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Prendre garde

Dans une longue note, écrite le 22 septembre mais parue le 1er octobre, le conseil scientifique Covid-19 fait le point de l’épidémie et alerte sur la situation actuelle

Une situation très préoccupante

Les nombres de cas, d’hospitalisations, de lits occupés en réanimation, de décès sont en effet en augmentation constante, en particulier dans les grandes métropoles.

Pour les régions les plus touchées, la note fait des projections, en faisant varier en plus ou en moins le taux de reproduction observé les semaines précédentes. Olivier Véran en a utilisé quelques-unes dans sa conférence de presse la semaine dernière.

Dans les seules régions les plus touchées, la poursuite de la situation actuelle donnerait entre 5400 et 12400 décès du 25 septembre au 1er novembre, sans compter les morts dans les Ehpad. Beaucoup de régions, dont l’Ile de France, verraient 100 % des lits de réanimations occupés par des malades Covid

D’où viennent les contaminations ?

Le Conseil scientifique estime, sur la base des études disponibles, que leur survenue est le plus souvent liée à des réunions familiales ou entre amis. Chez les jeunes (20-40 ans), dont on ne connaît pas le rôle précis dans la contamination des personnes âgées et/ou vulnérables, il semble que les fêtes étudiantes extra-universitaires et les rencontres dans les bars/restaurants soient responsables d’un nombre important de contaminations.

La population âgée ou à risque prend clairement beaucoup de précautions mais a peu réduit ses contacts sociaux, qu’ils soient familiaux ou amicaux).

Pour quantifier l’effort à faire, il faut savoir que pendant le confinement, on avait réduit de 80% nos contacts potentiellement infectants (ce qu’il faut pour faire passer le R de 2,9 à 0.7). Aujourd’hui, le R est remonté à 1,4, ce qui représente une réduction de 52% de ces mêmes contacts. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Pour le faire redescendre à 1 et stopper la propagation de l’épidémie, il faudrait que cette réduction passe de 52% à 65%.  Cela représente un effort supplémentaire, en termes de limitation de nos regroupements familiaux et amicaux, mais qui pourrait avoir un impact considérable.

Quelles options pour les décideurs ?

Le comité scientifique a examiné quatre options possibles pour le gouvernement. Il a précisé que l’adhésion de la population aux mesures était une condition à leur efficacité.

Option 1 : maintien des (seules) mesures actuelles. Cette stratégie est décrite pour avoir une référencée mais est déconseillée par les scientifiques.

Option 2 : des mesures différenciées en fonction de risques très inégaux. Dit autrement, laisser les jeunes continuer leur vie et protéger prioritairement les personnes à risques. Les mesures sont décrites, ainsi que leurs avantages et inconvénients. Le problème principal est qu’on ne sait guère isoler la population à risques de celle moins fragiles. On risque de s’apercevoir que cela ne marche pas alors qu’il sera trop tard. A noter que le conseil chiffre à 22 millions les personnes à risque, compte tenu de leur âge ou leur état de santé.

Option 3 : mesures modérées supplémentaires, faisant appel à l’adhésion volontaire. C’est l’option privilégiée par le conseil. Celui-ci considère qu’elle suppose une concertation avec les acteurs locaux « dans une logique de gestion des risques proportionnée aux situations locales ». Dans le détail, les mesures suivantes sont proposées :

  • Une protection renforcée des personnes à risque de formes graves
  • Un plan de protection des Ehpad
  • Un recours plus important au télétravail
  • Un meilleur respect des règles (sous peine de fermeture provisoire) des bars et restaurants. Ceux-ci ont été identifiés comme des lieux de contamination.
  • Le nombre de personnes autorisées à se rassembler peut-être réduit dans certains territoires

Les personnes sont fortement invitées à limiter volontairement le nombre de leurs contacts sociaux au cours d’une période donnée, notamment lors de réunions familiales et amicales.

Cette option nécessite une adhésion, et le cas échéant une certaine forme d’obligation pour certaines mesures.

Aucune mesure en soi n’est suffisante, c’est l’addition des mesures qui peut avoir un effet significatif.

Cette option a la préférence du conseil.

Option 4 : nouvelles mesures fortes, potentiellement contraignantes

A ce stade de l’épidémie, le Conseil scientifique n’envisage pas de proposer l’option 4 au plan national, mais ne peut en exclure son utilisation dans certaines métropoles et bien sûr en cas de dégradation ultérieure.

En guise de conclusion

La note ne le dit pas explicitement, mais les chiffres cités le montrent bien : le taux de reproduction a largement évolué dans le temps en dehors de toutes mesures, du fait de l’évolution des comportements individuels. La maîtrise de l’épidémie dépend du comportement de chacun, pour limiter au maximum les contacts sociaux et rendre ceux qui restent le moins dangereux possible : gestes barrières, port du masque, aération fréquente des lieux clos.

Vous le comprenez, la Gazette n’est pas de ceux qui voient de la noblesse dans le mépris des règles communes.

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