Les 13 et 14 octobre ont eu lieu partout en France les élections de délégués de parents d’élèves dans l’enseignement public. Avec autant de logiques locales que d’établissements. Les collectifs de parents et les associations locales non affiliées progressent et dominent à Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry et Sceaux, comme au niveau national. Fontenay-aux-Roses fait exception avec une domination et une progression de la FCPE.
Présentation générale
L’article présentera d’abord, commune par commune, la situation associative locale et les résultats des dernières élections. La comparaison avec les résultats nationaux permettra dans un deuxième temps une réflexion sur les évolutions à moyen et long terme du secteur.
Pour aller plus loin sur les questions que pose la présente étude, il est prévu de rencontrer quelques-uns des acteurs associatifs. Dans un premier temps, un article sur les résultats dans le second degré suivra prochainement.
D’ici là, les commentaires sont les bienvenus. Ainsi que les informations manquantes sur les résultats ou sur les créations ou disparitions d’associations.
Organisation générale
Il existe trois associations nationales de parents d’élèves : la FCPE, la PEEP et l’UNAAPE. Ces trois associations sont par exemple présentes au lycée Marie-Curie. D’autres listes peuvent être présentées par des associations locales, ou par des collectifs de parents constitués en association. Des candidatures individuelles sont également possibles.
Notons que chaque parent (le père ET la mère) ayant un élève dans un établissement donné peut voter dans cet établissement. Il y a donc plus d’inscrits à ce scrutin que d’élèves.
Participation
A Bourg-la-Reine, la participation est comprise entre 52 et 60%. A Sceaux, elle est plus hétérogène, avec environ 40% l’école élémentaire des Blagis et plus de 65% au Petit Chambord. En moyenne, elle est de l’ordre de 53% à Sceaux et 56% à Bourg-la-Reine.
A Fontenay-aux-Roses, la participation se situe au-delà de 50 % aux Ormeaux (60% à l’école élémentaire). Elle frôle les 50% à la maternelle Scarron, mais tourne plutôt autour de 40 % ailleurs.
A Châtenay-Malabry, là où les résultats sont affichés, les taux de participation varient de 36,8% (Mazaryck) à 71 ,3 % (les Mouilleboeufs).
A cela s’ajoute un nombre souvent important de suffrages nuls ou blancs. Sur le cumul de 20 établissements pour lesquels on dispose de l’information complète, les « blancs et nuls » représentent 9,1% des votants. Il n’y a pas de rapport entre la part de blancs et nuls et le nombre de listes. La plupart sont des nuls pour cause de ratures sur le bulletin (candidats rayés ou entourés).
En 2022, au niveau national, la participation était de 51,73% dans le premier degré. Un article notait que les milieux plus favorisés s’investissaient plus dans l’école.
Résultats à Bourg-la-Reine
Sur l’ensemble des établissements, deux associations ont présenté des candidats : la FCPE, présente dans 4 établissements sur 6 et l’association Les parents associés (LPA), présente partout. La FCPE est en tête dans trois des établissements (maternelle et élémentaire de la Faïencerie, élémentaire de la République). LPA obtient toutes les voix là où elle était seule (Maternelle des Bas-Coquarts et élémentaire Pierre Loti) et l’emporte à la maternelle Fontaine Grelot. Sur l’ensemble de la ville, LPA obtient 55% des voix, la FCPE 45%.
La LPA est une association locale, issue d’une scission de la FCPE il y a 3 ans. La PEEP, qui était encore présente à l’école de la République l’an dernier n’a pas présenté de liste. On notera une particularité de Bourg-la-Reine : les écoles maternelles et élémentaires ne sont pas physiquement voisines, sauf à la Faïencerie.
Résultats à Sceaux
A Sceaux, la situation est diverse, mais dans un lieu donné, la situation est identique pour la maternelle et pour l’élémentaire. Dans deux endroits (Clos Saint Marcel, Centre), il n’y a qu’une liste, constituée de collectifs de « parents indépendants ». Au Petit Chambord il y a deux listes indépendantes, l’une de « parents indépendants », l’autre d’Union Petit Chambord. Les listes de « parents indépendants » des trois lieux ne sont apparemment pas liées entre elles. Aux Blagis, il y a deux listes, PEEP et FCPE. Au Clos Saint-Marcel et à l’école du Centre, la FCPE et la PEEP existaient encore récemment.
Résultats à Châtenay-Malabry
La situation dominante est celle de parents apparemment non constitués en association et présents sur un seul établissement (ou un groupe scolaire maternelle + élémentaire). Ces listes sont les seules candidates et obtiennent donc 100 % des voix exprimées dans l’établissement (les résultats ne sont pas toujours affichés). L’école Pierre Brossolette en centre-ville fait exception avec la présence de deux listes : PEEP et FCPE. La FCPE y obtient 61% des voix.
Groupes scolaires :
Résultats à Fontenay-aux-Roses
Observation principale : la FCPE domine très largement, alors que ce n’était pas le cas (du moins à ce point) il y a deux ans. Une des raisons : la disparition d’une association locale concurrente.
La FCPE est présente partout, sauf à la maternelle Scarron, et largement majoritaire dans tous les cas. Sa situation s’est améliorée depuis 2 ans, avec la disparition de l’association locale Familles en mouvement de Fontenay-aux-Roses. Celle-ci était majoritaire dans deux écoles.
Commentaire d’une responsable locale de la FCPE : « Les associations comme les collectifs locaux sont liés à quelques parents et ne durent donc pas. »
Deux associations tentent de concurrencer la FCPE dans plusieurs établissements. D’abord l’association fontenaisienne FARENTS semble se concentrer sur la situation des enfants ayant un handicap. Son objectif est donc surtout d’être présente pour que ce sujet soit pris en compte. Elle a des élus dans une école maternelle et trois écoles élémentaires.
Ensuite, une autre association, Nous parents d’élèves, a des candidats depuis 2021. Elle est présente dans 4 écoles maternelles et une école maternelle.
Enfin, une autre association locale n’est présente que dans une école et on trouve un collectif dans une autre.
Le site de la mairie donne une liste des élus pour l’année scolaire 2021/2022 qui permet des comparaisons. L’association Familles en mouvement de Fontenay-aux-Roses avait tous les sièges à la maternelle des Pervenches, la moitié de ceux de la maternelle des Renards, des élus à la maternelle Scarron. Dans l’élémentaire, elle était présente aux Pervenches et aux Renards ainsi qu’à la Roue A. Cette association semble avoir disparu depuis.
Il manque quelques informations pour que les résultats soient complets. En effet ils ne sont pas affichés dans une école maternelle sur six (Jean Macé) ni dans deux écoles élémentaires sur cinq (celle de la Roue et des Renards ; dans ce dernier cas, la liste des élus est affichée, ce qui donne une idée des résultats).
Notes. 1 : résultats non affichés mais la liste des élus est affichée. 2 : la liste 2 a pour nom Parenticipation. 3 : la liste 2 est un collectif et des voix se sont aussi portées sur des candidats individuels. 4 : Résultats non affichés
Situation nationale
Au niveau national, le premier degré est très largement dominé par des collectifs locaux, suivis par des associations locales non affiliées à une fédération ou union nationale.
Les résultats entre 2018 et 2022 montrent de plus un recul, lent mais réel, des associations nationales, pourtant déjà peu présentes.
La participation a tendance à augmenter, ce qui peut être causé par le diffusion du vote électronique.
Quels enseignements ?
A Sceaux et Bourg-la-Reine, on voit une émergence récente de listes locales, au détriment de la FCPE ou de la PEEP. La présence de nombreux collectifs d’établissement semble plus ancienne à Châtenay-Malabry. Fontenay-aux-Roses est une exception, avec la domination de la FCPE en présence de listes locales inter établissements.
Le secteur se rapproche ainsi de la moyenne nationale, où les listes locales dominent dans le premier degré.
Ces évolutions sur le temps long sont révélatrices d’une évolution de l’engagement citoyen. Les actions concrètes sont privilégiées. Les grandes organisations sont jugées à cette aune. Les justifications idéologiques ne suffisent plus, surtout quand elles cachent des motivations purement partisanes.
Comment se font les évolutions ?
Ce travail n’est à ce jour qu’esquissé (toute contribution de lecteur sur le sujet est la bienvenue). En pratique, l’enquête s’est focalisée sur les changements récents : pourquoi dans tel établissement telle organisation est apparue ou a disparue ?
Un premier constat peut être fait pour les deux associations crées il y a trois ou quatre ans à Fontenay-aux-Roses et Bourg-la-Reine. Des créations que la Gazette avait déjà observées et qui l’ont poussé à faire cette enquête. Dans les deux cas, ces créations sont le fait d’élus de la FCPE, probablement parce que celle-ci est la plus présente.
La présidente de Nous Parents d’élèves à Fontenay-aux-Roses explique son initiative parce que l’association présente refusait de s’occuper d’une problème de harcèlement dans son école. Son dynamisme a permis de rassembler d’autres parents dans plusieurs écoles de la ville, mais il n’est pas sûr que l’initiative soit durable : elle risque de s’interrompre quand les enfants de son initiatrice passeront dans le second degré.
A Bourg-la-Reine, la création de LPA (les parents associés) est le fait de plusieurs dizaines de délégués de parents, excédés par les méthodes de leur fédération. L’association a pu devenir majoritaire sur l’ensemble de la ville dans le premier degré. De ce fait elle a plus de chance de durer : un point à approfondir.
Il est difficile de s’implanter durablement dans un établissement. Être présent, même minoritaire, permet de continuer. C’est ce qu’on voit pour la FCPE à Fontenay-aux-Roses. Mais, même une association nationale aura du mal à revenir dans un établissement dont il a disparu. A l’école du centre, la PEEP était encore présente en 2020. Il y a deux ans, le président est parti est personne n’a voulu prendre sa place. Si le collectif de parents indépendants en place fonctionne correctement, il est très peu probable que la PEEP revienne.
Une tendance de fond ?
Des parents mécontents d’une association nationale pourraient se tourner vers une autre association nationale concurrente, la solution apparemment la plus simple. C’est probablement ce qu’ils faisaient il y a 50 ans. Pourquoi maintenant préférer les groupes locaux ?
Les résultats locaux comme nationaux confirment une tendance, à la fois profonde et lente : les citoyens préfèrent les associations locales qui leur paraissent plus concrètes et moins idéologisées. Dans un contexte sociétal de montée de l’individu depuis 80 ans, cette tendance correspond à une approche nouvelle du collectif et de la solidarité. A la fois plus locale (logique de proximité) et plus opérationnelle.
Ce constat rejoint celui fait dans un domaine différent : ceux qui suivent la mesure de la représentativité syndicale en France peuvent constater la baisse régulière de la CGT. Il en est de même de SUD, une organisation très idéologisée. Si la CFDT est devenue la première organisation syndicale en France, ses gains sont en réalité minimes. Ce sont toutes les autres organisations (CGC, CFTC, UNSA, parfois FO) qui progressent. Des organisations souvent très décentralisées, dont pourtant personne ne connait vraiment les leaders nationaux.
D’autre part, l’engagement comme représentant de parents d’élèves peut être vu comme une prise de responsabilité d’adulte. Ceux qui le font agissent d’abord pour leurs propres enfants, mais aussi dans une logique de solidarité avec les autres parents, ceux qu’ils côtoient au quotidien quand ils vont chercher leurs enfants à l’école.
Comme déjà indiqué, la Gazette va poursuivre la réflexion dans les prochaines semaines. D’une part avec les résultats dans le second degré. Ensuite avec des cas d’associations locales.
Le numéro de novembre 1997 de Sceaux Mag donne les résultats des élections de parents dans le primaire.
En 1997, la FCPE et la PEEP sont présentes dans les 8 écoles. la FCPE recueille 35 sièges sur l’ensemble de la ville, avec 50,6% des suffrages. La PEEP obtient 30 sièges, avec 45% des voix. L’Unaape, présente dans les deux écoles du centre, y recueille 3 élus, avec 4,4% de suffrages de l’ensemble de la ville
Il n’y a alors AUCUNE liste locale
A comparer avec les résultats 2023 présentés dans l’article…
« Merci pour cet article fort intéressant et pour les articles de la Gazette en général. Petit commentaire : il est dommage que Sceaux ne dispose toujours pas de vote électronique. Les votes « nuls » sont par conséquent nombreux et l’organisation très lourde pour les fédérations de parents d’élèves. Par ailleurs cela fait 2 ans que les professions de foi ne sont pas imprimées correctement par la Mairie, ce qui rend l’exercice et son impact encore plus compliqués…
Valérie Laplanche – PEEP Blagis ».