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Sûreté nucléaire et probabilité d’un accident majeur

Pour évaluer le risque de l’advenue d’un accident nucléaire majeur, il faut d’abord comprendre comment est organisée la sûreté nucléaire. Celle-ci repose sur ce qu’on appelle la défense en profondeur, sur les contrôles, sur la redondance et sur les retours d’expérience.

Un accident majeur est possible

Dans les commentaires de l’article précédent, François Lévy a plusieurs fois rapporté la remarque du directeur de l’ASN « un accident nucléaire est possible ». Plusieurs de ses commentaires montrent que lui-même considère l’advenue d’un accident majeur comme probable, voire certaine. Il appuie cette conviction sur un certain nombre d’exemples d’anomalies observées sur le parc français.

Pour un spécialiste de sécurité, la remarque du directeur de l’ASN est plutôt rassurante. C’est le contraire qui ne le serait pas.

Imaginez. Vous voulez faire une balade en haute montagne, dans un coin que vous ne connaissez pas. Pour assurer votre sécurité, vous décidez de vous payer un guide. Est-ce que vous serez rassuré si votre guide vous dit qu’il n’y a aucun danger ? Non, bien sûr !

Ce que vous souhaitez, c’est que votre guide vérifie que la corde est en bon état et que tout le monde est bien encordé. Qu’avant de se lancer sur un glacier, il vérifie avec son piolet sa solidité. Qu’il connaisse les coins les plus traitres, etc.

C’est pareil pour ceux qui sont responsables de la sûreté nucléaire, à tous les niveaux. C’est parce qu’ils pensent que l’accident est possible qu’ils vont essayer d’imaginer ce qui peut se passer et qu’ils vont prendre toute une série de contrôles et de précautions pour rendre l’accident improbable. Les lignes ci-dessous essaient d’expliquer comment ils font. Et comment la probabilité d’un accident diminue avec le temps.

La défense en profondeur

Le principe de la défense en profondeur est assez simple : si la première ligne est passée par l’ennemi, celui-ci va se trouver confronté à une deuxième. Puis une troisième. Puis une quatrième. Appliqué au nucléaire, cela signifie qu’en cas d’anomalie dans le processus, il y a un processus de secours. Si cela ne suffit pas, un système qui arrête le réacteur. Si cela ne suffit pas, il y a une enceinte de confinement. Puis des mesures pour que la population ne souffre pas des rejets éventuels.

L’idée générale est qu’on va tout faire pour éviter les défaillances d’un matériel, d’un intervenant ou d’une procédure. Mais, si malgré tout, une défaillance a lieu, elle ne prête pas à conséquences; parce qu’il y aune deuxième ligne. Et même une troisième.

Il est difficile d’expliquer tout cela, surtout de la part d’un non-spécialiste. Le plus simple est donc de regarder cette vidéo de l’IRSN. On notera en fin de vidéo que le patron de l’IRSN explique lui aussi qu’un accident est possible. La vidéo montre de nombreuses vues de la salle de gestion de crise de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses. La Gazette a déjà expliqué le fonctionnement de cette cellule de crise

L’incident survenu en 1999 à la centrale du Blayais est une illustration de l’efficacité de la défense en profondeur. Sur son site, Tristan Kamin, ingénieur en sûreté nucléaire, analyse cet accident à travers ce concept. Il montre que si deux lignes de défense sur quatre ont été prises en défaut lors de cet incident, il en restait encore deux qui fonctionnaient.

Les contrôles

Dans sa présentation de la manière dont est gérée la sécurité, EDF met en avant le rôle de l’ASN. Les contrôles de celle-ci s’ajoutent aux contrôles internes. « Les inspecteurs de l’ASN effectuent plus de 450 contrôles par an, de manière programmée ou inopinée, sur l’ensemble des installations. Ces installations sont également régulièrement évaluées au regard des meilleures pratiques internationales par les inspecteurs et experts de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA). »

Les inspecteurs de l’ASN ne sont pas réputés plaisanter avec la sûreté.

La redondance

Tous les systèmes de sûreté sont doublés ou triplés, voire quadruplés comme dans le cas de l’EPR, alors même qu’un seul suffirait. Si l’un d’eux ne fonctionne pas, le système en réserve s’y substitue. Les appareils de mesure sont triplés voire quadruplés dans certains cas.

C’est un système classique dans les installations chimiques. Mais que faut-il faire si un système est en panne ? Si le système ne sert qu’à la production, on peut continuer alors qu’un appareil est en panne. S’il sert à la sécurité, faut-il arrêter ? Tripler permet d’avoir une règle praticable : on peut continuer avec deux, mais pas avec un seul.

EDF cite aussi comme moyen la diversification. Ainsi on aura une source électrique venant du réseau, mais aussi une source diésel… doublée évidemment.

Les retours d’expérience

Un moyen extrêmement important de réduire la probabilité d’accident est le retour d’expérience. Il est utilisé systématiquement dans la filière et à tous les niveaux.

L’accident de Three Miles Island a conduit à revoir complètement les procédures de conduite en situation incidentelle et accidentelle. On est passé d’une approche de type événementiel à une approche dite « par états ». Voir sur le sujet un article de l’IRSN.

Cet exemple illustre que le retour d’expérience peut aussi bien déboucher sur une autre conception de l’installation, des modifications matérielles ou des actions sur les compétences ou l’organisation.

L’accident de Fukushima a également conduit à de nouvelles réflexions comme le note EDF :

« Ainsi, suite à l’accident de Fukushima de mars 2011, des Évaluations Complémentaires de Sûreté (ECS) ont été menées à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) sur 5 domaines : inondations, séismes, perte d’alimentation électrique, perte de la source d’eau, gestion d’un accident grave.

L’objectif : tester des scénarios extrêmes dont les conséquences dépasseraient par leur ampleur les situations prises en compte lors de la conception des installations et des réexamens de sûreté successifs.

Une Force d’Action Rapide Nucléaire (FARN) a également été créée pour intervenir dans les 24 heures pour rétablir ou pérenniser le refroidissement des réacteurs en cherchant à éviter la fusion du cœur et tout rejet significatif. »

L’ASN a demandé que des modifications des installations existantes soient réalisées à l’occasion du Grand carénage. On notera que son équivalent aux U.S.A. ne les a demandées que pour les nouvelles installations.

Les progrès liés à des accidents majeurs sont donc importants ; mais il y a des milliers de retours d’expérience, sur les incidents ou à la suite de contrôles qui font progresser la sûreté.

L’IRSN rapporte la gestion d’un incident à la centrale de Cruas qui montre que l’incident a pu être traité rapidement. Cela grâce à des modifications liées à un retour d’expérience sur le parc.

Une filière de plus en plus sûre

Dans de nombreuses industries comme l’aéronautique ou l’automobile, les efforts permanents pour tirer les leçons du passé et permettre des réductions impressionnantes des risques d’accident. La manière dont la filière nucléaire agit dans le monde pour réduire les probabilités d’incidents et d’accidents va évidemment dans le même sens.

Sur le même sujet : conséquences d’un accident nucléaire majeur

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 22 juin 2023

    « Pourquoi EDF a-t-elle installé en 2013 une cuve qu’elle savait défectueuse depuis 2007 et attendu 7 ans et que la cuve soit installée pour faire les tests demandés par l’ASN depuis plusieurs années ? »
    Je ne comprends pas. D’après le document que j’ai fourni c’est Areva qui a fait les tests après une discussion sur le sujet en 2015
    c’est l’ASN elle-même qui parle de « falsifications, fraude et contrefaçon »:
    je préfère de très loin ce genre de vocabulaire que le terme « mentir » qui place la question sur le terrain émotionnel
    « les seules sources que je cite sont des sources officielles et reconnues : l’ASN, l’irsn, l’AIE, RTE, la Cour des Comptes… »
    Je ne savais pas qu’actu environnement était une source officielle

    Mais tout cela est accessoire. Il y a deux questions
    L’une générale : comment faire pour assurer la sécurité des installations ? Il faut d’une part limiter au maximum les incidents (par de nombreuses actions dont les contrôles) et il faut limiter les conséquences d’’une incident éventuel. C’est ce qui est expliqué dans l’article
    La seconde question est celle de la définition du cahier des charges. Je n’ai pas retrouvé un document de l’IRSN qui montrait comment on prenait des marges de sécurité. Le fait que les tests faits par Areva aient abouti à montrer que les critères physiques étaient respectés, alors que ceux de CND ne l’étaient pas, prouve qu’on avait pris une marge de sécurité dans ce domaine. Pas forcément un tort bien sûr, mais qui pose des questions redoutables. Le commercial a-t-il accepté des conditions que le producteur trouve impossible ? Sujet éternel !
    On a eu dans le domaine automobile un exemple de ce que peut donner un cahier des charges trop exigeant. L’UE a fait des normes de pollution de + en + exigeantes. A un moment ils ont voulu aller trop vite et les constructeurs ont fraudé. Personne n’a été gagnant.
    On a le même problème avec l’idée d’interdire en région parisienne ls véhicules anciens : on pénalise les plus pauvres et il est probable qu’on devra reculer. Comme sur les normes d’isolation des logements
    Il n’y a pas de solutions simples. C’est pourquoi je ne trouve pas sain de parler d’industriels qui mentent ou veulent forcer la main à l’ASN. Ce n’est pas ce qui fera avancer la sécurité. La position de l’ASN, qui est pourtant très exigeante (certains estiment même que trop) me parait beaucoup plus saine. Et à la fin, c’est ce qui compte, efficace

  2. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 13 juin 2023

    On ne doit pas avoir les mêmes lectures, je n’ai jamais lu les responsables du nucléaire civil dire que l’accident est impossible. Par contre dire que sa probabilité est extrêmement faible, oui
    J’ai d’ailleurs du mal à comprendre comment EDF pourrait à la fois dire que l’accident est impossible et annoncer officiellement qu’il vérifie que les pharmacies près des centrales disposent de suffisamment de pilules d »iode

    Quand à dire qu’EDF cache des choses, cela fait partie du mensonge permanent des anti nucléaires, ceux qui affirment que le gouvernement avait annoncé que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière

    En réalité, le niveau de transparence de l’industrie nucléaire est très au delà de tout ce qui se fait ailleurs

    Lire à ce propos un article récent de l’AFIS : https://www.afis.org/L-echelle-INES-des-incidents-et-accidents-nucleaires

    En arriver à dire qu’au moment de l’incident de Blayais il aurait fallu prévenir la population de Bordeaux que peut-être on allait lui demander d’évacuer est vraiment du délire

    Mais il correspond tout à fait à la volonté permanente des anti nucléaires : faire peur.

    C’est leur fond de commerce. Et tout est bon pour cela.
    Voir l’exemple d’EELV sur le convoi du transformateur dans l’article sur la radioactivité
    Voir toutes les âneries racontées à propos d’anomalies radio actives de niveau insignifiant
    Hier, j’étais chez ma dentiste et elle m’a fait une radio. Je me suis fait la remarque que j’avais probablement reçu une dose d’irradiation plus forte que ceux que les travailleurs du nucléaire reçoive chaque année. Mais si la plupart de ceux qui parlent dans les médias contre le nucléaire avaient une idée des ordres de grandeur , cela se saurait

    J’ai encore lu sur Twitter il y a quelques jours un intervenant qui parlait du fait d’avoir trois bras à cause du nucléaire civil

    Pour la dernière remarque, on reparlera de ce que font « tous les pays du monde ». Ce qui est sur que ce n’est pas avec le renouvelable que l’on divisera nos émissions de CO2 d’ici 2030.
    Pour mémoire en mai, l’intensité carbone de la production électrique française était de 32 g CO2eq/kWh, contre 331 en Allemagne
    https://app.electricitymaps.com/zone/FR
    rappelons que l’intensité carbone du solaire, c’est 30 g, celle du nucléaire 5g

    Et encore le bilan est plombé car on a fait (un peu) marcher les centrales à gaz pour exporter. Car on a aussi beaucoup exporté chez nos voisins

  3. François Lévy François Lévy 13 juin 2023

    Bonjour Gérard,

    Le niveau de sécurité en France est élevé et progresse, c’est indéniable, mais de nombreux responsables ont menti pendant des années en prétendant qu’un accident nucléaire était impossible en France et en cachant tous les accidents survenus en France. C’est une des raisons pour laquelle les Français, qui se croient à l’abri d’un accident, acceptent le nucléaire.

    Est-ce que l’ORTF a parlé de la fusion du cœur à Saint Laurent des eaux le lendemain de la visite du Général de Gaule ? C’était en 1969, bien avant Fukushima, Tchernobyl ou TMI.

    Qui sait qu’il y a eu un deuxième accident avec fusion du cœur dans cette même centrale en 1980 à cause d’une tôle rouillée qui s’est détachée ?

    On a eu de la chance car, en effet, toutes les defenses en profondeur n’ont pas cédé, contrairement à fukushima.

    L’exemple de fukushima montre que pendant des décennies, la France se croyait à l’abri alors que, potentiellement, l’absence de générateur de secours en zone non inondable ou de poste de commande bunkerisé, ou de force de réaction rapide ou de recombineur d’hydrogène (pour éviter l’explosion de l’enceinte de confinement) aurait pu conduire à un accident majeur chez nous.

    Qui sait que l’ASN avait donné 8 ans à EDF pour installer tous ces systèmes de sécurité dont fukushima nous avait démontré la nécessité, et qu’à l’issue de ces 8 ans, une seule centrale (Flamanville) les avait réellement installés ?

    L’accident du Blayais montre que 2 lignes de défense peuvent céder, même en France. L’EPR en prévoit 4, mais, vu son coût exorbitant, l’EPR2 n’en aura que 3, et n’aura pas de double enceinte de confinement, comme la majorité des réacteurs actuels, qui ne résisteraient pas à la chute d’un avion commercial.

    Pourquoi, au moment même où se déroulait l’accident du Blayais en décembre 1999, personne n’était informé de ce qui se passait alors que le préfet était sur le point d’évacuer la ville de Bordeaux ?
    Pourquoi personne ou presque ne sait que cet accident est directement lié au refus d’EDF pendant 2 années de rehausser la digue, malgré une mise en demeure en novembre 1999 pour obliger EDF à faire les travaux ?
    Exactement comme à fukushima où Tepco savait parfaitement que la digue n’était pas assez haute et refusait de faire les travaux pour faire des économies.
    Exactement comme à Tricastin, ou l’ASN a fini par arrêter les réacteurs pour obliger EDF à renforcer la digue, qui n’était pas assez solide. Ça faisait des années qu’EdF refusait de faire les travaux.

    Qui sait que les piscines où sont stockés des dizaines de cœurs de réacteurs usagés ne sont toujours pas bunkerisées en France (contrairement à la Russie), parce que c’est trop cher (1 milliard € par centrale) ?
    Si ces déchets n’étaient plus recouverts d’eau, ils entreraient en fusion en quelques heures. Cela entraînerait un accident majeur, nettement plus grave, puisque plusieurs dizaines de cœurs de réacteurs émettraient des rejets considérables. Pas d’enceinte de confinement pour les déchets !

    Le nucléaire serait l’énergie qui a causé le moins de morts ?
    Peut-être ? Les liquidateurs ukrainiens de 20 ans morts à 30 d’un cancer sont peut-être morts parce qu’ils fumaient ? En tout cas, ils ne sont pas inclus dans les 4000 morts de Tchernobyl selon l’OMS.
    L’université de New York chiffre à près d’1 million les morts à Tchernobyl, mais bon, admettons.

    Mais l’indicateur du nombre de morts n’est pas très pertinent, car le vrai impact d’un accident majeur c’est de rendre inhabitable des milliers de km2 et de forcer les gens à déménager pour plusieurs décennies.
    Les français découvriraient alors que leur maison n’est pas assurée : aucune assurance ne couvre le risque nucléaire.
    Toute activité économique, touristique ou autre serait impossible pendant des décennies : plus de vin de Bordeaux, de châteaux de la Loire, de balades dans le macif central, ou d’airbus à Toulouse… si c’est Blayais ou Golfech
    Évacuation de Londres, Bruxelles, Paris, Rouen, Lille si c’est Flamanville, Penly, Paluel ou Gravelines…
    Cela dépendra du sens du vent et s’il pleut ou pas.

    L’IRSN chiffre l’accident majeur entre 430 et 5500 milliards €. On est loin de la dizaine de milliards de la réforme des retraites…

    Et quelle est la réelle efficacité d’une ligne de défense en profondeur lorsque qu’on découvre que, lors de la construction, les tests de sécurité n’étaient pas conformes ?
    Que le fabricant a falsifié pendant des décennies les résultats des contrôles ?
    Que les soudeurs avaient des faux diplômes ?
    Que les soudures ne respectaient pas le protocole, ce qui a entraîné des fissures de 23 mm sur 27, découvertes par hasard des décennies plus tard ?
    Qu’EdF a caché pendant des années à l’ASN que des pièces étaient défectueuses ?
    Que, finalement, EDF a décidé d’installer quand même le couvercle défectueux de Flamanville, toujours sans informer l’ASN ?
    Qu’EdF bataille actuellement pour obtenir de l’ASN le report du remplacement du couvercle défectueux (imposé par l’ASN en 2024).
    Par ailleurs, le fond de la cuve est lui aussi défectueux et installé avec un contrôle trafiqué, mais il ne peut pas être changé.

    Une vingtaine de réacteurs en France sont équipés de centaines de pièces défectueuses.
    Par exemple, quand l’ASN l’a découvert des décennies après, elle a retiré l’autorisation du réacteur numéro 2 de Fessenheim, qui a fonctionné avec un générateur de vapeur non conforme pendant des années.

    L’ASN est la meilleure autorité de sûreté au monde, mais elle a été aveugle et s’est fait duper pendant des décennies par les industriels du nucléaire qui sont en charge de se contrôler eux-mêmes, ce qui est bien pratique : en cas de problème, il est beaucoup plus simple de trafiquer le résultat du contrôle qualité plutôt que de refaire la pièce.

    Pour finir sur ta parabole du guide de montage, pourquoi payer une fortune et prendre une voie potentiellement dangereuse, catastrophique même, alors que le chemin d’à côté va directement au même endroit, moins cher, beaucoup plus rapidement et sans aucun risque ?

    Quasiment tous les pays au monde (sauf quelques dictatures) prennent l’autre voie, celle des énergies renouvelables, la seule qui peut nous permettre de réduire de 50% nos émissions CO2 d’ici 2030, seule chance pour nos enfants d’avoir un monde vivable.

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 14 juin 2023

      Quelques points
      Non, les futurs EPR n’auront pas moins de lignes de défenses que les réacteurs actuels

      Non EDF ne peut pas désobéir à l’ASN qui peut imposer des arrêts de réacteurs. On l’a encore vu avec les arrêts massifs de l’an dernier

      Par contre, oui EDF discute avec l’ASN, ce qui me parait indispensable.
      Pour ce qui est des modifications post Fukushima, on notera que l’équivalent US de l’ASN ne les demande que sur les réacteurs en construction, pas sur les anciens, même quand ils sont prolongés.

      Ce qui a été décidé, c’est que ces modifications se feront à l’occasion des travaux décennaux (Grand Carénage). C’est largement en cours. Je ne vois pas d’ailleurs comment les sous traitants spécialisés auraient pu les faire en même temps sur tous les réacteurs
      Mais évidemment, cela ne doit pas plaire aux anti nucléaires type SDN dont l’objectif réel est de renchérir au maximum le coût du nucléaire et de retarder au maximum les constructions (notamment avec des recours juridiques incessants). Pour pouvoir ensuite dire que c »est trop cher et trop long

      • François Lévy François Lévy 14 juin 2023

        Tu déformes ce que j’ai dit, donc je cite l’irsn, comme ça il n’y aura plus de mauvaise foi possible :

        Voilà ce que dit l’irsn :
        « Les systèmes de sûreté sont constitués de trois trains au lieu de quatre pour l’EPR de Flamanville  »

        Et l’irsn dit que l’EPR2 n’a pas de double enceinte contrairement à l’EPR :

        « Pour le réacteur EPR2, EDF prévoit un bâtiment réacteur à simple paroi épaisse avec un liner métallique, au lieu d’une double paroi avec un liner »

        L’IRSN dit aussi que la piscine n’est pas bunkerisée (comme à Flamanville et comme tous les réacteurs actuels, contrairement à la Russie qui se doutait bien que ça pouvait être tentant pour l’ennemi, espérons qu’un terroriste n’y pensera pas) :

        « La conception de la piscine d’entreposage et de manutention des assemblages combustibles est similaire à celle de l’EPR de Flamanville. En l’absence d’un confinement étanche, les situations de dégradation des assemblages combustibles (perte de refroidissement entrainant la fusion de combustible…) dans la piscine doivent être rendues très improbables. »

        Je n’ai jamais dit qu’EdF « désobéissait » à l’ASN, mais qu’EDF avait caché pendant des années que le couvercle de Flamanville était défectueux et l’avait installé quand même.

        Plus précisément, la cuve a été fabriquée en 2006, des défauts sont détectés sur la cuve dès 2010, l’ASN a demandé des tests en 2012, EDF a installé la cuve en 2013 et donné les résultats des tests à l’ASN en décembre 2014 : Non conforme ! Trop tard, tout est installé !

        Je n’ai jamais dit que tous les travaux imposés à la suite de fukushima devaient être faits en même temps. Edf a proposé un calendrier sur 8 ans pour les mettre en œuvre. A l’issue de ces 8 ans, le calendrier n’avait pas été respecté, comme d’habitude, sauf pour 1 seule centrale.

        => nos réacteurs étaient dépourvus de diesels d’ultime secours, de centres de commande bunkerisés, etc… pourtant indispensables à la sécurité depuis des décennies pour des années supplémentaires

        Il me semble qu’EdF n’a besoin de personne pour renchérir le coût du nucléaire : Flamanville est à 20 milliards au lieu de 3, avec 12 ans de retard.

        Le nucléaire est évalué à 150€/MWh par l’AIE soit environ 5 fois plus cher que les renouvelables.

        • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 14 juin 2023

          Je maintiens ce que j’ai écris
          « Non, les futurs EPR n’auront pas moins de lignes de défenses que les réacteurs actuels »

          EDF a jugé qu’une partie des nouveautés de l’EPR compliquaient plus les choses qu’elle ne les amélioraient et y a renoncé pour l’EPR 2.

          Avec l’accord de l’ASN

          Tout le reste ne sert qu’à essayer de mettre du doute sur la qualité des futurs EPR 2

          • François Lévy François Lévy 14 juin 2023

            Ok mais ce n’est pas ce que j’avais dit.

            Oui, les EPR n’auront pas moins de lignes de défense que les réacteurs actuels

            Et l’EPR2 aura 3 trains de systèmes de sécurité au lieu des 4 de l’EPR de Flamanville

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 21 juin 2023

      La question de la cuve de Flamanville a été évoquée en commentaires de manière très incomplète. Donc, ayant enfin un peu de disponibilité, j’ai pris le temps de regarder la question.
      D’abord quelques mots de métallurgie. Pour produire un alliage métallique, on le chauffe au point de le rendre liquide de manière à obtenir un mélange le meilleur possible. C’est-à-dire un mélange homogène. Puis on le coule dans un moule et on le laisse refroidir.
      L’opération de refroidissement produit des zones hétérogènes (en termes de composition et d’organisation métallurgique) là où le refroidissement ne s’est pas fait de manière homogène, en pratique aux limites. L’opération suivante consiste donc à supprimer ces partes limites. Par exemple, dans le cas d’un lingot, les extrémités.
      La part qui est supprimée est dans un premier temps automatique, à partir de l’expérience accumulée. Puis on fait des contrôles pour voir si ce qu’on a gardé est conforme à ce qui est attendu et si on ne doit pas en enlever un peu plus. On peut pour cela faire des essais destructifs, en soumettant la pièce à toute une série de tests d’efforts. Mais cela ne marche que si on est face à une production en masse. Dans le temps, on avait une appréciation visuelle, avec toutes les limites qu’on imagine. Depuis plusieurs dizaines d’années, on dispose d’appareils dit de contrôle non destructif (CND) à base d’ultra-sons généralement. Un peu comme on peut faire des échographies. Ces appareils ont forcément des limites de sensibilité et je suppose que ces limites diminuent avec les progrès techniques. Il est probable que leur lecture fasse en partie appel à de l’interprétation, donc en fait à de l’expérience accumulée par les opérateurs du CND.
      Nous en arrivons maintenant à la question de la cuve de Flamanville. À la fin 2014, une anomalie de la composition chimique de l’acier du fond et du couvercle de la cuve du réacteur EPR de Flamanville est détectée. Il y a un excès de carbone en certains endroits : voire sur le sujet cet article de Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9gr%C3%A9gation_(mat%C3%A9riau) Précisons que cet endroit est limité, au centre de la cuve et au centre du couvercle.
      L’ASN prend position et avertit le fabricant (AREVA) que la conformité de l’équipement ne pourra pas être prononcée. Conformément à la réglementation, AREVA demande à pouvoir bénéficier malgré tout de la conformité. Il faut pour cela qu’il fournisse un dossier technique montrant que malgré cette » ségrégation positive », les caractéristiques de résistance de la cuve correspondent aux besoins.
      Dit autrement, la cuve doit répondre à des caractéristiques de résistance à divers efforts. Pour ce faire, la solution utilisée consiste à s’assurer du respect d’un certain nombre de caractéristiques métallurgiques définies par expérience et en prenant un certain nombre de marges de sécurité. Puisque la cuve ne répond pas exactement aux caractéristiques métallurgiques en question, AREVA se propose de démonter que les caractéristiques physiques attendus sont respectées. Ce qui suppose un nombre important d’essais physiques et aussi un travail de calcul.
      Les essais sont réalisés par AREVA tout le long de l’année 2016 (il y en a beaucoup). Une instruction commune est réalisée en 2017 par une équipe ASN/IRSN. Le sujet est examiné dans le cadre d’une réunion du groupe permanent d’experts pour les ESPN en juin 2017 qui rend un avis.
      L’ASN rédige ensuite un projet d’avis en juillet 2017, lequel fait l’objet d’une consultation du public. 13 000 contributions sont enregistrées
      Oui, parce que, comme chacun sait, le nucléaire, c’est la dissimulation permanente.
      Le 19 septembre 2019 s’est réuni le conseil supérieur de la prévention des risques technologique. Le compte rendu détaillé de cette réunion se trouve ici : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/5_CR_CSPRT_20170919_approuv_membres_avec_avis_1.pdf
      Le président de l’instance est Jacques Vernier, un polytechnicien qui a fait une partie de sa carrière au ministère de l‘industrie sur la question de la maîtrise de risques du nucléaire. Il est maintenant retraité et a donc les moyens de son indépendance. Il a été longtemps maire de Douai, ce qui m’a permis de le rencontrer plusieurs fois (il y a longtemps).
      L’instance comprend des représentants de divers intérêts et des experts. Elle comprend aussi 4 représentants d’association anti-nucléaires. Ainsi que deux représentants (CGT et CFDT) des salariés du nucléaire.
      On a 20 pages d’explication de la situation puis de discussion sur l’avis a donné. Chacun pourra s’y référer.
      La conclusion du rapporteur de l’ASN : le rapport d’AREVA fait la preuve du respect des caractéristiques physiques attendus. Cependant, par mesure de prudence, l’ASN demande à EDF d’installer à l’endroit critique de la cuve des pièces témoins qui permettront, lors de la visite décennale, de vérifier que les conditions de sécurité sont toujours réunies. Les pièces témoins servent à des tests destructifs.
      Comme il n’est pas possible d’installer ces mêmes pièces sur le couvercle, l’ASN demande que le couvercle soit changé rapidement (en 2024 lors de cet avis, date qui a été modifiée depuis en raison du report du démarrage de l’EPR et aura lieu lors du premier rechargement de combustible (donc au bout de 18 mois de marche).
      La discussion est notamment un échange entre le président et le rapporteur. Mais d’autres interviennent aussi.
      L’intervention de la CGT (à partir de la fin de la page 14) insiste sur la perte de savoir-faire et de moyens industriels du à l’arrêt prolongé de toute nouvelle construction de réacteurs. Rappelons qu’EDF a plaidé longtemps pour en construire au moins 1 tous les deux ans pour garder ces moyens mais qu’il n’a pas été entendu par les gouvernements successifs.
      Avis intéressant aussi de la CFDT à partir de la page 21.

      • François Lévy François Lévy 22 juin 2023

        Les défauts ont été détectés beaucoup plus tôt, dès 2007, et la cuve a été installée alors qu’EdF savait qu’elle était défectueuse.

        Même Segolene était surprise qu’il ait fallu attendre 9 ans et que la cuve soit installée pour soit disant « découvrir » qu’elle était défectueuse…

        « Areva détecte « des valeurs de concentration de carbone élevées (0,265% et 0,277%) », rapporte l’ASN, ajoutant que celles-ci « auraient pu amener à s’interroger dès 2007 sur la présence de ségrégations ».

        7 ans pour faire les tests !
        Mais on l’installe d’abord…

        Le vrai objectif, c’était de mettre l’ASN devant le fait accompli => elle a été obligée de valider la cuve provisoirement.

        L’historique détaillé est ici :
        https://m.actu-environnement.com/actualites/hctisn-historique-cuve-epr-asn-areva-edf-27168.html

        Nb: concernant le générateur de vapeur de Fessenheim, on est clairement dans de l’escroquerie : les extrémités touchées par la ségrégation de carbone (donc cassantes) n’ont même pas été enlevées ! Ceci pour faire des économies en prenant un lingot plus petit, donc moins cher
        => l’autorisation de fonctionnement a été immédiatement retirée dès que l’ASN l’a su.

        On a eu chaud !

        Au moins, cette histoire de couvercle a permis de découvrir que l’usine du creuzot falsifiait les résultats des contrôles qualité depuis plusieurs décennies et qu’une centaine de pièces défectueuses avaient été installées quand même dans une vingtaine de réacteurs.

        On peut dormir tranquilles…

        => Le prochain couvercle sera fabriqué au Japon (même si les japonais ont eux aussi falsifié leurs résultats)

        • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 22 juin 2023

          Ségolène Royal appelée à la rescousse dans une démonstration, on aura tout vu…

          J’ai plus confiance dans l’ASN !
          Celle-ci, dans une note de 2016 analyse les problème de Creusot Forge :
          https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/irregularites-concernant-des-composants-fabriques-dans-l-usine-areva-de-creusot-forge
          « Le 25 avril 2016, AREVA a informé l’ASN des premiers résultats de cette analyse complémentaire. Ils mettent en évidence des irrégularités dans le contrôle de fabrication d’environ 400 pièces produites depuis 1965, dont une cinquantaine seraient en service sur le parc électronucléaire français. Ces irrégularités consistent en des incohérences, des modifications ou des omissions dans les dossiers de fabrication portant sur des paramètres de fabrication ou des résultats d’essais. »

          Mais les anti nucléaires, eux savent qu’il s’agit de falsifications et que Creusot Forge a délibérément menti, comme EDF
          Forcément, ils sont les gentils, donc ceux de l’autre côté sont forcément les méchants

          Et d’ailleurs , ils s’y connaissent en mensonge. Cela fait 35 ans qu’ils affirment sans la moindre preuve, que le gouvernement a menti sur le nuage de Tchernobyl et a affirmé qu’il ne passerait pas la frontière. L’affaire a été débunké depuis longtemps, mais ils continuent

          Et même ils s’y connaissent tout court, comme on peut l’observer dans la réunion citée précédemment, https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/5_CR_CSPRT_20170919_approuv_membres_avec_avis_1.pdf
          page 22, on peut lire :
          « Jacky BONNEMAINS se demande pourquoi la vulnérabilité de la calotte inférieure semble moins importante que celle de la calotte supérieure et pourquoi le même raisonnement n’a pas été tenu pour ces deux calottes. »

          Il s’agit du représentant d’une des associations anti nucléaire. On est en train de parler d’une situation qui a fait l’objet d’une consultation publique depuis 3 mois, et il a été clairement précisé(c’est le coeur du sujet) qu’il n’y a pas possibilité de mettre des pièces témoins sur le couvercle comme sur la cuve et que c’est pour cela qu’il devra être remplacé
          Alors, soit il joue à l’idiot, soit il n’a pas préparé, soit il ne comprend rien

          Un exemple de plus qui explique pourquoi c’est à l’ASN que je fais confiance, pas à ce qu’affirment les associations ou militants anti nucléaires

          Il faut di

          • François Lévy François Lévy 22 juin 2023

            Tu essayes de botter en touche avec le nuage de Tchernobyl dont je n’ai jamais parlé ou ce que disent les uns ou les autres (dont je n’ai jamais parlé non plus) mais tu défends l’indefendable, sans répondre à cette question très simple :

            Pourquoi EDF a-t-elle installé en 2013 une cuve qu’elle savait défectueuse depuis 2007 et attendu 7 ans et que la cuve soit installée pour faire les tests demandés par l’ASN depuis plusieurs années ?

            NB : c’est l’ASN elle-même qui parle de « falsifications, fraude et contrefaçon »:

            « Des irrégularités pouvant s’apparenter à des falsifications avaient été détectées début 2016 dans la fabrication de composants nucléaires à l’usine Creusot Forge, à la suite d’une revue qualité demandée par l’ASN. Des irrégularités de même nature avaient également été mises en évidence à l’étranger. Les cas avérés ou suspectés, dont certains ont été détectés par les exploitants d’installations nucléaires de base (INB) ou les fabricants eux-mêmes, ne concernent qu’une infime partie des activités nucléaires, mais peuvent cependant présenter de forts enjeux en matière de sûreté.

            Cette situation révèle que ni la robustesse de la chaîne de surveillance et de contrôle, au premier rang de laquelle se trouvent les fabricants et les exploitants, ni le haut niveau de qualité exigé dans l’industrie nucléaire, n’ont permis d’écarter totalement les risques de contrefaçons, de fraudes et de falsifications »

            https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/l-asn-fait-le-point-sur-les-actions-engagees-face-au-risque-de-fraudes

            Je n’ai jamais prétendu que l’industrie nucléaire était « les méchants », mais visiblement, l’ASN a un peu moins confiance dans leurs déclarations maintenant, au point de recruter des spécialistes anti fraude :

            « L’ASN a également prévu de recruter en 2018 deux agents spécialistes de la lutte anti-fraude et de compléter la formation de ses inspecteurs dans ce domaine. »

            Tu pourras noter que les seules sources que je cite sont des sources officielles et reconnues : l’ASN, l’irsn, l’AIE, RTE, la Cour des Comptes…
            Je ne connais même pas ce M. Jacky B : je préfère m’informer auprès de sources officielles et reconnues.

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