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Le parc de Sceaux sous le Directoire

Pendant 3 ans, de 1795 à 1798, le domaine de Sceaux a été un Établissement rural national. On y mena des recherches agronomiques, notamment par des croisements d’espèces. Et on envisagea d’en faire une école d’agriculture. C’est ce qu’Agnès et Serge Rosolen ont expliqué lors d’une conférence des Amis de Sceaux, le 9 mars dernier.

Améliorer l’agriculture et l’élevage par la science

A la fin du XVIIIe siècle, la laine des moutons français était de piètre qualité en comparaison de celle des moutons anglais. Pour améliorer la production, on décida de réaliser des croisements avec des moutons mérinos venus d’Espagne. Las, leur toison donnait des fils courts. D’autres croisements étaient donc nécessaires.

L’époque est aux savants. La République a déjà unifié les mesures et adopté le mètre (défini précisément en 1798). François-Hilaire Gilbert, ancien élève de l’École vétérinaire d’Alfort, n’a pas 40 ans, mais il est déjà réputé. Il a été directeur adjoint de son ancienne école. Il se préoccupe d’agriculture et obtient des prix pour diverses publications, dont une concernant les prairies artificielles. Il est envoyé en Angleterre pour étudier les moutons à laine rouge. Il lutte contre les épizooties et publie en 1795 Recherches sur les causes des maladies charbonneuses dans les animaux…

Il est choisi par le gouvernement pour organiser et diriger les établissements agricoles de Sceaux, de Versailles et de Rambouillet, mais les deux premiers sont vite supprimés, et Gilbert se consacre au domaine de Rambouillet, surtout consacré aux mérinos. (Wikipedia)

Le domaine de Sceaux sous le Directoire

Le domaine de Sceaux était jusqu’en 1793 la propriété du duc de Penthièvre. A sa mort, l’État confisque la propriété pour en faire en 1795 un Établissement rural. En 1798, les difficultés financières du pays (qui est en guerre) conduisent à la vente du domaine. C’est donc une période très courte que le couple Rosolen a pris le soin de faire vivre auprès d’une cinquantaine d’auditeurs.

Serge Rosolen, lui-même ancien élève de l’école d’Alfort, est un chercheur spécialisé en ophtalmologie vétérinaire et comparée. Membre de l’Académie nationale de médecine, il a publié il y a quelques mois dans le Bulletin de l’Académie vétérinaire de France un article intitulé « François -Hilaire Gilbert, un vétérinaire défenseur de la cause animale sous le Directoire ».

Agnès Rosolen est conservatrice en chef des bibliothèques. Pendant la conférence, elle a longuement exposé les sources qui ont permis de mieux comprendre ce que fut l’Établissement rural de Sceaux et l’histoire de son directeur.

Ce dernier avait l’avantage d’avoir des appuis solides dans les ministères. La situation administrative était complexe. Il dépendait du ministère de l’Intérieur et plus exactement de sa 4e division, « Agriculture et commerce ». Il y avait une commission d’agriculture et un comité de l’agriculture.

Fin de l’expérience

Les orateurs ont aussi mis en avant les qualités scientifiques de François- Hilaire Gilbert.Sa démarche prenait en compte les données du climat pour améliorer la productivité agricole. Elle se voulait aussi pédagogique : l’idée était de pouvoir transmettre à tous les paysans les méthodes élaborées dans l’Établissement rural.

François -Hilaire Gilbert était à la fois un gestionnaire, attentif à la vente des récoltes (blé, orge, avoine, noix…) et un chercheur attaché à la réalisation de travaux universitaires.

La situation locale n’était pas simple. Les paysans locaux avaient pris l’habitude avant la Révolution de faire paître leurs bêtes sur le domaine. Une gravure de 1740 le montre déjà.

Le directeur défend l’idée de transformer l’Établissement en école. Il y a un manque : l’École nationale supérieure d’agronomie de Grignon ne sera fondée qu’en 1826. Quand l’établissement est menacé pour des raisons financières. François-Hilaire Gilbert défend son bilan. Il est soutenu par son ministre lorsqu’il lui remet un rapport sur le devenir de l’établissement de Sceaux. En vain. Le domaine est vendu à un nommé Lemoine, qui fera couper les arbres et raser le château.

La conférence des Amis de Sceaux et la contribution d’Agnès et Serge Rosolen aura permis d’éclairer une période courte mais riche de l’histoire du domaine.

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