Pour avoir assisté comme lui à la totalité des sessions de « Parlons ensemble des Blagis », j’ai pu constater ce que Jean-Pierre Grégoire dit dans son article du 12 septembre 2021 « Blagis: mettre des mots sur les maux »: les conclusions du maire ont réussi à ne pas évoquer précisément les contraintes ou les dysfonctionnements sauf en des termes généraux. Et les qualités du quartier, certes louées, baignaient dans le même flou. Je suis pourtant demandé en lisant l’article ce qui aurait été possible de dire. Parler cash ? Mais comment ?
J’adhère complétement à l’idée que tout a été dit, et même le contraire, de sorte que « tout le monde peut s’y retrouver par moment, mais personne ne peut se faire une idée précise de la situation. » La question est alors de savoir ce qui peut être dit dans un tel contexte. On aurait pu imaginer une vision qui ne soit ni d’une « positivité » convenue ni d’une « négativité » stigmatisante. On sait que toute solution passe par un effort conjoint des habitants et de leurs associations d’un côté et, de l’autre côté, de la municipalité et des institutions. Mais la conduite des débats a privilégié les attentes des habitants et personne n’est oublié dans la liste des vœux : la ville, les bailleurs, les commerçants, la police, le CSCB, les Gémeaux, la Rotonde, tout. Ce n’est pas propre aux Blagis et c’est assez logique.
Il fallait sélectionner quelques possibles. Quand on a connu les premières mesures prises par le maire, j’ai eu l’impression qu’il les avait déjà en tête et que, pour rendre leur mise en œuvre visible, il lui fallait provoquer des demandes. Pourquoi pas ? Mais on sait bien que cela ne suffira pas pour la raison évidente rappelée par tout le monde : l’implication des habitants est indispensable.
Le problème est que la dite implication est facilement « négative ». L’esprit est en général tourné vers ce qui ne va pas. Sans compromis possible. Pour avoir souvent travaillé dans des milieux anglo-saxons, j’ai remarqué que le négatif s’exprime moins comme une opposition frontale (on prend ou on laisse) que comme un « Comment faire autrement » ou un « J’aurais aimé autre chose ». Il n’y a là rien d’étranger à la mentalité française, sauf que le refus non négociable est souvent perçu comme une qualité de rébellion tandis qu’il sera considéré comme une grossièreté insigne dans d’autres pays.
« Positiver » dans notre cas aurait été, non pas de dresser une couronne de fleurs à l’énergie supposée du quartier, mais d’identifier qui est prêt à faire quoi.
Quant à la volonté de nommer que soutient Jean-Pierre Grégoire, comment ne pas y souscrire ? Comment aussi ne pas voir devant elle une impasse. Les difficultés ont souvent des responsables. Les incivilités souvent citées, les trafics divers, pour ne citer qu’eux, ont des auteurs et devenir précis se heurte bientôt au mur absolu stigmatisant de la « stigmatisation » voire, comme le souligne l’article, de la mise en danger de celles et ceux qui en parlent.
On atteint ici les limites de l’exercice de la concertation publique. De ce point de vue, « Parlons ensemble des Blagis » a peut-être atteint un maximum. Insatisfaisant sans doute, animé de façon moins que passable, mais fondamentalement un maximum. Aller plus loin réclame un plus petit comité et surtout quelques personnes convaincues du besoin d’agir.
J’aime bien ton article autant sur le fond que sur la forme
Pas mal pour un Républicain qui ne s’avoue pas de gauche !!😜