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Photos de Sceaux d’hier et d’aujourd’hui

Les Amis de Sceaux ont publié un beau numéro hors-série sur l’histoire de la ville. Basé sur la photographie, il exploite la profondeur temporelle qui se dégage de vues d’un même lieu prises à des décennies d’écart. Les photos contemporaines sont Jean-Pierre Bornet ; elles répondent aux photos anciennes des Archives municipales et des Amis de Sceaux également. Le texte de Martine Grigaut restitue les contextes et les lieux.

Le titre du numéro est Chronophotographie de Sceaux. Il faut y voir un clin d’œil à la technique qui consiste « à prendre une succession de photographies, permettant de décomposer chronologiquement les phases d’un mouvement (humain ou animal) ou d’un phénomène physique, trop brefs pour être observés convenablement à l’œil nu. »[1] Technique séculaire ; elle était connue à la fin du XIXe siècle. Le bulletin ne décompose certes les fort nombreuses années qui se sont écoulées depuis la construction d’un bâtiment et nos jours. Mais, l’inspiration y est. C’est bien cette volonté de montrer le temps qui passe à travers des différences photographiques qui a inspiré les auteurs.

Pierre Jaillard, dans sa préface, le dit de façon cocasse : « Il suffit de revenir sur les lieux où la photo fut prise jadis et c’est le jeu des 7 erreurs. » De belles erreurs en l’occurrence avec les marques du temps que sont les costumes, les véhicules, les devantures, la patine des murs, la végétation, la pose des passants devant le photographe.

Relevés par-ci par-là

La ville est parcourue de l’est à l’ouest et du sud au nord. Impossible de passer en revue les maints détails et les maintes explications qui sont apportés. Et puis rien ne vaut l’original. Aussi, picorons quelques exemples qu’on espérera parlant.

Dans le quartier de l’Église, l’entrée du petit château n’a pas changé en un siècle. Le fronton semble identique malgré la rénovation commencée en 2019. Dans le quartier du Centre, c’est l’entrée de la Ménagerie par la rue de Penthièvre et le boulevard Colbert qui attire l’attention. Le bâti n’a pas changé dans sa structure et pourtant les deux vues semblent étrangères l’une à l’autre. Oui, c’est le même lieu. Mais si on ne le sait pas, on ne le devine pas.

Dans le centre encore, le changement profond qu’a connu la rue Houdan partie piétonne est bien résumé par la juxtaposition de la fromagerie Verdot et du restaurant (avec salon au 1er étage !) dont elle a pris la place. Face à elle, le côté pair de la rue n’existe plus ; on apprend qu’il a été démoli en 1960.

En avançant dans le bulletin, avec le quartier administratif, c’est tout un historique de la Poste et de l’Hôtel de ville qu’on découvre avec leurs différentes positions, la croissance dans leurs capacités, les évolutions architecturales. Ensuite, on se rapproche des Quatre-chemins en descendant la rue Houdan (non piétonne ici) et le rapprochement entre la pharmacie de Geneviève Lacour qui fut ouverte en 1906 et l’agence immobilière De Kerangat qui s’est installée en 1998 montre à quel point la rue s’est élargie. Le bulletin parle de cinq à six mètres de plus. En tout cas, l’ancienne rue Houdan y paraît bien étroite. D’autant qu’y passait un tram, le 128, comme le bus d’aujourd’hui.

Les curieux sur l’histoire des gares trouveront de jolis panoramas sur celle de Robinson et celle de Sceaux. La première, ouverte en 1893, desservait les guinguettes qui faisaient la réputation du coin, mais abritait aussi une large halle aux marchandises. La seconde, ouverte la même année, a bien moins changé que la première. Son bâtiment principal, du moins qui, billetteries automatiques mises à part, est resté d’une même allure. Vous verrez.

Le passé rural des Blagis est bien illustré de deux cartes postales bien éloquentes et de rappels sur le rôle de maître Renaudin dans la création de jardins ouvriers. Ensuite, une place est donnée aux constructions des années 1960, celles que nous connaissons aujourd’hui. Une carte postale dit à elle seule la fierté qui accompagna la construction des Bas-Coudrais. Ils étaient signe de modernité architecturale, de confort et d’équilibre avec la végétation.

Le bulletin se termine par le lotissement du parc de Sceaux avec notamment une étonnante publicité de 1923. Le conseil général de la Seine a acheté le parc de Sceaux à la princesse de Faucigny-Cystria, il en a loti une partie et vend des parcelles à acheteurs décidés à faire bâtir. La publicité vante la disponibilité de l’eau, du gaz, de l’électricité et du tout à l’égout ; la prochaine électrification de la ligne de chemin de fer Paris Limours, la proximité du tramway 88. Et bien d’autres choses.

Vous avez compris le parti pris. On est revenu sur les lieux, on les retrouve, on les redécouvre ; ils sont mis en perspective. « On aimera repérer les permanences et reconnaître les évolutions, pour s’en féliciter ou les regretter selon les goûts de chacun, dit Pierre Jaillard. »

Ce hors-série est disponible à la maison du Tourisme, à l’entrée Houdan de la Ménagerie, en écrivant à l’adresse des Amis de Sceaux ou à la Gazette qui transmettra. Une participation aux frais de 15 euros est demandée. Elle est très honnête eu égard à l’iconographie et au travail de reconstitution de Jean-Pierre Bornet et Martine Grigaut. On peut aussi la voir comme une volonté d’avoir chez soi un peu de la mémoire de la ville. A consulter comme un album.


[1] Pour plus de détails, voirWikipedia

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