Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

MMO à la MJC : mémo

Pour le concert rock de vendredi dernier, la direction de la MJC avait déclaré une assistance de 300 personnes. La préfecture a appelé pour réduire à 200. Le couloir d’accès est plein. Les responsables de la MJC filtrent. La file est cool. Le son passe. Rien ne presse. Dehors il y a une crêperie et une buvette. Au fond de la salle, la scène balance des décibels, ce qu’il faut. La sono donne bien. Comme dirait Goldman, quand la musique est bonne, quand la musique donne… Elle porte.

Le maître de cérémonie, Nadir, en pleine forme, chauffe la salle comme pas deux. C’est naturel chez lui. Il ne fait pas semblant quand il met en valeur le MMO, il le porte vraiment. Le Magic Michel Orchestra qui se définit comme un « collectif à géométrie variable » a renouvelé sa setlist pour ce huitième concert de Noël : 32 titres, des reprises de tubes en tous genres du reggae au hard en passant par la pop ou le R&B. Une bonne trentaine d’artistes vont passer en scène.

Spots jaunes, ocre. A mon arrivée, c’est le moment reggae avec Baltimore de The Tamlins, il paraît qu’un des musiciens du MMO a travaillé avec Yannick Noah, « Je ne vous entends pas ! Faites du bruit ! crie Nadir. » Des cuivres sortent tout à coup. Ils donnent la pêche. 5 filles et 3 garçons pour le vocal, quasi un chœur, long solo de guitare. Approbations.

MC bouillant

« Et maintenant une artiste très connue. Devinez…. [silence] Je vous mets la pression ! » Il suffit de l’entame à la basse, c’est capté. Pas d’erreur, ce n’est pas Lesieur, mais Amy Winehouse. La fille qui chante n’a pas sa voix cassée, métal rayé, déchirée, heureusement pour elle, on veut la revoir après ses 27 ans, mais l’esprit y est, surtout pendant le refrain  de la chanson, le nifé, « I cheated myself / Like I knew I would / I told you I was trouble / You know that I’m no good ». Les paroles sont bien tristes quand on y pense, mais on ne pense pas, on se balance. Puis on applaudit de la voix, par des exclamations diverses, du cri au sifflet.

« On est des Michel ! Vous êtes tous des Michel ! s’écrie Nadir. » Quand même pas, y a des extérieurs, la preuve. Une fois l’élan passé, il annonce l’immensissime JB. « Hep ! ça va, là-bas ? » Et c’est pareil qu’avec Amy, pas de doute sur l’identité. Vu comment ça tape sur les drums, comment ça échange avec les cuivres, comment ils se parlent sans se couper la parole, c’est du top synchro sur le contre-temps, c’est de la R&B. La rythmique part en séquences super rapides. James Brown n’est pas genré cadences lentes surtout pour Living in America. Ils sautent sur la scène. Impossible d’imiter l’inimitable JB ; lui n’avait pas d’instrument et puis son jeu de jambes….. olympique. Malgré cela, on ne s’économise pas. Chœur puissant.

« JC et Paul nous rejoignent. Y a des filles, ce soir ? Ouiiiiiii ! Alors c’est pour vous. Cindy Loper et Girls just want to have fun. » Le clavier lance le tempo. Très belle voix, la chanteuse. Faut oser reprendre un tube pareil. Prouesse. Il fait chaud là-dedans. Un passage à la buvette associative. Le temps de tailler une bavette avec les serveuses bénévoles derrière un zinc improvisé.

Retour. Les ados s’éclatent. Une interruption. Le temps d’un remplacement ? Nadir a du biscuit. Vous connaissez cette blague ? On attend.
— Que dit un DJ quand il entre dans une fromagerie ? [Silence]
— Faites du Brie.

Photo Alexis Mercier

Sûrement d’Europe de l’Est, le DJ. Un harmonica annonce la référence à Ray Charles avec I can see clearly now.

« Sans transition ! Artillerie lourde. De la chanson française ! » Attention ! On sort l’accordéon, la guitare sèche. Les musiciens se mettent en place. « Vous dégagez trop de chaleur ! ça fait bouger les instruments ! » Nadir sait expliquer les choses. Plage de silence. Normal pour du traditionnel. Quoique bien mâtiné de pop-rock. C’est L’autre Finistère des Innocents. On bouge bien dans la salle. Même pendant le morceau qui n’est pas vraiment hard, il y a des vagues, des ondes faites des mouvements des épaules, des dos, des bras levés, les ovations à la fin du morceau.

Impro d’Hugo

Et paf ! incident technique. Pas un gros truc. Les instruments sur la scène ne sont plus alimentés. Plus d’électricité. « Les aléas du direct, s’amuse Nadir ! » Dans l’obscurité étudiée de la salle (un concert rock éclairé comme en plein jour, ça ne le fait pas), les sifflements joyeux déferlent. Les musiciens se cherchent. Les guitares ne sortent plus rien. Les plus techniques s’affairent probablement. C’est difficile à savoir. Tout à coup, un petit miracle d’impro.

La force de la batterie est de n’avoir besoin d’aucune autre énergie que celle des biscoteaux. Hugo en a. Il déchaîne ses biceps sous les acclamations. Les filles surtout. Les toms, la caisse claire, la grosse caisse, les cymbales, le charleston tout y passe, ça s’enroule sur les roulements des baguettes et les frappes des pieds, on applaudit, on admire la prouesse. Le solo dure et il est prenant. Toujours pas de jus. Mais Hugo est transporté. Il entame un nouveau morceau. Etrange d’être ensemble avec la seule électricité qu’en nous-mêmes et celle venue des rythmes effrénés d’un Hugo qui se réalise. Il a pris l’initiative. Il est seul face à son destin, comme Sissi, sauf que lui il sait jouer de la batterie les yeux fermés. Pas Sissi.

Photo Alexis Mercier

L’électricité revient ! Les guitares reprennent vie. C’était quoi ? Aucune idée. L’important, c’est qu’on passe à My favourite game de The Cardigans. Belle voix féminine. Après, c’est Bjork. Nadir dit qu’elle tape sur les paparazzis. Hourra ! ça applaudit fort. Pourvu qu’elle en ait démonté un ou deux. Nadir passe aux pantalons. Inspiré, il y passe même un certain temps. Peut-être qu’il gagne quelque chose chaque fois qu’il prononce le mot. A moins d’avoir loupé l’introduction du thème.

Musique électro. Variations accompagnées de basses fréquences molto forte. Ça secoue un peu le cœur et la tripaille ; c’est bien. On est sur Jump de Van Hallen. Que font les musiciens ? Ils sautent évidemment. Ils lèvent la main quand ils crient « Jump ! » Voix : une fille et un garçon. Le clavier à droite joue très haut.

Nadir a une illumination, il crie « Allez Paris Saint-Germain ! » Du tac au tac, un gros « Allez l’OM ! » est renvoyé. On a le sens de l’humour. Pas de « Qui ne saute pas n’est pas tou-lou-sain » Dommage. Pour la prochaine fois ?

Hymne

Un morceau pour les ancêtres, dixit Nadir, ils sont pourtant plus que rares dans la salle, « dédié à ceux qui ont lancé des cailloux en mai 68. » Oh là là, comment vont-ils attaquer ça ? Riff d’enfer, ça défouraille de partout, tout l’orchestre est mobilisé. On ne lésine pas sur les moyens quand on se jette dans Antisocial. Faut que ça explose. A propos qu’est-ce qu’ils sont devenus les Trust ? Vu le nombre de fois qu’ils se sont séparés et reformés, ils sont peut-être toujours là. Les Stones continuent bien à 80 balais. Donc riff, l’incontournable qui a fait de la chanson un hymne. Toutes les guitares crachent en chœur. La batterie appuie sur les temps. C’est parfait. Les voix manquent un peu. Ils sont pourtant 7. Peut-être la sono a du mal à reprendre ses esprits après l’interruption. Mais « An-ti-so-cial » passe haut la main le seuil requis de décibels. On s’y retrouve.

Rien dans l’estomac. Dehors, un foodtruck, L’harmonieuse. La patronne a le coup de main et le catalogue varié : crêpes en tous genres, tartes salées aux fromages, au saumon, aux épinards, l’aligot, on ne va pas faire toute la carte, y en a trop. Tout ça pour dire que la MJC avait prévu la totale.

La carte, celle de MMO cette fois-ci, était top copieuse. Et leurs reprises tapent dans ces chansons du bien commun, tant on les a entendues et tant on veut les écouter encore. Autant d’hommages aux grands artistes et …. le public reconnaissant.

Une première mention spéciale à Nadir. On en redemande. Il est trop. Une deuxième aux faiseurs de sons, sur les deux tables de mixage, juste à l’entrée de la salle à gauche. Les décibels y sont, pas le mal de tête. Compromis impeccable entre l’impératif rock et la clémence pour les nerfs entre les oreilles et le cerveau. Sortie du concert revigoré, plein de beaux airs en tête. Le Michel’s medley a fait mouche.

Surtout, ne le répétez qu’à tout le monde, MMO remet ça en janvier : Jam Jazz le 20 et Scène ouverte le 27 !

Photo Alexis Mercier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *