Élève de Terminale au lycée Marie-Curie, Sixtine Bazire consacre une grande partie de ses loisirs aux oiseaux. Pour les observer, pour les photographier, pour classer ses photos, pour se renseigner sur tout ce qui les concerne. Son rêve, qu’elle compte bien transformer en réalité : devenir ornithologue.
Observer, un leitmotiv
Observer, c’est le mot qui revient le plus souvent dans la bouche de Sixtine Bazire quand elle parle des oiseaux ou des animaux en général. On comprend qu’elle voit son avenir professionnel sur le terrain, pas dans des labos. Non qu’elle méprise la théorie : elle va aussi consulter ce qu’elle appelle « des recherches académiques » sur des sites dédiés.
On le comprend très vite en voyant ce qu’elle transporte : des jumelles, indispensables pour observer. Et le guide des oiseaux de France, une mine d’information pour les reconnaître et distinguer chaque espèce. L’appareil photo qu’elle possède depuis un an n’est généralement pas loin : elle a déjà fait plus de 6000 photos avec. Dont celle qui était en tête de l’article sur la Semaine Bleue.
Observer pour voir les corbeaux freux arriver en mars et pour comprendre qu’ils viennent pour nicher. Pour noter que le nombre d’oies bernaches dans le parc de Sceaux est passé d’une cinquantaine pendant l’hiver à une vingtaine à la mi-mars, les autres étant parties pour le pays où elles vont l’été. Pour voir les lézards et les serpents sur la coulée verte, ceux qui fuient et ceux qui ne le font pas.
Pour comprendre pourquoi les écureuils sont en conflit avec les perruches à collier dans le parc de Sceaux : les premiers trouvent que les seconds dévastent leurs cachettes de nourriture, les seconds trouvent que les premiers viennent trop près de leur nid. Chaque espèce cherche à impressionner l’autre, mais il y a déjà eu plusieurs morts parmi les écureuils. Il s’agit ici d’écureuils roux, mais elle a déjà vu des écureuils de Corée, une espèce invasive.
« A force de regarder les oiseaux, dit-elle, on finit par repérer les endroits où ils vont, par exemple pour chasser. »

Des lieux privilégiés
Pour observer les oiseaux, la future ornithologue a ses habitudes, ses préférences. D’abord le parc de Sceaux, qu’elle parcourt en deux heures et demie environ. Elle y a déjà repéré entre 25 et 30 espèces d’oiseaux différentes dont le faucon crécerelle, le bouvreuil pivoine, le pic mar, le pic vert, le pic épeiche et le pic épeichette, la mésange huppée, la mésange noire et plein d’autres espèces.
Puis l’étang Colbert au Plessis-Robinson, assez proche pour elle (elle habite Fontenay-aux-Roses). C’est là qu’elle a pu photographier le héron cendré. C’est nettement plus petit que le parc de Sceaux, elle n’y a vu qu’une dizaine d’espèces telles que la foulque macroule, le grand cormoran, la gallinule poule d’eau et le grimpereau des jardins . Le parc Henri Sellier fait aussi partie des passages qu’elle aime : d’après elle, on peut y voir une quinzaine d’espèces d’oiseaux comme le pic vert, la sitelle torchepot, la mésange à longue queue, le geai des chênes ou encore le roitelet huppé.
Elle passe une partie de ses vacances en Normandie chez ses grands-parents. L’occasion de voir des buses variables, des faucons crécerelles, mais aussi des biches et des chevreuils.
Partage
Depuis deux ans, Sixtine Bazire partage ses observations sur un site spécialisé, Oiseaux des jardins. Ce site organise en mai et en juin une journée d’observation, où chacun rapporte ce qu’il a vu pendant une heure, un moyen d’estimer les évolutions de la faune avienne.
Elle n’est pas adhérente à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), mais ce n’est qu’une question de mois : il faut être majeur.
Équitation
La future ornithologue est aussi cavalière : on l’a mise sur un cheval (un shetland) dès l’âge de 3 ans. L’équitation est une tradition familiale, du moins du côté de son père. Elle a perpétué la tradition, passant avec l’âge du shetland au poney et enfin au cheval. Elle suit deux séances par semaine dans un club de Jouy-en-Josas, auxquelles il faut ajouter les journées du dimanche consacrées aux compétitions de CCE (concours complet d’équitation). Une discipline qui regroupe trois épreuves bien distinctes : une épreuve de saut d’obstacles, une épreuve de dressage et une épreuve spécifique : le cross ou cross-country.
Dans ces compétitions, la cavalière s’en sort plutôt bien. Mais c’est plus le défi technique, le fait de réussir l’épreuve, qui l’intéresse que le résultat final.
Curieusement, le cheval l’a menée aux oiseaux. En observant les animaux autour d’elle au moment de nourrir les chevaux, elle a observé parmi eux des troglodytes mignons, qui font partie des oiseaux les plus petits d’Europe, avec un poids autour de 10 grammes.
Le comportement des chevaux l’intéresse aussi. Elle aime passer du temps avec eux, observer ce qu’ils expriment, par exemple avec leurs oreilles. Quand on les brosse sur une zone où ils sont plus sensibles, ils réagissent en tremblant, éventuellement en tournant la tête comme pour chercher à mordre.
Avenir
Ayant l’intention de devenir ornithologue, Sixtine Bazire s’est inscrite sur Parcoursup à deux formations : licence de biologie et BTSA (BTS Agricole) gestion et protection de la nature. Son objectif : travailler dans un parc naturel ou pour une association suivant la migration des oiseaux. Observer toujours…