Un passager clandestin est un «passager embarqué en cachette, sans autorisation ni titre de transport». Cette idée est assez commune chez la plupart d’entre nous. Ce qui est probablement moins connu, c’est le fait que ce concept est utilisé en économie pour des situations plus générales. Celles où des personnes utilisent des services (en particulier des biens publics), sans les payer ou sans participer à leur financement, soit par une manœuvre volontaire soit en exploitant une défaillance de l’organisation.
Deux exemples sont souvent donnés : celui du non-syndiqué (ou du non-gréviste) qui profite des actions menées par les autres, et celui qui refuse de se faire vacciner, mais profite de l’immunité collective acquise grâce à ceux qui sont vaccinés.
Dans certains pays, des avantages ne profitent qu’aux syndiqués. C’est le cas pour l’assurance chômage en Suède, ce qui est considéré comme une des raisons du très haut taux de syndicalisation dans ce pays. En France, on a connu des secteurs où l’affiliation au syndicat était obligatoire (dans le Livre, chez les dockers) avec les dérives que cela a pu faciliter. Cela reste un des éléments de réflexion sur le syndicalisme en France.
Le deuxième exemple résonne bien sûr avec l’actualité. Se faire vacciner, c’est prendre le risque d’effets secondaires. Ceux-ci peuvent être légers, mais rarement nuls. La balance bénéfice/risque est toujours largement favorable (sinon le produit ne serait pas autorisé) du point de vue individuel, bien sûr. Mais du point de vue collectif encore plus nettement, car l’immunité collective permise par un nombre suffisant de vaccinés est indispensable pour ceux qui ne peuvent pas être vaccinés pour diverses contre-indications : femmes enceintes, immunodéprimés etc.
Même si la méfiance est souvent la première motivation des antivaccins, souvent pour des raisons de type complotistes, l’attitude du passager clandestin est à rapprocher du type « NIMBY » (faites ce que je dis, mais pas dans mon jardin). Elle est aussi révélatrice d’une époque marquée par une montée de l’individualisme et un recul du sens collectif.
Auteur de la photo : Префектура Северного административного округа г. Москвы