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Florence Bendaher, naturellement référente

Comme une foule de situations se présentent à elle, comme une journée ne ressemble pas à une autre, Florence Bendaher hésite à résumer son quotidien de référente famille au CSCB, centre social et culturel des Blagis. Pourtant, à mesure qu’elle s’explique, trois facettes se dessinent. Elle instruit des demandes d’aide parfois floues, parfois désespérées ; elle sensibilise sur des problématiques sociales et éducatives; elle facilite des échanges et des rencontres de manière à faire du lien dans un quartier qui en demande.

Si on songe à tous les possibles et à la population concernée, cela fait beaucoup. Mais elle sait s’organiser. Une heure avec elle suffit à s’en apercevoir. Elle est une organisatrice. Elle a l’esprit pour et l’énergie nécessaire à la mise en œuvre. Cela rayonne du spontané de son langage.

Ecouter orienter

Répondre aux demandes d’aides n’est pas une activité de guichet d’accueil. Les questions telles qu’elles sont initialement posées ne sont pas forcément les questions réelles. « Il faut dialoguer, trier » démêler les demandes parfois posées étrangement voire paradoxalement. « Comprendre ce que la personne veut dire. La mettre à l’aise. » Savoir mener un entretien est un prérequis de base.

La sollicitent des seniors (souvent isolés) en demande d’aide aux démarches pour la rédaction d’un courrier, un conseil juridique, la recherche d’une assistance sociale. D’autres en recherche d’emploi ont besoin d’identifier les structures existantes. D’autres encore cherchent du soutien en français, souhaitent avoir accès à des loisirs qu’ils ne peuvent se permettre de payer. Le CSCB dispose de quelques relais permettant à des personnes fragilisées, voire handicapées, d’aller au théâtre ou au concert.

Informer, sociabiliser

Informer c’est toute une palette de rencontres que seules l’imagination et l’utilité sociale peuvent limiter. Lundi 26 février, c’était un groupe de paroles autour du handicap d’un enfant. « Le partage d’expérience vise à garder confiance dans son rôle de parent. » Le 5 mars au matin, ce sera un café numérique avec l’animateur multimédiaautour des « Arnaques en ligne » et des manipulations constatées sur Internet. Les « café parents » se tiennent une fois par mois. A la fin mars, deux ateliers de communication s’interrogeront sur « Comment rétablir le dialogue avec son ado », sujet on le sait réel aux Blagis … et dans bien des endroits d’ailleurs, quelle que soit la ville.

Avec la CAF, Florence Bendaher met en place des actions de sensibilisation autour des droits des allocataires , mais aussi sur la prévention contre des usages trop intensifs des écrans. 

Ce sont des exemples. Pour en savoir plus sur les rencontres, le mieux est d’aller dans l’Agenda famille ou dans les Evénements et plus généralement sur le site du CSCB.           

Il faudrait ajouter les sorties qui réclament une organisation importante. Elles sont régulières et proposent des visites de musées, des expositions, des spectacles en famille. Elles peuvent être organisées par le CSCB lui-même ou en collaboration avec des acteurs locaux. La ville de Sceaux est un des tout premiers de ceux-là, surtout pour les seniors pour lesquels elle dispose d’un service important en termes de soutien, d’activités et de rencontres. Le Secours catholique en organise aussi et elles sont ouvertes à tous.

Active dans la médiation culturelle, l’association caritative Cultures du cœur Hauts-de-Seine met à disposition des places de spectacles comme au Trianon. Et le théâtre des Gémeaux a quelques places à des tarifs réduits.

Un « écosystème » de prestations

Ecouter, informer, orienter reste un vœu pieux sans échange de qualité. Cela suppose d’établir une relation de confiance qui permette à la personne d’exprimer ce qu’elle a au fond d’elle-même, et « souvent ce n’est pas simple ». Et cela suppose aussi d’avoir une connaissance précise des acteurs de l’action sociale, de savoir sur qui s’appuyer et pour quelles prestations.

Ici Florence Bendaher se fait messagère et interprète de ces acteurs pour situer, en fonction de la personne, dans quels domaines ils sont les bons leviers.

Parmi les partenaires, les plus proches, les plus concernés sont probablement la CAF92, la CNAV, la ville de Sceaux et le département. S’ils financent le CSCB, c’est qu’ils y trouvent les services qu’ils trouvent complémentaires à leurs propres missions. Il y a également les établissements similaires des quartiers voisins : le CAEL à Bourg-la-Reine, le Centre Social et Culturel Jacques-Prévert à Bagneux, la Maison de quartier des Paradis à Fontenay. Les collaborations coulent de source.

Les autres sont nombreuses et elles seraient plus nombreuses encore si l’entretien avait duré plus longtemps. Mais cet article esquisse seulement un métier, il n’est pas dans l’exhaustivité.

Commençons par la CRAMIF qui est simplement la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France. Elle est sollicitée dans des situations d’arrêts-maladie de longue durée. Elle tient une permanence d’assistante sociale au CSCB.

Une association comme ADS met à disposition un écrivain public, JDLC (Jeunes dans la cité) propose des activités autour du jardinage et du petit bricolage au CSCB. La Croix-Rouge a une présence dans le quartier des Blagis, à commencer par sa braderie. L’association des locataires des Bas-Coudrais est le relai évident pour les problèmes de logement dans les HLM d’alentour.

Du côté de la médiation familiale, une permanence hebdomadaire est tenue par l’association Dinamic. Elle s’adresse à des couples en séparation, des cas de rupture de communication entre parents et adolescents, grands-parents souhaitant garder des liens avec leurs petits-enfants, fratries placement ou soins d’un parent dépendant, etc.).

Les CCAS de Sceaux et des communes voisines de Bagneux, Bourg-la-Reine ou Fontenay relaient les actions du CSCB dans leurs rôles d’information sur les droits sociaux, les aides légales comme le RSA (Revenu de solidarité active), l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), l’ASH (Aide sociale à l’hébergement), etc., toutes sortes de démarches pour obtenir des aides ou bien des services aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux familles, aux enfants, etc.

La Maison Justice et Droit (MJD) est un lieu essentiel pour les personnes en surendettement ou des femmes victimes de violences conjugales, tandis que le Secours populaire assure des distributions alimentaires.

Ne pas se fier aux apparences

En écoutant Florence Bendaher, on comprend tout l’enchevêtrement entre ces services sociaux et la somme d’aides auxquelles il est possible de prétendre. Sa connaissance de ces dispositifs, sa capacité à les mettre en relation avec ce qui correspond aux vrais besoins des demandeurs est précisément l’un de ses rôles majeurs. Car « l’écart est grand, dit-elle, entre les besoins que je perçois et la demande réelle. »

« Une personne peut venir me solliciter pour être aidée à rédiger un courrier, et lors de l’échange, on comprend que d’autres démarches sont à faire en amont : une demande d’attestation médicale, des démarches auprès de la MDPH… Une demande d’aide au renouvellement de carte de séjour peut aussi déboucher sur un besoin d’accompagnement vers l’insertion par l’apprentissage du français, une aide à la recherche d’emploi… ». On le sait, un train peut en cacher un autre.

Rapports humains

L’arrivée de Florence Bendaher au CSCB il y a deux ans ne relève pas du hasard. L’action sociale a construit son itinéraire professionnel depuis ses tout débuts. Juste avant, elle était éducatrice spécialisée. Elle travaillait dans un centre de protection de l’enfance qui accueille des enfants soumis à des violences familiales (parfois inouïes, dit-elle) ou abandonnés purement et simplement sur la voie publique et recueillis par la police. Elle s’occupait d’enfants de 6 à 11 ans en attente de jugement avant placement et départ en foyer.

Quand elle a travaillé pour financer ses études, ce fut dans l’aide aux personnes. Des activités saisonnières comme des séjours de vacances, de l’animation en centre de loisirs, des sorties d’enfants. Elle a exercé comme assistante maternelle et dans le soutien familial. Dans l’aide à domicile aussi dont on sait que la tâche peut sembler parfois ingrate. Elle a pourtant trouvé chez les personnes âgées et dépendantes « une volonté de transmettre », une circulation de parole dont elle garde un souvenir riche. Quelle surprise ce petit souvenir glissé spontanément au cours de l’entretien ! Quiconque a eu recours pour un parent à l’aide à domicile se dit qu’elle devait être une recrue d’exception.

Si on lui demande pourquoi elle est dans ce métier, dans ces métiers, elle parle d’emblée de « se sentir utile », de son besoin de « liens avec les gens ». Après, elle n’est pas du genre à s’étendre sur sa personne. On comprend que si elle dispose d’un bureau pour ses tâches administratives et ses entretiens, ce n’est certainement pas pour s’y enfermer.   

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier 22 mars 2024

    Cet entretien souligne l’importance du CSCB dans le quartier des Blagis. Ce centre qui s’était plus ou moins endormi se réveille depuis quelques années, c’est une bonne nouvelle.
    Merci pour cela à Sandrine Fahrasmane qui a su « garder la maison », aux deux directrices, à Florence et à toute l’équipe

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