Le conseil municipal de Sceaux tenait séance ce jeudi 23 juin. Après les formalités d’ouverture, le premier point concernait le groupe majoritaire, dont le maire s’est contenté de lire la composition. Mais tout le monde avait compris, dès l’ouverture de la séance, un sous-entendu : Numa Isnard, conseiller municipal ayant candidaté aux législatives sous l’étiquette LR et donc en concurrence avec le maire, ne fait plus partie de la majorité et était donc installé en bout de tables, là où se trouvent les élus d’opposition. Toutes les délégations liées à sa participation à la majorité municipale ont plus tard dans la réunion été supprimées et il y a été remplacé. Ni l’intéressé, ni le maire n’ont fait de commentaires, et donc La Gazette n’en fera pas non plus.
Xavier Tamby, conseiller d’opposition, est intervenu pour expliquer que, à la suite de son échec à l’élection législative le maire devait démissionner. Philippe Laurent est passé au point suivant.
Ces derniers temps, d’autres ont joué le même jeu pour réclamer la démission du président de la République, pourtant élu il y a seulement deux mois, parce qu’il n’a pas obtenu aux législatives la majorité absolue qu’il souhaitait. D’autres (ou les mêmes) avaient contesté la légitimité du même président en raison du nombre élevé d’abstentions. Curieusement, les mêmes se sont félicités de l’élection de députés de leur camp, malgré une abstention deux ou trois fois plus élevée en pourcentage…
On pourrait objecter que le score du maire le 12 juin a été loin d’être ridicule et que c’est dans sa ville qu’il a obtenu le meilleur score. Comme on pourrait observer que les députés soutenant le président sont nettement les plus nombreux. Mais ce n’est pas la vraie question : le maire et le président sont légitimes pour la durée de leur mandat du fait de leur élection. Aucun autre scrutin ne peut changer cela. Le résultat d’un scrutin ne saurait s’appliquer à un scrutin différent.
Il en est de même pour la maire de Paris, qui n’a pourtant recueilli que 2,17% des suffrages dans sa propre ville lors de la présidentielle. Ce score dans un scrutin qui n’a rien à voir ne change pas sa légitimité comme maire.
On peut même aller plus loin : contester la légitimité d’un élu à effectuer son travail d’élu est une attaque contre la démocratie. Quel que soit le prétexte de cette contestation, qu’elle repose sur son score (« le mal élu »), sa compétence ou son assiduité, elle reste une remise en cause majeure principes de répartition des pouvoirs et de séparation des élections qui donnent légitimité à ces pouvoirs.
D’autant plus que les événements peuvent pousser légitimement à réviser sa position. La guerre en Ukraine a conduit les partis allemands à modifier complétement leurs positions sur les dépenses militaires et les partis belges à revoir des dates de fermeture de centrales nucléaires
Oui, très bonne analyse qui vient légitimer une démocratie attaquée de toute part.
Je rajouterai qu’un élu, même s’il trahit ses engagements, reste élu.
Ce n’est pas acceptable d’un point de vue moral mais c’est tout à fait juste d’un point de vue démocratique.
Peut-être est-ce une piste pour recredibiliser la vie politique en demandant un engagement sur les propositions que sont amenés à formuler les «politiques «
On comprend bien l’intention mais « Demander des engagements » « Trahir ses engagements » voilà bien des points difficiles à définir.
L’engagement fait peur, ds notre société.
Le mariage souffrait des mêmes remontrances mais il est apparu, avec le temps, que l’engagement renforçait le lien.
Pourquoi n’en serait-il pas de même entre le politique et l’électeur? D’autant que, comme dans le mariage, l’engagement n’est pas sans limite.
Mais il nécessite, si on veut le rompre, des explications qui permettent de comprendre une évolution ou un changement de politique.
Le politique a ainsi des devoirs par rapport à son électorat.