Pour sa dernière année d’EPF, il est en alternance à la Direction informatique de Danone. Son sujet le passionne : Gestion d’un processus transversal et analyse de données. Il aime l’environnement international dans laquelle il travaille, avec des connexions venant du monde entier. Itinéraire d’un élève ingénieur.
Le cursus de Quentin Arnoux suit un modèle assez courant : deux premières années de prépa intégrée à l’EPF, avec les incontournables maths, physique, chimie, mécanique, langues, informatique, couplés toutefois avec des projets. Une 3e année, avec l’approfondissement en maths et physique arrivent électricité, électronique, automatisme, mécatronique. En 4e année, il se spécialise en Engineering et Management qui comprend des domaines comme les chaînes logistiques, les finances, l’analyse de risques.
En 5e, il se spécialise en sciences des données (data science, dans le langage courant 😉). Les épreuves théoriques se terminent en décembre dernier. Il est chez Danone depuis 8 mois.
Des études plus ouvertes qu’on le croit
Quand on le questionne sur les qualités requises pour suivre des études d’ingénieur, Quentin Arnoux répond simplement « qu’elles sont le lot de toutes et tous si on s’en donne les moyens. » Pas besoin d’être un phénix. « Il faut être attiré par la pluridisciplinarité. On étudie des disciplines très différentes et il faut avoir une curiosité qui s’adapte même si on a ses préférences. » Il s’est attaché à ce que les siennes pour l’informatique et la gestion ne bloquent l’acquisition des connaissances dans les autres disciplines.
« Ensuite, il faut une certaine force de travail, surtout les deux premières années. » On retrouve le principe appliqué dans tous les enseignements supérieurs à visée sélective (professionnalisante). L’idée est de dissiper dès le début toute ambiguïté sur l’effort et la volonté nécessaires pour réussir le cursus. Si l’écart est trop grand, autant partir tout de suite.
Comme j’évoque le goût pour les matières scientifiques, il précise : « un goût pour les découvrir, plutôt qu’a priori ». Bien vu. On est à nouveau dans la curiosité, un trait de caractère qui semble très présent chez Quentin Arnoux. On le retrouve quand il évoque la nécessité de l’autoformation, comme une volonté personnelle pour conserver sa compétence, « pour s’adapter aux fluctuations du monde. »
Revenant au cursus, il mentionne une exigence que l’EPF impose à ses étudiants : entrer dans une association. L’engagement personnel dans un collectif est considéré par l’école comme un élément clé de la formation. On comprend bien. En ce qui le concerne, il a doublé la mise. Il est dans EPF Eloquence dont il fut président et où il continue d’agir ; il participe d’autre part à l’excellente Junior d’entreprise EPF-Projets, contribue à la recherche de partenaires, aux réponses aux appels d’offres pour des prestations auprès de grandes entreprises. Ce sont des expériences dont la richesse s’entend à l’enthousiasme qu’il montre quand il en parle.
Dans son esprit, elles le préparent à son futur métier d’ingénieur. Il le voit comme fondamentalement collectif. Deux ou trois ans en arrière, il aurait volontiers imaginé le métier seul face à la machine qu’elle soit de CAO ou de développement logiciel. Une vision de jeune étudiant à l’image de sa scolarité. « Avec les stages en entreprise, j’ai compris que les rôles sont totalement interconnectés. Il y a plein d’intervenants. Chacun apporte son expertise. » Le travail en solo n’est pas sa tasse de thé. Ni en usine d’ailleurs.
Engagements
Depuis 2 ans investi au sein de la FFDE (Fédération française de Débat et d’Eloquence), il en est actuellement secrétaire général. Cette fédération regroupe toutes les associations de France et de Belgique, principalement venant du Droit et du Commerce. Peu d’ingénieurs (j’espère in petto que leur part augmentera). Ses activités principales sont par ordre d’investissement l’organisation d’événements nationaux et la vérification du respect des statuts (tenue des Assemblées générales, des réunions, etc.).
Ce fut, récemment, le jeudi 17, un événement de taille. Le thème ? Le procès de Juda ! Rien de moins. Où ? A l’église Saint-Eustache, tout près du Louvre. Une préparation d’enfer (si on peut invoquer ici les bords du Styx) fut nécessaire et c’est le bureau tout entier, entouré de dizaines de bénévoles qui se sont agités comme des beaux diables (encore). Les plaideurs étaient à la fois des étudiants et des avocats professionnels. Ce type de mélange donne au concours un niveau pédagogique exceptionnel. Les 250 participants ne s’y sont pas trompés.
Entre l’éloquence et l’engagement, il y a un pas que Quentin Arnoux franchit aisément. Car, pour lui, l’éloquence porte au débat et le débat aux idées, à l’envie d’échanger. Elle permet de prendre confiance en soi. « On est ridicule les premières fois. Et puis, en s’accrochant, on s’améliore. On s’exprime mieux. »
Il veut mettre son acquis au service de causes environnementales. « C’est vraiment la priorité. Sinon on ira droit dans le mur ! » La position ne relève pas chez lui d’un engagement partisan. Il veut agir dans le local, le quotidien, le basique. Il n’a pas besoin de grands discours comme les partis peuvent en produire. Il veut des actes. Son espoir est que les gens, même si leurs intérêts sont a priori opposés, peuvent se rassembler autour de projets.
Il croit en la parole. Il la croit capable de fédérer autour d’une vision. Il espère joliment « laisser parler librement la parole. » On pense aux mots de Tristan Tzara dans l’Homme approximatif « je parle de qui parle, qui parle je suis seul ». Mais Quentin a 23 ans et les murs de solitude n’enferment pas son horizon. Il va quitter l’EPF en juin pour se lancer, les études achevées, dans la carrière. Il a devant lui un vaste univers, très ouvert, très indéterminé, dans lequel on le sent résolu d’entrer.