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Place Charles De Gaulle à Sceaux, passé et présent

En plein centre du Sceaux ancien, l’îlot Voltaire est le nom donné au triangle délimité par les rues du Four, Houdan et Voltaire. Au début du XXe siècle, il comprend de nombreuses habitations. Celles-ci, considérées comme insalubres, sont détruites juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l’espace reste en friche et semble occupé en partie par des forains. Un parking en surface sera ensuite installé, avant sa destruction dans le cadre de l’actuel projet d’aménagement de la place.

Un exposition sur l’histoire de l’îlot Voltaire

La municipalité a récemment installé, sur la palissade autour de l’ancien parking, une exposition retraçant l’histoire de l’îlot, également accessible sur le site de la Ville. On y découvre d’abord un plan du village de Sceaux datant de la fin du XVIIIe siècle. Les rues du Four et Houdan y figurent déjà. L’actuelle rue Voltaire s’appelle alors Grande Rue. L’îlot est partie intégrante du village. Le quartier très dense est occupé par d’anciennes maisons de vignerons accolées les unes aux autres. Une rue est-ouest, la rue de la Tour, coupe l’îlot en deux. L’îlot comprend le four et les pressoirs communs ainsi que la place du Greffe.

Dans les années 1870, de premières démolitions élargissent la rue Voltaire, reforment le tracé de la rue du Four et agrandissent la place du Greffe.

C’est tout le quartier qui est démoli vers 1938 en raison de son très mauvais état et de son caractère insalubre. Cette destruction est liée à l’agrandissement de la D67 (la rue Voltaire et ses prolongements) qui succède à la construction du lycée Marie-Curie.

Que se passe-t-il ensuite ? L’exposition montre deux photos aériennes de l’îlot occupé par un garage, en 1958 et en 1967. Mais ce qui est présenté comme un garage correspond à deux structures de formes un peu différentes, qui ne sont pas placées exactement au même endroit. Une photo prise en 1955 montre la place sous un angle différent, qui permet de mieux comprendre ce dont il s’agit : un chapiteau de baraque foraine qui abrite des autos tamponneuses ! Tout laisse supposer qu’il en est de même en 1958 et très probablement en 1967.

Sceaux en expansion

La place est donc à cette époque un endroit non affecté qui permet d’accueillir des forains.

Entre 1954 et 1962, la population scéenne gagne plus de 8000 habitants. C’est alors que sont construites les résidences Penthièvre et des Bas-Coudrais. D’autres logements collectifs sont construits dans diverses zones, toutes situées à l’est(à droite sur la photo) de l’axe nord-sud créé par les rues Voltaire puis de Fontenay (laquelle prolonge la rue Voltaire au-delà du rond-point).

Par la suite, les constructions se font plutôt à l’ouest de la rue Voltaire. C’est déjà là que s’installe la Cité scolaire Marie-Curie avant la guerre. Le lotissement Henri Sellier le complète au sud dans les années 50. A partir des années 70, on construit le long de la rue Houdan entre Robinson et la place Charles de Gaulle. C’est aussi l’espace entre la Cité scolaire Marie-Curie et l’îlot Voltaire qui fait l’objet de nouvelles constructions. De fait, les projets d’aménagement concernent plusieurs zones autour de l’ilot Voltaire, mais pas celui-ci. On en trouve des traces dans le bulletin municipal de Sceaux de janvier 1972, puis en avril 1974 avec un numéro spécial urbanisme, complété en novembre de la même année. En 1975 les résidences de l’Ermitage et de l’Armorial s’installent à l’ouest de la rue du Four.

C’est à cette époque qu’un parking en surface s’installe sur ce qui est devenu en 1970 la place du Général de Gaulle. Probablement au moment de la piétonisation d’une partie de la rue Houdan, sous le mandat d’Erwin Guldner. Pour réaliser cette piétonisation, cette partie de la rue est déclassée (il s’agit d’une voie départementale, la D60), le parcours se faisant alors par l’avenue Camberwell. Deux parkings sont créés, de chaque côté de la rue piétonne, à l’Est en bordure du parc de la Ménagerie et à l’ouest avec le parking de la place.

Ce parking en surface est considéré par la municipalité comme une solution provisoire. Un provisoire qui va durer, au rythme des projets d’aménagements successifs et successivement abandonnés.

Sujet à polémique depuis longtemps

Dans les années 90, un premier projet d’aménagement de la place, proposé par le maire Pierre Ringenbach, fait l’objet de nombreuses polémiques. Les opposants se regroupent aux élections suivantes (en 1995) derrière la bannière de Michèle Carle et Michel Quintin. Deux autres listes sont en lice, une liste de la Gauche unie et une liste citoyenne. Le maire sortant l’emporte avec 25 voix d’avance sur la liste de Michelle Carle (écart rectifié à 17 voix par le tribunal administratif). Les deux autres listes ont peu de voix puisque la liste de Michelle Carle obtient 7 sièges, celle de la Gauche unie 3 sièges, la liste citoyenne un seul.

On retrouve l’évocation d’un nouveau projet, porté par Pierre Ringenbach dans les pages de deux Sceaux Mag, en 1999 et en 2000. Mais il n’est pas repris par Philippe Laurent en 2001. Si l’on en croit une remarque faite lors d’un débat sur le projet actuel, le projet aurait été victime d’un recours au tribunal administratif.

C’est en 2017 que celui-ci lance un nouveau projet de construction de logements avec des commerces en rez-de-chaussée et un parking souterrain. Entretemps le centre de gravité de la ville s’est progressivement déplacé vers l’ouest (vers le RER Robinson) avec les nouvelles constructions. Une évolution que l’emplacement de la nouvelle mairie symbolise.

Et c’est dans cette réalité que s’inscrit le projet de transformation de la place : étendre la zone de chalandise de la rue Houdan piétonne en direction du RER.

Une autre évolution, dont les conséquences sont difficiles à évaluer, a eu lieu dans la ville depuis la guerre. En 2020, 79% des logements sont des appartements. 96% d’entre eux ont été construits à partir de 1946. Les maisons comptent donc pour 21% des logements. 17% d’entre elles ont été construites à partir de 1970, la moitié datent d’avant 1946. Le refus de la densification de l’îlot Voltaire a-t-il la même importance dans la population qu’en 1995 ?

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  1. Quintin Quintin 29 avril 2024

    Projet, construit en empiétant sur la rue, en rasant les arbres , absence de pistes cyclables, du béton aucun espace vert public prévu…Des travaux coûteux et longs. Un aménagement moins dense,
    en gardant les arbres, création de pistes cyclables avec îlot de fraîcheur serait préférable.

  2. Xavier Tamby Xavier Tamby 29 avril 2024

    Pour information, la liste de Michèle Carle a perdu l’élection en 1995 de 17 vois et non de 25 (cf. Recours devant la juridiction administrative de 17 voix.
    Pour ce qui me concerne, le projet de densification de l’îlot Voltaire est aussi aberrant en 2024 qu’en 2017 ou 1995. Il le sera à jamais.

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