La première réaction de Daniel Lucas lors de notre rencontre a été de nous demander comment nous avions entendu parler de lui. Comme il a eu un rôle éminent dans le Rallye pédestre, cela nous a surpris. Pas de faux-fuyant, il fallait une réponse. La voici avec, surtout, la conversation à quatre qui s’ensuivit et qui prit insensiblement pris la place de l’interview.
G.B. : Lors d’entretien sur le CSCCB avec sa présidente, Sandrine Fahresmane, elle évoque une activité ancienne qui avait très bien marché, le Rallye pédestre, et mentionne parmi les organisateurs, Xavier Hennequin. Lors de la parution de l’article, Xavier Hennequin nous écrit pour nous signaler qu’il n’était largement pas le seul dans l’organisation qui était assez lourde. Parmi les noms qu’il n’a pas oubliés, il vous cite et vous situe même aux origines du Rallye. Vous voyez, nous remontons peu à peu la chaîne des acteurs.
D.L. : Oui j’ai été à l’origine du Rallye du fait d’un engagement au CSCB que j’avais à l’époque. Le Rallye est lancé en 1997. L’année précédente, jeune retraité, j’avais participe à l’édition d’une plaquette « Si les Blagis m’étaient contés » qui retraçait l’histoire du quartier avec de nombreuses photos anciennes témoignant de la vie quotidienne, avec des courriers, des déclarations, des coupures de presse. La publication fut largement appréciée. Elle donnait une image du quartier inscrite dans un passé et une tradition festive.
Il se trouvait que j’avais précédemment participé à l’organisation d’un rallye à Thiais qui avait eu du succès et je me suis dit que ce serait une bonne idée d’en lancer un avec le CSCB. Je leur ai proposé et ils ont accepté. J’ai été impliqué (propulsé devrais-je dire) dans le projet assez naturellement. A noter que Je suis natif des Blagis, je suis né dans la maison que j’habite aujourd’hui, dans la maison où mes parents habitaient déjà. Ça vous donne un statut de très natif (rires). Anecdote amusante, présenté à une personnalité lors des journées du patrimoine, » il dort actuellement dans le lit où il est né ».
Il se trouve que le conseil d’administration du CSCB avait créé une commission d’animation des Blagis. Je me souviens de deux personnes de grande culture, Germaine Pellegrin et Pierre Jaillard, qui ont beaucoup apporté et permis que le Rallye ne se cantonne pas au strict périmètre du quartier. Nous voulions qu’il soit ouvert aux villes voisines, aux associations également.
M.Z. : Concrètement, comment cela s’est-il passé ?
D.L : En vérité toutes les associations que nous avions sollicitées ont répondu positivement. Chacune d’entre elles a pris la responsabilité d’une étape, avec des questions, des animations, des jeux, des petites épreuves physiques, ses photos insolites à découvrir.
On a eu l’aide des associations de quartier y compris celle de Robinson, des associations de parents d’élèves, de l’école primaire, de la SCIC… et les participations importantes de la RATP et de la Mairie, à travers des petits cadeaux, des lots, des stands d’information.
C’était un travail collectif, avec les associations et un groupe au sein du CSCB, je me rappelle notamment de Serge Bourgis (qui était membre du CA à l’époque), Delphine Kerlau permanente du CSCB ainsi que de M. Gouge qui avait plein d’idées mais qui est décédé depuis.
En 2004, 2005 je ne pouvais plus m’en occuper et j’ai sollicité Xavier Hennequin très assidu avec son équipe et que je trouvais très accroché. Quand j’ai été de nouveau disponible, j’ai vu que cela marchait très bien sans moi et je suis passé à autre chose.
G.B: Ce sont 13 années de réussite, nous le savons. Dès lors comment expliquez-vous son arrêt en 2009 ?
M-F.L : J’ai cru comprendre que la charge de travail du CSCB était lourde. Du personnel devait être présent jusqu’à 23h environ le soir du rallye pour la soirée festive avec des prix. Par ailleurs le style d’épreuve tombait en désuétude. On trouvait les réponses aux questions sur son smartphone. Il aurait fallu changer assez radicalement la conception des questions. C’était difficile.
D.L : Oui, c’est un arrêt qui avait ses raisons. Mais il laisse un arrière-goût d’inachevé. Car on n’imagine pas que les Blagis deviennent banales, il y a trop de passé, l’histoire est trop forte. Elle doit être prolongée, je n’imagine pas que ce quartier meurt. J’ai trop en tête le temps où les Blagis étaient la commune libre, du temps où la paroisse et les patronages étaient des lieux de rassemblement importants.
J’avais, quand j’étais enfant, tout près de la maison une pépinière avec des groseilles et des framboises. Quand mes parents se sont installés, entre la rue des Coudrais et la paroisse Saint-Stanislas, c’était champ et verdure. Vous regardez sur la plaquette sur l’histoire des Blagis. La commune libre a apporté beaucoup. Elle avait un Maire et des adjoints. Son quartier général se tenait dans un café, avenue de Bourg-la-Reine. On s’y rencontrait souvent. Elle organisait fête foraine, course de vélo, mâts de Cocagne, enfin tout ce qui fait une vraie fête. Et le public était là !
M-F.L: Les Blagis sont restés très actifs. Savez-vous qu’il existe un café Histoire-Géo qui se réunit tous les vendredis à 15h crée à l’initiative de Geneviève Papin et Chantal Pascual. Plusieurs dizaines d’inscrits et en moyenne une vingtaine de personnes à chaque réunion, seule interruption depuis 6 ans le « covid . Il y a également une association comme Sceaux-Les Blagis qui retrouve des forces. Françoise Pineau en est une présidente dynamique.
G.B: Je voudrais revenir sur les lieux de mélange. Il en existe encore de fort présents aussi, comme ceux que vous citez, je pense à Saint-Stanislas, mais aussi l’école des Blagis ou le CSCB. On ne peut pas, en effet, dire que le quartier se disperse.
D.L : C’est vrai. Il se construit différemment. II se reconstruit devrais-je dire. Mais il y a à mes yeux un événement majeur, absolument majeur, c’est le départ de la Poste. On peut prévoir ce qui va se passer. Les gens d’un certain âge ne monteront pas au bureau de Sceaux. Ils iront à Bourg-la-Reine, c’est plus plat. Ils y découvriront les marchés et l’animation commerciale qui est très attractive. Le commerce des Blagis déclinera et Sceaux n’y gagnera rien.
Nous prenons congé de Marie-France et Daniel, en discutant (longuement, car chacun a encore beaucoup à dire et à présenter (Daniel est maintenant peintre et vice-Président des Artistes Scéens), des intentions du maire, en citant ses déclarations récentes et sa volonté de ne pas laisser disparaître les services de la Poste.
Débat encore en demandant à Daniel s’il se sent des Blagis et en l’écoutant répondre qu’il n’y a pas de définition « réglementaire » du quartier, que c’est un lieu partagé avec Bagneux avec Fontenay. Il parle de différences avec ce qu’il connaissait, de la scission due à la ligne de métro et celle due à l’évolution des populations. Marie-France parle d’une valorisation des Blagis à retrouver. Et pourtant, les deux citent avec tendresse les sentiers, celui bordé de vignes, des endroits à l’écart, des promenades apaisantes, tous ces petits lieux qui forment une intimité à la ville et une sorte de relation secrète.