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Une peintre à l’école primaire, ou l‘enfance de l’art

Le 14 septembre dernier, les enseignants de l’école de Blagis étaient rassemblés à la mairie de Sceaux autour de deux des fresques réalisées par les élèves, exposées dans la salle prévue à cet effet.

La plaquette de présentation affichait les 14 fresques, provenant chacune d’une classe, et exposait la manière dont elles avaient été élaborées. Deux noms sur la plaquette : celui du directeur de l’école, Frédéric Delamare, et celui de l’intervenante, Hélène Szumanski. Deux personnes que la Gazette a rencontrées ensuite pour en savoir plus.

Hélène Szumanski est peintre et, pour se faire une idée de son travail, le plus direct est d’aller sur son site. Parmi ses nombreuses activités, elle intervient pendant la pause méridienne auprès des élèves des Blagis. Ceux-ci bénéficient d’un atelier par semestre à choisir parmi 8 possibilités. En 8 ans d’intervention, Hélène Szumanski a eu l’occasion de connaître de nombreux élèves de l’école, en particulier parmi ceux de CM1 et CM2.

Il y a deux ans, l’artiste a réalisé une grande fresque avec les enseignants et les élèves de l’école maternelle. Cette fresque orne aujourd’hui le fond du préau de l’école maternelle. Elle a été réalisée avec les enseignants, sur 3 mètres de hauteur, puis les enfants ont peint directement sur la partie inférieure du mur, celle qui était à leur portée. En s’appuyant sur les ébauches faites sur du canson au préalable, avec des thématiques libres (les oiseaux, les dragons, les châteaux, les fleurs, etc..), ce travail sur le canson permettant la construction d’un schéma conducteur.

Cette réalisation et une exposition au CSCB des œuvres de l’artiste ont attiré l’attention des enseignants de l’école élémentaire. De fil en aiguille, un projet est né pour l’année scolaire 2021/2022. Il fallait démarrer sans avoir le temps de solliciter l’inspection pour le financement, la décision a été prise d’utiliser les fonds de la caisse des écoles.

Alors que la fresque de l’école maternelle était unique, le choix, pour l’école élémentaire a été de produire une fresque par classe. Soit au total 14 fresques de 1,8m sur 1,3m.

La réalisation des fresques

Chaque fresque a été réalisée en 5 séances de 2 fois 45mn, soit un total de 7h30 seulement. Cela n’a bien sûr était possible que parce que beaucoup d’élèves connaissaient déjà les méthodes de l’artiste, et parce que celle-ci a su créer une dynamique avec les groupes d’enfants.

Un point clé : chacune des deux séances de 45 minutes concernait un groupe différent (une moitié de classe normalement). Cela signifie qu’il y avait une règle claire : c’est un autre qui continue le travail que j’ai commencé (ou que j’ai moi-même continué).

Les fresques sont réalisées sur du contreplaqué, un matériau dont on sait qu’il absorbe l’eau. Il faut donc commencer par poser un enduit blanc. C’est l’un des objets de la première séance, également l’occasion d’expliquer au groupe la méthode. En parallèle, le groupe choisit un thème (en s’inspirant de celui choisi par l’enseignant pour la classe pour l’année)

La deuxième étape consiste à poser un fond multicolore. Les enfants choisissent parmi différentes propositions que leur fait l’artiste, puis ils passent eux-mêmes un rouleau pour réaliser ce fond. Selon Hélène Szumanski, ce fond crée une dynamique visuelle qui participe de la dynamique visuelle de création.

Pendant l’exécution de ce fond, chaque enfant dessine sur du papier canson, pour exprimer ce que lui inspire le thème choisi. Il y a ensuite une étape de partage qui débouche sur le choix d’un schéma général. Il est dessiné sur un canson plus grand (quand le groupe a le temps…donc pas à chaque fois !). Se dégagent ainsi quelques images générales qui vont structurer la fresque, permettant ensuite de placer d’autres images plus petites. Dans la fresque « le rêve », de la classe de CE1B, l’arc-en-ciel et l’arbre qui le soutient au centre jouent ce rôle.

Le reste de la fresque se fait dans une discussion permanente. Chacun peut dessiner, mais en pratique, certains se positionnent pour dessiner et d’autres jouent plutôt un rôle dans la discussion de ce qu’on va mettre. D’autres encore se focalisent sur le travail des petits points, créant une harmonie de forme et de couleur entre les éléments dessinés. Chacun des enfants a contribué à la réalisation de la fresque et a joué un rôle dans les choix.

Le résultat final est assez bluffant, surtout eu égard au temps passé, finalement bien limité. L’expression est celle des rêves, de l’imagination et des émotions de chaque groupe.

Le projet d’une école

L’école élémentaire des Blagis choisit chaque année un projet culturel. En 2020/2021 c’était la découverte du Nouveau Monde, en lien avec les Gémeaux et le conservatoire Sceaux/ Bourg-la-Reine. En 2022/2023, l’école s’oriente vers un projet autour de la danse et de la chorégraphie, toujours avec les Gémeaux et le Conservatoire. En 2021/2022, cela a donc été les fresques.

Le coût du projet était d’environ 6000 €. La ville a contribué pour 30%, le reste a été fourni par la coopérative de l’école, qui se rattrapera partiellement par un pourcentage sur la vente des photos.

Le projet a été mené d’octobre à juin : si Hélène Szumanski était présente trois fois par semaine, il fallait décliner sur 14 classes !

C’est un projet collectif qui a suscité l’enthousiasme des élèves comme des enseignants. L’implication aussi dans un travail collectif, où les enfants avaient à se repérer dans l’espace et à faire preuve de créativité. Regardez comme ces fresques sont étonnantes!

  1. Dominique Lafon Dominique Lafon 21 octobre 2022

    On doit remercier la Directrice de l’école maternelle des Blagis qui a su initier le magnifique projet de fresque de la maternelle où chaque enfant a mis sa touche personnelle et où le résultat collectif est époustouflant sans oublier le travail remarquable de sensibilité et de pédagogie de l’artiste

  2. Georges Amar Georges Amar 17 octobre 2022

    Cet alliage de “méthode” et de liberté est vraiment intéressant. Et le résultat, ces 14 fresques, est remarquable. On y ressent une sorte de grammaire jubilatoire!

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