Comment enseigner la science aux élèves de l’enseignement élémentaire ? Comment donner envie à des jeunes de faire des études scientifiques, même dans les quartiers défavorisés ? C’est pour apporter des réponses pratiques à cette question que la Maison des Sciences de Châtenay-Malabry a été créée en 2002 et continue à fonctionner aujourd’hui.
Défis robotiques
Eric Bernard a formé 35 enseignants de Châtenay et du Plessis. Ainsi 35 classes, de la grande section de maternelle au CM2 ont bénéficié des sciences sans matériel exceptionnel.
Il met à disposition des enseignants des robots et leur apprend à les programmer. Ce sont des robots adaptés aux niveaux scolaires que l’on peut programmer pour automatiser un parcours : aller tout droit sur telle distance ; puis tourner à droite. Ou progresser tant qu’on ne rencontre pas d’obstacle. Bien d’autres fonctions existent.
Tous les élèves de 35 classes, cela fait du monde (environ 700 élèves), apprennent ces programmations en classe. Pour donner un objectif à l’année, en mars, des groupes de 3 ou 4 relèvent des défis robotiques, différents selon le niveau scolaire.
Depuis 2017, tous les ans, Eric Bernard organise la formation avec des enseignants volontaires de tous les établissements, de tous les quartiers, y compris bien sûr de la Butte Rouge où se trouve La Maison des Sciences de Châtenay-Malabry. C’est elle qui orchestre l’activité, fournit les partitions (les fiches méthodes) et les instruments (les robots, différents selon les classes).
Un peu d’histoire
L’initiative de la Maison des Sciences, en 2002 s’appuyait sur un double constat : tout d’abord, peu de classes pratiquaient un enseignement rénové des sciences sur le territoire du réseau d’éducation prioritaire, ensuite, un très faible taux d’élèves issus des collèges du quartier de la Butte Rouge accédait aux classes de Terminales scientifiques des lycées de la Ville. Le projet fut conçu afin de développer un dispositif complet de soutien à l’enseignement des sciences.
L’Inspection départemental des Hauts-de-Seine (en rétribuant un conseiller pédagogique permanent) et la Ville de Châtenay-Malabry (en finançant le local et son entretien) soutiennent le projet.
L’école Centrale Paris et l’IOGS (ex SupOptique) tout proches participent au projet : des étudiants viennent donner de leur temps.
La Maison des Sciences devient un centre pilote de la fondation La main à la pâte. Celle-ci a été fondée sous l’impulsion du prix Nobel Georges Charpak et de l’Académie des Sciences dans le but d’améliorer la qualité de l’enseignement des sciences à l’école et au collège.
Fabrice Krot, alors conseiller pédagogique à Châtenay-Malabry après y avoir été instituteur, « porte » pendant 17 ans la Maison des Sciences. Avant de partir en retraite, il propose à Eric Bernard, de lui succéder. Celui-ci est alors instituteur depuis 18 ans, passionné de technologies et investi dans La Maison de Sciences. Il passe le concours de formateur et devient il y a 8 ans le responsable de la Maison des Sciences.
Il crée (ou collationne) des ressources pédagogiques, développe des actions de sensibilisation auprès de jeunes et des enseignants. Plutôt que d’en faire une liste exhaustive, on en retient ici quelques exemples. Celui des défis robotiques a déjà été évoqué.
Les leçons de Marie-Curie
A partir d’une version initiale développée en 2005 par La Maison des Sciences, l’équipe de La main à la pâte a produit un ensemble pédagogique. Il s’inspire des leçons de physique élémentaire que Marie Curie avait données à ses enfants et ceux de ses amis en 1907 et 1908. Le résultat, c’est une mallette pédagogique complète pour l’enseignant : fiches enseignant, matériel, livrets élève, vidéos, posters, livre pour les parents. 10 leçons autour d’une question chacune. Par exemple, l’air est-il pesant, comment l’eau arrive au robinet… Pour en savoir plus, tout est là.
Le forum des Sciences
La Maison des Sciences organise un forum des sciences, dans lequel les enfants sont les « sachants ». Ils montrent ou font faire aux autres, donnent des explications. Les adultes (enseignants, accompagnateurs scientifiques) ont une position de retrait, tout en étant évidemment très présents : ils doivent pouvoir intervenir, aider à reformuler, à réaliser, à mettre en situation.
Bien entendu, tout ceci ne peut exister que s’il y a un travail préalable dans la durée : la démarche d’investigation préconisée est un processus long à concevoir. C’est par la multiplication de situations qui mettent les élèves en recherche qu’on parvient à obtenir d’eux qu’ils se fassent pédagogues. Et qu’ils proposent à des visiteurs une approche intéressante du phénomène étudié.
La proposition faite aux classes est la suivante : « Vous disposerez d’un stand (soit une grande table de 2m et un panneau d’affichage) sur lequel vous présenterez deux « manips » que vous aurez étudiées en classe.
Ce n’est donc pas une manifestation du type Défi scientifique : il n’y a rien à gagner, ce n’est pas un concours entre classes, entre élèves. Il n’y a pas non plus un prix pour « la meilleure classe ». Il n’y a que le bonheur de partager la connaissance !
Soutien scientifique
La Maison des Sciences est le fruit de la coopération entre des pédagogues aimant les sciences et de scientifiques convaincus de l’importance de la pédagogie.
Le conseil d’administration de l’association est présidé par Hervé Dole, un astrophysicien vice-président de l’Université Paris-Saclay et comprend des enseignants-chercheurs. Les outils pédagogiques ont été créés avec des scientifiques, les leçons de Marie Curie avec l’aide du CNRS et de l’ACJC (association Curie et Joliot-Curie).
La Maison des Sciences organise aussi chaque mois des conférences : on en reparlera ici.
[…] scientifiques à partir de 5 ans. A ce sujet, la Maison des Sciences de Châtenay, dont la Gazette va parler demain, présentait sur son stand son enthousiasme pour la vulgarisation […]