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Science et conscience ?

Yuval Noah Harrari, après avoir évoqué la naissance et la croissance de l’humanité, termine son chef-d’oeuvre, Sapiens, en évoquant les futurs possibles de l’homme. Quelle humanité sera présente sur terre dans un siècle: un homo deus? Un humanoïde? Notre civilisation se sera-t-elle effondrée?

Une fois encore, l’histoire doit nous aider à réfléchir.

Une antiquité riche en découvertes

Au VIe siècle avant J.-C. , bénéficiant d’un climat de libertés intellectuelles pour le moins exceptionnel à l’époque, des Grecs ont commencé à réfléchir aux mouvements de la terre , du soleil , des planètes , des étoiles dans l’espace : Thalès de la Cité de Millet (celui du théorème), suivi par Anaximandre, moins connu dans les collèges, puis Pythagore, encore plus célèbre, suivi par Parménide.

En un peu plus d’un siècle, ces hommes apportent des explications à ce qui était alors le domaine réservé des dieux. IIs observent, expliquent et partagent, aboutissant à l’idée que la terre et la lune étaient des sphères éclairées par le soleil.

Ils ont surtout contribué à libérer la pensée et la curiosité scientifique.

Et pourtant cette liberté de penser est interrompue à partir du milieu du Ve siècle avant J.-C., quand Athènes  vote une loi pour condamner à mort l’impiété. On a le droit d’observer les astres et non de chercher une explication à leurs mouvements, c’est le domaine réservé des dieux. Loi dont Socrate fera les frais, et plus rien ne va évoluer pendant 2000 ans…

Renaissance après une longue période d’obscurité

Au XVIe siècle, Copernic annonce que la terre tourne autour du soleil, puis Galilée et quelques autres développent cette théorie aux dépens de leur vie pour l’un d’entre eux, (Bruno). L’abjuration de Galilée en 1630 devant le tribunal de l’Inquisition reste une date clé de l’histoire de la démarche scientifique. Et pour la petite histoire, l’Église catholique ne reconnaîtra qu’en 1822 que la terre tourne effectivement autour du Soleil et le Pape Jean-Paul II fera officiellement acte de repentance au nom de l’Église, vis-à-vis de la condamnation de Galilée en… 1992.

L’objet de cette réflexion n’est pas de polémiquer sur les libertés religieuses au temps des Athéniens ni vis-à-vis de l’Église contemporaine. La question philosophique importante est de se demander quelle doit être aujourd’hui notre positionnement intellectuel devant les projets de la science moderne : les biotechnologies, l’Intelligence artificielle, la 5G …

Devons-nous freiner le développement scientifique, au nom du respect de l’intégrité humaine, comme l’ont fait les Athéniens et l’Inquisition pour des questions liées au respect de l’ordre religieux établi? Ou bien devons-nous laisser les scientifiques progresser librement dans leurs recherches?

La solution ne se trouve sans doute pas dans une confrontation aussi basique, mais plutôt dans la réflexion et le débat philosophique sur les valeurs que ces recherches apportent à l’humanité.


Pour ceux que ces faits historiques intéressent, je recommande les deux petits livres de Jean-Pierre Maury, Collection Découvertes Gallimard, « Comment la terre devint ronde » et « Galilée le messager des étoiles »

  1. […] Un article récent pose la question de la limite entre liberté de la recherche et appréciation des innovations comme les biotechnologies, la 5G et bien d’autres. L’argumentation rappelle principalement les interdits qu’ont subi les scientifiques quand leurs découvertes remettaient en cause la vision dominante (et imposée) de la nature. Les exemples de Copernic et de Galilée sont cités. Mais comme l’intention de l’auteur est d’interroger le refus de technologies, il me semble (très modestement) que le problème s’énonce en d’autres termes. […]

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