Plus de 400 agents, un budget annuel de plus de 70M€ : la ville de Sceaux est l’équivalent d’une grosse PME. Comment son maire s’organise-t-il pour faire fonctionner un ensemble qui touche de très nombreux secteurs différents ? D’autant plus qu’il a un rôle considérable, à la fois agent de l’État et chef de l’administration municipale. Un échange avec Philippe Laurent apporte des éléments de réponse.
Élus, services et habitants
Le rôle du maire peut être comparé à celui d’ un chef d’entreprise : ce dernier travaille avec son comité de direction, ses cadres et l’ensemble de son personnel. Il a régulièrement des réunions avec son conseil d’administration. Et il a une obsession s’il veut pérenniser son entreprise : les clients et leur satisfaction.
On le comprend, les habitants sont en quelque sorte les clients du maire et de l’équipe municipale. Avec une particularité : ces clients ne sont pas dispersés sur un grand territoire (pouvant être international) : pour l’immense majorité, ils vivent sur place, dans le cas présent à Sceaux. Et ils décident tous les 6 ans de pérenniser ou non l’équipe à la tête de la Ville.
Le maire n’a pas de conseil d’administration, encore que la majorité municipale en tient compte, au moins sur certains aspects, à travers les séances du conseil municipal. Différence très importante : les élus jouent un rôle important dans la direction de la Ville, au moins les adjoints et les conseillers délégués.
Dernière différence : les agents ne sont pas soumis au droit du travail commun (sauf pour une petite partie d’entre eux) mais au statut de la fonction publique (pour la majorité).
Structures principales
La première structure est un comité exécutif qui se réunit un lundi matin sur deux. Il est composé du maire et de ses adjoints (plus les conseillers municipaux délégués) ainsi que du directeur de cabinet, du directeur général des services et ses adjoints (DGA). Il prend position sur des dossiers préparés préalablement par les services concernés. L’ordre du jour est établi en commun par le maire et le directeur général des services, mais chaque participant peut demander qu’un sujet soit ajouté en début de réunion.
Ensuite, les élus de la majorité municipale sont réunis toutes les trois semaines environ pour évoquer les sujets qui vont passer au conseil municipal, ou des sujets plus généraux. C’est donc d’abord un lieu de partage d’information pour tous. Il y a parfois des débats. Un tour de table permet à chacun d’exposer un sujet qu’il estime important.
Enfin, une fois par an, ces élus sont réunis en séminaire d’une journée. Il s’agit de partager un bilan de l’année écoulée et d’échanger sur les grands axes de l’action municipale pour l’année à venir.
Gestion par sujet
Le maire a divisé la vie municipale en une vingtaine de secteurs (par exemple, petite enfance, seniors…). Pour chacun de ces secteurs, un point régulier est organisé avec la ou le(s) responsable(s) de service concerné(s), l’élu délégué au sujet, le maire, le DGS ou le DGA. Des conseillers municipaux peuvent y assister s’ils le souhaitent. Par exemple, pour la petite enfance, on y traitera des questions de recrutement, des listes d’attente, des questions de matériel…
De la même manière, des comités de pilotage (Copil) sont mis en place sur des projets, avec élus et membres de l’administration. C’est le cas pour le projet de l’Amiral, la place du Général de Gaulle ou les Blagis. Chaque Copil a son agenda propre.
D’autres réunions ont lieu avec des personnes extérieures à la mairie. Par exemple, une rencontre a lieu tous les mois avec le commissaire de police de Châtenay-Malabry.
Avec les habitants
Le contact avec les habitants, pour les écouter et comprendre leurs attentes n’est pas évoqué ici. On soulignera seulement que c’est une préoccupation de tous les élus, chacun avec sa délégation.
Je reste perplexe à la suite de la lecture de cet article que j’ai relu plusieurs fois.
Ou bien Gérard Bardier n’a pas bien compris ce que lui a dit Philippe Laurent, ou bien Philippe Laurent a une conception toute personnelle de la fonction de maire.
J’ai vécu ma vie professionnelle dans une grosse compagnie française à un niveau de responsabilité qui m’a permis de côtoyer ses dirigeants. Je n’ai jamais eu le sentiment qu’ils aient pu penser, à aucun moment, qu’ils étaient là parce qu’ils avaient été élus.
J’ai aussi vécu, dans cette même compagnie, les événements de mai 1968 et à partir de 1981 et la présidence de François Mitterrand des mouvements profonds dans la société française, exprimant des souhaits, sans doute irréalistes, de voir des changements tout aussi profonds dans la gouvernance des entreprises, allant vers une cogestion et comprenant des procédures d’élection des dirigeants.
Nous sommes sortis de ces rêves sans doute trop ambitieux.
Par contre, pour ce qui est du fonctionnement de notre République, je n’ai jamais compris que quiconque ai jamais envisagé de modifications constitutionnelles visant à permettre de conduire les affaires publiques selon un modèle entrepreneurial.
Au niveau de la commune, si l’on peut faire un parallèle, les actionnaires sont en même temps les administrés, électeurs de leurs représentants : le Conseil municipal, au sein duquel les membres élisent le Maire. https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006180965/
À la lecture de ces textes réglementaires, il est clair que l’assimilation de l’administration d’une commune à la gestion d’une entreprise est abusive.
Il n’en reste pas moins que la commune doit être gérée et, si des parallèles peuvent être faits, le directeur général des services devrait normalement être chargé de cette gestion. Que le Maire ait son mot à dire, cela va de soi puisque c’est lui qui signe tous les actes qui engagent la commune dont ses électeurs lui ont confié la charge. Que tout cela soit source de conflits d’interprétation, on le comprend fort bien.
Il n’empêche qu’il semblerait bien que le constituant, le constitutionnaliste et le législateur n’ont jamais souhaité que les communes deviennent des entreprises.
C’est la sagesse de l’édile choisi par ses électeurs pour devenir leur Maire qui doit permettre un bon équilibre entre toutes les obligations et contraintes auxquelles il doit faire face, et de gérer les contradictions qui sont le lot commun de toutes les organisations humaines.
Jean Claude
La comparaison avec les entreprises est de moi
En effet, j’ai été frappé dans la description de Philippe Laurent de sa manière de travailler de la ressemblance avec celle des dirigeants d’entreprises ou d’unité de la taille des services d’une ville (moi aussi j’ai eu l’occasion de côtoyer pas mal de dirigeants). Les modes d’organisation personnelle, de fonctionnement collectif sont semblables. Et il se trouve que c’était le sujet de l »article
La comparaison s’arrête là.
Merci Gérard pour cet article très clair et très intéressant qui permet de mieux comprendre l’organisation d’une mairie comme Sceaux. Ce serait sans doute intéressant de voir les différences qu’il peut exister d’une commune à l’autre.
Par contre, on aimerait mieux savoir comment le maire gère son propre agenda, ses priorités, compte tenu d’un agenda fort rempli par les fonctions de représentation souvent fort remplies d’un premier édile sans parler du reste… (territoire, etc…). J’imagine qu’un cabinet s’en occupe : peut être le sujet d’un prochain article….
Bien cordialement