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MJC et centre social : le cocktail de Bourg-la-Reine

L’espace Joséphine Baker est un bâtiment tout neuf, d’à peine un an, qui héberge le CAEL (Centre Animation Expression & Loisirs) lequel est à la fois une MJC et un centre social. Il est situé rue des Rosiers en plein centre de Bourg-la-Reine. Thibaud Defrace en est le directeur depuis 7 ans. Il dirigea auparavant les MJC de Romilly-sur-Seine puis de Viry-Châtillon. Il aime l’histoire et il n’a pu présenter l’activité du centre sans commencer par un historique. On résume.

Des racines anciennes

Car l’historique est riche. « La création du CAEL remonte au 18/6/1970 quand Étienne Thieulin, le maire de BLR à l’époque, répond positivement au programme 1000 clubs lancé par François Missoffe. Il fut le premier ministre en titre de la Jeunesse et des Sports, tandis que Maurice Herzog (le célèbre alpiniste) ne fut auparavant que secrétaire d’État. Le programme prenait en charge la construction de MJC dans les communes qui le souhaitaient. Environ 200 seront effectivement construits. »

Photo : LGdS

Thibaud Defrace replace cette création et le programme qui l’a rendue possible dans l’histoire des MJC. « Elles sont créées en 1948 par André Philip pour répondre aux besoins d’une jeunesse démunie de l’après-guerre. » Dans son esprit, il s’agirait de créer une nouvelle institution solidement pilotée par l’Etat avec une volonté de présence dans toutes communes « une école, une église, une MJC, cite Thibaud Defrace pour situer la démarche. » Celle-ci ne s’est visiblement pas imposée. Et pourtant un encadrement professionnel recruté nationalement a vu le jour et a prévalu jusqu’à présent. Formations et recrutements relèvent toujours  des fédérations. Thibaud Defrace, en tant que directeur, relève de ce cas.

Maurice Herzog, qui avait connu André Philip dans la Résistance, s’est employé à développer la présence de MJC et d’en accompagner la gestion avec des compétences reconnues. On est dans un principe tripartite : une association, une mairie et une fédération de MJC (Il en existe aujourd’hui plusieurs qui sont régionales et une confédération nationale (CMJCF).

L’histoire des fédérations et de la confédération semble suffisamment complexe pour suggérer aux curieux d’y regarder d’eux-mêmes. Pour en revenir à BLR, pendant 50 ans le CAEL a été hébergé dans la villa Maurice, une bâtisse rudimentaire (finition à la collège Pailleron) située à la limite entre Bourg-la-Reine et l’Hay-les-Roses.

Hommage sur les murs

L’arrivée de Thibaud Defrace à la direction du centre correspond au moment où la ville prend la décision de construire un nouveau bâtiment. La définition du cahier des charges (avec la liste des salles attendues, leur nombre et leur capacité), fait l’objet d’une démarche qui implique une quinzaine de personnes. Ce sera un lieu d’échanges entre association, élus, services techniques, architectes.

Dès sa création, le CAEL a cherché à développer des particularités. A côté de la gymnastique ou de la sténodactylographie (une vraie et bien utile compétence à l’époque !) le centre développe un département de musique ancienne. Il possède deux clavecins, un atelier de lutherie (eh oui, on fabrique des luths et des guitares baroques). Si ces spécialités ont été consciencieusement entretenues, le CAEL a aujourd’hui trois grands rôles : les activités, le social et les événements.

Des activités en lien avec la fonction sociale

Les activités sont nombreuses. On y retrouve les classiques, il faut croire qu’elles répondent à la demande : gym sous toutes sortes de formes (bien-être, stretching, pilates, yoga, sophrologie…) ; danse (moderne ou classique, jazz, hip-hop… mais aussi les claquettes ce qui est plus rare). Plus singulières sont les activités liées au cirque avec l’acrobatie ou la jonglerie.

C’est aussi un centre social qui est agréé par la CAF depuis 2010. L’agrément a été reconduit et c‘est en 2023 qu’il lui faudra le renouveler. Cela demandera du travail, à commencer par un diagnostic social partagé. Dans la cadre de cette action, le centre assure du soutien de parentalité et l’apprentissage du français. Il offre aussi un accompagnement jusqu’au diplôme de FLE (Français Langue Etrangère) qui est un atout de taille pour l’accès à l’emploi.

Un guide existe qui donne tous les détails. Mais, au-delà de cette variété, le double rôle d’action sociale et d’offre d’activités est central pour le directeur. C’est un moyen de croisement de populations, d’association dans un même lieu de personnes d’origines différentes. Et pour lui, la prise en compte du quotient familial dans le montant des cotisations va dans ce sens. Une ambition : ne pas faire de l’argent un obstacle à la pratique culturelle. Offrir à tous les mêmes possibilités.

Concevoir des événements ambitieux

A la demande de la ville, le centre prend en charge la programmation annuelle d’événements culturels. Les deux plus importants sont le festival de l’humour qui a lieu fin janvier et de Musicael, un festival de musique et de chanson qui se tient à la fin mars, début avril.

« Le rire est le propre de l’homme, le savon aussi »

Le festival d’humour s’inscrit dans une collaboration avec la Fédération des festivals d’humour. C’est un lieu important qui permet d’échanger sur les difficultés d’organisation, sur les pratiques en « termes d’emplois, de cachets, de retombées économiques locales, de créer un dialogue avec les pouvoirs publics, etc… »[1]

« Quant au festival de la chanson, le prochain rassemblera des artistes comme Julien Clerc, Kent, Romain Didier et bien d’autres.

La Gazette reviendra sur ces manifestations aux affiches nationales, voire internationales. Elles se tiennent à l’Agoreine, un théâtre situé à deux pas de la station du RER Bourg-la-Reine.

« La programmation est une charge importante. C’est assister à des nombreux spectacles pour débusquer de nouveaux artistes, de contacter les agents, de passer les contrats, d’organiser les participations…. Pour le festival de la chanson, nous sommes deux, Marinette Maignan[2] et moi car nous connaissons bien le milieu (Marinette surtout), mais pour le festival de l’humour, c’est tout un groupe. »

En plus de ces deux événements, il y a tout d’abord la Semaine Bleue du 3 au 8 octobre 2022. Organisée en partenariat avec la ville de Sceaux, elle s’inscrit dans une action nationale (lancée en 1951 !) qui propose aux seniors (et aux personnes intéressées par l’intergénérationnel) un ensemble de rencontres, de visites, de divertissements. Elle propose même jeudi 6 octobre une initiation à la méditation et on est heureux d’apprendre que son animateur est Philippe Laurent, psychologue clinicien et spécialiste de la méditation de pleine conscience. Le maire de Sceaux a donc un homonyme dans la méditation ! 😉

Une autre action nationale est la Semaine de la Petite Enfance, à laquelle le CAEL et la ville s’associent en faisant découvrir les structures d’accueil et en organisant des ateliers en direction des familles.

Maintenir un esprit

Le bâtiment est beau, très fonctionnel. Il recentralise des activités qui étaient sur plusieurs locaux qui étaient loués chez des bailleurs. Il offre une structure complète aux plus de 1800 adhérents en 2021 (après une déperdition due à la Covid et qui se comble).

Grosso modo, les jeunes de moins de 18 ans forment un bon tiers des adhérents et les plus de 55 ans aussi. La tranche intermédiaire des 18-55 ans représente environ un quart des adhérents. On retrouve une répartition à la fois standard et logique.

Le lieu est tout beau tout neuf, plein d’espaces différents et de facilités. Pour Thibaud Lefrace, il faut maintenant l’habiter vraiment, lui donner cette âme qui en fera justement ce lieu d’échange, de croisement, de convivialité. Les idées ne manquent pas. Il faut juste un peu de temps ; celui qui est nécessaire à donner de la patine.


[1] Pour des détails, voir le site de la FFH
[2] Marinette Maignan est présidente du Conseil d’administration du CAEL

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