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Émissions de GES et empreinte carbone

A propos d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France, on lit et entend tout et son contraire. Par exemple que les émissions françaises diminuent seulement parce que l’industrie a été délocalisée. La récente note de l’Insee sur le sujet est donc de salubrité publique. Elle permet de bien comprendre comment sont articulées émissions de GES de la France et empreinte carbone, deux indicateurs indispensables.

Des distinctions indispensables

Émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone de la France en 2023, c’est le titre d’une note produite conjointement par l’Insee et le SDES, le service statistique du ministère du Logement. Elle reprend la distinction habituelle entre émissions françaises de GES et empreinte carbone. Cette dernière reprend les émissions liées à la consommation des Français. Réalisée par des experts des statistiques, la note évite une erreur classique dans le calcul de l’empreinte carbone. Cette erreur consiste à ajouter aux émissions de la France celles liées aux importations sans enlever celles liées aux exportations.

Pour pouvoir mesurer les émissions liées aux exportations, la note fait une première distinction : au sein des émissions de la France, entre les émissions directes des ménages et les émissions de la production intérieure totale. Les premières devront être entièrement affectées à l’empreinte carbone de la France, les secondes seront réparties entre consommation intérieure et exportations.

La note fait une autre distinction que seuls de fins connaisseurs des mécanismes d’import/exports pouvaient faire : entre les importations consommées en France et celles qui sont réexportées.

Le tableau suivant en résume les principaux résultats (Évolution 2022 à 2023) :

Comme on peut le voir sur le tableau, les émissions importées représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone (56% exactement). On observe également que, en 2023, les émissions de la France ont baissé de 5,6% et que l’empreinte carbone a baissé de 4,1%.

La baisse des émissions importées vient surtout d’une baisse de certaines importations (produits minéraux (dont ciment), produits d’habillement, hydrocarbures et d’électricité avec la meilleure disponibilité du parc nucléaire.

Les émissions directes des ménages, 101 Mt CO2 éq, diminuent de 3,6 % (-3,8 Mt) : -6,6 %, soit -2,3 Mt pour les logements, ‑2,3 %, soit -1,5 Mt pour les véhicules.

A noter que cette baisse des émissions et de l’empreinte carbone a lieu malgré la croissance du PIB : on émet de moins en moins par euro produit ou consommé.

Évolution de 1990 à 2023

La note précise la baisse de l’empreinte carbone entre 2019 et 2023 (pour écarter les fluctuations liées à la crise Covid) : de 10,3 t/hab à 9,4 t en 2023.

On trouvera plus bas un graphique de l’évolution de l’empreinte carbone de la France sur une durée nettement plus longue : entre 1990 et 2023. Le graphique distingue les émissions dues aux ménages, les émissions intérieures et les émissions importées.

Le premier constat est que les émissions totales (= empreinte carbone) augmentent de 19% entre 1990 et 2008, passant de 743 à 876 Mt CO²eq, et qu’elles baissent ensuite jusqu’à 666 Mt CO²eq en 2023, soit 10% en dessous du niveau initial. La courbe subit des fluctuations dues essentiellement à des hivers plus ou moins rudes (exception faite de la crise COVID). On peut noter que près des trois quarts du programme nucléaire étaient en service en 1990.

Deuxième constat : entre 1990 et 2023, les émissions liées aux ménages ont baissé de 20 %, celles des émissions intérieures de 39%, celles des émissions importées ont augmenté de 13%. Ces valeurs différentes s’expliquent notamment par la délocalisation d’industries gourmandes en énergie fossile.

Troisième constat : les trois sortes d’émissions suivent la même courbe en cloche. Pour les émissions importées, le maximum est observé en 2008 ( à 474 Mt). La baisse depuis (-112Mt) est de 24%. Contrairement à ce qui s’est passé de 2022 à 2023, elle s’explique majoritairement par une décarbonation progressive des productions de nos voisins.

Évolution future

Les émissions des ménages peuvent diminuer par augmentation de l’efficacité énergétique (isolation et consommation plus faible au kilomètre) et par l’électrification des moyens. Cela se traduira par une baisse progressive et relativement lente (voir cet article https://sceaux-lagazette.fr/index.php/2024/02/27/isoler-et-decarboner-les-batiments/ )

Les émissions intérieures pourraient diminuer plus vite si on en croit les investissements prévus par les plus gros consommateurs : https://sceaux-lagazette.fr/index.php/2024/02/23/decarboner-plus-vite-les-perspectives-dans-lindustrie/

Il y a deux leviers pour réduire les émissions importées. D’abord relocaliser une partie de la production, en particulier celle qui consomme beaucoup d’électricité (la production électrique française est une des moins carbonées du monde :  https://app.electricitymaps.com/map ). Cela suppose une politique économique d’offre plutôt qu’une politique de demande.

La France n’a guère de poids pour actionner le deuxième levier, celui de la réduction des émissions des produits importés. « L’empreinte carbone de la France peut être ventilée selon l’origine géographique des émissions : 45 % des GES sont émis en France, 13 % proviennent de l’Union européenne hors France, 9 % de Chine, 6 % de Russie et 2 % des États-Unis. »

Et localement ?

Faute d’agriculture et d’industrie dans nos villes, les principales émissions locales sont liées au logement. Voir sur le sujet les articles de la Gazette

Émissions locales de Gaz à Effet de Serre 1

Émissions locales de Gaz à Effet de Serre 2

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