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Bêtisier #8 : les politiques

Médecine de catastrophe

En médecine de catastrophe (et l’épidémie de Covid-19 est une catastrophe de grande ampleur), le pire ce sont toutes les interventions qui viennent polluer l’organisation de la catastrophe. C’est ce que nous expliquait Julie Oudet, chef de service d’urgences à Toulouse et formée à la médecine de catastrophe, dans l’article « Covid, faire bonne mesure ».

Depuis le mois de mars, on ne peut qu’observer une pollution massive des messages que les responsables de la lutte contre l’épidémie ont essayé de faire passer. Le fait qu’une partie de ces messages ait varié au fur et à mesure que l’on comprenait mieux la maladie n’a pas vraiment arrangé les choses.

Ces variations et hésitations ont porté sur deux sujets. Le premier a concerné les arbitrages (effectivement peu simples) entre économie et santé, arbitrages qui ont assez logiquement évolué selon la circulation du virus, au risque d’une incompréhension. Le second a concerné le port du masque, non recommandé au départ, à la fois parce que c’était la recommandation de l’OMS et parce que de toutes manières on en manquait.
L’opposition était légitime de pointer l’absence d’anticipation dans la gestion du stock de masque. N’ayant par ailleurs pas grand-chose à proposer de différent de la politique menée, elle a beaucoup insisté sur ce point, du moins en ce qui concerne l’opposition LR, la plus importante à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

La dernière invention de certains leaders (par exemple Philippe Juvin, dans le JDD avec une tribune co-écrite avec A Jardin, bien connu pour ses compétences en médecine et en production industrielle) : pourquoi ne pas racheter les licences de Pfizer ou Moderna et faire produire les vaccins par Sanofi ou autre ? Bien sûr! Il suffit d’appuyer sur un bouton et l’usine X produit ce dont on a besoin! Pourquoi ne pas demander à Michelin ou Renault pendant qu’on y est ? Estimation d’un spécialiste : Sanofi ou Novartis ne fabriqueraient pas des vaccins mRNA en moins d’un an

Positions politiques

Il faut dire que les partis politiques ont tous été pris par surprise par la force de l’irruption du Covid dans l’actualité. On l’a vu quand ils sont sortis de la réunion du 12 mars, où on leur a demandé s’il fallait maintenir ou pas le premier tour des municipales : ils tombaient des nues. Sans surprise, pris dans les problèmes du moment (lois sur les retraites et préparation de ce premier tour), ils n’avaient pas conscience de la gravité de la situation. Ils avaient pourtant été alertés par le gouvernement lors d’une réunion le 28 février.

Il faut distinguer trois catégories d’intervenants politiques :

  • Des individualités qui expriment un sentiment personnel, dont on ne peut pas estimer qu’il engage leur parti
  • Des responsables importants s’exprimant en fonction d’une situation locale ou d’une stratégie personnelle
  • Les leaders exprimant le point de vue du parti

Individualités

Parmi les individualités qui se sont démarquées de leur parti, on citera par exemple Martine Wonner (ex LREM) ou le sénateur LR Alain Houpert, tous les deux médecins, mais qui n’ont pas fait honneur à leur formation initial en apparaissant dans le « documentaire » Hold Up.

Responsables importants

Dans le deuxième catégorie, on trouve un certain nombre de responsables qui ont soutenu D. Raoult et ses prétentions. Ils ont été assez nombreux chez L.R. du moins au début (Bruno Retailleau par exemple). Le président de la région PACA, Renaud Muselier, persiste dans cette attitude encore aujourd’hui.

On a aussi des responsables de grandes villes (Paris, Lille, Marseille …) qui n’hésitent pas à vouloir donner des leçons de gestion de la pandémie, mais qui n’ont que su dire « attendez un peu monsieur le bourreau » quand la question s’est posée de mesures spécifiques chez eux.

Faut-il parler de Ségolène Royal qui croit encore pouvoir être candidate à la présidentielle de 2021 et qui semble prêt à toutes les déclarations contredisant celles faites auparavant ? Qui n’hésite pas à verser dans le populisme le plus crade en estimant que notre pays aurait du déjà recevoir non pas 2 millions de dose de vaccins mais 20 millions.

Le cas de Michèle Rivasi est particulier. Elle a continué sa petite musique consistant à semer systématiquement le doute sur les vaccins. Faut-il la considérer comme une individualité au sein d’EELV, ou comme un responsable important ? Elle était deuxième de la liste aux européennes et elle a recueilli plus de 45 % des voix lors de la primaire au sein de son parti pour la présidentielle de 2017. Le 25 avril, elle publie un tweet où elle fait état de ses doutes sur l’efficacité d’un éventuel vaccin contre le covid-19 du fait, selon elle, de la capacité de mutation du virus. Elle est désavouée publiquement par Y Jadot.

Chefs de partis

Les responsables des partis ayant exercé le pouvoir dans la décennie précédente (LR et PS) sont restés dans le cadre d’une opposition classique, sans remettre en cause le bien fondé des principales mesures prises contre la pandémie mais en contestant telle ou telle modalité. Les Républicains ont plaidé pour une plus grande implication des acteurs locaux, entre autres pour pouvoir mettre en avant un rôle utile de leur part dans l’action contre la pandémie.

Aux extrêmes et sans surprise, il n’en est pas de même. Les Dupont Aignan, Philippot ou Asselineau continuent à défendre l’HCQ alors qu’ils sont très critiques contre le vaccin, montrant ainsi tout le mépris qu’ils ont pour les preuves scientifiques et leur préférence pour les rumeurs et les mensonges. Mais qui peut s’en étonner ?

Les attitudes respectives de Marine Le Pen et de Jean Luc Mélenchon sont plus utiles à observer.

Marine Le Pen a promu Raoult et critiqué le vaccin quand c’était la mode. Mais elle est restée ensuite prudente dans les deux cas, comme sil elle évitait de prendre le risque qu’on puisse le lui reprocher l’an prochain. Il est vrai que sa stratégie a toujours été de rester en retrait et d’engranger les votes. Ses lieutenants, comme Bardella ont pris des positions un peu plus tranchées à sa place.

Jean Luc Mélenchon a été beaucoup plus loin dans la critique du gouvernement, donnant le sentiment qu’il s’agit de sa principale boussole (être contre). Du coup, il est extrêmement critique contre les vaccins, sans tenir compte du fait que le point de vue de la population est en train d’évoluer rapidement sur le sujet.

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 1 février 2021

    Merci de ce commentaire avec lequel je suis d’accord. mais on ne peut pas tout dire en un seul article. c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y en a déjà eu 8 !
    je pensais faire un bêtisier 9 sur les médias

  2. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 1 février 2021

    Voilà un tour de piste éclairant. Peut-être un peu court ?
    L’article est intitulé : Bêtisier #8 : les politiques. C’est clair il va être question des politiques, c’est-à-dire ceux qui s’affichent comme tels.
    Toutefois, je pense que cette revue aurait gagné en impartialité en faisant aussi un tour du côté des médias et des réseaux sociaux tant il est devenu évident que leur «  »poids politique » est devenu incontournable, comme on dit maintenant !

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