Laurence Ortheau est depuis la rentrée de septembre 2020 directrice de l’école maternelle des Blagis. Elle y a aussi la charge d’une des classes de grande section. Ayant enseigné auparavant à Fontenay-aux-Roses, elle y a croisé Dominique Lafon, qui pratique une méthode de conception, nommée C-K, qui croise les questions de créativité et de recherche de connaissance. Tous les deux ont eu l’idée d’utiliser la méthode comme source d’apprentissage pour les enfants. Avec une première expérience et des résultats étonnants en 2020/2021, année marquée par le premier confinement.
Une première expérience
Il fallait un support au départ : l’enseignante a choisi la réécriture du conte des trois petits cochons. Puis, l’intervenant a proposé de travailler l’imaginaire et la créativité à partir d’une supposition « et si ». Et si le loup était gentil ? Et si les cochons étaient méchants ? Cet « opérateur » débouche sur une grande quantité de contenus, plus ou moins réalistes (mais on est dans un conte !). Par exemple, des petits cochons au temps des dinosaures, en Égypte ou dans l’espace.
L’étape suivante consiste à creuser les idées ainsi émises. Objectif qui va se heurter à une difficulté : le manque de connaissances sur un sujet. Mais des connaissances, cela se trouve ! D’abord peut-être au sein de la classe : dans la classe, il peut très bien y avoir un fan de dinosaures qui va apporter son « expertise » sur le sujet au groupe. On peut aussi chercher : la méthode éveille la curiosité ! Il peut aussi y avoir des apports de la part de l’enseignante ou de l’intervenant. Dans cet exemple, la chute du loup dans la cheminée a conduit à se poser des questions sur la gravitation ! Le thème du loup a aussi conduit à montrer aux enfants des documentaires sur les bénéfices de la réintroduction du loup dans un parc national aux États-Unis.
Le thème des matériaux a été approfondi. La base du conte n’est-elle pas dans la différence de résistance entre la paille le bois et les briques ? Au point de déboucher sur la fabrication de maisons miniatures, en brique et en bois, toujours présentes aujourd’hui dans la classe.
La démarche s’est déroulée sur 4 mois, confinement oblige. Dominique Lafon était présent une fois par semaine pour une séance d’une heure et demie. L’enseignante s’appuyait sur la production de cette séance pour les activités menées tout le long de la semaine.
Les résultats
Laurence Ortheau estime que les résultats obtenus sont exceptionnels (au point qu’elle ne veut plus travailler autrement). Les progrès ont concerné TOUS les enfants. Le premier résultat porte d’abord, pour chaque enfant, sur un accroissement de la curiosité, une soif de développer ses connaissances, l’envie d’aller à l’école. Cela a donné un sens aux apprentissages, au savoir. La démarche a aussi développé un esprit de groupe, la valorisation d’« experts » d’un sujet, un soutien mutuel entre enfants.
Une psychologue a étudié des dessins réalisés par les enfants, tout au long de l’atelier, et pointé elle aussi les progrès obtenus.
Des parents, voyant leurs enfants évoluer très positivement, sont venus demander ce qui se passait. Une présentation leur a été faite en fin d’année.
La démarche a fait l’objet d’une présentation, lors d’un congrès de la « Design Society ».
Et de nouveau l’année suivante !
Le succès de la démarche a évidemment donné envie de recommencer. Cette fois-ci, le choix a porté sur un conte plus compliqué, plus riche dans son contenu, celui du Petit Poucet.
Après l’étude littéraire du conte et plusieurs séances d’acquisition de connaissances, les enfants ont été mis en petits groupes (de 5 ou 6 enfants). Ils devaient proposer de nouvelles manières de raconter l’histoire. En 15 minutes, 60 propositions ont été exprimées (faire une poésie, raconter à l’envers, en vidéo, …). Après sélection parmi ces propositions, une BD a été réalisée par les enfants, des poèmes ont été produits.
De fil en aiguille, les intervenants ont fait une présentation du peintre Basquiat.
Trois tableaux, à la manière de Jean-Michel Basquiat, ont été réalisés par le groupe(voir en fin d’article). Le premier est centré sur les différents symboles dans le conte, le second sur l’ogre et ses enfants, le troisième est intitulé « les jours heureux ». Ces panneaux ont été exposés à la mairie début septembre, en même temps que les fresques réalisées par les élèves de l’école élémentaire des Blagis.
Des parents ont été aussi impliqués sous une autre forme : un chercheur catalan, un journaliste libanais, une ingénieure aéronautique vietnamienne sont venus raconter le conte dans leur langue !
Dans une école particulièrement riche en mixité économique, sociale et culturelle, la démarche a pu embarquer tous les enfants. Les « experts » sont ravis d’être valorisés, et les autres enfants apprécient une connaissance qui vient de leurs pairs, et pas seulement de l’enseignante.
L’un des thèmes approfondis à partir du conte a été celui des petits cailloux. La réflexion a débouché sur une visite du musée de Minéralogie de l’École des Mines de Paris (la méthode C-K est issue de travaux de chercheurs de cette école). Le conservateur du musée a été impressionné par les enfants, leur comportement, leurs questions. Il leur a montré un cristal et leur a demandé ce qu’il y avait dedans. Réponses : des molécules, des atomes et du vide ! De la part de maternelles, ça impressionne…
Il faut dire que la démarche avait conduit l’enseignante à construire une représentation de molécules avec les atomes et les liaisons entre atomes.
Une conseillère pédagogique de l’Inspection de l’Éducation Nationale est passée voir deux fois les ateliers et a été enthousiaste. L’expérimentation a été présentée à Nathalie Élimas, Secrétaire d’État, qui, elle aussi, a été enthousiaste.
Les enfants sont des éponges à connaissance dès qu’ils en ont compris l’intérêt. Il se fait un esprit de groupe, une stimulation collective qui emporte tout le monde.
C’est reparti cette année !
Laurence Ortheau n’imagine pas abandonner une démarche qui donne des résultats aussi positifs. Une première séance a donc eu lieu le 6 octobre, sur un nouveau thème, celui de l’environnement et de sa protection.
Une vidéo a ensuite été présentée, qui expliquait ce qu’est le vivant et sur quels critères on peut le définir. Ce qui a ensuite permis de classer une partie des cartes, mais pas toutes : il y a encore des fils à tirer !
Jusqu’où cette histoire va-t-elle emmener la classe ?
J’avoue que la remarque de Nathalie MOHR m’a laissé pensif.
Pour moi, que l’on parle de gravité, de gravitation, d’accélération de la pesanteur, ou même de géodésiques ou de courbure de l’espace-temps, peu importe : on est dans la description du même phénomène physique : l’une des 4 interactions fondamentales que nous connaissons.
L’explication de Gérard BARDIER est exacte. Et bien commode pour calculer tout un tas de choses intéressantes.
Est-il nécessaire de l’écrire ainsi pour commencer à y réfléchir ?
Est-il bien nécessaire d’élaborer des distinguos sémantiques qui n’expliquent rien et risquent fort d’orienter la compréhension vers des chemins d’errances inutiles ?
Maintenant, il faut espérer que ces jeunes têtes assoiffées de connaissances ne seront pas déçues quand elle se retrouveront dans le carcan des programmes de l’école obligatoire.
la force d’attraction entre deux corps célestes s’écrit : F= kMM’/D*D
où M et M’ sont les masses des corps qui s’attirent et D la distance entre les centres de ces deux corps
K est la constante gravitationnelle, souvent notée G
La gravité qui fait que les objets tombent sur la terre peut s’écrire : F= kMM’/D*D
où M est la masse de la terre, M’ celle de l’objet et D la distance entre cet objet et le centre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Constante_gravitationnelle de la terre
Même si le phénomène est unique (attraction des masses), on parle souvent gravité quand il est terrestre et gravitation quand il concerne les planètes. Plus une question qu’une distinction scientifique.
Parler de la chute du loup dans la cheminée pour arriver à discuter de la gravitation me semble quelque peu étrange.
La gravitation est une force d’attraction qui existe entre deux objets massifs dans l’univers, tels que des planètes, des étoiles, des galaxies, etc. Elle est responsable de la trajectoire des objets célestes dans l’espace.
La gravité, quant à elle, est la force qui fait en sorte que nous sommes maintenus sur la surface de la Terre et que les objets tombent lorsqu’ils sont lâchés.
A lire l’article et à regarder les dessins , c’est sûr c’est une expérience passionnante aussi bien pour l’enseignante que pour les enfants. Tout le monde est dans une attitude de recherche,, de création, de partage.
L’ envie d’école, d’apprendre , de rencontrer ses pairs est au premier plan. Bravo!! Vive l’école sur ce mode là !