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Rue du docteur Thore

Enfoncée dans le quartier des Cheneaux, mélange de petits collectifs et de maisons, fleurant déjà la campagne avec des bordures de parcelle largement végétales, la rue du Docteur Thore part de la rue Pierre Curie et se termine avenue Edouard Depreux. L’homme dont la rue garde la mémoire n’est pas un inconnu pour le bulletin municipal de Sceaux, l’ancêtre de Sceaux Mag. Dans sa livraison de février 1983, on y parle de trois frères : Léon-Marie, né en 1811, Ange-Marie né en 1815 et Antonin-Marie né en 1818. Celui dont on se souvient est le deuxième, Ange-Marie, qui fait l’objet d’un éloge.

Il fallait que son souvenir fut bien profond, en effet, car c’est en 1896 seulement, dans sa séance du 23 novembre, que le conseil municipal décide d’attribuer son nom au sentier des Bas-Sablons, au milieu d’un ensemble de 14 voies nouvelles.

Bulletin municipal de Sceaux, février 1983

Il est, comme ses frères bien sûr, le petit-fils de Joseph Thore, né à Auch en 1752 nous dit le bulletin, et

..maître en chirurgie et chirurgien du duc de Penthièvre, [qui ] s’installe à Sceaux, probablement peu de temps après l’obtention de ses diplômes. Nous savons que son fils Joseph Louis Michel naîtra à Sceaux en 1782. A son tour, celui-ci devient médecin. Il épouse en 1805 (22 Prairial an XIII) Marie Maufra, de deux ans plus jeune. Marie Maufra est la fille de Jean-Baptiste Maufra, un entrepreneur de maçonnerie dont la famille s’était installée à Sceaux en 1678, sous Colbert.

Bulletin municipal de Sceaux, février 1983

Julien Thore, artiste dérangeant

Le bon docteur ne doit pas être confondu avec un natif de Bordeaux, pour deux raisons. La première est que son prénom est différent, celui-ci, c’est Julien et non Ange-Marie; la seconde est qu’il poussa son premier cri en 1977. On pourrait en ajouter une troisième : il se consacre à la photographie et on a ici un aperçu des œuvres. On comprend qu’elles sont fort éloignées du dévouement de celui qui, comme cité dans le bulletin, « ne refusait jamais son concours lorsqu’il s’agissait de faire le bien. Il aimait surtout les déshérités de la fortune; il oubliait ses propres souffrances pour voler à leur secours, et les pauvres qui connaissaient son généreux désintéressement, béniront sa mémoire.« 

Un autre fausse piste à éviter résolument. Le journal satirique Gil Blas publie le 22 juillet 1882 un démenti très net .

On nous demande si c’est à M. Julien Thoré qu’appartient la signature du Diable Boiteux.
Nous ne connaissons pas cet individu qui n’a jamais appartenu à la rédaction de Gil Blas.

Gil Blas du 22 juillet 1882

Attention, ne nous précipitons pas ! Car, si notre docteur ne se prénommait toujours pas Julien, il peut s’agir d’un message crypté puisque chacun sait que le Diable boiteux fut écrit par Lesage au XVIIIe siècle. Ce que les farceurs de Gil Blas n’ignoraient certainement pas tant le roman fut célèbre. Seule une enquête approfondie permettrait de lever le doute.

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