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Déclassement dans un carrefour

Comme LGdS l’a expliqué, le département projette de déclasser trois lots d’espace public d’une surface totale de 118m2 pour permettre la réalisation du projet « Charles de Gaulle » de la mairie de Sceaux. Après une rencontre avec le commissaire enquêteur samedi 30 janvier, l’étude du dossier fait apparaître trois types de questions : sur la circulation automobile, sur la circulation des cyclistes et sur l’impact des travaux.

Circulation automobile

D’après la notice de l’enquête d’utilité publique, il passe entre 10.000 et 12.000 véhicules par jour par ce carrefour, qualifié de « très étendu ». « Le rond-point à feux du carrefour de Gaulle, de dimension moindre que l’actuel et recentré, permet de conserver un fonctionnement satisfaisant, réduit les mouvements gênants, notamment les tourne-à-gauche, et améliore la lisibilité fonctionnelle du carrefour. Couplé à un second giratoire à créer, à l’intersection Voltaire/Hippolyte Boulogne, il permet la réalisation de tous les mouvements tournants et simplifie les parcours de circulation. La création de ce second giratoire permet également de traiter les situations d’engorgement observées aux heures de pointe, à cette intersection. »[1]

Ceux qui circulent sur la D60 entre Robinson et Lakanal savent bien que le point difficile n’est pas aujourd’hui le carrefour Charles de Gaulle, où la D60 croise la D67, mais le carrefour suivant situé face à l’hôtel Ibis, là où se fait le raccordement avec la D77 qui file vers Paris et rejoint la D920 à Bagneux.

Le projet objet de l’enquête va réduire un peu l’espace du carrefour : l’arrivée par la rue Voltaire passe de 3 à deux voies, l’arrivée par la partie ouest de la rue Houdan est également rétrécie, et le giratoire ne pourra plus accueillir que deux files au lieu de trois.

Quel risque de bouchon ?

On a schématiquement trois causes possibles de bouchons entrainant des difficultés dans un carrefour :

  1. Quand le volume horaire dépasse un seuil
  2. Quand une des sorties est bloquée
  3. Quand les véhicules voulant tourner à gauche bloquent le trafic

Les modifications prévues ne devraient réduire qu’à la marge le volume possible. Les voies de sortie du carrefour ne sont pas habituellement bloquées. La réponse est moins immédiate en ce qui concerne les véhicules tournant à gauche, en particulier ceux qui viennent de l’avenue de Camberwell. Ceux-ci doivent laisser passer les véhicules venant d’en face (Robinson) et aussi les piétons nombreux traversant la rue Voltaire. S’ils ne peuvent se ranger que sur deux files au lieu de trois, ils risquent de bloquer les véhicules allant tout droit et donc de ralentir assez sérieusement le flux, au moins aux heures les plus chargées. Le risque le plus gros est que cela crée une file d’attente dans l’avenue de Camberwell jusqu’au carrefour devant l’Ibis. La question est la même pour les véhicules venant de Robinson et tournant à gauche(comme le bus 128), mais ils ont pour eux une plus grande part du giratoire.

Les véhicules venant de la rue Voltaire se répartissent surtout entre ceux qui tournent à droite et ceux qui vont tout droit, le flux vers la gauche étant peut-être plus faible(il y a au moins le bus 395).

L’étude de l’impact sur la circulation automobile

La notice affirme qu’il n’y aura pas de problème, sans vraiment expliquer pourquoi. On ne comprend notamment pas pourquoi le projet réduit les mouvements gênants, notamment les tourne-à-gauche.

Des points sont laissés en suspens :

  • Aménagement du carrefour à l’intersection Voltaire/Hippolyte Boulogne sous forme d’un giratoire, mais non décrit, et dont on ne comprend pas l’effet supposé
  • Arrêt de la ligne 6 pour lequel « Des solutions de repositionnement sont à l’étude »
  • Impact des constructions en cours à Chatenay sur le flux automobile
  • Stationnement avec une formule assez surprenante : de nouvelles places sur voirie seront créées (rue Houdan notamment) avec un bilan global qui devra tendre vers le maintien du nombre de places existantes.
  • Impact sur la circulation d’une entrée/sortie vers un parking de taille nettement augmentée, sans compter les parkings privés pour les nouvelles constructions.

Peut-être que l’expérience des aménageurs leur permet de dire, au regard du flux actuel, qu’il n’y aura pas de problème. Si c’est le cas, on aimerait lire quelques exemples le démontrant. A défaut, la lecture donne le sentiment désagréable que l’étude d’impact a été superficielle et que l’on compte faire les études détaillées plus tard.

Circulation cycliste

La question des pistes cyclables n’est pas évoquée en ces termes dans les pages consacrées à la présentation du projet de la municipalité. On relève uniquement en fin de page 6 une remarque selon laquelle l’aménagement vise à permettre « d’élargir l’espace dévolu aux piétons et aux circulations douces ». Les circulations douces comprennent-elles les vélos ? Rien ne permet de l’affirmer.

Dans la partie consacrée au projet de déclassement, on lit en fin de page 17 : concernant les mobilités actives, les circulations douces et notamment les aménagements cyclables, les futures études opérationnelles étudieront les meilleures solutions pour ce centre-ville :  adaptation de la réglementation concernant la vitesse, espaces partagés, bandes cyclables etc …Dit autrement, seules les études futures répondront à la question.

Dans l’immédiat, on ne peut que constater que:

  • le lot 1 à déclasser correspond à l’actuelle zone de la chaussée marquée comme aménagée pour les vélos,
  • le plan du futur carrefour ne comprend pas de piste cyclable.

Il faut noter que le projet a été étudié avant que la région ne décide de la mise en œuvre d’un RER V, dont l’une des transversales passe par la place Charles de Gaulle avant de rejoindre Robinson par la rue Houdan. Ceux qui ont circulé à vélo sur cette partie de la rue Houdan savent qu’il s’y trouve des portions de zones de chaussée réservées au vélo, mais sur une partie seulement du parcours. On comprend que la mise en œuvre d’un RER vélo sera difficile. Mais cela le sera encore plus si le premier aménagement réalisé se fait en l’excluant !

Travaux futurs

Le projet Charles de Gaulle est un projet d’envergure qui impliquera des travaux forcément longs, qui vont gêner la circulation au carrefour pendant un temps forcément long, peut-être 3 ans. Pendant ces travaux, il n’y aura plus de parking à ciel ouvert et le parking souterrain n’existera pas. Aucune solution de rechange n’est évoquée dans le dossier d’enquête. Ces travaux auront un impact négatif sur les commerces de centre-ville. Un résultat final positif, une fois les travaux terminés, ne bénéficiera pas aux commerces ayant dû fermer boutique dans l’intervalle. On le voit, les questions ne manquent pas. Il reste encore quelques jours pour les poser. C’est le rôle d’une enquête d’utilité publique. Il vous reste jusqu’à demain pour vous exprimer dans le registre dématérialisé.


[1] Enquête d’utilité publique p.20

  1. Herrenschmidt Herrenschmidt 9 février 2021

    Merci pour ces explications précises et détaillées. Encore une fois, heureusement que nous avons la gazette !
    Concernant les flux de circulation, je suis étonné qu’aucune simulation numérique n’ait été faite. Sommes-nous bien au 21e siècle ?
    Peut-être que les décideurs de ce projet ont parié sur une décroissance importante de ce transport individuel hautement polluant. Cette hypothèse a-t-elle été évoquée lors de la présentation de ce projet ? Je n’en ai pas le souvenir.
    Enfin, cette réalisation consommera beaucoup d’énergie, fossile évidemment. Ceci est-il raisonnable ? Faut-il continuer à se projeter dans un avenir qui a bien peu de chances de se réaliser ?

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