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Rencontres de l’alternance

Les 17 et 18 mai, Vallée Sud Emploi organisait les « rencontres de l’alternance », le 17 en ligne et le 18 à la salle Hunebelle à Clamart. Les jeunes en recherche d’une formation en alternance (solution possible entre 16 et 29 ans) pouvaient y rencontrer des organismes de formation et des entreprises souhaitant recruter des alternants. On comptait une vingtaine d’organismes et autant d’entreprises : de quoi permettre aux jeunes de trouver ce qu’ils cherchaient.

Une solution en plein développement

La DARES publie le nombre des nouveaux contrats d’apprentissage signés chaque année en France depuis 1993 et leur répartition selon le niveau de formation initiale de l’apprenti. Dès 1995, le nombre de nouveaux apprentis dépasse les 200.000 chaque année (soit le quart d’une génération…). Il atteint 300.000 en 2008 et oscille autour de ce nombre jusqu’en 2017. Il augmente ensuite, fortement à partir de 2019 (370.000), avec 526.418 contrats en 2020 et 731.725 en 2021 !

Le nombre d’apprentis n’ayant aucun diplôme atteint rapidement 100.000 (en 1997), pour rester un peu au-dessus ensuite, sauf de 2013 à 2019. Il est repassé depuis au-dessus pour atteindre près de 130.000 en 2021. Le nombre d’apprentis ayant déjà un CAP oscille autour de 80.000 par an.

On l’a compris : le plus gros de la croissance concerne des bacheliers. En 1993, ils sont 10.000. Ils dépassent les 30.000 en 1997, les 50.000 en 2004 et les 100.000 en 2011.En 2018, ils sont 150.000 et  500.000 en 2021.

Parmi ces bacheliers, ceux qui ont au moins un bac+2 sont minoritaires jusqu’en 2019 (mais ils approchent les 100.000 cette année-là). Ils deviennent majoritaires en 2020 et 2021.

On ne s’étonnera donc pas d’observer que plus de la moitié des apprentis a au moins 20 ans et près d’un tiers au moins 22 ans. Les mineurs, qui étaient majoritaires jusqu’en 2003, et plus de 40 % jusqu’en 2011, ne sont que plus de 18,8% des apprentis en 2021.

Pour finir sur les chiffres, notons que les contrats avec le secteur public ont été multipliés par 10 en 25 ans, mais qu’ils ne représentent toujours que 3% du total.

Le critère omniprésent de la motivation

Du côté des organisateurs, j’ai croisé et salué Hélène Youkountas, directrice de Vallée Sud Emploi, et la présidente Chantal Brault, ainsi que plusieurs représentants de la municipalité de Clamart (qui fournissait la salle) dont je n’ai pas retenu le nom. Une représentante de Pôle Emploi, amené à financer certaines des formations, a évoqué la question de la motivation des futurs apprentis.

Ceux qui ont travaillé en entreprise savent que la première exigence de l’employeur est que le salarié ou l’apprenti arrive à l’heure (et qu’il vienne !). Et on imagine bien que les centres de formation ne souhaitent pas qu’une partie des stagiaires abandonne dès les premières semaines…

Les autres rencontres m’ont permis de préciser ce que les employeurs et formateurs mettaient derrière l’expression très souvent exprimée du besoin de motivation.

L’accueil des jeunes était ouvert de 13 heures à 18 heures, mais la fréquentation a été limitée au début, ce qui m’a donné du temps pour discuter avec quelques-unes des personnes tenant les stands.

Du côté des employeurs

API restauration est une entreprise familiale créée en 1956, qui gère aujourd’hui 1500 centres de restauration collective, dont 300 en Île-de-France (un à Clamart). En 2021, elle comptait 9000 salariés, dont 476 apprentis. Elle est représentée ce jour-là par Jérôme Skotowski, responsable emploi pour l’Ile-de-France. Lui aussi me parle envie et motivation comme premier critère de recrutement, dans un métier qui ne connaît pas la routine et où l’évolution de carrière est possible, comme le montre son propre parcours : commis intérimaire, 2e de cuisine, chef de cuisine, chef gérant, directeur de restaurant, chargé de recrutement, chef de secteur et enfin responsable recrutement. 16 ans chez API restauration.

Il souligne que la restauration embauche actuellement massivement : pendant la crise du Covid, ceux qui quittaient le métier n’ont pas été remplacés et il faut maintenant mettre les bouchées doubles !

Le discours chez Maintien ADOM (service à la personne) n’est pas très différent : la profession a du mal à recruter et le critère de motivation est essentiel. Il n’y a pas de critères de diplômes, mais les centres de formation font éventuellement des tests pour s’assurer que les apprentis pourront suivre.

Du côté des centres de formation

Le CFA (Centre de Formation pour Adultes) Médéric forme aux métiers de l’hôtellerie-restauration, du CAP au BTS. Crée initialement par le syndicat patronal de la branche sous le nom d’École hôtelière de Paris, il compte un centre à Paris et un autre à Rungis. Un hôtel d’application est en projet. Le centre compte 800 apprentis.

Mon interlocutrice m’explique que la profession a du mal à recruter alors qu’il y a possibilité d’évoluer et que les salaires sont en hausse. Elle m’indique des critères pour évaluer la motivation des jeunes : ceux qui veulent aller en cuisine se sont-ils renseignés au préalable, connaissent-ils des noms de chefs, ont-ils déjà testé des recettes de cuisine ?

L’AFTRAL forme aux métiers des transports et de la logistique, du titre professionnel jusqu’au bac+5. Elle accueille beaucoup de demandeurs d’emploi envoyés (et présélectionnés) par Pôle Emploi, des salariés en formation continue ou en reconversion. Le centre le plus proche se trouve à Rungis.

L’AFORPA forme en alternance aux différents métiers de l’automobile, depuis le CAP de peintre jusqu’au BTS de mécanique. Elle compte 6 établissements en Île-de-France. Philippe Simon, me présente la procédure de recrutement classique : préinscription sur Internet, tests, entretien, recherche de l’employeur. L’entretien est réalisé par un formateur, mon interlocuteur intervient après pour aider les jeunes à trouver une entreprise : il les aide pour le CV et la préparation des entretiens avec un employeur. Après l’entretien, il téléphone à l’employeur pour savoir comment cela s’est passé, et travaille sur les échecs pour améliorer les futurs entretiens.

Certains jeunes ont déjà des contacts (souvent familiaux) dans le milieu et trouvent sans problème ; une aide particulière est donnée aux autres. Beaucoup de candidats ont entre 16 et 18 ans, mais il y en a des plus âgés, qui se reconvertissent ou qui n’ont pas pu faire l’alternance plus jeunes car les parents ne voulaient pas…

L’IFCV forme aux métiers du commerce, du bac pro jusqu’au bac+3, aux métiers de la finance du BTS à bac+5, aux métiers de la sécurité de la mention complémentaire au BTS de management opérationnel en passant par le bac pro. Là aussi on me parle de motivation. En précisant qu’il s’agit d’avoir des jeunes sûrs de leur projet : si le métier est mal connu, l’organisme n’hésite pas à le faire découvrir par des visites d’entreprise. C’est surtout dans les bacs pros qu’on observe des abandons, mais qui s’expliquerait plus par la découverte du monde du travail et de ses contraintes que par le métier lui-même.

 Du côté des futurs apprentis

Ousmane est en troisième à Clamart et veut faire de la mécanique en alternance. Il s’est préinscrit sur Internet et m’explique qu’il aime bien le côté manuel de la mécanique, que c’est un métier durable, qu’il y aura toujours du travail. Il a des amis qui ont suivi cette formation. Philippe Simon de l’AFORPA me confirme plus tard qu’il a tous les atouts pour réussir.

Fatoumata aime les relations sociales et cherche une formation d’assistante de gestion en PME/PMI en alternance. Elle a eu son bac en 2020 et elle est accompagnée par la mission locale de Bagneux. Elle a déjà un contact avec un centre de formation et attend une réponse. Elle a aussi déposé son CV lors de ces rencontres et a trouvé les gens très accueillants.

D’autres sont moins clairs sur leur projet. Quelques jeunes sont venus avec leurs parents pour se renseigner. Une jeune moldave au français hésitant m’explique qu’elle est en France depuis 2016 et mariée depuis peu. Elle a suivi une scolarité jusqu’en troisième. Je lui suggère des formations pour améliorer son français. 

Des rencontres dans un contexte compliqué

Plusieurs de mes interlocuteurs m’expliquent à quel point le COVID a perturbé le marché du travail. Beaucoup de secteurs recrutent, mais ont du mal à trouver des candidats. L’alternance est de plus en plus reconnue comme un moyen de professionnalisation efficace pour les apprentis et rassurant pour les employeurs. Les rencontres offraient beaucoup d’opportunités. Pendant que je m’y trouvai, une cinquantaine de jeunes sont passés et les organisateurs s’attendaient à une plus grande affluence avec l’avancée de l’après-midi.

On sent bien que l’épisode Covid a été déstabilisant pour les jeunes, mais on mesure encore assez mal les conséquences. Un des conseillers de VS Emploi avec qui je discute m’explique qu’effectivement il a vu les jeunes changer avec les années, mais je n’ai pas l’occasion d’en savoir plus. On notera que le taux d’emploi des jeunes était fin 2021 à son plus haut niveau depuis 20 ans : au 4e trimestre 2021 le taux d’emploi des 15/24 ans était de 33,8%, contre 28,5% cinq ans plus tôt.

De nombreux conseillers de Vallée Sud Emploi étaient présents. L’un d’eux, M. Ameur, qui exerce ce métier depuis 13 ans, m’a précisé que les permanences à la Rotonde (rue de Bagneux) avaient repris le mercredi : les jeunes de Sceaux peuvent donc l’y rencontrer !

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