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Un memento et un carnet d’adresses

Les généralités ne manquent pas en matière d’environnement. Les grands principes non plus. Il en faut pour situer les choses, mais pas que. Un manuel vient d’être publié, un bréviaire de menus faits, de menus actes, de soucis au quotidien, de ces petits ruisseaux de gestes dont on espère qu’ils deviennent un fleuve d’implication collective. Le livre, Agir pour le climat en famille, est de Pascale Baussant qui répondait mercredi 30 avril aux questions de Florence Presson. A celles du public également.

Une dirigeante impliquée

C’est une femme d’entreprise. Elle dirige un cabinet de conseil en gestion de patrimoine, Baussant Conseil (elle ne pouvait pas trouver plus direct). On peut s’interroger sur le rapport entre les investissements, la transmission patrimoniale ou la fiscalité immobilière et l’engagement pour la cause climatique. A priori aucun. Mais le passage de la quarantaine fut, selon Pascale Baussant, un moment de prise de conscience et plus encore de prise de décision. Après une quinzaine d’années comme dirigeante, elle a voulu donner un « nouveau sens à son entreprise » et l’inscrire dans une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).

Démarche d’entreprise

En 2018, elle adhère au 1% pour la planète créé en 2002 aux Etats-Unis par Yvon Chouinard, fondateur et propriétaire de Patagonia, et Craig Mathews, ex-propriétaire de Blue Ribbon Flies. Leur idée est que 1% du chiffre d’affaires des entreprises devrait aller vers du mécénat ou de l’investissement environnemental.

Ses collaborateurs la suivent et une dynamique interne s’instaure. Ils partagent l’idée que ce sont des solutions qu’il faut imaginer. Grands ou petites, il s’agit moins de fustiger que de concevoir.

Ils s‘appliquent tout un ensemble d’initiatives. Ils soutiennent Veni Verdi, association dont l’objectif est de créer des jardins en milieu urbain. Ils aiment semble-t-il jardiner. Ils choisissent une police de caractères économe en encre (sérieux, je ne pensais pas que ça existait). Elle cite century Gothic, Eco font. Récemment, ce fut le changement de fournisseur de gaz et le choix d’ILEK, qui fournit du biogaz d’origine renouvelable. On peut se moquer de ces initiatives infinitésimales. On peut aussi se dire ; pourquoi pas ? Du tout petit multiplie par un grand nombre, ça fait pas mal. « Trois fois rien, c’est déjà quelque chose, racontait Raymond Devos. »

Une réflexion globale

Elle est aussi auteur. Son premier livre, Petit manuel pour l’entreprise : comment agir pour le climat, est paru en 2020. L’orientation est déjà vers les solutions. Elle ne s’étend pas sur le constat climatique, dont elle dit qu’il est fort bien documenté ailleurs. Non, ce qu’elle veut, ce sont des exemples. Elle procède pour construire ses livres à de très nombreux interviews.

« Mon prisme est l’entreprise faisant un effort sociétal », et elle défend l’approche des entreprises à mission (loi PACTE) qui mettent dans leurs statuts des objectifs autres que financiers, comme la maîtrise des impacts environnementaux.

Elle est confortée dans sa démarche par différents signaux. Elle cite B-Corp, un label très difficile à obtenir dont le succès témoigne de l’importance de la tendance. Il faut environ un an d’attente. La volonté d’utilité sociétale, si elle touche encore peu d’entreprises, progresse très rapidement.

Convaincue de la nécessité de compléter la démarche d’entreprise par une autre, plus individuelle, elle se lance dans l’écriture d’un livre destiné aux familles. Elle veut une approche très concrète associées à des coûts. Elle sait que les prix sont clés dans l’adoption de nouvelles pratiques. Elle distingue ce qui est à coût zéro, à coût symbolique et à coût « engageant ». Son expression intrigue, mais je crois comprendre.

La question des coûts doit être traitée dans sa globalité. « Si j’achète en AMAP, je paie plus cher mes légumes. Mais d’un autre côté, je consomme moins de viande. Donc je fais des économies. Un autre exemple : si je dispose d’une gourde plutôt que d’acheter des bouteilles en plastique, mon achat est rentabilisé très vite. »

Mais le livre vise également à susciter des idées de création d’entreprises. Elle mentionne le Grain de Sail (située à Morlaix en Bretagne) qui fait du chocolat à partir de cacao transporté en voilier. Le chocolat n’est pas plus cher et l’image est forte. Elle porte une certaine exemplarité. Elle mentionne aussi la brosse à dents à tête rechargeable. « Pourquoi jeter le manche ? » interroge-t-elle comme pour dénoncer un gâchis aussi paresseux qu’inutile.

Elle évoque le salon Made in France qui se tient en novembre et qui est dans une phase d’essor impressionnant. Ce sont maintenant plusieurs centaines d’exposants, et la progression du nombre est, pour Pascale Baussant, très stimulante. Pour la convaincue de la nécessité de relocaliser, « il faut, dit-elle, encourager ces entreprises qui fabriquent localement. Elles portent les emplois de demain. »

Boîte à outils

Du coup, ses idées lancent le débat avec les participants qui se lancent dans une suite de suggestions. On entre dans l’esprit du livre de Pascal Baussant. On partage des expériences personnelles. Un homme évoque la diminution de ses déplacements en avion. Il leur a substitué la visio autant que possible pour parler avec ses clients répartis dans le monde entier. Un autre cite BlablaLines le site de covoiturage de BlablaCar adapté aux trajets quotidiens et que soutient Île-de-France Mobilités. « Les trajets effectués via BlaBlaCar Daily sont offerts aux passagers qui ont un abonnement Passe Navigo. »[1]

Le débat est dans l’esprit du livre : des petites attentions qui, multipliées, forment un tout écocitoyen. On peut aussi le voir comme un précis à l’usage des enfants. Une première partie traite de l’intérieur de la maison. C’est toute une liste des produits qui est dressée pour inviter le lecteur à choisir un équivalent naturel (dans la salle de bain ou la cuisine) ou un équivalent réparable (pour les machines diverses que nous possédons). Elle invite aussi à des comportements « responsables » comme d’éviter le gaspillage alimentaire, d’acheter en vrac, ou encore de « donner une seconde vie à ses vêtements », d’utiliser son ordinateur le plus longtemps possible.

Une deuxième partie parle de l’extérieur. On y trouve bien sûr le jardin, mais tout ce qui relève de la mobilité, du sport, du restaurant et même…. de l’épargne.

Ce ne sont que quelques exemples. La particularité du livre est que chaque « conseil pratique » est accompagné de témoignage ou de noms de prestataires, ou encore de produits alternatifs. Ce qui donne envie d’aller fouiner pour voir ce que précisément font les solutions proposées.

« Ce livre est conçu comme une véritable boîte à outils destinée aux familles ou aux individus qui ont envie d’agir, ou d’agir plus fort, pour le climat. Il ne se cantonne pas au sujet climatique et déborde délibérément sur le sujet environnemental.

Agir pour le climat en famille aborde les actions individuelles possibles comme un parcours dans la maison : que peut-on faire dans sa cuisine, dans sa salle de bains, dans son bureau, dans la chambre de bébé ou encore dans sa cave ? Que peut-on faire à l’extérieur de sa maison, lors de ses déplacements ou ses loisirs? »[2]

Elle sait bien qu’on ne sauvera pas la planète avec des micro-idées, mais elle se dit que la mobilisation des esprits doit commencer au quotidien, chez soi, en entreprise, dans la rue. Et que cela commence au sein de la famille avec les enfants.

Elle prépare un troisième livre qui restera dans la lignée des Agir pour le climat, mais tourné vers la gestion de l’épargne. Eh oui ! Si l’argent est le nerf de la guerre, pourquoi ne serait-il pas d’abord le nerf de la transition économique à laquelle, dit-elle, nous ne pouvons échapper.


[1] Voir le site https://blablacardaily.com
[2] Quatrième de couverture du livre

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