Si certains complotistes sont allés jusqu’à nier la présence de malades Covid dans les hôpitaux, on peut lire des critiques pointant « une manipulation des chiffres » ou un changement des indicateurs suivis. L’évolution rapide des connaissances sur le sujet comme des moyens de mesure ont pu compliquer la lecture et donner un sentiment de flou volontaire pour ceux qui suivaient le sujet de loin.
Indicateurs Covid 19
« On’ nous dit beaucoup de choses sur l »épidémie. Santé Publique France (SFP) publie de nombreuses données sur la Covid. Elles sont peut-être difficiles à saisir, mais il existe pas mal de données brutes que les observateurs reformulent en graphiques plus lisibles.
Il y a un niveau de transparence élevé, il serait faux croire en de la dissimulation. Le problème est inverse : on risque souvent de se noyer dans l’abondance de chiffres. L’objectif de cet article est de faire une présentation des données disponibles et des sources d’informations.
Les sources d’informations
Sur le site de Santé Publique France, on trouve :
- Le tableau de bord en chiffres;
- Le point épidémiologique hebdomadaire (il paraît le jeudi soir);
- Les données de Géodes, très détaillées.
Si le point hebdomadaire mérite d’être lu, la présentation des autres données n’est pas vraiment attrayante. Plusieurs gestionnaires de données ont donc créé leur propre site, en reprenant les données de SPF pour les présenter de manière attrayante. Aujourd’hui, celui qui est probablement le plus utilisé est Covid Tracker.
A l’international, le mieux est d’utiliser le site Worldometer (un peu long sur mobile) : en cliquant sur le nom des pays dans le tableau, on a des informations plus détaillées sur le pays (on a même les décès par comté aux U.S.A. !). Les notes du conseil scientifique sont également publiques (généralement publiées quelques jours après leur écriture).
Les indicateurs suivis
Les premiers indicateurs portent sur la situation des malades. Les données sont quotidiennes et cumulées :
- Personnes testées Covid + ;
- Entrées quotidiennes à l’hôpital et personnes toujours hospitalisées;
- Entrées quotidiennes en soins intensifs (= réanimation) et nombre de personnes toujours en soins intensifs.
D’autres indicateurs sont utilisés pour mesurer l’évolution de l’épidémie :
- Nombre de personnes positives déclarées en 24h à J-3 (données consolidées) ;
- Nombre de personnes testées déclarées en 24h à J-3 (données consolidées) ;
- Nombre de tests réalisés hebdomadaires ;
- Nombre d’actes SOS Médecins pour suspicion de COVID-19 en 24h ;
- Nombre de passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 en 24h ;
- Taux d’incidence pour 100 000 habitants sur les 7 derniers jours.
Le taux d’incidence est le résultat d’un calcul. Il permet à la fois une comparaison dans le temps et une comparaison par région (voir par exemple dans Covid Tracker).
Autre résultat d’un calcul, le taux de tests positif (sur le nombre de tests réalisés).
Un peu de prudence dans la lecture
La politique de test a changé après la première phase. En avril, on disposait de peu de moyens pour tester et en pratique, on ne testait que ceux qui se retrouvaient à l’hôpital. On ne comptait donc pas ceux qui n’étaient pas assez malades pour être hospitalisés et encore moins les asymptomatiques. On considère aujourd’hui qu’il faudrait multiplier le nombre de cas observés à l’époque par 25 environ pour avoir le nombre réel de contaminés.
Aujourd’hui, la stratégie consiste à tester tous ceux qui présentent des symptômes, mais aussi tous les cas contacts. On continue cependant à ne pas identifier tout le monde : on estime que le nombre de personnes contaminées est 2 à 3 fois important que le nombre de cas identifiés.
Mais quand le nombre de personnes testées augmente et que parmi elles le taux de cas positifs augmente lui aussi, il n’y a guère de doute sur le sens de l’évolution de l’épidémie.
Autre point d’attention : pour des questions d’organisation des labos et des services administratifs, les cas et les décès sont sous-estimés les samedi et dimanche, avec un rattrapage le lundi. C’est une situation qui existe dans la plupart des pays. La difficulté est contournée généralement en faisant une moyenne sur 7 jours qui lisse les données. C’est beaucoup plus compréhensible, l’inconvénient est que cela retarde de quelques jours l’observation des situations de contournement (typiquement les conséquences du confinement par exemple).
Un épidémiologue critique s’est appuyé sur les variations hebdomadaires pour affirmer « A chaque fois qu’on nous donne un chiffre du lundi en le qualifiant de « record », nous sommes face à une sorte de supercherie ». On comprendra pourtant aisément que si record il y a, c’est que le résultat du lundi en question est supérieur à celui du lundi précédant, qui bénéficiait du même effet report d’un samedi et d’un dimanche. Aucune supercherie là-dedans !
Un point d’alerte pour finir
Attention, les résultats des tests ne sont pas immédiats (en attendant les tests antigéniques) et arrivent parfois avec plusieurs jours de retard. On voit donc presque toujours la courbe qui baisse à droite sur les graphiques. Cela ne signifie pas que l’épidémie régresse mais que les chiffres sont provisoires…
En tout cas, quiconque souhaite s’informer sur l’évolution de l’épidémie ne manque certainement pas de sources d’information.
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