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Plan climat Vallée Sud : entretien avec Jacqueline Belhomme

S’il est un sujet qui mobilise nos communes toutes couleurs politiques confondues, c’est bien la lutte contre le réchauffement climatique. La prise de conscience, bien qu’encore très variable, a grandi dans le monde. Les États communiquent ensemble. De jeunes stars se sont imposées. L’agenda, quand il n’est pas consacré à la guerre, est à l’urgence écologique. Logique de voir que localement, on se mobilise aussi. Heureusement même. Jacqueline Belhomme n’est pas seulement maire de Malakoff. Elle est vice-présidente de Vallée Sud Grand Paris[1] (VSGP) en charge du développement durable.

La démarche est bien documentée dans le PCAET (Plan Climat Air Énergie du Territoire)[2]. Mais quel en est l’avancement ?

Un bilan de l’existant

La Gazette de Sceaux (LGdS) : Le site de VSGP parle du PCAET comme « des leviers stratégiques permettant de réduire les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre, et d’améliorer la qualité de l’air. » Dans quel le contexte a-t-il été élaboré ?

Jacqueline Belhomme (JB) : Le PCAET s’inscrit dans la logique de la métropole du Grand Paris qui a produit un PCAEM (M pour Métropole). C’est une sorte de schéma directeur global auquel les différents PCAET doivent se conformer. C’est une nécessité. Il serait inconséquent de ne pas coordonner les actions sur un ensemble aussi interdépendant qu’est la Métropole. Les PCAET sont établis pour six ans. Le nôtre a été adopté le 30 mars 2022 en Conseil de Territoire.

Le processus d’élaboration a commencé par une phase de recensement de ce qui se fait dans les communes. Une large concertation avec les habitants a été organisée lors d’ateliers participatifs. Les associations ont été sollicitées. Et, bien sûr, les élus des onze villes du Territoire se sont impliqués. Je veux souligner qu’on s’est efforcé de communiquer sur les réseaux sociaux et le résultat en a été positif. Le numérique a permis une concertation plus ouverte que les réunions par ville qui, en général, attirent les mêmes personnes.

Le covid et les municipales (qui ont conduit à des changements d’élus) ont ralenti le processus. Mais le voilà bien reparti. Une prochaine réunion d’élus est prévue en janvier.

Un point important à comprendre est que, pour de nombreuses actions, de grosses études sont nécessaires. Et elles ne sont pas simples. Pensez aux transferts de voirie ou d’équipements importants jusque-là gérés par les communes.

60% des actions prévues ont démarré

LGdS : Où en est-on actuellement ?

JB : Rappelons d’abord notre objectif principal : la réduction de 40% d’émissions de gaz à effets de serre en 2030. Citons aussi d’autres objectifs majeurs.

  • Atteindre 100% de déchets valorisés d’ici 2030,
  • Atteindre 100% des logements rénovés énergétiquement d’ici 2050,
  • Diminuer de 45% de déchets sur le territoire d’ici 2050, avec une large diffusion des composteurs,
  • Atteindre 15% de déplacement à vélo d’ici 2050.

Pour atteindre ces objectifs, une cinquantaine d’actions ont été définies (53 pour être précise) qui contribuent à 10 projets phares. Sans surprise, ils abordent les gros postes de réduction de la consommation énergétique que sont les bâtiments, les déplacements, les entreprises. En ce qui concerne le chauffage des bâtiments, le territoire a engagé des projets sur la géothermie, l’hydrogène. Pour le solaire, des études de cadastrage ont été lancées pour explorer ses potentialités. Au total, 60 % des actions du PCAET ont déjà été initiées.

Un démonstrateur transversal

LGdS : Le démonstrateur écologique fait partie des projets phares. Il est destiné à montrer concrètement les potentialités et à faire évoluer les mentalités. Quel est son avancement ?

J. B. Le terrain à Châtenay-Malabry est en cours d’acquisition. Des contentieux ont ralenti le processus. Mais le premier coup de pioche est prévu pour 2023.

Il comporte différents volets :

  • Une école du développement durable, à comprendre comme un lieu de de création de projets éducatifs territoriaux au service de l’Education nationale et des services Jeunesse des villes (pour le périscolaire par exemple). La définition précise de ses missions est en cours.
  • Un site de production d’hydrogène (la distribution est plutôt prévue sur un site SNCF à la limite entre Bagneaux et Châtillon)
  • Un showroom pour la SEM Vallée Sud Renov
  • Un site de « renaturation » destiné à inscrire de la biodiversité dans le territoire
  • Un site de logistique urbaine (dernier km)
  • Une recyclerie territoriale

Le groupe de travail animé par Benoît Blot contribue à ce projet. A VSGP, le maire adjoint au Plessis-Robinson a la charge du PLUi, du traitement des ordures ménagères, de l’hydrogène.

LGdS : Vous avez cité les déplacements comme un autre axe important. Comment s’accorde votre action avec IdFM ?

Les domaines de responsabilités sont très différents. En ce qui concerne les bus, VSGP s’occupe de lignes internes aux communes. Elles sont au nombre de 10. Le nouveau marché a été gagné par Transdev. Les parcours ont été revus en fonction des études faites dans les villes. Leurs cibles principales sont les scolaires, les personnes âgées et les personnes handicapées. Ils prennent en compte les trajets des bus IdFM, mais aussi de contraintes de propreté des véhicules.

En revanche, les liaisons intercommunales sont considérées comme du domaine exclusif d’IdFM. Il n’est pas question d’empiéter sur leur domaine.

Etienne Langereau (maire de Montrouge) est le vice-président VSGP en charge des transports et de la mobilité. Il travaille aussi sur le schéma territorial vélo. Un des enjeux majeurs est d’assurer la cohérence entre les différentes mobilités locales. Mais, j’insiste sur un point, la mise en place se fait en fonction des villes, de leurs contraintes et de leurs choix.

Un gros sujet est le transfert de voiries, actuellement gérées par les communes, vers le territoire. Il avance mais, comme il induit des gestions complexes, les études prennent du temps et c’est normal.

Un projet global sur l’énergie

LGdS : Le territoire a choisi de développer fortement la géothermie pour répondre aux besoins énergétiques de ses habitants. Il semble même que vous ayez l’ambition d’en faire la 1re source d’énergie produite localement.

JB : La géothermie vise prioritairement les équipements des services publics et les logements collectifs à commencer par ceux gérés par les bailleurs sociaux. Elle s’est imposée à toutes les communes comme une solution prometteuse. Cela dit, les situations sont assez différentes. Malakoff ou Bagneux ont des structures existantes. A Malakoff une SPL[3] avec le SIPERREC. Le Plessis-Robinson mène des études avec Clamart. Fontenay-aux-Roses a pris la décision de construire un puits et s’est associée avec Sceaux et Bourg-la-Reine. Châtillon est intéressée par les infrastructures de Bagneux pour la partie proche seulement. Le nouvel écoquartier LaVallée à Châtenay-Malabry bénéficiera lui aussi de la géothermie.

Source VSGP

Les mises en œuvre seront donc différentiées, ce qui n’est pas un handicap dans la mesure où toutes contribuent au même objectif. Les travaux (creusement des puits et installation du réseau) prendront un temps assez long : les premières mises en service ne sont pas attendues avant 2025/2026.

Des décisions restent à prendre par les communes. Transfert ou non vers le territoire de la compétence géothermie, choix d’organisation entre SPL et SEM[4]. Les décisions relèvent des maires et seront faites au 1er trimestre 2023. Un élément de difficulté est que la géothermie nécessite des travaux de voiries importants, ce qui immanquablement provoquera du mécontentement, même si les bénéfices sont évidents.

La géothermie approvisionnera en priorité les installations communales, les logements sociaux et les grandes résidences. Mais d’autres raccordements seront possibles là où passera le réseau.

Accompagner les besoins en diagnostics thermiques

LGdS : D’autres points vous semblent-ils avancer ?

JB : Oui, bien sûr. Nous avons des actions sur des thèmes qui se sont imposés à tous, mais qu’il faut continuer à accompagner. Pour rénover l’ensemble du parc de logements d’ici 2050, il faudra en rénover 7 000 par an. La SEM Vallée Sud Renov, créée il y a quelques mois, vise à accompagner pavillons et copropriétés dans les diagnostics d’efficacité thermique et la définition des besoins, mais aussi dans la recherche de financements et le bouclage des dossiers.

Elle est située à Fontenay et son président est Benoît Blot. Elle est un élément important pour l’information sur les travaux nécessaires, les modes de financement, les entreprises locales compétentes.

Il y a également les ressourceries recyclages qui font la démonstration de leur efficacité. Le succès est croissant avec l’ouverture partout de Repair café, de fablabs, de circuits d’économie sociale et solidaire. Cela témoigne de l’évolution des mentalités et y participe. L’économie circulaire doit être à mon avis plus soutenue.

Le ramassage des encombrants à la demande a été mis en place dans la partie sud du territoire où une déchetterie est disponible. C’est un peu plus compliqué au nord où le lieu reste à trouver et à construire. On espère y parvenir pour 2024.

Jouer le jeu

LGdS : Si vous aviez à caractériser la valeur ajoutée du Territoire, comment la résumeriez-vous ?

JB : Initialement cette structure a été imposée. Personnellement, j’avais de fortes réserves. Les territoires visent, il me semble, à affaiblir l’échelon communal. Les territoires comme la métropole ne lèvent pas d’impôts. De sorte que leur action consiste d’abord à chercher des subventions pour assurer les responsabilités qu’ils sont censés prendre.

Mais je joue le jeu. Il faut être pragmatique dans l’intérêt des populations. Cette structure est capable de créer un dynamisme et il ne faut pas rester sur la touche, en regardant le train passer et en restant sur le quai. Autrement dit, ne pas se contenter d’être de simples spectateurs d’évolutions qui, de toute façon, ont lieu.

Les quelque 400.000 habitants du territoire permettent des économies d’échelle évidentes. C’est un lieu de collaboration entre les communes qui permet de lancer des projets inaccessibles à une commune seule. Je prends un simple exemple. La reconstruction du stade nautique Malakoff Châtillon avec sa piscine de 50m, son énergie positive, son bassin à plongeon aurait été impossible sans le territoire et sa vice-présidente aux sports, Nadège Azzaz.

S’il ne faut pas idéaliser VSGP, il faut que chaque ville s’y retrouve et bénéficie de sa dynamique.

Source VSGP

[1] Le territoire Vallée Sud Grand Paris regroupe 11 communes : Antony, Bagneux, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Châtillon, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Le Plessis-Robinson, Malakoff, Montrouge, Sceaux.
[2] Un quiz est disponible en ligne qui combine le ludique et l’informatif.
[3] « Les collectivités locales et leurs groupements possèdent de véritables outils entrepreneuriaux pour mener à bien leurs projets tels que les sociétés d’économie mixte ou encore les sociétés publiques locales. Elles sont créées par une délibération de la collectivité territoriale. Les acteurs publics choisiront de créer une SEM s’ils souhaitent s’allier à des compétences privées, ou une SPL s’ils souhaitent contracter directement avec une structure privée, qu’ils contrôleront étroitement. » Source.
[4] Voir note ci-dessus.

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier 11 janvier 2023

    La révision du SDRIF sera l’occasion de réfléchir à l’urbanisation. la Gazette a prévu de rendre compte de la réunion qui a eu lieu le 4 janvier en mairie à ce sujet

  2. Bonté Bonté 11 janvier 2023

    De belles ambitions auxquelles on adhère. Les réalités locales poursuivent pourtant des stratégies qui ne sont pas en phase avec elles dans une logique de densification passéiste.

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