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Fête de la science à l’IRSN à Fontenay-aux-Roses

Tous ceux qui se sont intéressés de près ou de loin au nucléaire ont entendu parler de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Mais ils ne savent pas forcément qu’il est basé à Fontenay-aux-Roses. Pour ma part je l’ignorais jusqu’à la semaine dernière, quand j’ai découvert que l’IRSN ouvrait ses portes dans le cadre de la fête de la science. Je ne pouvais pas rater cette occasion, et j’ai même embarqué mon épouse et un petit-fils dans l’aventure.

L’expert public des risques nucléaires et radiologiques

L’IRSN est un EPIC placé sous la tutelle conjointe du ministre de la Transition écologique, du ministre des Armées, et des ministres chargés de la Transition énergétique, de la Recherche et de la Santé. Son conseil d’administration est avant tout composé de représentants de l’État, de représentants du personnel et de « personnes qualifiées » (nommées par décret). Sa présidente actuelle, Marie-France Bellin, docteur en médecine, est depuis 2011 chef du pôle Imagerie et Médecine Nucléaire des Hôpitaux Universitaires Paris Sud. Son directeur général, Jean-Christophe Niel est un polytechnicien titulaire d’un doctorat en physique théorique. On l’a compris, on y parle physique nucléaire, risques pour l’homme et utilisation pour la santé.

L’État a confié à l’IRSN des missions d’expertise et de recherche dans les domaines suivants : 

  • La sûreté nucléaire ;
  • La sûreté des transports de matières radioactives et fissiles ;
  • La protection de l’homme et de l’environnement contre les rayonnements ionisants ;
  • La protection et le contrôle des matières nucléaires ;
  • La protection des installations nucléaires et des transports de matières radioactives et fissiles contre les actes de malveillance.

L’IRSN compte 1725 salariés (en 2021), répartis sur 9 sites, dont le principal est à Fontenay-aux-Roses, à côté de l’établissement du CEA qui a vu démarrer la pile ZOE, première pile atomique française en 1948, lancée par Frédéric Joliot-Curie.

Près de 40% du budget (qui était de 272 millions d’euros en 2021) est consacré à la recherche, et on n’y trouve pas moins de 90 doctorants. L’autre grande activité, qui absorbe plus de la moitié du budget, est l’appui technique aux pouvoirs publics et aux autorités.

C’est parti pour la visite !

A l’accueil, deux directions sont possibles. Je laisse mon petit-fils choisir et nous nous retrouvons devant des appareils de mesure de la radioactivité. Puis, c’est un véhicule spécialisé qui permet si besoin d’aller, en n’importe quel point du pays, faire rapidement les mesures nécessaires. L’occasion d’expliquer en quelques mots d’où vient la radioactivité, comment elle peut varier en quelques décimètres, par exemple selon que l’on mesure plus ou moins près du sol.

L’IRSN mesure bien sûr en permanence la radioactivité dans l’air. Mais ses techniciens et ingénieurs font aussi des prélèvements (par exemple dans des tas de feuilles) qui sont envoyés ensuite pour analyse. Notre guide montre ensuite dans le véhicule comment des analyses peuvent être faites directement, comment on repère les éléments radioactifs présents (par exemple le Césium 137 ou l’iode 131) et comment on mesure la quantité de chaque élément présent dans l’échantillon.

Il existe 140 points de mesures permanents, en plus de ceux présents sur les centrales nucléaires.  « Ce dispositif est la suite de l’accident de Tchernobyl. » À l’époque, le professeur Pellerin, fondateur et directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants (dont les missions sont actuellement reprises par l’IRSN) ne disposait comme source d’information principale que des mesures faites dans les centrales. Cela ne l’a pas empêché de voir arriver le nuage. Les pouvoirs publics ont voulu ensuite augmenter les moyens de détection.

L’un des rôles du service, inattendu pour le visiteur, consiste à intervenir chaque fois qu’apparaît un objet radioactif non connu auparavant. Entre les deux guerres, il y a eu une vogue pour la radioactivité et la vente d’objets radioactifs de toute sorte.

Un appareil permettait de rendre l’eau radioactive (pour la boire ensuite !). Il comprend une source radioactive qui peut être encore active aujourd’hui (elle n’est évidemment plus dans l’appareil qu’on nous a montré !).

Nous découvrons aussi les tenues de protection et les dosimètres, les pinces télescopiques pour déplacer des objets radioactifs à distance (mon petit fils a testé avec succès). On comprend que le vrai danger ne vient pas, sauf exception, du rayonnement reçu au moment même d’une exposition (qui ne dure jamais très longtemps) mais surtout de tout objet radioactif (même extrêmement petit) qui resterait sur soi (et pire qui serait ingéré) et qui nous enverrait donc de la radioactivité en continu pendant une longue durée.

Gestion de crise

L’étape suivante est la visite du Centre technique de crise, une grande salle équipée de nombreux moyens de communication. Elle est entourée de petites salles consacrées à différentes activités en temps de crise (communication, santé, etc.). Il s’agit pour les équipes de l’IRSN de pouvoir réagir très vite en cas d’incident, pour comprendre ce qui se passe, affiner le diagnostic au fur et à mesure que les informations arrivent et conseiller les décideurs (en premier lieu les préfets) sur d’éventuelles mesures à prendre.

La capacité de réaction de la cellule de crise provient, outre des compétences de chaque participant, des informations recueillies et des fiches de simulation préalablement construites. Donc, d’un très gros travail en amont pour organiser le recueil et la remontée d’informations et pour analyser des situations possibles et leur évolution.

Les membres de la cellule sont d’astreinte à tour de rôle, de manière qu’on puisse la réunir en moins d’une heure si besoin. Bien sûr, il n’y a pas d’alerte tous les quatre matins. Il faut pourtant s’exercer et vérifier que tout fonctionne de manière satisfaisante. Il y a donc 24 exercices par mois, pour l’essentiel avec les différents sites nucléaires.

Naturellement, en cas de problème réel, la gestion de la crise sera beaucoup plus facile si d’un côté on a un site nucléaire, avec des interlocuteurs connus, formés, connaissant les procédures, et de l’autre une préfecture qui connaît aussi les procédures parce qu’elle a un site sur son territoire. Plus facile que si l’incident a une provenance autre, dans un département qui n’a pas de site nucléaire. Mais c’est pour cela aussi que cette cellule est essentielle. Elle apporte en temps réel toutes les expertises nécessaires.

Au moment de Fukushima, la cellule a fonctionné plusieurs semaines sans interruption, avec des participants fonctionnant en 3 fois 8. Sa dernière réunion non programmée a eu lieu le 21 septembre, à l’occasion d’une alerte dans l’usine de fabrication de combustibles nucléaires Framatome de Romans-sur-Isère. L’alerte était due à un début d’incendie d’une imprimante dans un atelier contenant de l’uranium et l’incident n’a engendré aucun problème de radioactivité ; mais l’IRSN était tout de suite sur le pont (de même que les pompiers spécialisés sur le site, ainsi que l’ASN). D’autant plus rapidement qu’au moment de l’alerte, ses membres venaient de quitter 4 minutes plus tôt une réunion programmée ! 

Suite et fin de la visite

Il ne nous a pas été possible de faire le tour de l’ensemble de la visite (nous sommes restés une heure et demie), en particulier ceux sur le traitement des cancers, mais nous avons pris le temps d’aller voir les panneaux donnant de larges explications sur la radioactivité. Ce qui a permis à mon petit-fils de remplir une large part du questionnaire qui lui avait été remis à l’arrivée (très bonne idée ce questionnaire !).

Mon épouse, qui avait accepté de me suivre pour me faire plaisir a trouvé la visite beaucoup plus intéressante que ce à quoi elle s’attendait. Elle a appris beaucoup de choses et elle a trouvé tout cela plutôt rassurant : il est clair que le danger et les risques nucléaires sont pris très au sérieux et que les moyens et les compétences réunies sont à la hauteur.

Merci aux salariés de l’IRSN qui ont rendu si attrayante cette opération « portes ouvertes ».

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