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Débats autour du nucléaire

Le projet de relance du nucléaire (construction de 6 EPR) se traduit par de nombreux débats, souvent enflammés, parfois houleux : à l’Assemblée nationale, avec la Commission nationale du débat public (CNDP), dans les médias et sur les réseaux sociaux. Tour d’horizon des anti et des pro.

A l’Assemblée nationale

Une commission d’enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » a été créée à la demande du groupe Les Républicains. Cette commission a audité des ministres deux présidents de la République et divers experts.

Certains observateurs en ont retenu que les politiques n’ont pas consulté les experts, mais se sont appuyés sur leur seule vision idéologique. Le 6 mars, dans sa chronique pour Europe 1, Emmanuelle Ducros y voit « d’effarantes révélations sur un saccage programmé ». La Croix du 16 mars, plus mesurée, conclut cependant : « la cinquantaine d’auditions montre l’absence de vision industrielle« . Le contenu de l’article détaille une succession de décisions idéologiques. 

On pourra se faire une opinion personnelle en consultant le rapport aujourd’hui disponible, les comptes rendus ou les vidéos d’auditions .

En parallèle, la Commission des affaires économiques a examiné un projet de loi visant à accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, par des procédures administratives plus rapides. Maud Bregeon, en était l’une des rapporteures.

Auprès des citoyens

La Commission nationale du débat public (CNDP) a organisé un débat autour du projet de construction de 6 EPR2, à la demande de RTE et EDF. Ce débat comprenait une partie en ligne et dix rencontres en présentiel.

Ce débat public et les travaux à l’Assemblée nationale ont suscité de nombreuses controverses sur les réseaux sociaux. Autour des perturbations de plusieurs rencontres du débat public par des antinucléaires. Autour d’un article d’Arrêts sur images (ASI) intitulé « En ligne, un « sous-réseau » pronucléaire qui assaille les journalistes ». En réaction à des tweets provocateurs d’Aymeric Caron.

Deux camps retranchés

Que ce soit à l’Assemblée nationale, lors du débat organisé par la CNDP, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, ce sont ceux qui s’intéressent au sujet qui s’expriment. On peut distinguer deux camps.

D‘un côté les antinucléaires militants. Ils ont transféré sur le nucléaire civil leur sentiment d’horreur envers le nucléaire militaire (Greenpeace est à l’origine un mouvement contre le nucléaire militaire). Ils sont convaincus qu’un accident nucléaire majeur est possible (voire probable) et qu’il serait une catastrophe immense et durable. A cette aune, les arguments techniques ou chiffrés sont secondaires. Ils sont par conséquent peu sensibles aux ordres de grandeur et se focalisent sur les arguments qui leur semblent montrer l’existence du danger. La plupart adoptent aussi un point de vue selon lequel seul le naturel est bon. Beaucoup de citoyens qui adoptent ce dernier point de vue suivent les antinucléaires par réflexe, sans avoir forcément une forte conviction sur le sujet.

De l’autre côté les pronucléaires militants. Ils connaissent généralement les risques du nucléaire, mais considèrent qu’ils peuvent être maîtrisés. Ils estiment aussi qu’ils méritent d’être pris au regard de la situation notamment climatique. Certains connaissent bien les moyens pour contrôler ces risques, ce qui peut les conduire à avoir trop confiance. Ils sont souvent sidérés et choqués par les arguments des anti. IIls y voient souvent un manque de connaissance, voire de la désinformation.

Importance de la communauté pronucléaire

Sur Twitter, le député LFI Aymeric Caron a provoqué des débats enflammés en louant les choix de l’Allemagne en matière d’énergie. Il s’est notamment opposé à Tristan Kamin, ingénieur en sécurité nucléaire très actif sur Twitter et sur son site. Aymeric Caron a 75 000 abonnés contre 58 000 à Tristan Kamin. Mais dans le débat, Kamin recueille des milliers de like quand Caron peine à en recueillir quelques centaines.

Le développement des réseaux sociaux, notamment Twitter et You Tube, a favorisé l’émergence d’une solide communauté pronucléaire. Celle-ci comprend nombre d’ingénieurs ou de physiciens particulièrement au fait des caractéristiques de cette industrie. Elle a peut-être participé au basculement de l’opinion en faveur du nucléaire, basculement certainement favorisé par la hausse des prix du gaz.

Désinformation ?

Chaque camp accuse l’autre de désinformation.

A la mi-mars, un « collectif de défenseurs des énergies renouvelables, parmi lesquels l’ancienne ministre Corinne Lepage » a fait paraitre une tribune dans Le Monde, en estimant le débat « biaisé par une désinformation outrancière au profit du seul nucléaire ».

Certains ont réagi en pointant une erreur extrêmement fréquente dans les médias : la photo illustrant la tribune n’était pas celle d’une centrale nucléaire, mais d’une centrale à charbon. Un détail qui ne donne pas une image positive de la connaissance réelle du nucléaire dans les médias.

Il se trouve que Corinne Lepage (ministre de l’Environnement de 1995 à 1997) a publié il y a quelques semaines un tweet affirmant que « Le gouvernement français bloque la vraie transition énergétique pour faire passer le nucléaire dont aucun pays d’Europe occidentale ne veut ». Les commentateurs ne se sont pas gênés pour rappeler que l’Angleterre, les Pays-Bas, la Suède et la Finlande ont décidé (ou sont en cours) de relancer leur production nucléaire.

Allemagne : exemplaire ou non ?

Les antinucléaires mettent en avant l’action de l’Allemagne et son développement considérable des énergies renouvelables. Les pronucléaires considèrent qu’avoir utilisé ce développement pour fermer les centrales nucléaires avant les centrales au charbon était une lourde erreur. La fermeture il y a quelques jours des trois derniers réacteurs allemands suscitent pour le moins des incompréhensions.

Ils préfèrent citer l’exemple de l’Angleterre qui a fait le choix inverse. Ce pays a conservé son nucléaire et réduit très fortement la part du charbon, grâce aux renouvelables et à un recours plus important au gaz. Le résultat est que, sur les 12 derniers mois, les émissions moyennes de CO2 pour la production électrique sont de 218 gCO2eq/kWh en Angleterre contre 504 en Allemagne. Les deux pays partaient de situations assez semblables il y a 30 ans. On rappellera aussi les milliers de morts annuels dus aux centrales au charbon en Europe.

  1. Catherine Chatelain Catherine Chatelain 13 mai 2023

    Très reconnaissante à « La Gazette » pour ce débat que je viens de lire un extenso (vague espoir d’aboutir à une opinion qui serait justifiée par la validité respective des arguments). Mais je constate que, si je suis un petit moins ignorante ou du moins crois l’être, je reste tout aussi incertaine ! Comment se fait-il me suis-je demandée. Et j’ai conclu que c’est le cadrage lui-même de l’objet du débat qui est créateur de ce sentiment d’intensification de l’incertitude. L’objet du débat ne devrait-il pas être élargi à ce qui crée cette situation où nous nous sentons menacés de manquer d’énergies. Des énergies pour quoi faire ? Pour alimenter les débats très consommateurs d’énergies ?

  2. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 11 mai 2023

    Je comprends bien la réflexion qui cherche à optimiser les investissements en les dirigeant vers les meilleures solutions pour obtenir les formes d’énergie finales les plus efficaces en fonction de leur utilisation. Il me paraît évident que les choix à faire vont changer au cours du temps à mesure que les résultats de la recherche et les solutions techniques qu’ils rendent possible évoluent.
    Il me paraîtrait plus constructif de débattre sur ces champs d’optimisation de la décision d’investissement dans le cadre de scénarios prenant en compte ces évolutions, plutôt que de lister des arguments, idéologiques pour l’essentiel, pour ou contre le nucléaire dans le seul cadre de la production d’électricité.

    Enfin, les milliards dépensés sortiront toujours de la poche de quelqu’un, le consommateur final si j’ai bien compris les leçons de l’économie de base. Que ce soit sous forme de taxes, d’impôts ou de dépenses diverses pour vivre. Ce ne sont que des sous.
    Et, dans ce domaine financier, je n’imagine pas que les végétaux, les animaux et encore moins les minéraux en produisent de quelque manière que ce soit. Par contre je vois bien comment nous les transformons et les utilisons pour en faire les biens d’échange monnayables que nous consommons.
    Avons-nous l’intention d’en être reconnaissants à quelqu’un ?

    • François Lévy François Lévy 14 mai 2023

      Qq remarques :

      1) les investissements doivent être dirigés vers les solutions qui permettront d’éviter le maximum D’ÉMISSIONS CO2. Et le Giec est très clair : ce sont les ENR, pas le nucléaire. (Fig7)

      2) on n’a plus le temps de « débattre » des solutions qui permettront peut-être de régler le problème dans 15, 30 ou 50 ans, comme le nucléaire 4ème génération ou la fusion.
      Le Giec est très clair, il y a URGENCE et il faut déployer MAINTENANT (avant 2030) les solutions qui existent déjà et qui fonctionnent.
      Donc pour éviter de franchir les points de bascule d’ici 2030 (fonte des glaciers, permafrost…), ce n’est pas des EPR pour 2040 qu’il faut, mais des renouvelables tout de suite.

      3) les rapports Giec, RTE, Ademe, AIE etc… ne reposent pas sur des « arguments idéologiques » mais sur des faits. Dire que ce sont des arguments idéologiques revient à nier la science.

      4) justement, les « milliards qui sortent de nos poches » ne peuvent être dépensés qu’une fois => il faut bien choisir leur utilisation, la plus efficace possible.
      le Giec, toujours, nous dit que la tonne de CO2 évitée coûte très cher si on utilise du nucléaire alors qu’avec les renouvelables, le coût est « inférieur au coût de référence ».
      Donc l’utilisation des milliards € disponibles doit être en priorité pour les moyens les plus efficaces en t/CO2 évitée/€ : les renouvelables, moins chères et au potentiel 10 fois supérieur à celui du nucléaire. Et 10 fois plus rapides à déployer.

      Ce n’est pas un « argument idéologique », c’est ce que nous dit le dernier rapport du Giec.

      • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 14 mai 2023

        J’ai regardé cette fameuse figure 7 et évidemment elle ne montre pas que les ENR sont moins cher que le nucléaire toujours et partout
        le contraire serait d’ailleurs étonnant étant donné la diversité des situations de chaque pays à tout point de vue
        qu’on songe par exemple au coûts respectifs du kW h solaire à Nice et Soissons ou aux prix de la main d’œuvre dans différents pays du monde

        Quand à l’urgence de réduire les émissions de CO2 avant 2030, il faut peut-être rappeler que
        – l’électricité française est déjà fortement décarbonée grâce au nucléaire (et la France exporte)
        https://app.electricitymaps.com/zone/FR
        -la mise en œuvre d’un parc éolien prend elle aussi beaucoup de temps
        -le parc ENR français augmente tous les ans
        -l’urgence de 2030 n’a pas eu l’air d’être si urgente aux yeux des allemands ou des belges qui ont fermés leurs centrales nucléaires : serait ce un argument à géométrie variable ?

        • François Lévy François Lévy 14 mai 2023

          Bonjour Gérard

          Ravi que tu aies regardé la figure 7 du dernier rapport du Giec.

          Même si ce que tu dis est parfaitement vrai (les ENR ne sont pas « toujours et partout » moins chères que le nucléaire), ça traduit un peu de mauvaise foi, et il suffit de regarder cette figure 7 pour s’en rendre compte:

          https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-7/

          Du coup, je précise les enseignements du GIEC que montre cette fig7 :

          1) le nucléaire peut permettre de décarboner environ 0,9 GteqCO2/an

          2) le solaire et l’éolien peuvent décarboner environ 8,4 GteqCO2/an, soit 9,3 fois plus.

          3) sur ces 0,9 GteqCO2 que le nucléaire peut décarboner, 80% sont en orange ou rouge, donc très cher.
          moins de 20% sont en bleu (coût inférieur au coût de référence), soit environ 0,15 GteqCO2/an

          4) pour le solaire et l’éolien, 5 GteqCO2/an sont en bleu, soit 33 fois plus que pour le nucléaire

          Donc la conclusion sans mauvaise foi est :
          – Les renouvelables peuvent contribuer 9,3 fois plus que le nucléaire à la décarbonation
          – la plus grande partie du développement des renouvelables n’est pas chère (à coût inférieur au coût de référence) alors que la fraction peu chère liée au nucléaire est 33 fois plus faible.
          – il existe certains cas où le développement du nucléaire peut se faire au même coût que les renouvelables, mais cette situation est très limitée : 0,15 GteqCO2/an
          (je suppose que ça correspond au prolongement des vieux réacteurs déjà amortis, mais certainement pas à la construction des EPR qui sont hors de prix)

          Par ailleurs en effet, l’électricité est déjà décarbonée en France, mais ce n’est absolument pas le sujet pour 2 raisons :

          1) l’électricité ne représente que 30% de l’énergie en France
          => l’enjeu est de décarboner en urgence (avant 2030) tout le reste, 70%, et ce n’est pas possible (et très cher) avec des EPR qui ne seront jamais terminés à temps.
          C’est possible, plus vite, moins cher et dans des proportions 9,3 fois plus importantes avec des renouvelables.

          2) le parc nucléaire est vieillissant, et il faudra bien fermer les vieux réacteurs un jour, si possible avant l’accident majeur.
          => l’enjeu est de garder l’électricité décarbonée même après la fermeture des vieux réacteurs
          => il faut les remplacer par de nouveaux moyens de production décarbonés.
          Or, EDF n’est pas capable de construire la quarantaine d’EPR nécessaires pour remplacer les vieux réacteurs actuels (sans parler de l’augmentation nécessaire de la part électrique)
          C’est possible, plus vite et moins cher avec des renouvelables (cf. 2e Rapport RTE p603)

          En effet, le développement de l’éolien prend beaucoup de temps, nettement plus en France qu’ailleurs, principalement à cause de tous les blocages administratifs, et souvent des ordres donnés aux préfets de bloquer les projets.
          1 an au Danemark, 10 ans en France pour un parc éolien offshore.
          La France est le seul pays européen qui n’y arrive pas.

          Concernant les choix des Allemands ou Belges, je t’ai déjà dit que je n’y pouvais pas grand chose s’il jugeaient le risque d’accident inacceptable, même s’il est faible.

          Ce qui est certain, c’est que tous ceux qui ont répété qu’on ne pouvait pas avoir d’accident majeur en France nous ont menti pendant des années.

          Ils ont même caché aux Français les différents accidents avec fusion du cœur qui sont arrivés en France, à St Laurent-des-eaux, bien avant Tchernobyl ou TMI : l’ORTF n’en a pas parlé; quasiment personne n’est au courant.
          Bizarre, non ?

          https://www.google.com/url?q=https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/environnement/accidents-1969-1980-centrale-saint-laurent-eaux&sa=U&ved=2ahUKEwjohcGs2_X-AhV3UqQEHSauA8AQFnoECAkQAg&usg=AOvVaw2n-wtabS79o0V_D33su99r

          • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 15 mai 2023

            « Ce que tu dis est parfaitement vrai (les ENR ne sont pas « toujours et partout » moins chères que le nucléaire)
            Dont acte !
            Le nucléaire serra moins important que les ENR pour la décarbonation dans le monde ?
            Et alors ? Je n’ai strictement rien contre les ENR ! Il me semble normal que l’Indonésie ou l’Éthiopie installe du solaire plutôt que du nucléaire. Et que des pays comme la Chine, l’Inde ou beaucoup de pays européens choisissent de se servir de tous les outils à leur disposition plutôt que d’en exclure un !
            « L’électricité est déjà décarbonée en France »
            Dont acte aussi
            Mais il faut plus d’électricité pour pouvoir décarboner
            « l’enjeu est de décarboner en urgence (avant 2030) tout le reste, 70% »
            Décarboner tout le reste avant 2030 : il n’y a aucune chance que cela se fasse (sauf peut-être en cas de catastrophe, style un astéroïde de dizaine de Km de diamètre sur le Yucatan). Le plan est actuellement d’y arriver pour 2050 et chacun sait que c’est très ambitieux
            La consommation d’électricité est stagnante en France depuis plus de 10 ans. Cela peut changer mais le changement ne sera pas brutal. https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/l-energie-de-a-a-z/tout-sur-l-energie/l-electricite-au-quotidien/la-consommation-d-electricite-en-chiffres
            Rappelons que cette stagnation a été largement invoquée par tous ceux qui étaient contre la construction d’un EPR. Et rappelons aussi que le scénario Négawatt (sans nucléaire) prévoit d’ici 2050 une diminution de la consommation d’électricité
            Enfin, parlons de la réalité : les parcs éolien et solaire ne cessent de s’accroitre en France. La production à base d’éolien a doublé entre 2014 et 2022. Celle à base de solaire a doublé entre 2016 et 2022. Et il y a toujours des projets en cours
            https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_%C3%A9olienne_en_France
            https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_solaire_en_France

            Sinon, les commentaires seront dorénavant refusés sur cet article. Le nombre de commentaires rend maintenant la lecture trop compliquée pour l’ensemble des lecteurs
            un nouvel article sera publié prochainement pour permettre aux lecteurs de suivre plus facilement la discussion

  3. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 11 mai 2023

    NB: Rien ne perd, rien ne se crée, (même pas le CO2). Tout se transforme. ?????
    Une explication ?

  4. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 9 mai 2023

    Je ne vois pas l’intérêt de parler en euro ou en quelque monnaie que ce soit quand l’objectif est de minimiser la création de gaz carbonique.
    Ou alors je me trompe d’objectif ?

    • François Lévy François Lévy 10 mai 2023

      C’est pourtant ce que fait le Giec en indiquant clairement où les ressources financières auront le plus d’impact pour décarboner, et à quel prix.

      https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-7/

      Il est temps d’arrêter le gaspillage de milliards € et de cibler les actions qui permettront réellement de diminuer les émissions tout de suite, pas dans 15 à 20 ans.

      Si Macron développe le nucléaire, c’est pour essayer d’éviter la faillite d’Orano et de Framatome.
      Personne ne peut croire qu’il cherche à réduire les émissions avant le point de bascule, d’ici 2030, comme le Giec et les scientifiques nous supplient de le faire, avec 2 EPR2 pour 2037 (qui, en plus, auront certainement des années de retard ou tomberont en panne pendant 1 an comme celui de Taishan).

      NB: Rien ne perd, rien ne se crée, (même pas le CO2). Tout se transforme.

      NB2 : bonne nouvelle pour Orano et nos impôts : ils commencent à se diversifier dans le recyclage des batteries.
      Vu que l’AIE table sur 90% de renouvelables en 2050, ça nous évitera peut-être de payer encore des milliards pour une nouvelle faillite ?

      • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 10 mai 2023

        Les ENR sont tellement plus rentables que le nucléaire qu’on les subventionne
        Et que les Allemands ont financé de la désinformation pour que les Français réduisent leur parc nucléaire, qui assurait un avantage compétitif à l’industrie française au moment où l’électricité s’est mise à coûter très cher aux industriels allemands.

        https://www.revueconflits.com/comment-lallemagne-finance-laffaiblissement-du-nucleaire-francais/
        (article paru avant hier)

        • François Lévy François Lévy 11 mai 2023

          Bonjour Gérard

          Je suis un peu étonné que tu cites cet article d’un site de la fachosphere, fondé par un ancien du Gud et un megretiste, limite complotiste ?
          Franchement pas convaincu…

          Le nucléaire issu des vieux réacteurs français n’est effectivement pas cher pour 2 raisons principales :
          – les réacteurs sont amortis
          – l’intégralité des coûts n’est pas intégrée, mais une bonne partie est payée par nos impôts ou ceux des dizaines de générations futures

          Ce n’est plus le cas pour les nouveaux réacteurs (environ 150€/MWh).
          C’est ce que dit le Giec (figure 7).

          Aujourd’hui, les renouvelables n’ont plus besoin d’être subventionnées, mais elles ont besoin que l’état français lève les multiples freins qui font qu’il faut 10 ans pour construire un parc éolien offshore en France au lieu de 1 an au Danemark.

          Exemple des coûts du nucléaire non intégrés :

          1) la recherche : 1 milliard/an depuis 1957

          2) le démantèlement : totalement sous estimé selon la cour des comptes (les Anglais provisionnent 6 fois plus qu’EdF par réacteur)

          3) les déchets, sur des centaines de milliers d’années

          4) l’assurance. En cas d’accident, ce n’est pas EDF qui paye, mais nos impôts. Risque exclu par tous les contrats d’assurance : nos maisons ne vaudront plus rien.

          5) l’électricité consommée par les Finlandais, les Chinois et bientôt les Anglais. Leurs EPR sont payés en partie par nos impôts

          6) les 64 milliards de dette d’EDF qu’il faudra bien rembourser un jour avec nos impôts

          7) le démantèlement des réacteurs Anglais, si les provisions ne suffisent pas. Pour réussir à vendre des EPR, EDF a été obligée d’acheter British energy et leurs vieux réacteurs

          8) les milliards € payés par nos impôts pour essayer d’éviter la faillite d’Areva ou les recapitalisations régulières d’EDF pour lui éviter la faillite

          Concernant la fermeture de Fessenheim, tu dois savoir que parmi les centaines de pièces non conformes installées quand même avec un contrôle de sécurité trafiqué (« dossiers barrés » pendant 20 ans au creusot), il y a le générateur de vapeur de Fessenheim 2 ?

          La fermeture de Fessenheim est une aubaine pour EDF qui a été indemnisée par nos impôts.
          Même sans le générateur de vapeur non conforme, Fessenheim était extrêmement éloignée des standards de sécurité en vigueur actuellement pour la 3G, imposés par l’ASN après les différents accidents.

          • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 11 mai 2023

            Bonjour
            Cette liste est lunaire et montre à quel point les anti nucléaires font du cherry-picking et ne retiennent que ce qui va dans leur sens

            On ne va prendre que le point 6 parce qu’il renvoie au montant le plus élevé. Et aussi parce qu’il est particulièrement débile

            Qu’une entreprise fortement capitalistique ait des dettes, c’est NORMAL.
            C’est N.O.R.M.A.L.
            On pourrait même dire que c’est le contraire qui serait anormal

            Ce qui serait un problème, c’est que le montant des dettes soit supérieur au montant des immobilisations, de la valeur des outils de productions
            Il faut donc aller regarder les comptes d’EDF
            Cela tombe bien ils sont publics
            https://www.edf.fr/sites/groupe/files/2023-02/resultats-annuels-2022-comptes-consolides-2023-02-17.pdf
            Et qu’est qu’on y lit?
            Que les seules immobilisations de production représentent 101 milliards (les autres comptent pour 70 milliards et les actifs non financiers pour 48 milliards encore); Donc bien au delà de l’endettement
            Et cela sous estime en réalité la valeur de ces actifs : l’amortissement des réacteurs se fait sur 40 ans. Les réacteurs ayant dépassé cet âge et repartis pour 10 ans (au moins) avec l’autorisation de l’ASN n’ont plus à les supporter : les immobilisation correspondants à ces réacteurs sont particulièrement faibles (elles ne correspondent qu’au coût du grand carénage)

            Passons sur les milliards de subvention annuels pour l’éolien et le solaire

            Les remarques sur Fessenheim procèdent du même chery-picking mais aussi d’une complète incompréhension, déjà signalée, de ce en quoi consiste un système efficace de sécurité industrielle

            Un système de sécurité industrielle ne peut pas se concevoir avec l’idée que la sécurité est assurée parce que tout est bien conçu et conforme

            Un système de sécurité doit être conçu de manière à ce que la sécurité soit assurée même si un agent fait une erreur, si une pièce a été mal conçue ou mal fabriquée, si un instrument tombe en panne
            Parce qu’on sait que cela peut arriver
            La sureté nucléaire est heureusement conçue d’une telle façon
            J’ai promis un article sur le sujet et je le ferai (les infos sont faciles à trouver en quelques minutes sur Internet)

          • François Lévy François Lévy 11 mai 2023

            Vu le coût dérisoire des renouvelables, ce sont maintenant les ENR qui remplissent les caisses de l’état, et la totalité des subventions publiques percues depuis le début sont en passe d’etre remboursées.

            https://www.comwatt.com/blog/energie/actu/entre-2022-et-2024-les-energies-renouvelables-vont-rembourser-toutes-les-subventions-versees/

            En ce qui concerne le point 6), les dettes, effectivement tu as raison, ça ne devient un problème que lorsque EDF ne peut pas rembourser ou doit emprunter à des taux très élevés. Et dans ce cas, on passe au point 8), l’état, donc nos impôts, dépense des milliards pour éviter la faillite, ce qui arrive souvent pour la filière nucléaire.

            La valeur des immobilisations correspond à la valeur future de l’électricité qui peut être produite, moins les coûts associés pour la produire, notamment le démantèlement.
            On a vu la moitié du parc à l’arrêt notamment pour un problème de corrosion sous contrainte.
            Edf n’est pas à l’abri d’un problème générique qui entraînerait un arrêt total des réacteurs et réduirait très fortement la valeur de ces immobilisations si elles ne peuvent plus produire.
            C’est totalement improbable avec les renouvelables et d’ailleurs, si la branche renouvelables d’EDF était à vendre comme le craignent les syndicats, il y aurait plein d’acheteurs.

            Si c’était la branche nucléaire, personne n’en voudrait.

    • François Lévy François Lévy 10 mai 2023

      C’est pourtant ce que fait le Giec en indiquant clairement où les ressources financières auront le plus d’impact pour décarboner, et à quel prix.

      https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-7/

      Il est temps d’arrêter le gaspillage de milliards € et de cibler les actions qui permettront réellement de diminuer les émissions tout de suite, pas dans 15 à 20 ans.

      Si Macron développe le nucléaire, c’est pour essayer d’éviter la faillite d’Orano et de Framatome.
      Personne ne peut croire qu’il cherche à réduire les émissions avant le point de bascule (d’ici 2030, comme le Giec et les scientifiques nous supplient de le faire) avec 2 EPR2 pour 2037 (qui, en plus, auront certainement du retard ou tomberont en panne pendant 1 an comme celui de Taishan).

      NB: Rien ne se perd, rien ne se crée (même pas le CO2). Tout se transforme.

      NB2 : bonne nouvelle pour nos impôts : Orano commence à se diversifier dans le recyclage des batteries.
      Vu que l’AIE table sur 90% de renouvelables en 2050, ça nous évitera peut-être de payer encore des milliards pour une nouvelle faillite ?

  5. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 7 mai 2023

    C’est pratique de raisonner en GW car cela permet de survaloriser les ENR
    Exemple
    Puissance installée en France :
    nucléaire 61 GW,
    Éolien 19,5 + Solaire 13,6 + Hydraulique 20,6 total 53,7 GW, soit presque autant

    Puissance installée en Allemagne
    Éolien 66,5 + Solaire 69,1 + hydraulique 4,9 : Total 140,5 GW. Soit plus que le nucléaire et les ENR e n France
    et pourtant, l’Allemagne émet bcp, bcp + de C02 par kWh que la France
    Étonnant, non?

    • François Lévy François Lévy 8 mai 2023

      On peut raisonner en TWh
      Production mondiale d’électricité 2021 :

      Nucléaire : 2781 TWh
      Renouvelables : 8060 TWh
      Source AIE (qui table sur 90% ENR en 2050)

      On peut aussi raisonner en milliards d’euros :

      1) EPR2 :

      € : 10 milliards
      10,6TWh/an (avec 76%, facteur de charge moyen AIEA, EDF est à 68% voire 50% en 2022).
      Délais : environ 15 ans (Il est prévu pour 2037, mais le gvt prévoit déjà 5 à 8 ans de retard)

      2) éolien offshore:

      Sur la base de l’appel d’offres de Dunkerque (0,6GW, 1,4 milliard, 44€/MWh, pour 2026) gagné par EDF, on peut estimer qu’avec 10 milliards, on pourrait installer 4,3 GW. Avec un facteur de charge de 44% on aurait une production de 16,6TWh/an

      Bilan sur 20 ans pour 10 milliards €, on a au choix :

      1) EPR2 : 53 TWh
      2) éolien offshore : 332 TWh

      Bilan : 626% de courant en plus avec l’éolien offshore

      Et avec, Flamanville : 20 milliards depuis 2007 – 0kwh

      Avec 20 milliards dans l’éolien offshore depuis 2007, on aurait produit 396TWh et récupéré 19,8 milliards d’euros (à 50€/MWh).
      => Gratis

      Voilà pourquoi le Giec dit que le coût des ENR est « inférieur au coût de référence »

      • François Lévy François Lévy 8 mai 2023

        Erratum

        Sur 20 ans, avec 3 ans de construction du parc éolien, c’est 282,2 TWh, soit 532% de plus qu’avec un EPR.

  6. François Lévy François Lévy 7 mai 2023

    Et une bonne partie de ces pays développent le nucléaire pour le plutonium, comme la Chine qui veut décupler ses bombes atomiques

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 7 mai 2023

      ah bon, la Finlande, le Royaume Uni, les Pays Bas, la Suède, la Slovaquie, la Turquie, la Biélorussie, construisent des réacteurs nucléaires pour fabriquer des bombes atomiques?

      • François Lévy François Lévy 8 mai 2023

        Pour l’Iran, les émirats arabes Unis et la Chine, il semble évident qu’ils développent le nucléaire pour la bombe.

        Pour la Russie, c’est à mon avis principalement pour des raisons géopolitiques vis-à-vis de leurs clients, qui deviennent dépendants.

        Pour les Pays-Bas, la Suède et la Finlande, ça m’étonnerait.

        Pour la Turquie, on peut se poser la question ?

        Pour le Royaume-Uni, c’est certainement comme pour la France :
        « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil »

        Dixit Macron

        Un général français disait déjà à peu près la même chose il y a quelques années : sans nucléaire civil, la filière militaire s’écroulerait.

        si une partie des coûts du nucléaire (formation, recherche…) n’étaient pas amortis par la filière civile, le coût de la filière militaire serait nettement plus élevé.

        • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 8 mai 2023

          « il semble évident »
          « A mon avis »

          C’est ce qu’on appelle une source solide je suppose

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 8 mai 2023

      « une bonne partie de ces pays développent le nucléaire pour le plutonium »

      J’aimerais bien une source pour cette affirmation

      Rappelons que la Chine possède la bombe atomique depuis 1964 alors que son premier réacteur civil a été mis en service en 1991.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Arsenal_nucl%C3%A9aire_de_la_Chine
      Il y a certainement des moyens plus économiques pour la Chine de renforcer son arsenal

      A l’origine du combat de Greenpeace, il y avait la crainte que le civil ouvre la porte au nucléaire, ce qui ne s’est pas produit. Pour la France l’affirmation est débile, depuis que la France a la bombe et surtout que notre pays a abandonné la filière graphite gaz, mais j’ai encore entendu récemment un expert des anti nucléaires la reprendre

    • Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 9 mai 2023

      Voila le point Godwin du nucléaire : la bombe atomique. Je ne l’attendais plus celle-là !

  7. François Lévy François Lévy 7 mai 2023

    Ce n’est pas ce que j’ai dit.

    Dans tous ces pays, sauf peut-être la Russie, le développement des renouvelables est très nettement supérieur au nucléaire : par exemple en Chine, pourtant le plus gros constructeur nucléaire, 1200 GW renouvelables prévus contre une cinquantaine de GW nucléaire.

    La construction des nouvelles centrales n’arrive même pas à compenser celles qui ferment et ni à endiguer la réduction de la part mondiale du nucléaire qui s’écroule à 9.8% de l’électricité, soit moins de 2% de l’énergie, alors qu’elle était à 17,5% en 1996 (cf figure 2 du world nuclear report, résumé en français)
    https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2022-.html

    Aux USA où le nucléaire n’est pas subventionné, ils ferment même les réacteurs avant la fin de leur durée de vie et les 2 APR 1000 en construction ont eu tellement de retards et surcoûts que westinghousse a fait faillite (comme Areva).

    Seule la France essaie de freiner les renouvelables, en divisant par 3 les objectifs éolien terrestre, quitte à payer 1 demi milliard de pénalités pour ne pas avoir respecté nos engagements européens.

  8. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 7 mai 2023

    Et si on arrêtait de prétendre que la France est le seul pays à miser sur le nucléaire ?

    Faut-il oublier la Finlande, le Royaume Uni, les Pays Bas, la Suède, la Slovaquie, la Turquie, la Biélorussie,
    L’Argentine, le Bengladesh, le Brésil, la Chine, Taiwan, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis, les États-Unis, l’Inde, l’Iran, le Japon et la Russie
    Les pays qui construisent aujourd’hui des réacteurs comptent « seulement » plus de la moitié de la population mondiale
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_r%C3%A9acteurs_nucl%C3%A9aires_en_construction
    https://theshiftproject.org/article/electricite-nucleaire-developpement-monde/

  9. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 7 mai 2023

    Écrire :  « A mon avis, il aurait été préférable (et moins cher) de développer les énergies renouvelables et d’arrêter les réacteurs avant l’accident majeur », revient à se placer dans un temps où, l’accident majeur ayant eu lieu, «…il aurait été préférable…Etc. ». Cette forme de rédaction (uchronique?) qui induit le côté inéluctable de l’accident majeur n’est pas honnête.

    • François Lévy François Lévy 7 mai 2023

      Peut-être, mais si on les prolonge encore et encore, (et on y sera obligés faute d’avoir développé les ENR comme tous les autres pays le font) je crains que la France subisse réellement un accident majeur.

      Je rappelle qu’on vient de découvrir par hasard que des conduites indispensables à la sécurité étaient à la limite de la rupture : il ne restait que 4 mm sur les 27 mm !

      Et la fissure datait de 1980 ! On a eu de la chance !

      Voilà ce que dit le rapport public de l’irsn (que le gouvernement voulait supprimer, justement pour éviter ce genre de publication directe) :

      « EDF a détecté des fissures de corrosion sous contrainte affectant une tuyauterie du système d’injection de sécurité de ce réacteur. Ce type de corrosion n’était pas anticipé pour ces tuyauteries, les contrôles alors réalisés visant à rechercher d’éventuelles fissures de fatigue (voir plus bas). Depuis, il a procédé à des contrôles sur de nombreux réacteurs et d’autres circuits qui ont mis également en évidence ce phénomène »

      https://www.irsn.fr/actualites/nouvelles-detections-fissures-sur-tuyauteries-systeme-dinjection-securite-reacteurs-ndeg

      • Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 10 mai 2023

        François lévy écrit :
        « Je rappelle qu’on vient de découvrir par hasard que des conduites indispensables à la sécurité étaient à la limite de la rupture : il ne restait que 4 mm sur les 27 mm ! »
        La sécurité des tuyaux !!…
        Allons bon ! Ce sont les gendarmes qui ont trouvé ces défauts ?

  10. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 4 mai 2023

    « je pense que la prolongation à 80 ans augmente ce risque »

    Peut-être faut-il attendre que les études soient faites et, si elles conclues à une faisabilité, que les moyens du prolongement soient définis, avant d’avoir un avis sur la question !

    • François Lévy François Lévy 4 mai 2023

      Entièrement d’accord

      Sauf que, faute d’avoir développé à temps de quoi remplacer les vieilles centrales (même si EDF essaie depuis 20 ans avec l’EPR), L’ASN craint d’être dans une situation intenable d’arbitrage entre sûreté ou black-out :

      « Cette accumulation d’événements [corrosion sous contrainte, saturation des piscines de la hague, grand carénage…] illustre le besoin impératif, maintes fois souligné par l’ASN […] de maintenir des marges dans le dimensionnement du système électrique et des installations pour pouvoir faire face à des aléas et ne pas avoir à arbitrer entre sûreté des installations et disponibilité de la fourniture d’électricité. »

      Qu’est ce qui peut justifier de s’acharner dans des EPR qui donneront peut-être du courant dans 15 à 20 ans (sauf panne pendant 1 an comme taishan), alors que les alternatives existent, sont moins risquées, sans déchets, plus rapides à déployer et moins chères ?

      Ce n’est pas moi qui le dit, c’est RTE, le Giec, l’Ademe, l’AIE, et des dizaines d’études universitaires.

      Tous les pays développent massivement les renouvelables sauf nous : on freine

      • Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 7 mai 2023

        Le développement de l’industrie des renouvelables ne peut se faire qu’avec des fossiles. Je n’imagine pas qu’on puisse développer, fabriquer et installer les éoliennes et les panneaux solaires avec la seule énergie que les précédents ont produit.
        J’attends de voir un bilan sérieux, sur un cycle de vie complet, du CO2 produit vs. économisé par la mise en œuvre de cette industrie.

        • François Lévy François Lévy 7 mai 2023

          C’est déjà fait par le Giec, l’Ademe et des dizaines d’études.

          C’est même disponible dans les annexes du dernier rapport RTE.

          Et si on fouille la question, les émissions de CO2 du nucléaire varient de 4g selon EDF à 110g selon le Giec, voire 180 à 288g selon certaines études de stanford ou autres.

          En fait, elles dépendent principalement de la manière dont est extrait et enrichit l’uranium, et selon le pays où c’est fait, et le Kazakhstan n’est pas le plus vertueux dans ce domaine, ni pour le reste (on finance une dictature pour l’uranium).

          Le nucléaire reste néanmoins une énergie bas carbone, qui rejette plus de plutonium que de CO2.

          Le même raisonnement s’applique au solaire PV, dont les émissions n’arrêtent pas de baisser, avec des procédés de fabrication qui utilisent de moins en moins de matières et d’énergie. Le solaire est bas carbone lui aussi, et s’il produisait du plutonium, il y a longtemps que la France serait passée au solaire.

          Quand à la fake news de Jancovici sur les fossiles indispensables pour développer les renouvelables (mais, bizarrement, pas pour développer le nucléaire !), je vous invite à découvrir l’analyse fouillée et avec toutes les sources officielles qui montrent les centaines de mensonges de sa BD :

          https://www.stephanehis.com/post/analyse-critique-page-%C3%A0-page-de-la-bande-dessin%C3%A9e-le-monde-sans-fin

  11. François Lévy François Lévy 2 mai 2023

    « pourquoi l’étude RTE à l’horizon 2050 trouve-t-elle les solutions 100 % renouvelables plus chères que celles avec du nucléaire » ?

    Pour plusieurs raisons, explicitées par la cour des comptes, qui a imposé par référé à RTE de refaire les calculs :

    1) parce que RTE a choisi un taux d’actualisation de 3%, alors que ce taux était de 7% à hinkley point et qu’aujourd’hui, EDF n’arrive plus à trouver des investisseurs, même à 8%.
    Comme le coût du capital est environ 80% du coût du MWh, cela revient quasiment à diviser artificiellement le coût du MWh nucléaire par 2.

    2) parce que RTE n’avait pas chiffré « l’aval du cycle ». Autrement dit, RTE n’avait pas pris en compte les surcoûts liés au fait que l’usine de la hague et Cigéo sont insuffisants pour un nouveau parc d’EPR.

    Malgré tout cela, la différence entre les scénarios 100% EnR et 50% nucléaire est inférieure à la marge d’incertitude.

    Conclusion : même le premier rapport de RTE disait que les scénarios étaient globalement au même prix et que le prix ne devait pas être le critère du choix.

    Le 2e rapport RTE, de février 2022 a été publié en plein été et donc personne n’en a parlé.

    Dommage, il respecte le référé de la cour des comptes, avec les vrais taux d’actualisation et le coût de l’aval du cycle et les résultats sont très différents : le scénario M23 100% renouvelables est au même prix que le N3, 50% nucléaire, voire moins cher selon certaines hypothèses (pages 603 et 609)

    Par ailleurs, RTE a fait ses calculs avec le coût de 46 milliards pour 6 EPR. Aujourd’hui, on parle plutôt de 60 milliards, soit +30%.

    Donc, en respectant le mode de calcul imposé par la cour des comptes et en prenant le nouveau prix des EPR2, le scénario 100% renouvelables est moins cher que rester au nucléaire, même en le réduisant à 50%

    https://www.ccomptes.fr/fr/documents/58078

    2e rapport RTE : rapport complet de près de 1000 pages
    https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques#Lesdocuments

  12. François Lévy François Lévy 2 mai 2023

    Le directeur de l’ASN l’a dit en 2016 :
    https://www.liberation.fr/futurs/2016/03/03/il-faut-imaginer-qu-un-accident-de-type-fukushima-puisse-survenir-en-europe_1437315/

    Son successeur l’a également dit au sénat en 2022 (audition des patrons ASN, EDF et IRSN le 27/10/22).
    https://www.irsn.fr/actualites/audition-publique-senat-problemes-corrosion-sous-contrainte-rencontres-sur-parc#.Y6H2U6jMK8Y

    On y apprend du patron de l’ASN que le problème de corrosion découvert par hasard est « très sérieux » et aurait pu causer un accident majeur : la fissure date des années 1980, et il ne restait que 4 mm sur 27.

    On apprend aussi qu’il va falloir plusieurs années de R&D pour comprendre l’origine du problème, que l’IRSN ne valide pas encore les nouveaux moyens non destructifs et refuse les arguments d’EDF pour différer les travaux sur la centrale de catenom.

    Les soudures ont été refaites exactement à l’identique, comme le dit EDF, car ils n’avaient pas le temps de faire valider une autre méthode par l’ASN. Comme cela concerne les réacteurs les plus récents, il est probable que cela recommence rapidement.

    Un accident majeur est le niveau 7, c’est à dire fukushima ou Tchernobyl

  13. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 2 mai 2023

    Le directeur de l’ASN ayant dit qu’un « accident majeur est possible en France », il me paraît nécessaire de préciser quand et où afin de replacer cette déclaration dans son contexte ; et de savoir ce que signifie un « accident majeur » dans le jargon de la sûreté nucléaire. (À ne pas confondre avec la sécurité nucléaire, bien entendu.)

    • Lea Tabarin Lea Tabarin 2 mai 2023

      JCH pouvez-vous dire en 2 mots à une newbie la différence entre sureté nucléaire sécurité nucléaire?

      • François Lévy François Lévy 2 mai 2023

        La sûreté, c’est éviter un accident. C’est le rôle de l’ASN

        La sécurité, c’est éviter une attaque, par exemple terroriste sur les piscines de stockage des cœurs de réacteurs usagés qui provoquerait un accident majeur. C’est le rôle de l’armée et la gendarmerie.

        Toutes les centrales françaises ont été survolées par des drones. L’armée de l’air n’a pas réussi à les intercepter.

        • Lea Tabarin Lea Tabarin 2 mai 2023

          Très clair. Merci.

        • Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 3 mai 2023

          Un peu court et, avec un souci de simplification, sans doute erroné.
          En matière de définition, puisqu’on est dans la technique et les normes, autant aller voir quelle est la pratique chez les ingénieurs :
          https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%BBret%C3%A9_de_fonctionnement.
          Pour le nucléaire, civil et militaire, c’est le CEA qui a été à l’origine des travaux sur ces questions. La littérature connexe est abondante.
          C’est plus compliqué qu’il n’y paraît et les débats, pour fixer des objectifs chiffrés relatifs à ces notions dans les cahiers des charges, sont souvent extrêmement tendus.
          Pour rester simple : la sureté il faut que ça marche.
          La sécurité, qui est un élément de la sureté, il ne faut pas que, quand ça marche, il puisse y avoir des accidents inacceptables.
          Tout ceci est dans les missions de l’ASN.
          Il est parfaitement possible, et cela est fait, d’introduire dans les cahiers des charges des obligations visant à prévenir les accidents en cas d’événements extérieurs imaginables mais non prévisibles : séismes, inondations, attaques, chute d’un météorite, etc. Cela conduit les maitres d’ouvrage à lister les principaux risques à prendre en compte, et les maitres d’œuvre à définir leur amplitude et les solutions à adopter pour y répondre.
          Pour Chernobyl les concepteurs avaient faits des choix « risqués ». C’est en testant ces choix que l’amplitude des risques est apparut.
          Pour Fukushima, c’est sans doute le maître d’ouvrage qui n’a pas inclus dans la listes des événements imaginables mais non prévisibles, le fait qu’un tsunami pourrait se produire à la suite d’un séisme prévisible dans cette région du Japon. En l’absence de tsunami, il n’y aurait pas eu d’accident nucléaire.

          Ce genre de risques existe-t-il en France ? Oui. C’est bien ce qu’a dit le directeur de l’ASN.
          L’amplitude de ces risques est-il correctement évalué ? On va dire, de mieux en mieux.
          Pour le reste, on pense et surtout on croit ce que l’on veut.
          L’entreprise de condamnation de l’industrie nucléaire civile entreprise par François Lévy ne me convainc pas.
          Et l’argument de l’arrivée inéluctable d’un accident majeur est une tromperie.

          Enfin, les forces armées n’ont rien à voir dans l’affaire.

          • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 3 mai 2023

            Je crois qu’à Fukushima, le risque de séisme avait été prévu (heureusement au Japon!) mais que le choix du séisme maximal n’avait pas été assez prudent (du genre maxima centenaire plutôt que millénaire). Les experts en avaient pris conscience peu de temps avant la catastrophe et un groupe de travail avait été lancé…trop tard!

          • François Lévy François Lévy 4 mai 2023

            1) je n’ai jamais dit que l’accident majeur était inéluctable, même si je pense que la prolongation à 80 ans augmente ce risque, potentiellement catastrophique, inutile et parfaitement évitable en passant aux renouvelables, (comme presque tous nos voisins, parce que c’est moins cher).

            A contrario, de nombreux défenseurs du nucléaire ont menti pendant des années en disant que l’accident était impossible en France.

            Découvrir qu’il ne reste 4 mm sur 27 sur une fissure qui date de 1980 ou écouter le directeur de l’ASN prouve que, finalement, on a eu de la chance jusqu’à présent.

            Cet épisode de corrosion sous contrainte inattendu, inexpliqué et passé totalement sous les radars, ou les falsifications des contrôles de sécurité au Creusot, que l’ASN n’a pas vues pendant 20 ans, nous montrent que même la meilleure autorité de sûreté du monde peut être faillible.

            2) à Fukushima, tepco savait parfaitement que la digue n’était pas assez haute en cas de tsunami. Ils ont fait le choix délibéré de ne pas faire les travaux pour faire des économies.

            A Blayais, EDF savait parfaitement que la digue n’était pas assez haute en cas de tempête. Ils ont fait le choix délibéré de ne pas faire les travaux pour faire des économies.

            EDF avait été mise en demeure par la Drire de rehausser la digue de 50cm en novembre 99 (puisque elle refusait de faire les travaux depuis 2 ans) juste avant la tempête qui a failli entraîner un accident majeur en décembre 99.
            https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_du_Blayais

            La digue a été rehaussée depuis.
            https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/zoom-sur-centrale-blayais-protection-renforcee-apres-linondation

            Idem à Tricastin, ou l’ASN à imposé l’arrêt des 4 réacteurs pour obliger EDF à renforcer la digue, puisqu’elle refusait de le faire. Risque de fusion du cœur.

            https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/nucleaire-la-centrale-du-tricastin-mise-a-l-arret-a-cause-d-une-digue-trop-fragile-752132.html

            Mais, même avec une digue rehaussée, la montée des eaux anticipée par le brgm montre que nos réacteurs en bord de mer comme Blayais, Gravelines… sont très menacés

            https://sealevelrise.brgm.fr/slr/#lng=-0.70930;lat=45.25416;zoom=11;level=4.0;layer=0

            3) ce sont bien l’armée et la gendarmerie qui sont en charge de la sécurité des centrales contrairement à ce que vous dites.

            https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/03/18/01016-20140318ARTFIG00112-comment-la-gendarmerie-assure-la-securite-des-centrales-nucleaires.php

        • Christine FELTIN Christine FELTIN 4 mai 2023

          En effet, a sûreté c’est tout faire pour prévenir un accident: c’est le rôle de l’exploitant, EDF; l’ASN ne fait que contrôler.
          La sécurité c’est, en effet, empêcher les actes malveillants; c’est aussi comptabiliser les matières nucléaires pour éviter leur dissémination. Dans ce cas aussi, la responsabilité première incombe à l’exploitant.

          • François Lévy François Lévy 4 mai 2023

            Merci pour ces précisions

  14. François Lévy François Lévy 2 mai 2023

    Les énergies renouvelables sont la première source d’électricité en Europe.

    Vu leur coût dérisoire, leur progression est si fulgurante partout dans le monde (sauf en France) qu’elles vont devenir la première source d’électricité au monde d’ici 2025 (d’après l’AIE) et vont donc largement dépasser le charbon.

    Le choix des allemands est certainement critiquable (mais je n’y peux pas grand chose, pas plus que pour le choix d’un EPR, qui ne fournira pas un seul kWh avant 15 à 20 ans), mais ce qui est sûr, c’est que tant qu’il n’y a pas eu d’accident majeur, on peut regretter leur choix. Après, il sera trop tard et des millions d’européens devront déménager pour plusieurs décennies.

    On peut craindre que la volonté d’EDF de faire durer 80 ans les vieux réacteurs entraîne une augmentation du risque d’accident majeur, d’autant plus avec les récentes découvertes de fissures totalement inattendues et inexpliquées sur quasi tous les réacteurs français (qui auraient pu entraîner un accident en France selon le directeur de l’ASN), ou la découverte de centaines de pièces trafiquées, installées quand même dans une vingtaine de réacteurs en France, par exemple le couvercle et le fond de l’EPR, ou le générateur de vapeur de Fessenheim (« dossiers barrés » pendant 20 ans à l’usine du creuzot quand le résultat des tests n’était pas conforme).
    Sans compter que les réacteurs peuvent être très facilement pris pour cible par des terroristes ou en cas de conflit.

    La France est le seul pays à choisir délibérément de freiner le développement des renouvelables :
    – objectif éolien terrestre divisé par 3 par E. Macron
    – éolien offshore quasi nul alors que le gisement est considérable et peu cher (44€/MWh pour le parc de Dunkerque)
    – 1 demi milliard de pénalités pour ne pas avoir respecté nos engagements ENR

    Ce choix va entraîner une pénurie d’électricité et nous obliger à prolonger les vieux réacteurs jusqu’à 80 ans, (voire plus) et à importer des milliards d’électricité (comme cet hiver)

    A mon avis, il aurait été préférable (et moins cher) de développer les énergies renouvelables et d’arrêter les réacteurs avant l’accident majeur.

    https://www.lesechos.fr/2016/11/areva-au-creusot-les-failles-du-forgeron-218634

    https://videos.senat.fr/video.3062141_635a18e41a210.corrosions-sous-contrainte-dans-les-centrales-nucleaires—audition-publique

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/11/24/renouvelables-la-france-devra-debourser-plusieurs-centaines-de-millions-d-euros-pour-ne-pas-avoir-atteint-ses-objectifs_6151464_3244.html

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 2 mai 2023

      1) Le coût des énergies renouvelables est dérisoire
      Mais alors pourquoi ses défenseurs se sentent-ils obligés de refuser de prendre en compte les coûts de raccordement (particulièrement élevés pour l’éolien en mer) et de la compensation de l’intermittence ? Faut-il rappeler que l’installation des ENR a déjà coûté plus de 100 milliards d’’euros pour le réseau en Allemagne ?
      Et pourquoi l’étude RTE à l’horizon 2050 trouve-t-elle les solutions 100 % renouvelables plus chères que celles avec du nucléaire (en dehors du fait que cela repose sur des « paris technologiques lourds ») ?
      Pourquoi tant d’anti nucléaires ont-ils besoin de mentir comme l’a fait Corinne Lepage dans l’exemple cité dans l’article ?
      Quelle phobie du nucléaire civil amène-t-elle Julie Larnoes, député EELV à prétendre que le nucléaire peut mettre fin à la vie sur terre (voir lien dans l’article) ? Une volonté malhonnête de confondre nucléaire civil et militaire ? A moins que ce soit simplement de l’ignorance ? Combien de gens savent que l’explosion qui a détruit la centrale de Tchernobyl n’était pas une explosion nucléaire ?
      Pourquoi faut-il empêcher les pro nucléaires de s’exprimer dans les débats publics ?
      2) il y a des défauts d’origine ou qui apparaissent sur les réacteurs.
      Un système industriel de maitrise des risques ne repose pas sur l’hypothèse qu’il n’y a pas de défauts. Au contraire, la construction du système se base sur le fait qu’il peut y en avoir, que l’incident est possible, qu’il faut donc que le système empêche cet incident de se traduire en accident majeur. C’est d’ailleurs tout le sens de la déclaration de l’ASN, qui rappelle la nécessité de rester vigilant.
      Lors du débat en commission, Maud Brégeon a fait par de son étonnement devant les affirmations de certains opposants qui semblaient tout ignorer de la manière dont est organisé la sureté. On imagine l’ignorance du grand public.
      Je crois que cela mérite de faire un article sur le sujet, mais cela demande un peu de temps.
      3) on va devoir prolonger les réacteurs jusqu’à 80 ans parce que les EPR sont trop longs à construire
      EDF a décidé de lancer des études sur le sujet, mais c’est l’ASN qui accordera les prolongations. Et l’ASN est peut-être l’autorité de surveillance la plus exigeante du monde.
      Oui, construire un parc nucléaire prend du temps. Mais peut-être faut-il arrêter de croire que la mise en place d’un réseau d’ENR se fait d’un claquement de doigt. L’Allemagne a voté en 2000 une loi sur la promotion des énergies renouvelables et acté l’abandon du nucléaire à terme en 2002. Plus de 20 ans plus tard, les émissions de CO2 au kWh produit sont encore de 5 à 15 fois plus importantes en Allemagne qu’en France (suivant les périodes)
      Le problème existe aussi en France. Ce sont des associations écologistes qui s’opposent à certains projets d’éolien en mer (notamment ceux projetés sur des sites qui font partie de Natura 2000)

  15. François Lévy François Lévy 1 mai 2023

    Les Allemands prévoient de fermer leurs centrales à charbon d’ici 2030.

    Leurs émissions CO2 baissent depuis plus de 10 ans, malgré la fermeture des réacteurs nucléaires.

    S’ils avaient d’abord fermé le charbon avant de fermer leurs réacteurs nucléaires, il est évident que leurs émissions auraient baissé encore plus vite… sauf en cas d’accident majeur.

    Fukushima les a fait changer d’avis, en prouvant que personne n’était à l’abri de ce type d’accident.

    C’est d’ailleurs exactement ce qu’a dit le directeur de l’ASN : un accident majeur est possible en France

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 2 mai 2023

      Donc les Allemands préfèrent continuer à provoquer des milliers de morts par an avec des poussières nocives de la combustion du charbon, parce qu’un accident nucléaire est « possible », même si la possibilité est très faible.
      Et ils réduisent depuis plus de 10 ans les émissions de CO2, mais elles sont encore dix fois plus importantes que celles des Français par kW.h produit
      OK, c’est un choix. Mais que ceux qui approuvent ce choix arrêtent d’invoquer « l’urgence climatique ».

  16. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 1 mai 2023

    Pour rester sur les sujets évoqués dans l’article, j’avoue avoir du mal à comprendre
    – en quoi l’urgence climatique justifie de fermer les réacteurs allemands ou belges en bon état de marche
    – pourquoi on a besoin d’empêcher de parler les pro nucléaires dans le débat public si les faits justifient à ce point de choisir les renouvelables plutôt que le nucléaire

  17. François Lévy François Lévy 1 mai 2023

    Aujourd’hui, 80% de l’énergie finale mondiale vient des combustibles fossiles et 2% du nucléaire. Pour limiter la hausse à 1,5°C, le Giec dit qu’on doit absolument sortir des fossiles d’ici 2030, dans 7 ans.

    Si les 80% de fossiles pouvaient être remplacés par du nucléaire, il faudrait 40 fois plus de réacteurs qu’aujourd’hui. En 7 ans.

    Cela pose plusieurs problèmes majeurs, notamment:

    -le délai pour construire un réacteur dans le monde est de 9 à 15 ans (un peu plus pour Flamanville) : les délais du nucléaire sont totalement incompatibles avec l’urgence climatique. Les 2 premiers EPR2 ne seront pas fini avant 2037 (au mieux), les suivants 5 et 10 ans après.

    – les réserves d’uranium sont évaluées à environ 50 ans de la consommation actuelle, soit à peine plus d’un an pour 40 fois plus de réacteurs. Même si on trouvait 20 fois plus d’uranium, ce serait totalement insuffisant.

    – le coût du nouveau nucléaire est nettement plus cher (du fait des nombreuses mesures de renforcement de la sécurité imposées suite aux différents accidents), et évalué à 150€/MWh par l’agence internationale de l’énergie

    Le dernier rapport du Giec évalue le potentiel des différentes sources de décarbonation.

    Le constat du Giec est sans appel et est résumé figure 7:

    Le potentiel de décarbonation du nucléaire est très limité et très cher.

    Celui de l’éolien et du solaire est gigantesque et à coût dérisoire « inférieur à celui de référence », c’est à dire que développer les énergies renouvelables coûte moins cher que de ne pas le faire.

    Si on veut avoir une chance de laisser un monde vivable à nos enfants, nous devons réduire en urgence les fossiles. La figure 7 du Giec nous montre clairement les priorités d’action : les moyens financiers doivent être alloués en priorité aux actions à fort potentiel et à bas coûts.

    Gaspiller des milliards dans le nucléaire très cher alors que son potentiel est très faible (à peu près équivalent à celui du développement des déplacements à vélo et en transport en commun), alors que ces milliards auraient pu decarboner beaucoup plus d’énergie fossile, beaucoup plus rapidement est un crime climatique.

    https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/figures/summary-for-policymakers/figure-spm-7/

    Lecture du graphique : plus la barre est grande plus le potentiel de décarbonation est élevé
    Si elle est bleue, c’est moins cher que ne rien faire, si elle est rouge, c’est plus cher.

    https://www.transitionsenergies.com/consommation-energie-50-2050/

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