Mercredi 7 juin, le conseil consultatif des transitions (CCT) a été l’occasion de présenter les travaux sur les ilots de chaleur à Sceaux. A la demande de la ville, une étude a précisé la situation et préconisé des solutions pratiques pour l’améliorer.
Le choix des Blagis
Plusieurs points au programme de ce CCT animé par Florence Presson et auquel assistaient une vingtaine de personnes. Le premier portait sur les ilots de chaleur, un sujet qui a fait l’objet de plusieurs réunions de groupe de travail depuis un an.
Plusieurs raisons ont poussé à cibler la place des Ailantes, où se trouvent les écoles élémentaires et maternelles des Blagis
D’abord, la carte des ilots de chaleur montre une zone plus chaude en été dans cette zone. Ensuite, une proposition citoyenne avait été faite l’an dernier, dans le cadre du budget participatif, pour une plus grande végétalisation.
La ville a donc confié une mission à un cabinet d’études, le CEREG, avec trois objectifs. D’abord étudier la surchauffe urbaine sur le site des Blagis. Ensuite, proposer des pistes d’aménagement ambitieuses, pour baisser la température pour les élèves. Enfin, évaluer les gains attendus.
Pourquoi des ilots de chaleur ?
Les résultats ont été présentés par un consultant du CEREG. Celui-ci a d’abord présenté les cinq déterminants des émissions de chaleur. D’abord un facteur anthropique : les émissions de chaleur liées à l’activité humaine et ses divers outils. Évidemment, beaucoup plus importantes en milieu urbain dense qu’à la campagne.
Ensuite deux paramètres morphologiques : les effets du vent (on parle de « rugosité ») et ceux du piégeage du rayonnement. Le premier renvoie au fait que la circulation de l’air (qui apporte des masses plus fraiches) peut être freinée par diverses causes dont les constructions et leur hauteur. Le second est lié au parcours des rayons solaires. S’ils sont réfléchis par le sol ou une surface quelconque, ils se reportent-ils selon le cas vers l’atmosphère ou vers une autre surface, et encore une autre.
Enfin, deux déterminants surfaciques: la faible évaporation et l’absorption/stockage de la chaleur. Ce sont les plus importants et surtout ceux sur lesquels il est possible d’agir sur la place des Ailantes
Caractéristiques de la place
La zone étudiée comprend la place des Ailantes elle-même et les bâtiments autour, dont les deux écoles.
Premier point, le taux d’artificialisation. Ici, entre les bâtiments et les sols bétonnés ou goudronnés, il se situe à 87%. On le comprend, il existe un peu de végétation, dont quelques arbres, mais en surface limitée.
L’étude a aussi fait ressortir un coefficient de biotope par surface (CBS) et un coefficient de ruissellement (CR). Ils étaient respectivement de 0,41 et de 0,85. On y reviendra.
Les consultants ont évalué une durée d’ensoleillement au sol moyenne, à partir de l’évaluation des durées d’ensoleillement de chaque surface. Selon sa situation, chaque surface est exposée plus ou moins longtemps au soleil. Les calculs sont faits ici pour le 30 juin, une période où les journées sont particulièrement longues. Les durées d’exposition sont très variées. On imagine la différence entre une surface protégée par un bâtiment au sud et une autre dans un grand espace libre. Certaines surfaces peuvent être protégée par l’ombre d’un ou plusieurs bâtiments et/ou celle d’un ou plusieurs arbres.
La carte fait apparaître des zones où l’ensoleillement dure entre 1 et 2 heures et d’autres où il dure plus de 15 heures. Avec bien sûr les différentes situations intermédiaires. La moyenne est évaluée à 5h56.
Les températures au sol ont été aussi mesurées, aboutissant à une moyenne maximale de sol à 33,6°C. Là aussi, cette moyenne recouvre des valeurs très différentes, entre moins de 20°C et plus de 50°C.
On imagine que la durée d’ensoleillement a un impact important sur ce résultat. Mais ce n’est pas le seul : le type de matériau joue lui aussi un grand rôle. Le bitume est ainsi beaucoup plus chaud que le béton désactivé (à l’aspect gravillonné).
Les solutions proposées
Le CEREG propose d’agir dans deux directions : augmentation de la végétalisation et choix de revêtements qui chauffent moins.
Dans le domaine de la végétalisation, la proposition vise des arbres dits de haute tige. Les espèces choisies devront être résistantes au manque d’eau et non allergènes. Quatre espèces ont été proposées, par exemple le tilleul à petites feuilles ou l’érable plane.
La durée de croissance de ces arbres a amené le CEREG a évalué les gains attendus à 5 ans et à 20 ans.
Pour ce qui est des matériaux et du revêtement, outre les sols en herbe, sont évoqués les copeaux de bois et le béton clair drainant.
Résultats attendus des aménagements proposés
Le CBS passerait de 0,41 à 0,47 (plus de végétations) et le CR de 0,85 à 0,79 (les eaux sont mieux absorbées).
La durée moyenne d’ensoleillement au sol en juin passerait de 5h56 à 4h49 au bout de 5 ans, puis 3h57 au bout de 20 ans.
La température maximale au sol moyenne passerait de 33,6°C à 29,8°C au bout de 5 ans et 28,2°C au bout de 20 ans.
Et demain ?
Philippe Szynkowski, conseiller municipal, a questionné Florence Presson sur l’extension de ce type d’études à d’autres zones identifiées comme ilots de chaleur. Cette dernière a précisé qu’on n’en était pas là et qu’il faut être ouvert à d’autres idées que les aménagements proposés. Le projet en cours a valeur d’expérimentation et de prototype de sorte que les coûts n’ont pas été abordés à ce stade.
Pour elle, si l’étude a dégagé des pistes d’amélioration intéressantes, elle reste à approfondir avant de penser extension. Elle n’a pas identifié d’échéance précise pour cela.
Limites de l’étude
L’important gain de température attendu (plus de 5° à terme) concerne la température au sol, non la température ambiante. De manière compréhensible, l’étude s’est focalisée sur les déterminants observés comme les plus importants, indépendamment de ce qui se passe autour de la zone. On comprendra bien que la température ambiante d’une zone aussi petite ne peut baisser à ce point si elle ne bouge pas sur les zones voisines. On y reviendra.
[…] Deux intervenantes s’insurgent sur la suppression des places de parking sur la place des Ailantes. Elles déplorent l’absence de concertation sur ce projet. […]