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Bêtisier #1 : Pas plus de morts qu’avec les trottinettes

Si cette déclaration de Didier Raoult en début d’année parait aujourd’hui totalement irréelle, des voix s’élèvent pour contester le décompte des morts attribués à la Covid et/ou trouver extrêmement exagéré le chiffre de 400 000 morts si la pandémie s’emballe.

Les chiffres de la mortalité sont -ils corrects ?

C’est donc le médecin qui juge à quelle cause il faut attribuer le décès qu’il est chargé de constater. Il le fait à partir du tableau clinique et des événements antérieurs au décès. Ce n’est pas un problème dans un hôpital où les patients sont surveillés très régulièrement (voire en permanence) et ont subi un test qui montrait qu’ils étaient positifs au Covid. Cela peut l’être un peu plus quand la personne est décédée dans un établissement médico-social (Ehpad notamment) et a fortiori quand il est décédé chez lui, sans qu’un test ait été fait.

En France, tout décès doit faire l’objet d’un certificat signé par un médecin. L’article L2223-42 du code général des collectivités territoriales précise : « L’autorisation de fermeture du cercueil ne peut être délivrée qu’au vu d’un certificat, établi par un médecin, attestant le décès. Ce certificat, rédigé sur un modèle établi par le ministère chargé de la santé, précise la ou les causes de décès. »

En ce qui concerne la classification des décès dans les Ehpad, Olivier Véran a lui-même tenu à apporter des précisions, en réponse à la question d’un député. « En Ehpad, s’il y avait un cas Covid dans l’établissement (et donc une épidémie identifiée), et qu’un décès était suspecté comme Covid, on l’identifiait et on le reconnaissait comme Covid », a indiqué le ministre de la Santé. « On ne faisait pas de PCR post-mortem. Cependant, si quelqu’un mourait d’une autre cause, d’un cancer ou d’une autre pathologie et qu’il n’y avait pas lieu de suspecter un Covid, il n’y avait pas indiqué Covid. »

Le 10 novembre, les décodeurs du Monde ont publié un article détaillé sur le sujet. Des Fake news ont également été signalées ici ou , ou encore .

L’INSEE a étudié la surmortalité pendant les mois de mars et avril. Elle est de 26891 si on compare avec la même période de 2019 et de 18835 si on compare avec 2018, tout à fait comparable avec les 24352 décès Covid enregistrés en mars/avril. L’analyse par région ou par lieu de décès (Hôpital, Ehpad, domicile…) est également conforme à une surmortalité Covid. A noter que les décès des moins de 50 ans ont baissé sur la période (beaucoup moins d’accidents de la route ou autres morts violentes).

Combien de morts si l’épidémie s’emballe ?

Si on laisse faire l’épidémie sans mesures propres à empêcher sa progression, combien fera-t-elle de victimes ?

Une première solution consiste à partir de la mortalité de la première phase (25 000 environ à fin avril) et à l’étude de l’institut pasteur sur la séropositivité de la population. A l’époque, il y aurait eu 4,4 % de la population française ayant déjà rencontré le virus. On peut à partir de là faire une règle de trois en fonction du nombre de personnes touchées si la maladie s’emballe.

Quelle proportion de la population sera touchée en cas d’emballement ?

Une première réponse est celle du niveau d’immunité collective, soit pour la Covid autour de 70 %. Dans ce cas, on aurait 25 000 x 70/4,4 soit environ 400 000. C’est de ce calcul que sort les 400 000 décès cités par E Macron dans sa dernière allocution.

Cette valeur de 70 % pourrait être surestimée : il est possible qu’une partie de la population soit naturellement immunisée pour avoir rencontré auparavant des virus ressemblant à celui de la Covid 19. C’était l’hypothèse de Yonathan Freund, un médecin qui en déduisait en juin qu’il n’y aurait pas de deuxième vague mais qui a reconnu s’être trompé en septembre. A Bombay, les tests sérologiques ont montré que 57 % de la population des bidonvilles avait développé des anticorps.

Plusieurs arguments plaident au contraire pour penser que les 400 000 morts évoqués sont une fourchette basse :

  • L’immunité collective ne fonctionne que si le virus arrive par quelques personnes dans une population déjà largement immunisée. En cas d’épidémie rapide (donc avec beaucoup de personnes contagieuses), il est probable que le taux de contaminés atteigne des valeurs proches de 100 %
  • Si les hôpitaux sont débordés, il y a un risque important que le taux de mortalité soit plus important. Entre le début de l’épidémie et le mois de mai, le taux de mortalité dans les hôpitaux est passé de près de 30 % à 15 % environ. Sans soins hospitaliers, on risque une mortalité multipliée par un taux compris entre 2 et 6.

Ceux qui trouvent ces 400 000 trop élevés examineront avec intérêt ce qui s’est passé pendant la première phase dans les Ehpad de Sceaux. Sur 4 maisons de retraite, il y a eu 39 personnes testées Covid +, et 21 décès pour cette cause, soit plus de la moitié. Il y a environ 700 000 personnes en Ehpad en France…

En guise de conclusion

Faut-il confiner toute la population pour éviter 400 000 morts ? On peut poser la question, mais minimiser le risque n’est certainement pas la meilleure manière de traiter le problème.

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