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La surmortalité Covid réelle dans le monde

La manière de compter les décès dus au Covid a été variable selon les pays. A un point tel qu’elle fausse les comparaisons mondiales. Par exemple, la Russie a selon les chiffres officiels deux fois moins de décès Covid par millions d’habitants que la France alors qu’en réalité sa surmortalité a été deux fois plus forte.

Un moyen simple d’évaluer la mortalité Covid est de comparer la mortalité totale d’un pays 2020 à celle de 2019. La surmortalité ainsi calculée devrait être à peu près égale à la mortalité Covid. C’est ce qu’on observe en France, à quelques milliers près. On peut affiner l’estimation pour tenir compte des dynamiques d’évolution de la population et d’espérance de vie. C’est ce qui a été fait par France Stratégie. Le but était probablement d’améliorer l’image des résultats français, mais le travail a été fait très sérieusement d’un point de vue méthodologique

Les chercheurs ont donc estimé la surmortalité réelle en comparant avec la mortalité des 4 années précédentes et en tenant compte de la dynamique d’évolution. Il est à noter que dans la plupart des cas la sous-estimation officielle de la sur mortalité ne vient pas d’une volonté de tricher, mais simplement d’un système de comptage inadapté. Le tableau suivant donne le résultat de cette étude par grandes régions. Le premier chiffre donne la mortalité officielle Covid sur la période (c.a.d. jusqu’au 28/02/2021), le deuxième la surmortalité totale calculée par les chercheurs.

Le chiffre entre parenthèses dans la deuxième colonne donne le taux de surmortalité par rapport aux années précédentes. Les chercheurs considèrent que c’est sur ce résultat qu’il faut comparer les pays. La dernière colonne donne le rapport entre les chiffres officiels et la surmortalité calculée par les chercheurs. Le fait qu’on ait plus de 100 % en France s’explique par une légère baisse de la mortalité classique (par exemple les accidents de la route ou les morts de la grippe).

Dans les pays de l’ex-URSS, la surmortalité calculée est 5 fois plus forte que la mortalité COVID officielle, ce qui montre l’importance de la sous-estimation. France Stratégie estime pourtant que ces pays n’ont pas cherché à tricher, car ils ont publié par ailleurs leurs chiffres réels de décès.

5 pays ont un ratio supérieur à 100 % (voir le tableau 2 page 19) : Israël, Chili, Luxembourg, France et Belgique. 4 pays sont entre 90 et 100 % : le Royaume Uni, la Suède, la Colombie et le Liechtenstein.

La moyenne pour les 71 pays étudiés est de 54,1 %. Dit autrement, la surmortalité a été en moyenne deux fois plus forte que celle affichée dans les tableaux de l’OMS. Et probablement encore plus, dans la mesure où la sous-estimation doit être plus forte pour les pays pour lesquelles France Stratégie n’a pas assez d’informations pour conclure.

L’Égypte est un des pays qui a le ratio de déclaration le plus faible (8,1%). Alors qu’elle apparait dans les documents officiels, avoir 12 fois moins de mortalité par million d’habitants que la France, sa surmortalité calculée est 60 % plus élevée que celle de la France.

Les chercheurs n’ont pas pu étudier la situation de la plupart des pays d’Afrique, dont le système administratif n’est pas assez performant pour donner des éléments fiables, du moins dans un temps court. Il n’y a pas non plus de résultats pour la Chine, l’Inde ou le Brésil. On soupçonne la Chine et le Brésil d’avoir volontairement triché, alors que la sous-estimation en Inde est probablement involontaire.

La méthode a amélioré la position des pays européens dans les classements et de la France parmi les pays européens.  Cependant, il faut avoir conscience qu’il s’agit de résultats à fin janvier, et que ceux -ci vont encore évoluer avec la suite de l’épidémie. Par ailleurs, il suffit de comparer chez nous la région Bretagne et la région Grand Est pour comprendre qu’on ne peut pas, à partir de ces comparaisons, tirer beaucoup de conclusions sur la pertinence des politiques suivies…A part probablement pour les pays qui n’ont pas eu de surmortalité, dans l’Est asiatique et la zone Pacifique.

  1. […] 18 mois. Ce n’est pas énorme pour un pays de 1,4 milliard d’habitants. Il est manifeste que le chiffre réel est beaucoup plus élevé, mais on n’en aura une estimation correcte que dans un ou deux ans, […]

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