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Îlots de chaleur et forêts

Les deux articles précédents montraient la réalité du réchauffement climatique, nationalement, puis sur le territoire autour du parc de Sceaux. Ceci rend indispensable de prendre des mesures d’adaptation. Celles-ci peuvent être très diverses. Nous aborderons y celles des îlots de chaleur, du patrimoine arboricole, de l’isolation des logements. Dans chaque cas, nous examinerons la situation française et essaierons d’en tirer des leçons locales.

Îlots de chaleur

Le CEREMA, établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, schématise ainsi le phénomène des îlots de chaleur urbains (ICU):

Le CEREMA pointe ce qui provoque ce surcroît de chaleur dans les centres-villes :

Le phénomène des ICU est lié à plusieurs facteurs :

  • Les propriétés thermophysiques des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments, des voiries et autres infrastructures,
  • L’occupation du sol (sols minéralisés, absence de végétation),
  • La morphologie urbaine (voies de circulation importantes, « rugosité » urbaine diminuant la convection…),
  • Le dégagement de chaleur issu des activités humaines (moteurs, systèmes de chauffage et de climatisation…).

La capacité des humains à récupérer en période de fortes chaleurs doit prendre en compte des contraintes.

Les matériaux urbains stockent la chaleur (15 à 30% de plus que les zones moins denses) la journée qui se re-libère la nuit. Pour cette raison, le phénomène d’ICU est plus marqué la nuit, empêchant les températures de redescendre.

La diminution du phénomène suppose de diminuer localement ses causes avec deux grands moyens : augmenter le pouvoir réfléchissant des installations (par exemple en peignant les toits ou les routes en blanc), augmenter la part du végétalisé dans la surface du sol. La partie végétalisée comprend notamment les bois et forêts.

Une étude récente à partir de l’ analyse des données satellitaires de 293 villes d’Europe montre que les arbres ont un effet rafraîchissant, contrairement aux autres espaces verts, pouvant refroidir la température de surface jusqu’à 12°C. La carte des ilots de chaleur à Paris illustre bien le phénomène : les bois de Boulogne et de Vincennes sont logiquement les zones les plus fraiches. Mais on voit aussi le rôle du fleuve ou du parc des Buttes Chaumont. Notons que sur cette carte(source : www.e6-consulting.fr), il y a 15° de différence entre les zones les plus fraiches et les plus chaudes.

Bois et forêts en France

L’Institut national de l’information géographique et forestière(IGN) publie chaque année un « inventaire forestier national ». Celui de 2022 prend en compte les phénomènes observés en 2022, avec « la sécheresse débutée au printemps, la canicule de l’été et les incendies qui ont détruit plus de 70.000 hectares de forêts en France métropolitaine ». Ses principales conclusions sont résumées en début de publication :

  • La surface de la forêt augmente, atteignant 17,1 millions d’hectares, soit + 21 % depuis 1985.
  • Le volume total de bois en forêt s’accroît également, atteignant 2,8 milliards de mètres cubes. En effet, la production biologique « nette », c’est-à-dire la croissance des arbres, mortalité des arbres déduite, est supérieure aux prélèvements.
  • Toutefois, encore à hauteur de 5,3 m³ par hectare et par an il y a une décennie, cette production biologique « nette » est aujourd’hui de 4,8 m³ par hectare et par an, ralentissant de 10 % environ.
  • Une augmentation significative de la mortalité des arbres. Ce flux annuel de la mortalité, qui équivaut à 0,4 % du volume de bois vivant, a augmenté de plus de 50 % entre les périodes 2005-2013 et 2012-2020.

L’augmentation de la surface forestière après des siècles de déforestation est la conséquence de l’augmentation de la productivité agricole à l’hectare et du remplacement du bois comme moyen de chauffage et de cuisson par les sources fossiles puis électriques.

La surface des forêts n’est pas homogène en France. La région parisienne est moins boisée que la moyenne, mais elle possède malgré tout une superficie boisée non négligeable.

L’inventaire note que la mortalité des arbres était sur les 5 dernières années en moyenne de 0,7 m³/ha/an. Soit en moyenne 0,4% du volume total de bois vivant sur pied et une augmentation de 54% par rapport à la période 2005/2013. « Cette hausse est notamment due aux crises sanitaires liées à des conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres (sécheresses) et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes. » Elle n’est pas homogène sur le territoire, comme le montre la carte ci-dessous.

On notera que le sud de la région parisienne subit une mortalité forestière supérieure à la moyenne. Cette surmortalité s’explique par les espèces présentes, la mortalité différant de manière importante selon les espèces et leurs parasites spécifiques.

Le numéro 47 de l’IF (pour inventaire forestier) traite de la question de la santé des forêts sous l’angle de l’analyse des données sanitaires. On y apprend que les forêts gérées sont en meilleur état sanitaire que celles qui ne le sont pas et que trois espèces sont particulièrement attaquées : châtaignier, frêne et épicéa commun, le frêne étant le plus en danger. Ce numéro ne donne par contre pas d’éléments sur les actions à mener pour maintenir ou améliorer la santé des arbres.

Le rôle de la gestion publique est majeur dans la période à venir : s’il est probable que la forêt continue de grandir, le réchauffement climatique facilite les crises sanitaires et contraint à introduire des espèces adaptées.

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