville de Bagneux ; les Bas Coquarts (soient l’allée Lafayette, les squares Jean-Pierre Brissot et William Wilberforce et le 17 bis avenue de Montrouge) pour la ville de Bourg-la-Reine ; la Cité des Paradis pour Fontenay-aux-Roses, Sceaux-Blagis pour la ville de Sceaux.

Sur ce territoire élargi, la proportion des jeunes (0-25 ans) est supérieure à celle de VSGP : 35% vs 29%.

Le taux de chômage est également plus élevé 16,8% vs 10,4% dans les Hauts-de-Seine. On notera qu’en France le taux de chômage est fortement corrélé au niveau de diplôme. Mais l’étude ne va pas plus loin dans l’analyse.

Enfin, les habitants des quartiers prioritaires sont en quasi-totalité locataires, avec une part de logements sociaux significative.

Priorités locales

Le sujet est exposé de la page 15 à la page 26 : on n’hésitera pas à les consulter.

« Les quatre villes souhaitent aujourd’hui axer le Contrat d’engagements Quartiers 2030 des Blagis autour de trois grandes thématiques et 10 actions concrètes… »

La première thématique s’intitule Jeunesse et insertion : agir pour offrir des perspectives aux jeunes du territoire et pour lutter contre les rixes. Elle comprend 7 actions concrètes :  Accompagnement vers l’emploi et la formation ; Promotion de l’entrepreneuriat ; Prévention de la délinquance et de l’exclusion ; Lutter contre la précarité sociale et alimentaire ; Participation citoyenne ; Promotion du sport comme facteur de vivre-ensemble ; Développer des actions de médiations culturelle et artistique.

Deuxième thématique : Cadre de vie et tranquillité publique : agir collectivement pour améliorer le quotidien des habitants et apaiser le quartier. On y reviendra plus bas.

Troisième thématique : Réussite éducative et parentalité : accompagner les familles pour favoriser la réussite de tous.

Les 4 communes souhaitent développer les actions suivantes :

  • Mise en place d’un PRE(programme de réussite éducative) intercommunal des Blagis pour un suivi des situations individuelles complexes dans une logique de parcours.
  • Renforcement et diversification des actions d’accompagnement à la scolarité.
  • Développement des actions éducatives collectives hors temps scolaires.
  • Repérage préventif et traitement précoce des phénomènes de décrochage scolaire et d’absentéisme
  • Création d’un centre de ressource intercommunale pour la guidance parentale et recherche d’harmonisation des pratiques

Gouvernance

Une méthode d’action a été définie. Le plan d’action est décliné par objectifs stratégiques : pour chacun sont précisés les actions proposées, les indicateurs de résultats, les pilotes et les partenaires.

La gouvernance du projet est également définie. Elle comprend un comité de pilotage se réunissant au moins une fois par an, une coordination administrative se réunissant au moins deux fois par an, des coordinations thématiques et opérationnelles et un poste de chef de projet à plein temps, commun aux 5 contrats de VSGP. Enfin, la communication auprès des habitants et des associations sera renforcée. L’évaluation est prévue à chaque étape et en fin de contrat (en 2030).

Un plan d’investissement aura pour objectif de reconstruire les équipements dégradés lors des émeutes de l’été 2023, rénover les équipements vieillissants et en bâtir de nouveaux.

Quel financement ?

Un article du Parisien paru le jour de la signature des contrats note la réaction de Laurent Vastel, maire de Fontenay-aux-Roses. Celui-ci parle de « mascarade » et de saupoudrage pour le financement. L’article évoque un montant de plus de 6 millions en 2024 pour l’ensemble des 19 quartiers prioritaires des Hauts-de-Seine. Pour 98 000 habitants et 500 projets déposés. Est-ce suffisant ? Difficile à dire sans information plus précise sur la mécanique et le rôle de ces financements : en complément d’autres déjà existants ou en remplacement de ces derniers ?

Point important : il est prévu pour les bailleurs sociaux un abattement de 30 % sur la taxe foncière pour les logements situés en quartier prioritaire. Selon Patrick Donath, maire de Bourg-la-Reine, un montant à utiliser par les bailleurs en dépense de fonctionnement dans ces quartiers.

Implication citoyenne

Une réunion de présentation a eu lieu aux Trois-mâts de Bourg-la-Reine, vendredi 17 mai. Une cinquantaine de personnes ont pu entendre des explications et poser des questions. Patrick Donath, maire de la ville, Chaharazed Bouslah, déléguée du préfet pour les villes du territoire de VSGP et Afate Moussouni, directrice du pôle santé et solidarités à la mairie se sont réparti les présentations.

Au-delà du contenu de la réunion du 14 février, dont la Gazette a déjà rendu compte, et du contenu du contrat d’engagement, on retiendra quelques points de ces interventions.

Le 14 février, 127 personnes étaient présentes : 66 habitants, 20 représentants d’associations et institutions diverses (dont les bailleurs), 19 élus et 22 personnes participant à l’animation et la coordination. 27 des habitants venaient de Bourg-la-Reine, 16 de Fontenay, 14 de Sceaux et 9 de Bagneaux. Comme l’a noté Patrick Donath, la plus grande présence de Réginaburgiens s’explique par le fait que la réunion avait lieu à Bourg-la-Reine.

À propos du thème Cadre de vie et tranquillité publique, Chaharazed Bouslah explique qu’un comité de pilotage a été créé en 2023, à la suite de décès d’un jeune à Fontenay (quartier des Paradis). Les travaux de ce comité ont alimenté le contenu du contrat d’engagement sur ce thème.

Il a été affirmé qu’une réunion de retour a eu lieu à Fontenay-aux-Roses et à Bagneux. A Sceaux, le retour devait se faire à l’occasion des nocturnes des Blagis. Des élus d’opposition de Fontenay, présents dans la salle, se sont étonnés de ne pas avoir été informés de la réunion dans leur ville.

Attentes des habitants

Après ces présentations, la parole a été donnée au public présent. De manière très frappante, toutes les questions ont porté sur des problèmes du quotidien plutôt que sur l’opération Quartier 2030. En vrac, ont été évoquées les questions de ramassage des déchets, de transports de proximité (le Paladin apparemment), du projet de loi sur la construction (cas des personnes dont le revenu a augmenté), de la rénovation de l’ensemble Normandie, de l’ouverture d’un lycée à Bagneux.

Des questions qui confirment ce que note le contrat d’engagement à propos des attentes des habitants :

Les réunions de concertation ont montré de fortes attentes des habitants en ce qui concerne leur cadre de vie. Les habitants expriment le besoin de disposer d’espaces pour se rencontrer…Ils expriment la demande que les espaces partagés de leur quartier fassent l’objet d’efforts particuliers de propreté …Ils soulèvent la préoccupation de logements bien entretenus adaptés aux besoins liés au vieillissement et au handicap.

Ils expriment le souhait que les quartiers soient mieux reliés entre eux et aux centres-villes ainsi qu’aux lignes de transports en commun.

L’amélioration du cadre de vie passe également par un renforcement de la présence de services publics de proximité, d’acteurs en proximité en vue d’assurer la tranquillité : services de police, médiateurs, éducateurs de rue…

De son côté, la Gazette avait noté :

Parmi les participants, on pouvait entendre des propositions très concrètes. Pour l’un d’entre eux, « 80% du problème des Bas-Coudrais disparaissent si on enlève la saleté ». Un autre évoque la récente réforme du Paladin : le fonctionnement à la demande n’est absolument pas adapté à la population du quartier. Un troisième évoque la nécessaire coordination entre les acteurs sur place.

Patrick Donath a expliqué qu’il attendait des bailleurs des actions dans ces domaines en contrepartie de la baisse de la taxe foncière. Des « visites en marchant » avec les bailleurs ont été évoquées par Afate Moussouni.

Il semble que ces attentes ont été entendues. Il reste à montrer qu’elles sont prises en compte dans la durée. C’est tout l’enjeu de ce contrat d’engagement. Sans prise en compte du quotidien, les efforts à long terme prévus par le contrat, également indispensables, resteront lettre morte.

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DRIEETS : directions régionales interdépartementales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités

ARS : Agence régionale de Santé

CPAM : Caisse primaire d’Assurance maladie

CAF : Caisse d’Allocations Familiales

VSGP : Vallée Sud Grand Paris

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