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Rentrée littéraire à la librairie de Châtenay

Vendredi 20 septembre, Vanessa Colnot avait organisé une « petite réunion façon meeting », non pas sur une péniche ou ni pour comploter comme dans les Tontons flingueurs, mais chez elle, à l’Ilot Livres, rue Jean Longuet en face ou presque de l’école Pierre Brossolette.

Autour d’une table dressée dans un côté de la librairie, des « personnages en quête d’auteurs » présentaient leurs coups de cœur de la rentrée. Parmi les 459 romans qui viennent de paraître, un tiers environ est de littérature étrangère (ce qui place la France sur le podium de la traduction). Une bonne occasion de la découvrir. Vanessa Colnot avait fait ce choix et une quinzaine romans ont été présentés. Évidemment, à ce jour je ne les ai pas lus et m’en remets aux notes que j’ai prises. Ne me croyez surtout pas sur parole. Allez plutôt vérifier auprès de Vanessa et à Samantha, les deux ardentes libraires.

Une certitude cependant. Les présentations des livres ont été (plus qu’) enthousiastes. Logique, quitte à présenter des livres autant les avoir aimés. Mais les libraires étaient entourées. Elles avaient autour d’elles des représentants de comités éditoriaux, Gustavo Guerrero pour Gallimard et Florence Barrau pour Phebus, d’Annie Burgade représentante d’Editis. Et tous les cinq ont parlé de leurs lectures avec une gourmandise qui faisait envie.

Chez Phébus

Dans Les adversaires de Michael Crummey, une sœur et un frère se disputent le contrôle du commerce local. L’action se déroule sur l’île de Terre-Neuve. Le roman raconte comment la rivalité et le conflit plongent la communauté dans une spirale de violence. L’intrigue palpitante tient le lecteur en haleine. Apparemment, les personnages sont bien développés autour de motivations complexes (et tordues 😉).

Un ballon sur la banquise de MacDonald Harris est un récit d’aventures. En juillet 1897, un aéronaute suédois, un journaliste américain et un jeune aventurier partent en ballon pour atteindre le pôle Nord. Au fil de leur voyage, Gustav Crispin, l’aéronaute, se remémore son histoire d’amour tumultueuse avec Luisa. À travers des paysages glacés et des défis imprévus, les personnages apprennent à surmonter leurs peurs et à redécouvrir la valeur de l’amitié. Une réflexion sur la résilience humaine et la beauté de la nature.

La couleur noire n’existe pas d’Olivo Greta explore la perception de la réalité d’un personnage qui perd peu à peu la vue. La vie de Livia, une jeune fille talentueuse en course à pied, bascule lorsqu’une maladie dégénérative atteint ses yeux. Aidée par son tuteur Emilio, elle doit réinventer sa manière de vivre et de percevoir le monde. Un récit émouvant et universel sur le passage à l’âge adulte et la résilience, et sur les images qui s’offrent à nous quand nous avons les yeux grands fermés. L’histoire est d’évidence sans rapport avec Eyes wide shut de Kubrick ; on veut simplement croire que les couleurs continuent d’habiter la cécité.

Chez Gallimard

L’Italien par Arturo Pérez-Reverte, se situe pendant la Seconde Guerre mondiale. Elena Arbués, une libraire d’Algésiras, découvre le corps blessé de Teseo Lombardo, un plongeur italien impliqué dans des opérations de sabotage contre les navires britanniques à Gibraltar. En lui sauvant la vie, elle se retrouve plongée dans un monde de guerre et de passion. Ce roman mêle histoire d’amour et drame historique, offrant une plongée captivante dans les conflits de l’époque. Et tous ceux qui aiment Arturo Pérez-Reverte s’y précipiteront sans hésiter.

Bien-être par Nathan Hill, explore la vie de Jack et Elizabeth, un couple vivant à Chicago dans les années 1990. Jack est photographe et professeur d’art, il vient d’un milieu modeste tandis qu’Elizabeth vient d’un milieu aisé et désire devenir scientifique. Le roman oscille entre leur histoire d’amour dans les années 1990 et leur relation vingt ans plus tard, parvenus à une aisance, mariés, parents d’un enfant, semble-t-il, assez tyrannique. Que deviennent leurs désirs, leurs espoirs, leurs convictions ?  Le livre est absolument encensé par la critique.

La lumière vacillante de Nino Haratischwili suit quatre amies, Nene, Ira, Dina et Keto, qui grandissent ensemble à Tbilissi, en Géorgie, pendant la chute de l’Union soviétique. À travers leurs vies entrelacées, Haratischwili explore les thèmes de l’amitié, de l’amour et des bouleversements politiques. Le roman, entre récits entrelacés, offre une « réflexion poignante » sur une période tumultueuse de l’histoire.

Autres éditeurs

Le cavalier du ciel de Jean Rousselot est un roman historique. Carlo de Rose est un jeune officier de cavalerie qui, après avoir été mis aux arrêts pour avoir refusé d’enfoncer la porte d’une église, se retrouve passionné par l’aviation. Pendant la Première Guerre mondiale, il devient un pilote de chasse, combattant au-dessus des tranchées, héroïque et modeste. La fiction nous prend assez pour que celle qui en parlait et qui n’a aucun atome crochu avec l’aviation ait lu le livre sans le lâcher.

Propre d’Alia Trabucco Zerán, raconte l’histoire d’Estela García, une domestique de 40 ans à Santiago, Chili. À travers un monologue lucide et impitoyable, Estela retrace les événements qui ont conduit à la mort tragique de la fillette dont elle s’occupait. Le récit explore les thèmes de la classe sociale, de la culpabilité et des inégalités, offrant une réflexion poignante sur la vie des invisibles.

Dans Célèbre de Maud Ventura, Cléo Louvent rêve depuis sa plus tendre enfance de devenir une star. Prête à tout pour atteindre la célébrité, elle se lance dans une carrière musicale. Le roman explore les coulisses du showbiz, les sacrifices et les manipulations nécessaires pour réussir. Avec un ton incisif et des chapitres courts, Maud Ventura dépeint une héroïne complexe et souvent détestable, tout en offrant une critique acerbe de la quête de la célébrité.

Bienvenue à la librairie Hyunam par Bo-Reum Hwang. Après une reconversion qui marque un profond tournant dans sa vie, Yeong-ju ouvre une librairie. Elle y met tout son cœur et en fait un lieu de rencontre pour des personnages divers, chacun portant ses propres blessures et ses espoirs. Elle garnit ses rayonnages avec passion, invite des écrivains, anime un club de lecture. Un club comme très précisément ce que Vanessa organisait ce samedi 21 septembre. Elle dit qu’elle s’est identifiée au personnage et s’est amusée à se projeter en Corée du Sud. Comme quoi, entre les librairies de Séoul et Châtenay, il n’y a qu’un pas, celui de l’imaginaire romanesque.

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