Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Aux obsèques de Simone Pennec-Tarsot

Ce devait être une cérémonie catholique, elle le voulait et ce fut ainsi. Autour du cercueil et du père François, étaient réunis la famille, des proches, des élus, ceux qui l’ont accompagnée dans son action aux Bas-Coudrais ce bastion des Blagis, « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas ». Dans le cimetière de Bourg-la-Reine, chacun pensait aux mots qui ont valeur à ses yeux. D’aucuns disaient merci, d’autres se rappelaient.

Simone Pennec avait une voix, des expressions, certains diront qu’elle parlait haut et fort (je confirme), mais elle racontait des histoires dont on se souvient. La cérémonie sera un moment d’intimité exprimée dans le silence ou dans le témoignage.

Le père François annonce d’emblée son accent du Québec au motif qu’on l’aurait deviné de toute façon, ce que n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il est en France depuis aussi longtemps que Philippe Laurent est maire de Sceaux. Il le dit lui-même avec une pointe de bonhomie qui semble dire que la douleur de ce jour prend place dans le continu du temps.

Il appelle à se signer de la Croix. Il dit : « Nous voici rassemblés autour Simone, notre sœur, au terme de sa présence sur terre. » Un temps de silence. Respirations.

Lectures bibliques

Puis il se réfère à la première lettre de Paul aux Thessaloniciens. « Nous ne souhaitons pas, frères, que vous demeuriez plus longtemps dans l’ignorance au sujet de ceux qui s’endorment de leur dernier sommeil. Ne vous affligez pas comme le font ceux qui sont dépourvus d’espérance ! Puisque nous croyons que Jésus est mort et, de cette mort, s’est relevé, sachons que par l’entremise de celui-là, Dieu emmènera avec lui ceux qui se sont ainsi endormis. »

Le père François veut célébrer deux moments de nous. « Nous sommes plus que ce que nous voyons. “Simone a disparu mais son âme est dans l’éternité. » Il parle de la célébration de la singularité, de l’individualité. De l’unicité, de la personnalité, « soyons persuadés que nous sommes tous uniques. » L’autre moment est l’amour du prochain qui « fait partie de la nature humaine ». Et il appelle à rendre « grâce au Seigneur pour la plénitude de sa vie et de ses engagements ».

Il présente le psaume 130 comme pénitentiel, de demande, parce qu’il est dit “Seigneur écoute mon appel, près de toi se trouve le pardon…,” et autour du cercueil est repris tel un refrain par l’assemblée : « Seigneur écoute-nous. »

Après les citations des psaumes 42 et 43, psaumes d’espérance, il rappelle le baptême de Simone, la bénit et invite à venir poser sa main sur le cercueil.

Souvenirs

La parole est donnée aux témoignages. Christian, un ancien collègue d’EDF, résident des Bas-Coudrais, adhérent de l’association, une grande masse, se dévoile : « Elle est partie dans les étoiles à la vitesse supersonique ». Il a la gorge prise et dans l’émotion il continue : « Quel boucan, tu as fait… Ce mercredi-là, tu m’as mis le moral en berne ». Le silence peut être un écho quand il répond à un désarroi. Et celui-là s’est manifesté dans les mots qui suivirent : « Tu étais animée d’un charisme incroyable, hors du commun. Toute la résidence des Bas-Coudrais t’aimait. Repose en paix dans le jardin du Seigneur. »

Et puis un de ses frères raconta d’autres choses, de petites choses, du quotidien : « Ma petite sœur, je me souviens de notre appartement rue René Roeckel à Bourg-la-Reine, les vacances familiales à Ramonchamp dans les Vosges, les weekends à Camaret-sur-Mer en Bretagne, les déménagements successifs, les noëls et les jours de l’an festifs. » Il accompagne sa tristesse profonde d’une adresse à elle : « Repose en paix avec tes parents et ton mari Jean-Pierre. Ton petit frère. »

Une cousine évoqua une Simone marquée par l’arrachement lors du départ d’Algérie. Mais elle était l’aînée et fut toujours forte. Elle était aussi généreuse quand, étudiante à Paris, Simone fut sa seule famille.

Philippe Laurent s’exprima comme maire. Dans sa liste, Simone figurait en une position non éligible qui convenait fort bien à son implication dans la résidence des Bas-Coudrais. Elle avait des mots assez rudes, dit-il, mais elle resta loyale. Quand on l’a connue, on y voit le caractère de son engagement constant.

Espérance

Ont suivi les larmes d’enfants, de petits-enfants, et il y aurait de l’impudeur à les rapporter. Parce qu’on ne connaît pas les jours qui ont fait cette famille et que les douleurs intimes, sans réserve, se prêtent mal aux commentaires.

Avec le père François, n’est-ce pas son rôle, la mort n’a pas le dernier mot. L’espérance chrétienne devient un composé de mémoire, de manque, de promesse de retour définitif. Et autour du cercueil, avec Simone, un petit monde de piété écoutait la certitude que les réalisations humaines portent « le signe que Dieu est proche. » Et que vivre dans l’espérance, c’est « accepter l’angoisse et, en même temps, vivre dans la joie ».

Il parla aussi de la dynamique de l’espérance. Une dynamique qui fait « avancer sans découragement, qui se nourrit de la foi et de l’amour de Dieu, sereinement, dans la certitude que tout chemin mène au Père. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *