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Avis du conseil scientifique : 1) le couvre-feu

L’avis du Conseil scientifique daté du 12 janvier et publié depuis est sans équivoque : on n’échappera pas à un nouveau confinement d’ici quelque mois, du fait de la présence de plus en plus forte du variant anglais. Cet avis étant plein d’enseignements divers, il sera ici abordé en plusieurs fois. Aujourd’hui, la stratégie proposée par le Conseil et le choix fait par le gouvernement.

Scénarios : couvre-feu ou confinement ?

Dans sa conférence de presse du 14 janvier, Jean Castex a repris de nombreuses mesures préconisées dans l’avis du conseil remis l’avant-veille, que ce soit pour les écoles et leur surveillance, pour les universités, la surveillance des frontières en Europe ou à Mayotte. Mais il ne l’a que partiellement suivi sur le point clé du couvre-feu.

L’avis détaille assez longuement les études qui ont été faites pour évaluer l’impact du couvre-feu. On pourra les trouver de la page 21 à la page 25 de l’avis. On peut les résumer en disant qu’il y a des indices importants qui plaident pour affirmer qu’il y a un effet positif, mais ce n’est pas une certitude. Les études montrent qu’il y a bien eu un impact lié à la mise en place du couvre-feu dans chaque cas observé, mais qu’il n’est pas possible de conclure avec certitude car d’autres mesures ont souvent été prises au même moment.

Le Conseil a ainsi exploré le champ des possibles :

Devant la situation préoccupante actuelle, le Conseil scientifique décrit plusieurs scénarios :

  • Installer un couvre-feu national généralisé à partir de 18h ;
  • Installer un couvre-feu national généralisé à partir de 18h ainsi qu’un confinement dans certaines   régions ou métropoles plus à risque avec une restriction des déplacements inter-régionaux ;
  • Installer un confinement aménagé du même type que celui mis en place fin octobre ;
  • Installer un confinement strict proche de celui mis en place en mars pour une période limitée suivie d’une période de couvre-feu.

La décision est politique et doit tenir compte d’autres enjeux que sanitaires, en particulier économiques et sociétaux. Le Conseil scientifique préconise les scénarios 2et 3, c’est-à-dire la mise en place d’un couvre-feu généralisé à partir de 18h, associé ou non, à un confinement dans les régions ou métropoles à risque, ou un confinement aménagé.

On l’a vu, le gouvernement a choisi le scénario 1, le moins contraignant, mais a priori aussi le moins efficace. On peut imaginer plusieurs raisons. D’abord, comme le note l’avis, il doit tenir compte des conséquences sur la vie économique qui souffre invariablement du confinement. Ensuite, il est dans un contexte difficile pour imposer des mesures plus contraignantes, beaucoup lui reprochant d’avoir tardé sur la vaccination (Anne Hidalgo a même le front de lui reprocher une incompétence logistique, comme si elle avait montré ses compétences dans le domaine !). Enfin, les Français n’ont sans doute pas encore suffisamment conscience de la gravité de la situation (certains ont d’ailleurs reproché au Premier ministre de l’avoir qualifié de fragile. Le mot est texto dans l’avis).

Il n’est pas impossible que le choix du couvre-feu suffise à faire repasser le taux de reproduction en dessous de 1, et d’amorcer ainsi une lente décrue de la circulation du virus. On ne peut que l’espérer.

Dans le cas contraire, il faudra prendre des mesures plus contraignantes, et on peut penser que les Français n’en seraient pas surpris. Un confinement de 4 semaines couvrant les vacances scolaires dans toutes les zones ? Peut-être.

Contre la montre

Le Conseil estime qu’on va vivre dans les trois prochains mois une course de vitesse entre la vaccination des plus fragiles et le développement du variant anglais. Dans deux articles à venir, nous verrons comment le variant anglais change la nature de la menace d’une part, et les contraintes logistiques qui pèsent sur la vaccination d’autre part.

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 19 janvier 2021

    Éléments de discussion sur cette question de l’ordre de vaccination dans l’article sur le sujet, Parution actuellement prévue : ce samedi

  2. Herrenschmidt Herrenschmidt 19 janvier 2021

    Je pense que l’expression « circulation du virus » est contreproductive.
    Comme le disait Axel Kahn, le virus n’est pas une petite bête avec des ailes qui cherche à vous piquer ! C’est moi qui interprète ses propos.
    En fait comme nous le savons tous, ce sont les personnes porteuses du virus et contagieuses qui bougent, rencontrent les autres et font circuler le virus. Les messages répétés sur nos ondes ont d’ailleurs clairement évolué dans ce sens.
    Ceci étant connu, le confinement est évidemment une défense efficace. Si tout le monde reste totalement isolé pendant… 15 et au plus 30 jours, il n’y aura plus que des guéris et malheureusement beaucoup de morts mais plus de contagieux. Comme cette solution extrême n’est pas acceptable (sauf en Chine ?) un autre choix a été fait.
    Notre gouvernement a choisi, à raison, de confiner pour limiter autant que faire se peut le nombre d’hospitalisations et la prise en charge de tous ceux qui en avaient besoin.
    Maintenant, pour la vaccination, la stratégie est encore plus délicate.
    Faut-il avoir une approche épidémiologique, c’est-à-dire qu’on vaccine en priorité ceux qui circulent le plus et ont, de ce fait, le plus de risque de contaminer les autres, ou bien vaccine-t-on les plus fragiles (choix qui a été fait) ce qui est clairement plus soucieux des personnes mais qui ne semble pas prendre en considération que ces plus fragiles, âgés avec des comorbidités, peuvent être confinés sans trop de conséquences pour l’équilibre social et économique. Le cas difficile et douloureux des EPHAD peut-être traité de manière spécifique.
    Pour moi (j’ai 85 ans et des comorbidités) ces questions et ce choix restent ouverts.

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