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La Covid est partout : la dernière vague ?

Avec 1 887 295 cas positifs sur 7 jours au 10 janvier, c’est une énorme vague qui déferle sur la France. C’est 5 fois plus de cas en moyenne que le maximum atteint début novembre 2020. Le graphique ci-dessus montre la violence du pic.

Depuis 18 mois, depuis qu’on teste massivement, près de 13 millions de cas positifs ont été enregistrés. Ceux enregistrés ces 7 derniers jours en représentent donc 15 % !

Dans le passé, on a pu estimer que le nombre de cas mesurés par test ne représentait qu’environ la moitié de la population réellement contaminée. Si c’est encore le cas (on ne le sait pas), on aurait actuellement environ 3,7 millions de personnes contagieuses, soit plus d’un Français sur 20.

Il est peu probable qu’on ait atteint le pic de cette vague, même si la croissance baisse. La semaine du 1 au 7 janvier montre encore une hausse de 50 % du nombre de cas par rapport à la semaine précédente. On compte d’ailleurs plus de 360 000 cas les 11 et 12 janvier, une nouvelle hausse par rapport à la semaine précédente(+20% par rapport aux 4 et 5 janvier).

Explications

Deux causes possibles à une diminution des contaminations : un changement de comportement dans la population et la diminution de la population encore contaminable. Ces deux causes se conjuguent, mais les vagues précédentes semblent surtout avoir régressé pour la première des causes, par contrainte (confinement…) ou par prise de conscience. A chaque vague, la part de la population contaminée était de l’ordre de 5 %, 10 % au maximum (part mesurée après coup par mesure sanguine des anticorps sur un échantillon de population). Mais on sait qu’on peut attraper la Covid même si on l’a déjà eu.

Cette fois-ci les changements de comportements semblent faibles et insuffisants au regard de la très forte contagiosité du nouveau variant. On ne peut compter que sur la deuxième cause possible : l’épidémie va régresser quand il n’y aura plus assez de personnes à contaminer.

 Il y a un mois, plusieurs observateurs (y compris le ministre allemand de la Santé) ont prédit qu’avec le variant Omicron, avant la fin de l’hiver, tout le monde serait vacciné, guéri ou mort. Dit autrement, tout le monde va l’attraper, sauf une partie des vaccinés(en réalité, il est probable que certains soient naturellement immunisés, sans qu’on sache bien pourquoi).

Car, si la vaccination ne supprime pas le risque d’attraper la Covid, il le réduit notablement : fin décembre, le taux d’incidence des vaccinés avec rappel était, selon les tranches d’âge, entre 3 et 10 fois plus faible que celui des non-vaccinés. Celui des vaccinés depuis plus de 6 mois sans rappel était deux fois plus faible que celui des non-vaccinés (quelles que soient les tranches d’âge).

La conséquence de ces différences de réaction, c’est que si un Français sur 20 est actuellement contagieux, on se trouverait plutôt à plus de 1 sur 10 chez les non-vaccinés et peut-être même pas loin de 1 sur 5. Avec un effectif double de personnes contaminées depuis début décembre et la vague Omicron.

Le taux d’incidence ne peut donc encore augmenter longtemps : le pic sera forcément atteint dans les semaines qui viennent, probablement avant la fin du mois. Il est même possible qu’on atteigne un palier dès cette semaine.

Le système de santé sous forte tension

Évidemment, une partie (heureusement faible) des personnes infectées se retrouvent à l’hôpital, confronté lui aussi à une nouvelle vague : au 10 janvier, près de 23.000 personnes hospitalisées et près de 4000 en soins critiques (réanimation).

On remarque tout de suite que la proportion de personnes hospitalisées par rapport à celles infectées a beaucoup baissé par rapport aux vagues précédentes. Deux raisons se conjuguent pour cela : la forte diminution du risque due à la vaccination, le fait que le variant Omicron, beaucoup plus contagieux, soit aussi moins dangereux.

Le graphique ci-contre montre le nombre d’admissions en soins critiques pour 10 millions d’habitants de chaque groupe et compare le résultat avec le groupe des totalement vaccinés avec rappel. Le graphique est fait au 26 décembre sur une semaine, donc hospitalisations encore majoritairement dues au variant Delta.

On remarque que selon les tranches d’âge, le risque pour les non-vaccinés de se retrouver en soins critiques est multiplié par un facteur compris entre 26 et 79 par rapport aux vaccinés avec rappel, par un facteur compris entre 5 et 14 par rapport aux vaccinés sans rappel.

Il est encore un peu tôt pour mesurer l’effet du variant Omicron sur les hospitalisations. Il apparaît qu’il est plus faible que celui du Delta, sans qu’on ait encore des chiffres sûrs de l’impact. Il semble aussi qu’avec le variant Omicron les hospitalisés aillent plus souvent en soins conventionnels et moins en soins critiques.

L’une des difficultés actuelles tient au fait que la vague « Omicron » est arrivée en pleine vague Delta. Le nombre quotidien de cas Delta était proche de 50 000 à la mi-décembre. Il était encore mesuré autour de 30.000 cas par Santé Publique France (SPF) dans son point épidémiologique du 6 janvier. Mais la majorité des admissions hospitalières concerne aujourd’hui des cas Omicron.

C’est bien la vaccination qui empêche l’hôpital d’être débordé par l’énorme vague en cours.

Celle-ci est cependant si énorme que l’hôpital reste fortement sollicité : tout le monde a tout intérêt à ce que le pic de la vague soit atteint le plus vite possible !

Point sur la vaccination

A la mi-octobre, on comptait encore près de 7 millions de non vaccinés de 12 ans ou plus. Une minorité donc au regard des environs 50 millions de vaccinés à l’époque, mais le nombre de nouvelles premières injections était descendu très bas : on arrivait au noyau dur de ceux qui ne voulaient absolument pas du vaccin.

Mais un rythme très faible, ce n’est pas un rythme nul. Et avec plus de 20.000 nouvelles premières injections par jour, on observe près de 3 mois plus tard que les non-vaccinés de 12 ans ou plus ne sont plus qu’environ 4,6 millions : plus d’un tiers des réticents d’il y a trois mois ont fini par se décider. Tant mieux. Parmi eux, 0,9 million ont moins de 18 ans et environ 1,7 million plus de 50 ans.

Du côté des rappels, on en est à plus de 26 millions de Français ayant reçu une troisième dose, soit, selon SPF, 60 % des plus de 18 ans éligibles (car ayant eu la deuxième dose depuis assez longtemps) et 83 % des plus de 65 ans éligibles.

La vaccination des plus jeunes (5 à 11 ans) démarre doucement, les centres de vaccinations ne s’organisant que progressivement dans ce but (de nombreux parents sont à la recherche de rendez-vous). Trois de mes petits-enfants ont reçu une première dose le 5 janvier au vaccinodrome d’Antony : celui-ci doit donc pouvoir répondre à la demande locale.

Passe vaccinal

Le gouvernement veut aujourd’hui remplacer le passe sanitaire par un passe vaccinal. Il s’agit bien sûr de continuer à pousser à la vaccination. Dans un premier temps, les deux principaux partis d’opposition à l’Assemblée et au Sénat, LR et le PS ont annoncé qu’ils voteraient favorablement. Cette position est évidemment le reflet de celle d’une majorité de Français, dont ces partis tiennent compte : ceux-là n’en peuvent plus de cette épidémie et considèrent que la vaccination doit leur permettre de revivre normalement (« comme avant »). La vaccination ne supprime pas tout risque létal, mais le réduit suffisamment pour envisager une vie sociale normale (même si les gestes barrières ne disparaissent pas).

Le 11 janvier, le Dr Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire, estimait que les États-Unis pourraient être «au seuil » d’une période de transition, après laquelle il deviendra possible de « vivre avec » le virus. Ce passage à une phase endémique et non plus pandémique, concerne aussi les pays européens : le Covid sera toujours là, mais un virus parmi d’autres, comme la grippe, ne saturant plus les systèmes de santé.

A noter sur le même sujet :

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 14 janvier 2022

    Ce soir, on a de bonnes raisons de penser que le pic est atteint :
    nombre de cas ce jour égal à celui d’il y a 7 jours
    baisse du nombre de cas depuis 2 jours en Ile de France
    taux de positivité (pourcentage de tests se révélant positifs) en baisse depuis plusieurs jours
    baisse du nombre de personnes en soins critiques, en lien avec la baisse observée du nombre de cas delta

    A confirmer!

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