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Énergie et sobriété vues de Bourg-la-Reine

Le numéro de novembre 2022 de BLR Magazine (n° 474) comprend un dossier de 6 pages consacré à la sobriété. Ce dossier comprend les décisions prises par la ville pour diminuer sa consommation énergétique. Quatre raisons sont mises en avant: faire des économies, éviter des ruptures d’approvisionnement, augmenter la résilience (être moins vulnérable face à une possible diminution du flux d’hydrocarbures à l’échelle mondiale) et enfin réduire l’empreinte carbone.

D’évidence, le lancement de ce plan doit beaucoup à la crainte d’une très forte augmentation du prix du gaz. D’ailleurs, d’autres communes dans les environs ont pris des décisions assez semblables. Mais il s’inscrit aussi dans un mouvement précédent de mise en œuvre du PCAET (plan climat air énergie du territoire), comme le prouve la lecture du dossier consacré à la transition écologique dans le numéro 463 d’octobre 2021 de BLR Magazine.

Des objectifs ambitieux en matière de GES

Le PCAET reprend l’objectif que s’est donné le pays et qui se décline à tous les niveaux administratifs : – 40% sur les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cet objectif était affiché en clair dans le numéro d’octobre 2021. Encore faut-il définir comment on y arrive. Pour cela, les collectivités locales disposent des trois mêmes leviers que les ménages ou les entreprises : efficacité (j’utilise moins d’énergie pour produire le même résultat), substitution (je remplace une source d’énergie carbonée par une source bas carbone) et sobriété (je dégrade un peu mon confort en commençant par ce qui est le moins utile).

La manière dont on actionne ces trois leviers, la répartition entre tous les trois dépend de chaque situation particulière, de ce qu’on émet aujourd’hui, de ce qui est disponible. Par exemple, il est possible de remplacer les énergies fossiles par de l’eau chaude géothermale dans une partie du pays, là où l’habitat est dense et où on dispose d’une nappe d’eau chaude accessible dans le sol : par chance, c’est le cas dans une bonne partie de l’Ile-de-France. Autre caractéristique, l’efficacité et la substitution demandent souvent des investissements et du temps, alors que les résultats de la sobriété peuvent être immédiats.

On le voit avec l’éclairage public : la municipalité de Bourg-la-Reine (comme d’autres) a décidé de le réduire dès maintenant. L’objectif d’équiper l’ensemble de cet éclairage par des LEDS est annoncé pour 2029.

Les projets affichés en 2021.

Le dossier présenté en 2021, intitulé « Construire le présent, préparer l’avenir », aborde plusieurs sujets : biodiversité, mobilités, qualité de l’air notamment. La partie plus précisément consacrée à la maîtrise de l’énergie le fait essentiellement sous l’angle de l’aide aux habitants (caméra thermique, PREP[1]) pour mieux isoler leur logement.

On y lit cependant un paragraphe concernant l’éclairage :

Dans la continuité de ces actions vers une ville durable, des lanternes à LEDS sont installées sur l’ensemble du territoire communal au fur et à mesure de leur remplacement jusqu’en 2029. Réduisant de 40% l’intensité lumineuse entre 22h et 5h du matin pour éviter de perturber la faune nocturne, elles réduisent aussi les consommations d’électricité de 55 %.

On notera qu’on parle ici « maîtrise de l’énergie » ce qui renvoie essentiellement aux leviers efficacité énergétique et éventuellement substitution.

Le plan sobriété

Cette fois, ce n’est plus en priorité aux habitants que la municipalité s’adresse pour les aider à maîtriser l’énergie : la municipalité se penche sur son propre cas. On a vu plus haut les quatre raisons mises en avant. La première de la liste n’est évidemment pas à négliger : faire des économies. D’une certaine manière, on pourrait dire qu’il y a le feu, même si le dossier ne chiffre pas les coûts possibles pour la commune :

Le Syndicat Intercommunal pour le Gaz et l’Électricité en Île-de-France (SIGEIF) prévoit, pour le début de l’année 2023, un coût du gaz multiplié jusqu’à par 5, ainsi qu’une forte augmentation du prix de l’électricité. Une situation qui pèsera de manière significative sur le budget de la commune.

Les dépenses d’énergies de villes comparables à proximité sont de l’ordre de 300 k€. Multiplier cette valeur par 5 conduirait à un surcoût de 1,2 M€, sur un total de dépenses annuelles de gestion courante de près de 33 M€ : c’est loin d’être négligeable !

Le dossier précise que « le plus gros poste de consommation énergétique des services municipaux est le chauffage des bâtiments ». Dans ce domaine, la principale décision consiste à aligner tous les services (sauf les crèches) sur la norme de 19°. En théorie, passer de 20 à 19 ° réduit les dépenses de 8% environ, du moins dans notre région. Le gain attendu dépend de la manière dont les règles précédentes étaient appliquées, la municipalité affichant sa volonté d’être intransigeante cette fois-ci. Elle signale aussi réfléchir à d’autres mesures, notamment sur les gymnases (la ville de Sceaux a décidé d’y faire passer la température de 16° à 14°) pour lesquels il est envisagé de couper le chauffage.

Une autre mesure concerne l’éclairage (c’est le second poste énergétique de la Ville). La moitié de celui-ci est en LED, un type d’ampoule qui est à la fois plus efficace (donc économe en énergie) et à puissance variable. La ville a déjà diminué la puissance de ces éclairages, une baisse peu sensible à l’œil nu. La ville envisage donc d’aller plus loin, vers une baisse de 70 %. L’éclairage des parcs publics sera arrêté dès leur fermeture. Les installations lumineuses pour les fêtes seront sérieusement réduites dans la durée (elles fonctionneront deux fois moins longtemps que d’habitude) et dans l’espace (des rideaux de lumière ne seront pas installés).

Et à long terme ?

Si la sobriété est un levier rapide, la substitution et l’efficacité n’en sont pas moins indispensables.

Côté substitution, on note l’augmentation de la part des véhicules électriques (ou hybrides) dans le parc automobile de la mairie (de 50 à 70%). Bourg-la-Reine va aussi participer à la mise en place d’un réseau de géothermie à Fontenay-aux-Roses et Sceaux (voir cet article de la Gazette). Ce réseau équipera principalement les bâtiments sociaux et les logements sociaux collectifs, mais pas avant 2026.

L’enjeu le plus important est celui du chauffage des locaux gérés par la mairie. Le dossier précise que « la Ville va lancer en 2023 un Schéma directeur énergétique afin de planifier la rénovation thermique des bâtiments municipaux les moins bien isolés ». D’après Anne Sauvey, adjointe au maire en charge du dossier interrogée par la Gazette, les diagnostics ont déjà été faits par les services techniques. Plutôt que des actions ponctuelles, la municipalité a choisi des rénovations complètes : il reste à planifier tout cela. Une première action est déjà en cours. Elle concerne la Villa Saint-Cyr. D’autres suivront, selon le planning qu’il reste donc à établir. « Des efforts par tous et partout, défend Anne Sauvey, tel pourrait être le mot d’ordre de cet automne face aux difficultés d’approvisionnement en énergie que nous connaissons. »


[1] PREP : Parcours de rénovation énergétique performante

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